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Poésie libre
Janam : Frustration végétale
 Publié le 19/05/15  -  21 commentaires  -  4042 caractères  -  275 lectures    Autres textes du même auteur

Quelquefois, cela nous arrive. Alors, on se sent comme un légume...


Frustration végétale



Le poireau,
Seul,
Songeur,
Immobile,
Regardait
Sa vie,
Derrière
Lui.

Qu’en avait-il
Fait ?

Le Bonheur,
L’avait-il
Voulu ?
L’avait-il
Connu ?
L’avait-il
Mérité ?
Et l’Amour ?

Avec patience et
Méthode,
Oligo élémentairement,
Il avait
Grandi,
Enraciné,
Dans ses habitudes,
En attendant.

Le jour où,
Quelque chose
Adviendrait,
D’inouï,
De beau,
De sublime,
Qui changerait
Sa vie.

Mais
Quoi ?

Il se sentait
Fibreux,
Rongé
D’impuissance,
Mais gonflé de
Sève,
D’émotions et,
D’envies.

Planté,
Dans son habit
Vert,
Il dressait,
Vers le ciel,
Ses feuilles,
Qui disaient
Viens !

Sa chair,
D’albâtre,
Attendait une
Caresse.
Ses racines,
Un creux,
Glauque,
D’amour,

Lui,
Le lent,
Le discret,
Le silencieux,
Son heure
Viendrait.
C’était
Sûr.

Jamais
Envieux,
Toujours
Sobre,
Modèle de
Modestie,
Archétype de
L’ordinaire.

L’espace,
Réduit de son
Ermitage,
Privé,
Bouillonnait,
Fantasme de sa
Vie
Intérieure.


Dans le jardin,
L’Homme,
Pensif,
Ému,
Empoigné,
Contemplait
L’espérance
Désespérée du
Poireau.


 
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   Vincent   
27/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L’espace,
Réduit de son
Ermitage,
Privé,
Bouillonnait,
Fantasme de sa
Vie,
Intérieure.



Dans le jardin,
L’Homme,
Pensif,
Ému,
Empoigné,
Contemplait,
L’espérance
Désespérée du,
Poireau.

votre fable m'a fait sourire, je l'avoue

qu’elle bonne idée que de nous mettre à la place du poireau

il n'y a rien de plus ridicule comme légume

j'ai bien aimé la structure de votre texte en forme de poireau

bref j'ai beaucoup aimé

   papipoete   
30/4/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
qui songerait à dire < avez-vous vu mes beaux poireaux ? > personne. Par contre, " mes belles tomates, mes vertes salades, mes magnifiques chou-fleur ", vont et viennent au gré des discours jardiniers.
Le poireau tout seul, dont nul ne s'occupe ( il pousse n'importe où et même en hiver ) grandit là, faisant ce qu'il peut pour attirer le regard, mais finira arraché promptement pour aller se faire débiter par un opinel affûté!
Si, quelqu'un le regarde là-bas, et a bien compris la tristesse de ce légume " l'espérance désespérée du poireau ".
De jolis vers pour évoquer ce " bel au bois dormant", végétal qui pourrait revêtir la peau d'un humble humain, sur qui nul sourire ne se pose.

   Myndie   
3/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il faut cultiver son jardin, il paraît que ça mène à tout, et d’abord à la méditation !
Je vois dans votre poème une réflexion pince sans rire sur la triste condition humaine, via celle du poireau arraché à sa terre et accessoirement à ses rêves.
A la façon que vous avez d’accorder la poésie à votre fantaisie, de tirer un sourire du rien, de poser un brin d’humour sur une considération morose, je me demande si vous ne seriez pas un grand admirateur de Charles Cros et de ce qu’on appelait autrefois « l’esprit fumiste » (je précise que ça n’a rien de péjoratif).
Tout tient ici dans le dénuement et l’oralité de votre texte, dans son côté ritournelle qui titille l’oreille. Et le courant passe.

   Anonyme   
19/5/2015
Bonjour Janam
Si je ne devais conserver qu'un poème, un seul, dans le catalogue d'Oniris, ce serait celui-ci.
Il est totalement en phase avec ma conception de la Poésie.
Votre poireau est un frère des célèbres Chou-Rave et Concombre Masqué dont Mandrika nous conte les états d'âme et les inénarrables
"aventures potagères"

D'aventure, votre légume n'en a guère.
Il en ressent une frustration tout à fait compréhensible et il faut être un lecteur dur à cuire pour ne pas être en empathie.

