C’est la pluie qui m’éveilla
Ce jour-là,
Un an de plus j’avais pris
Quel gâchis !
Je vis que le temps pluvieux
C’est curieux,
S’était couronné de gris
Lui aussi.

C’est alors que mes enfants,
Souriants,
Qui souhaitaient, sans tarder,
Me fêter,
Sont venus, l’œil malicieux,
Voir le vieux,
Pour lui dire : Hé, papi…
Sors du lit.

On t’adresse une tirade,
En boutade,
Faudrait pas qu’on voie ton nez...
S’allonger.
Quand tu vas lire l’écrit
Que voici,
Attends qu’on soit tous partis…
Pour les cris.

Tous ensemble, on s’y est mis,
Et ceci
Devrait te prouver au moins,
Si besoin,
Que tu as tort d’être en peine,
Car on t’aime.
Tu dois cesser de te plaindre
Ou de geindre.

Ton visage est bien moins laid
S’il est gai.
Laisse donc rider ton front,
Sans façons.
On veut que tu sois heureux.
Mais vingt dieux
Quand on cherche à t’y pousser...
C’est raté !

À peine sont-ils sortis
Que je lis
Ce qu’ensemble ils ont écrit.
Au papi.
Ils ne se sont pas foulés,
Leur papier,
Pourrait tenir en deux mots
Rigolos :

Tu parais pas mal grossi !
Et pardi,
Moi si j’avais un tel ventre,
Je le rentre !
Si j’avais un tel bedon,
Mon colon,
Liposuccion je ferais !
Vrai de vrai !

Ils avaient plagié Rostand !
Leur talent,
Rappelant un écrivain
Peu lointain,
Me mit d’excellente humeur.
Quel bonheur,
Même si je vis... mon nez
S’allonger !

Pour accepter de vieillir
Sans souffrir,
Sentir le temps s’écouler
M’entraîner,
Je repense à cet instant,
Très souvent,
Avec leur carte de vœux
Sous les yeux.

Même si c’est du pastiche…
Je m’en fiche !