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Poésie contemporaine
Kanth : L'Indien
 Publié le 22/05/20  -  8 commentaires  -  1908 caractères  -  103 lectures    Autres textes du même auteur

En souvenir d'un peuple oublié...


L'Indien



L’estompe bleue des monts se perd dans les lointains
Sur la rive escarpée, les pins cachent le roc
L’air est frais sur les eaux, la rosée du matin
Se pose sur ses sacs, les produits de son troc

Il revient du comptoir, d’échanger ses fourrures
Contre certains trésors d'hommes étranges, pâles
Chaque lune le voit, qui marchande parures
Miroirs, outils de fer, en visite amicale

Les palabres durant jusqu’à la fin du jour
Il a fallu rester, la nuit était trop noire
Dès l’aube il a repris le chemin du retour
Par le fleuve il rejoint enfin son territoire

Sur sa face de cuivre on voit naître un sourire
Qui fait s’épanouir ses peintures de paix
Disant sa quiétude à qui saura les lire
De beaux traits bleus et jaunes, en longs tracés épais

Dans son esquif d’écorce et de cuir d’orignal
Un genou en avant, il rame avec vigueur
D’une pagaie de bois maniée d’un geste égal
Dans un léger bruit d’eau au rythme de son cœur

Le courant est contraire au canoë trop lent
L’aigle de ses pensées s’envole, qui l’emporte
Vers les triangles blancs des tepees de son clan
Sa femme aux yeux de jais, et le fils qu’elle porte

Une fumée au loin, il se réjouit d’avance
Puis deux, puis trois volutes, étranges dans l’azur
De noires fumeroles, emplies de malfaisance
Une angoisse l’étreint, il faut forcer l’allure

Il arrive trop tard, seules vivent les flammes
Tombant sur ses genoux, sans plainte, sans un bruit
Près du corps dénudé, tout en sang, d’une femme
Il reste ainsi prostré un jour et une nuit

Quand il se dresse enfin, les mains ensanglantées
Effaçant les couleurs du bonheur de naguère
Sur un front plein de haine, il fait d’un geste hanté
Du sang de son aimée, sa peinture de guerre


 
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   Anje   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Un indien qui n'a pas rencontré foule en espace lecture. Pourtant son histoire à la fin tragique est agréable à lire. On suit au fil des vers son plaisir d'avoir négocié, de rejoindre ses aimés puis l'angoisse et, finalement, la haine.
Evidemment, sur la longueur, on trouve des passages plus agréables, mieux tournés que d'autres mais l'ensemble est simple et complet. Ah non ! Il manque John Wayne...
Merci pour cette balade matinale au fil du courant.

   Sodapop   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Je trouve le rythme de ce poème très agréable, qui nous dépeint au fil de l'eau la vie de cet indien. Ce texte est plein d'images qui fait que le lecteur peut facilement se transporter hors du temps, et quitter son quotidien.
Quoi de plus réussit pour un poème que de permettre à celui qui le lit de voyager...?
Bien sûr, certains passages sont mieux tournés que d'autres et le poème, un peu long, fais qu'il est risqué de s'y aventurer sans que le lecteur ne décroche.
L'exercice est pourtant hautement réussi car je n'ai pas détourné le regard de cette oeuvre subtile, ou les inégalités en sont la force.
Bravo.

   Pouet   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

j'ai bien aimé lire ce poème sous forme de "petite histoire", forme que j'apprécie. Le thème n'est pas si courant et un beau regard y est posé, "juste", me semble-t-il.
Cela demeure simple et coulant, tout y est bien rendu, très "visuel", et l'ensemble donne une lecture fort agréable.

   Donaldo75   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Kanth,

D’ordinaire, je ne suis pas fan des poèmes très racontés car je préfère que l'auteur me suggère des situations plus qu'il ne me les raconte ; cependant, je suis rentré facilement dans celui-ci au point d’avoir envie de le relire. Il est bien plutôt tourné, que ce soit dans la composition de ses vers, son rythme et l'usage de la rime, agréable à la lecture qui d'ailleurs déclenche dans mon cerveau une forme de film documentaire, des scènes mémorables qui ne s'enchaînent pas comme des polaroids mais ressemblent à une véritable suite cinématographique.


Merci pour le partage.

   papipoete   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Kanth
Il est bien loin le temps où nous lisions ces petits formats, contant les aventures de cowboys contre indiens, ces derniers n'étant considérés que tels de méchants sanguinaires !
L'histoire peu à peu à peu, des films et écrits tel votre poème, vinrent rétablir la sinistre réalité de ces gens, qui étaient comme vous et moi, à la seule nuance de couleur de peau.
Votre héros qui revient de son marché aux fourrures, contre outils de fer et autre miroir découvrira, ( presque fait banal ) que les " blancs " sont passés au campement, et barbarie oblige, n'ont laissé que sang et cendres...
NB bien des vers nous montrent le calme d'une vie passée, à chasser pour les peaux ; aller les vendre et rentrer heureux de pagayer sur le torrent, jusqu'aux premières volutes et puis le noir qui monte des tepees, sinistre présage et la suite digne du Dernier des Mohicans, et autre drame indien...
La 4e strophe est si pacifique, avec l'image de la squaw enceinte... et l'avant-dernière est ma préférée ( j'aurais mis une virgule après " flammes " )
Un texte " contemporain " que l'on eut aimé lire dans les années 60 ; même gamin, l'on aurait compris qui fallait-il blâmer...

   emilia   
22/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une atmosphère bien rendue pour narrer cette tragique histoire du peuple indien, amené à défendre son territoire, lutter pour sa survie, défendre ses valeurs et sa façon de vivre respectant la nature, mais, cependant, pas exempte malheureusement de cette barbarie reprochée à l’occupant envahisseur qui a conduit les deux camps à mener une guerre destructrice…

   Anonyme   
25/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Kanth,

Un poème efficace, dans une sage écriture contemporaine.
Un sujet délicat mais délicatement traité.

Dans le détail :
J'ai hésité sur le vers "Se pose sur ses sacs, les produits de son troc" : j'ai cherché le sujet de "se pose sur ses sacs" trouvé "l'air frais " mais pour rattacher "les produits" aux "sacs", je verrai plutôt "produits" au singulier.
On peut regretter (ou non) de ne pas connaître l'objet de son troc : ce qui le mettrait un peu moins en victime seulement, le monde n'étant jamais tout rose ou tout noir (je pense à "l'eau de feu" par exemple)
Le vers "Une fumée au loin, il se réjouit d’avance" comporte 13 syllabes, dommage.

Un registre de vocabulaire bien choisi, à mon avis.
Un bon poème à mon sens.
Merci du partage,

Éclaircie

Édit le 25.05.2020 : l'auteur me fait remarquer à très juste titre, que les objets de ce troc sont connus. En relisant, je constate en effet. Lit-on trop vite avant de commenter ?

   Ascar   
24/5/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
l'histoire ne dit pas si cette fin tragique est liée au génocide que menèrent les colons ou bien aux guerres intestines que se livraient les différentes tribus.
Toujours est-il que cela est fort bien raconté. Il y a derrière ce texte un gros travail.
Vous m'avez embarqué dans ce canoë et j'ai remonté le fleuve jusqu'au drame final.

Belle écriture, précise et limpide

J'ai particulièrement aimé la 5ème strophe :

"dans son esquif d"écorce..."

merci pour cette lecture


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