On ne connait que trop ce que sera son destin.
Au mieux, en vinaigrette, il partagera son catafalque avec des compagnons d'infortune, plus probablement il sera désintégré dans un velouté "poireau-pomme de terre"

Je ne savourerai plus ces mets (que j'adore) sans verser une larme.
Et pour cela, Janam, je vous en veux.
Nonobstant le plaisir que m'a procuré cette lecture.

   Arielle   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Moi, je proposerais bien à ce brave poireau d'oublier le ciel, l'enfer et leurs tourments et de venir coucher sa chair d'albâtre au creux de mon assiette.
Je lui offrirais toute la douceur d'une vinaigrette onctueuse pour lui faire oublier son désespoir. Un peu de moutarde et une belle échalote nous régaleraient de concert et foin de la sobriété, des habitudes et de la modestie ! On n' a qu'une vie, que diable, il s'agit de la savourer!

J'adore les poireaux et le vôtre m'émeut et m'attendrit la feuille.

   Gemini   
19/5/2015
Je ne boude pas mon plaisir de lire, comme tizef, une telle poésie. Non pas pour son exotisme en lui-même, mais pour le fait qu’elle élargisse, au lieu de le restreindre, le champ poétique (sans jeu de mots).
Les poésies sur les légumes sont rares et celle-ci peut se targuer d’être bien plantée (comme un poireau ) et bien foutue. Ramener le légume par anthropomorphisme sur soi-même, c’est une belle et bonne idée, et votre façon de la tourner prouve une certaine ingéniosité.
Je n’aurais qu’une remarque : une sur le titre, qui ne me semble pas trop bien adpaté à la situation ; mais le texte fait, peut-être, partie d’un tout qui expliquerait mieux le pourquoi du comment.

   Anonyme   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour,
Dans le langage familier, argotique même je pense, faire le poireau c'est attendre désespérément. Dans certain milieu sportif (enduro moto, épreuve du Touquet notamment), être un poireau, c'est se traîner lamentablement en queue de peloton. Le poireau, dans l'inconscient collectif, est sans doute synonyme d'ennui, colporte la notion de médiocrité d'un être sans intérêt.
Mais là, ô surprise délicieuse, votre poème ne reflète absolument pas l'image que ce légume inspire habituellement aux orgueilleux jardiniers, prêts à tout pour faire rougir leurs tomates, engranger les patates, emplir leurs poches d'oseille ou de blé.
Vous avez décrit ici la triste condition humaine.
Solitude, ennui, le bonheur, l'amour, attendre enraciné dans ses habitudes, se dresser vers le ciel, fantasmes d'une vie intérieure... et pour finir être contempler par cet homme (la divinité observant l'espérance désespérée).
J'adore ces vers courts qui courent comme de bons petits soldats, qui s'emboîtent parfaitement pour donner ce rythme à une belle harmonie.
Serions-nous plus dignes de vie, d'intérêt, nous, pauvres esprits vaniteux emplis de leurs pensées mesquines, que cet être si simplement beau comme ce poireau.
Chaque tourbillon de poussière, chaque brin de vie, chaque éclat de lumière, la moindre goutte d'eau, devrait être ainsi observé, et chanté. C'est la vie merveilleuse qui se manifeste ici, l’interconnexion entre l'objet de contemplation et l'esprit qui contemple.
Mille bravos à vous, cher poète, pour avoir si bien rendu cela.

   Condremon   
19/5/2015
On ne sait pas si c'est du lard ou du cochon (ou de l'art ou du ...) ce poireau qui poireaute. Mais il n'est pas sans saveur.
Longiligne sans longueurs, tout chose dans son petit carré. Ni bonne pomme, ni poire, ni patate, il est le poireau pensant.
Merci pour cette agréable lecture du matin.

   Anonyme   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Janam ! Magnifique grâce à un humour parfaitement maîtrisé ! Un poème qui mérite de figurer parmi les travaux d'Hercule... poireau ! Si le légume, enraciné dans ses habitudes, est frustré, le lecteur ne l'est pas et en reprendrait bien un peu... Bravo !

