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Poésie en prose
Jocelyn : Cantate
 Publié le 08/12/17  -  5 commentaires  -  4791 caractères  -  56 lectures    Autres textes du même auteur

Missives entre Lui et Elle.


Cantate



Lui
La tête dans les nuages, les pieds sur terre, à compter les étoiles invisibles. Je vous repense étrange image des côtes d'Azur, sourire alizé du midi, derrière un rideau de soleil. Dissipées dans un champ de vigne, les roses sont roses et les mains laissent suinter le jus du silence, de la vie et de la passion dont émane le bonheur d'automne, de récolte conviviale. Sans vous voir je vous ai dans mes bras admirateurs, mes mains fondent au contact de votre peau que j'imagine, plage dorée le long du littoral de mes espoirs. Demain j'irai danser avec les rois, mon royaume, un îlot de prose au milieu de votre cœur.
Elle
Vous êtes-vous demandé monsieur si votre vision d'elle n'était pas qu'un songe, si l'image que vous vous faites d'elle n'est pas que mensonge ? C'est vrai qu'elle s'allonge souvent sous le ciel pour compter les étoiles et s'émerveille de voir la voie lactée ; qu'elle aime chuchoter ses confidences à la lune quand elle est affectée. Vous êtes-vous demandé si ce que l'on vous relate d'elle n'est pas qu'une plate légende d'une femme aux yeux amande, pour amoindrir votre peine de ne pouvoir la saisir pour lui faire plaisir avec l'un de vos poèmes qui relate sa vie de bohème ? Sa vie dans les champs du sud de là-bas, c'est là son royaume fantôme que vous imaginez de chez vous. La savoir cueillant des fleurs des champs sans valeur dans la chaleur des jours d'automne vous séduit et vous conduit à vous faire d'elle une toile aux mille couleurs. Ses pieds nus qui se perdent dans les dunes mouvantes qu'elle conte souvent, ses cheveux pris dans le mistral fou qui défie tous les vents s'emmêlant et se livrant une rude bataille sur ses frêles épaules, ont sans doute mis en déroute vos certitudes sur vos rêves dans lesquels vous n'avez plus le monopole, tellement elle hante vos illusions. Il faudrait que vous vous demandiez si sa peau n'est pas ridée, si dans sa chevelure qu'elle natte au réveil, quelques cheveux blancs ne s'y cachent pas, si la lueur de ses yeux ne s'est pas trop ternie d'avoir pleuré, d'avoir trop fixé les horizons lointains en voulant avoir raison sur ses évidences que quelque part de l'autre côté, un monsieur penserait à elle ; que de là-bas il lui écrirait des proses qui seraient la cause pour qu'elle ose un jour vous répondre et remettre son cœur en marche si l’îlot que vous lui offrez n'est pas que chimères loin des plages de son littoral et de ses mers azurées.
Lui
Chimère n'est que peur de laisser parler la beauté qui veille en vous, comme veille une étincelle du paradis sous les ailes d'une luciole. De cette beauté mon âme rêveuse éprise, chante en silence le cantique des nuages qui prennent la forme de ce visage imaginé dans les sentiers des cœurs épris. La passion est un oiseau migrateur. Mes yeux s'envolent vers vos frêles épaules pour les soutenir de la chaleur de mes lèvres à vos charmes soumises. L'amour de firmament en firmament bondit tel un cerf, relie les mers, les fleurs des champs sans valeur, les cultures et les âges pour peindre une aquarelle, un tableau de cantate dont votre nom est l'éternelle ritournelle. Mes mains nomades et poétesses n'essuieront pas vos larmes, l'alchimie et la mélodie de nos âmes audacieuses les transformeront en larmes intarissables de bonheur et de félicité. La femme aux yeux amande n'est pas qu'une légende comme celle qui soulève les cendres au milieu du village. Quelque part, de l'autre côté des océans, un monsieur pense à elle et lui écrit ces proses, invitation à la danse des rois car chimère n'est que peur de laisser parler la beauté qui veille en elle.
Elle
Quelqu'un finira bien par vous dire combien votre imagination est débordante, qu’elle finira par vous jouer des tours. Votre réalité finira par devenir une fatalité qui vous mènera dans les désillusions de vos ritournelles imaginaires. Elle garde certes la tête dans les nuages, danse avec les hirondelles quand elles arrivent de leur si long voyage, mais elle sait qu'à tire-d’aile au-dessus des mers et à travers les terres, elle restera à vos yeux insaisissable comme la tramontane déchaînée ou solitaire comme la fagne perdue dans les hauteurs de ses montagnes. Vous êtes-vous demandé monsieur si l'heure de clore ce chapitre n'était pas arrivée et d'aspirer à d’autres illusions indolores qui fleuriront votre carnet d'épigrammes, qui nourriront votre plus grand drame d’être à jamais de l’autre côté des mers… ?
Lui
Chante insouciant, confiant chante le reflet d'un cœur qui en silence voltige autour d'un visage de prose. On n'est jamais seul quand on sait écrire, jamais assez loin quand on sait croire. Paupières closes, l'âme l'évite au milieu des prières de fées. Quand poindra l'aurore, je serai peut-être moi aussi de l'autre côté.


