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Poésie libre
Jemabi : Esprit nomade
 Publié le 14/09/24  -  8 commentaires  -  959 caractères  -  116 lectures    Autres textes du même auteur

Je regarde juste.


Esprit nomade



Je regarde juste un Américain inhaler l'Asie à la barbe des Européens,

des citadins aux lunettes noires ornées de logos de dessins animés,
des citadins à l'estomac rempli de bouteilles vides,
des citadins obscurcir le sol et la distance entre l’air et l'eau.

Je regarde juste un Australien sur une île du Pacifique où l'argent indique l'heure d'aimer à la carte,

des masques qui débarquent en car de poussière continue,
des masques à l’entrée d’une porte dérobée ouverte sur la mer,
des masques trop courts pour espérer un tour du monde à raconter.

Je regarde juste un Africain ôter les fleurs de sa chemise made in China et les planter dans un pot,

des vêtements tendance coiffés d’un chapeau au bout du nez,
des vêtements nourris au lait de bébé,
des vêtements qui serrent dans leurs bras un écureuil et des animaux farcis au riz,

et puis je me regarde.


 
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   Donaldo75   
8/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
J'ai bien aimé ce poème et dans sa construction et dans les images qu'il véhicule sans tomber dans le cliché de seconde main. Par ailleurs, le message qu'il tend à diffuser tape juste en ces temps où le contexte international et géopolitique entremêle affrontement culturel, guerre idéologique, combats meurtriers et impérialisme économique, le tout sous les regards atterrés de millions de spectateurs abreuvés à l'information en continu. Le dernier vers inspire l'humilité, celle que nous ne voyons plus poindre dans les discours, dans les déclarations péremptoires, dans les analyses des experts forcément sachants mais qui ne sont pas sortis de chez eux depuis des lustres.

C'est fort.

Bravo !

   Cyrill   
8/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
L’air de rien, avec l’entame « je regarde juste », tellement bien trouvée, vous réussissez un poème engagé sans hurlements d’indignation. Avec des images à la limite du surréalisme, et qui évoquent d’autant mieux l’absurdité d’un monde mondialisé, vous touchez juste. Et nous nous sentons concernés par ce système qui fait de nous, occidentaux, des piégés consentants qui ne savent que se regarder et constater les (in)conséquences de nos battements d’ailes.
J’adore : « Je regarde juste un Africain ôter les fleurs de sa chemise made in China et les planter dans un pot ».
Un « Esprit nomade » qui ne manque pas d’audace, d’impertinence, sans toutefois être cynique.
Merci pour la lecture !

   Ornicar   
8/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Dans une construction originale voici un texte percutant sous ses airs de ne pas y toucher : "je regarde juste".

J'aime cette critique de la mondialisation heureuse à l'heure des tour operators, du tourisme de masse (vers 4 et 6), voire sexuel (vers 5).
Le dernier vers ("et puis je me regarde") dans sa simplicité et sa modestie est d'une efficacité redoutable. A la fois désarmante et confondante, car il nous "confond" et "confronte" chacun de nous à ses propres pratiques ou turpitudes. L'emploi judicieux du "je" permet à chacun de se reconnaître et s'identifier sans que le texte ne devienne moralisateur ou sentencieux.

L'exergue laconique ("je regarde juste") participe de la même intention sans déflorer le sujet. Signant là une réussite incontestable.

   Robot   
14/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème avec une originalité de construction, d'idée, de vision. Il ne s'agit pas d'originalité pour faire "pas comme les autres" mais d'une réelle personnalité d'écriture.
Un regard différend sur le monde.

   ALDO   
14/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Vidé, l'homme.

Il n'est plus que son lieu, sa parure et son masque...

Né de et destiné à la poussière, il déplace dans son temps imparti
bien des poussières organisées...

Au centre de cet ouragan silencieux,
l'œil du témoin capte des images ramassées,
lumineux résumés...

où les choses semblent contenir leur cause et leur conséquence,
mais restent légères...

puisque vidées.


Grand Bravo

   papipoete   
14/9/2024
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Jemabi
je ne fais que regarder, je ne m'arrête pas mais j'ai le temps de voir, de drôles de choses... qui n'engendrent pas un réel bonheur.
NB chaque ligne est teintée de la couleur locale, entre américain, australien et africain ; les uns blasés d'abondance, les autres à la carte bleue à flamber, les autres que les miettes n'étouffent pas et le héros devant sa glace
" et toi là, comment tu t'sens ? "
Avoir l'esprit nomade, sans sortir de chez soi, et tirer des plans...
Le passage des " africains " porte le message le plus édifiant, à mon goût.

   Provencao   
14/9/2024
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Bonjour Jemabi,


J'aime dans cet esprit nomade cette preuve d'humilité qui lorsque nous offrons priorité au versant altruiste en nous et non au versant égoïste...belle réflexion de l'être en soi, en nous et non de l'ego qui me, nous affermit au plus profond .

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Jemabi   
17/9/2024


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