   Francis   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Au seuil de l'automne, quand l'ombre s'étire sur le potager, beaucoup,"à la chair d'albâtre", pourraient dire au grand jardinier: " je n'ai connu qu'une vie de poireau ." J'ai trop attendu, il me reste des rêves, de la sève mais, planté là, j'ai laissé passer le temps." Poireau, le bonheur était dans le pré. Il fallait y courir ! Le potager n'est qu'une prison. Dans la soupe des regrets, tu pourras méditer avec ton amie la carotte !

   David   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Janam,

Le premier mot du titre, frustration, a un air de diagnostic à mon goût, en plus c'est un bon tas de consonnes, musicalement je ne l'aime pas trop. Le poème par contre me donne une forte impression de légèreté, dans le choix des mots eux-mêmes comme dans leur enchainement, les "qu'en avait-il fait ?" et "mais quoi ?" m'ont beaucoup plus et donnent un ton ingénu. Pour des vers courts, souvent d'un seul mot, il y a une très forte présence de majuscules, visuellement ça ne m'a fait ni chaud ni froid mais quand même par ailleurs, il y a les majuscule à "Bonheur" et "Amour" à l'intérieur des vers, un peu comme les majuscules divines des écritures religieuses, et ça, ça alourdit un peu, d'autant que "amour" apparait une seconde fois sans majuscule cette fois-ci ("D'amour"). Il y a la majuscule à "Homme" aussi à la toute fin. Si elles sont signifiantes, c'est peut-être les majuscules en début de vers qu'il aurait fallu occulter. C'est une conventions de poésie classique, ça peut servir à identifier un texte comme un poème mais ici, ça me semble superflu vu la brièveté des vers, la forme générale déjà bien expressive.

   Anonyme   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Anthropomorphisme ? Métaphore ? Je prends l'un et l'autre.
Quoiqu'il en soit, ce texte, a priori amusant sur ce "végétal frustré", incite à la réflexion.
Une vie ordinaire, mais emplie d'espérance << Le jour où, Quelque chose Adviendrait, D’inouï, De beau, De sublime, Qui changerait Sa vie. >>
<< Dans le jardin, L’Homme, Pensif, Ému, Empoigné, Contemplait l’espérance Désespérée du Poireau. >>
Selon l'expression populaire le poireau ne serait-il pas l'allégorie de l'attente...de ce qui ne vient pas ? C'est ma façon de percevoir ce texte.
Cette mise en page longiligne serait-elle la cerise sur le gâteau pour simuler la forme du poireau ? ( sourire)

   Purana   
19/5/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Quel poème touchant, quel thème original, quelle écriture magnifique !
Une frustration végétale contagieuse ! Une tristesse pleine d'humour.

Un poireau qui fait la rétrospective de sa vie et se pose des questions, comme s'il se trouvait dans un état de syndrome de mort imminente.

Le choix des mots et métaphores m'intrigue : oligo élémentairement, sa chair d’albâtre, et ses racines, un creux glauque d’amour, …


Jamais
Envieux,
Toujours
Sobre,
Modèle de
Modestie,
Archétype de
L’ordinaire.

Je trouve que cette strophe est la plus touchante mais également la plus troublante puisque je la vois comme l'un des plus frustrants résumés de la vie d'une personne sage et calme, qui n'avait jamais fait le grand saut.

La dernière strophe apporte à l'ensemble une touche finale et philosophique. Ici, l'homme pensif contemple le poireau en pensant à sa propre vie.

Mille fois merci pour ce poème que je vais garder dans ma boîte à trésors.