 
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   Brume   
24/11/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour

Joli poème d'amour qui mène à la réflexion sur l'illusion que l'on se fait sur la personne rêvée.

Je vous avoue que j'ai une nette préférence pour les parties de Elle. Car si il n'y avait eu que Lui qui s'exprimerai je me serais très vite ennuyée tant je le trouve mièvre, à cause du choix des images que je trouve mielleuses.

Les parties de Elle sont plus intéressantes, plus visuelles, tactiles, d'une belle sensibilité, mais aussi elles ont plus de caractères qui se ressent fortement à la lecture. De belles images bien ancrées dans la réalité, qui dessinent la silhouette et la personnalité de la narratrice.

Autant les parties de Elle je les trouve vivantes, mouvantes, fraîches, autant les parties de Lui je les trouve figées, juste des jolis vers.

J'ai hésité entre les appréciations "bien " +" et "beaucoup". Mais les parties de Elle sont tellement fortes et fragiles tel un oiseau, que je vais plutôt opter pour "beaucoup ".

Pour finir je vais relever ce magnifique passage de Elle, un passage qui me baigne dans des sensations visuelles et tactiles:

- " Ses pieds nus qui se perdent dans les dunes mouvantes qu'elle conte souvent, ses cheveux pris dans le mistral fou qui défie tous les vents s'emmêlant et se livrant une rude bataille sur ses frêles épaules " - puissant.

   papipoete   
8/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
bonjour Jocelyn
Une lettre d'amour que portent les vents marins au-delà d'une Méditerranée aussi grande que le Sahara, où pourraient se perdre ces belles phrases d'elle, de lui ...
NB un peu long ce récit, où l'on pourrait perdre le fil du récit, au ... fil de l'eau, mais fort bien écrit !

   Anonyme   
8/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Cet échange entre Lui et Elle est intéressant.
Lui, obnubilé par l'image idéalisée qu'il s'est construite ; Elle, qui semble consciente de sa façon d'être réellement.

Une écriture grand-siècle mais de belles images.
Ma lecture a quand même été un peu gênée par la longueur de certaines phrases.

   Anonyme   
8/12/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Trés charmant ce texte surtout ses parties à elle

   Queribus   
13/12/2017
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

J'ai trouvé dans ce texte des qualités et des défauts qui vont bien ensemble; la langue , en effet, est très joliment utilisée avec de belles phrases et de grands mots style "grand siècle , ce qui en fait sa beauté; d'un autre côté, j'ai trouvé cette langue un peu surannée, impropre à plaire au plus grand nombre avec un langage d'autrefois. En conclusion, il risque de ne plaire qu'à une minorité éclairée.

Le fonds est très classique ; le vouvoiement entre les deux protagonistes fait un peu artificiel et votre philosophie est celle de tous temps, joliment exprimée toutefois.

Le tout témoigne d'un très grand travail sur la forme: ceci déjà doit inspirer le respect malgré les réserves exprimées au début.

Bien à vous.


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