Purana

   jfmoods   
19/5/2015
L'étirement maximal du poème, bienvenu, épouse à la fois la forme allongée du légume mis en scène et l'image d'une attente interminable. La ponctuation expressive (question ouverte au plus-que-parfait : « Qu'en avait-il / Fait ? », questions fermées au plus-que-parfait, construites en gradation : « L'avait-il / Voulu / L'avait-il / Connu / L'avait-il / Mérité », questions ricochets, l'une agrémentée d'une majuscule significative : « Et l'Amour ? », « Mais quoi ? », forme impérative : « Viens ! ») sert efficacement le propos. Les gradations (« Le lent / Le discret / Le silencieux », « Modèle de / modestie / Archétype de / L'ordinaire ») traduisent l'effacement, un certain manque de relief, de contrastes. La polysémie de l'expression « Dans son habit / vert » prête évidemment à sourire dans le contexte. Les antithèses (« Rongé d'impuissance, / Mais gonflé de sève », « Jamais envieux / Toujours sobre ») rendent compte du sentiment d'injustice, tandis que le conditionnel présent (« Adviendrait », « changerait ») tente de baliser la perspective introuvable d'une trouée (pronom indéfini : « quelque chose ») vers l'utopie (adjectifs qualificatifs éminemment mélioratifs : « inouï », « sublime »). Le jeu des métonymies (« ses feuilles », « Sa chair / D'albâtre », « Ses racines ») appuie sur l'aspect mi-pathétique, mi-grotesque du légume. Les virgules, très nombreuses, se présentent comme autant de coups de frein, autant d'obstacles à l'élan salvateur souhaité. Le jeu filé des personnifications (la plus savoureuse s'offrant sous les sens propre et figuré du participe passé : « enraciné ») matérialise la condition de l'homme. Pris dans son sens propre, le participe passé (« Empoigné ») dresse une mise en abîme : l'homme se trouve sous la toute-puissance, le bon vouloir d'un dieu, le légume sous la toute-puissance, le bon vouloir de l'homme. Le verbe à connotation laudative (« contemplait ») nous présente ce dieu, cet homme, comme particulièrement bienveillants. Le terme à visée cloisonnante (« ermitage »), Le divorce consommé par le rejet (« Vie / Intérieure ») ainsi que le paradoxe final (« L'espérance / Désespérée ») signalent, derrière la cocasserie apparente de cette petite histoire attachante de légume, derrière la drôlerie du propos (l'élément le plus prégnant à cet égard étant le savoureux néologisme adverbial : « Oligo élémentairement »), le tragique, l'insatisfaction chronique (la « frustration » du titre) inhérente à la vie humaine.

Merci pour ce partage !

   Pussicat   
23/5/2015
J'ai commis il y a quelques années un petit texte tout en vertical sur le thème de la dent, une dent creuse qui attendait de se faire arracher par un docteur dentiste... votre texte me rappelle avec tendresse le sort de cette dent creuse et cariée... si ce n'est que je préfère le poireau, à toutes les sauces, à une visite chez l'arracheur de chailles !
Bravo pour votre texte magnifique de poésie !
à bientôt de vous lire,

   Anonyme   
23/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Une très bonne histoire de poireau dans laquelle nous pourrions peut-être faire un potage, si le coeur nous en dit, et pour que le poireau ne se sente pas frustré végétalement parlant...

   Janam   
26/5/2015

   Robot   
31/5/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Original, humour et peut-être un peu de philosophie au fond.
Avec Janam les plantes ont une âme.

   margueritec   
4/6/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'y vois une belle métaphore de la condition humaine entre l'attente et le vide de l'espérance, non dénuée d'humour. Et surtout j'apprécie, la spatialisation du poème en adéquation avec la ligne du poireau, comme j'apprécie ce dernier en compagnie joyeuse avec les noix de saint Jacques.

Au plaisir de vous lire encore.

   Anonyme   
28/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Votre plume avec élégance sait sortir des sentiers battus, qu'il fait bon vous suivre, si je puis me permettre dans ces "petits délires poétiques", savamment écrits. Ils sont emprunts d'une certaine philosophie, il y a là matière à réflexion.

Je suis très heureux de découvrir votre plume, elle fait partie des trésors qui se cachent dans les profondeurs d'Oniris. Il faut savoir les dénicher.

J'aime beaucoup :

" Avec patience et
Méthode,
Oligo élémentairement,
Il avait
Grandi,
Enraciné,
Dans ses habitudes,
En attendant. "

Je vous ai lu et relu, il y a tant de finesses, à découvrir et re-découvrir, que je m'attarde bien volontiers.

   Anonyme   
12/9/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément
Une jolie allégorie potagère pour décrire les espoirs déçus d'un vertueux poireau timide et velléitaire. À rester planté, il est sûr qu'il manque des opportunités... J'ai aimé la qualité des métaphores et la gerbe d'images qu'elles font surgir. J'ai aimé aussi la mise en forme de type "calligrammes" qui contribue à en dire long sur le malheureux poireau;
Merci!


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