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Poésie contemporaine
Kemo : Bleus
 Publié le 06/11/22  -  11 commentaires  -  1964 caractères  -  194 lectures    Autres textes du même auteur


Bleus



https://youtu.be/2S85bPlZSu0


Les photos sans couleur me ramènent des jours
Où le noir et le blanc n'existaient pas encore
Des jours éclairés des lumières du Toujours
Et qui brûlent mes yeux d'y avoir cru trop fort

Je promène le soir aux sentiers arpentés
Sentiers des mémoires aux couleurs argentées
Je promène le ciel et tous ses habitants
Les oiseaux, les étoiles et prénoms d'avant

Et j'entends quelques voix sur des bouts de papier
Sur des bouts d'autrefois, quelques mots envolés
Et je sens sous ma peau les frissons de vos doigts
Qui tenaient le stylo de ces lettres pour moi

Je regarde la mer et j'y vois des visages
Perdus depuis longtemps, des visages sans âge
Des visages de vieux qu'étaient moins vieux que moi
Visages amoureux et visages de joie

Un muret trop petit nous abritait des vents
Le muret est ici, et le vent souffle encore
Me voici accroupi en sandales d'enfant
Le gravier sous mes pieds vaut bien plus que de l'or

Les rochers sont les mêmes que ceux qu'on grimpait
Les vagues à la mer continuent de rouler
Je suis seul à vieillir au milieu d'un décor
Où ne font que s'enfuir les morceaux de vos corps

Une main arrachée, un pied déraciné
Vos cheveux envolés en nuages là-haut
Et vos yeux comme l'eau, transparents et troublés
Vos rires en écho font le chant des oiseaux

Le soleil se cache au-delà des souvenirs
Se mélangent les bleus, ce n'est plus l'essentiel
Et la mer qui se venge à noyer vos sourires
Pour des siècles sans vous, pour des siècles sans ciel

Je repense à ces morts, vivant encore ici
Je repense à mes morts et puis je meurs aussi
Nous étions le chemin, là jusqu'à l'océan
Ne lâchez pas ma main, je ne suis qu'un enfant


 
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   Eskisse   
30/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un poème aux contours délicieusement mélancoliques qui évoque la perte des êtres chers et la fuite du temps dans un flux apaisant d'alexandrins.
J'aime particulièrement le passage qui décrit la pulvérisation des corps dans le septième quatrain.
De très beaux vers: " Et la mer qui se venge à noyer vos sourires
Pour des siècles sans vous, pour des siècles sans ciel"
ou " Je repense à mes morts et puis je meurs aussi".

Une douce lecture.

   Mokhtar   
31/10/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ne sais pas si c’est la vue du clip qui éveille la sensibilité du lecteur, mais j’avoue ressentir en parcourant ce texte une émotion difficilement analysable.

Il y a d’abord un style assez particulier, fait de rimes comme concédées à la pratique de la discipline, assurant un rythme certain, mais sans rigorisme dans leur alternance, tout en respectant la métrique. Cela se ressent encore plus quand on dit, quand on scande ce texte, plutôt qu’en le lisant, quand l’oreille oublie l’œil.

Il s’ensuit une impression de liberté dans l’expression, comme si l’auteur se laissait porter par le souffle de son inspiration, en s’imposant un minimum de technique, mais sans en être prisonnier.

L’auteur, vieil homme aux sandales d’enfant, plonge dans la nostalgie de son amour perdu. Et la mer, témoin de tout, mélange les bleus, ceux du ciel et de l’eau, ceux des douleurs des séparations, ceux de l’âme. Elle avale la vie humaine, qui n’est qu’un bout de chemin parcouru (chemin, sentier, thème récurrent). Elle est comme le gouffre où gisent les chers disparus.

Plaisante cette balade avec un auteur qui « promène le soir » et qui « promène le ciel ». Avec un style qui ne manque pas de séduire.

Mokhtar en EL

   Provencao   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Kemo


"Je promène le soir aux sentiers arpentés
Sentiers des mémoires aux couleurs argentées
Je promène le ciel et tous ses habitants
Les oiseaux, les étoiles et prénoms d'avant"


Moi, j'ai été sous le charme de ce sensible, de cette émotion, de cette intuition et de ce souffle poétique.


Un souffle transfiguré par " les photos sans couleur, un visage de vieux"qui sont la concrétisation de l' âme.

Tres joli ce sensible qui s'offre comme un sensible qui se pose lui-même, avec cet effet de spontanéité qui lui appartient en ces "Bleus".

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Anonyme   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai lu avec plaisir une très jolie poésie pleine de spleen dont je retiens que les graviers sous les pieds valent plus que de l'or. Quand je marche au petit matin sur la plage qui fait face a notre maison c'est aussi ce que je pense. Bravo !

   papipoete   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bonjour Kemo
" attention, talent ! "
Je vais seul sur ces chemins, où nous allions tous-deux ; nous marchions amoureux comme dans les pas d'un sherpa, sûrs de nos pas jusqu'à ce muret qui nous abritait du vent lors de ses colères.
Il est toujours là mais ne me sert plus à rien, j'ai toujours froid même au brûlant de l'été... Vous n'êtes plus, n'êtes que dans mes pensées où je lis les mots que Vous m'écriviez, avant...
NB aujourd'hui, je ne suis plus qu'un enfant... très vieux à qui Vous tenez la main, sans laquelle je ne sais plus marcher ! même sur le sable, le chemin m'est un erg où chaque pierre écorche mes pieds, écorche mon coeur de n'être plus qu'UN !
Vos lignes égrènent leur lot de diamants, une rivière où je me noie tant elle rutile de tristesse, comme dans la 3e strophe
et dans l'avant-dernier quatrain, " et la mer qui se venge à noyer vos sourires... "
Comme c'est bellement écrit ! ce jeu des " bleu ", du ciel, des yeux, et ceux de l'âme se conjuguent à merveille !
Et la vidéo souligne ces moments, ce moment où une lettre relue, les maux remue.
Techniquement, bien que hiatus et autres rimes fausses, émaillent vos vers, ces dodécasyllabes se passent du " classique " sans dommage pour le plaisir des yeux, sans accroc à l'oreille.

   Lotier   
6/11/2022
Lorsqu'on ouvre le carton des vieilles photos, il faut s'attendre à une forte bouffée de nostalgie, dans laquelle on peut se complaire, voire se noyer.
J'ai beaucoup aimé la vidéo. Elle m'a permis de mieux ressentir ce qui ne passait pas dans le poème : pas assez de silence, de respiration, de musique. Forcément, un poème, ce sont des mots, mais on peut choisir la mise en page, la mesure, l'image. L'inachevé. Ici les images manquent d'inachèvement, elles ne laissent pas le lecteur les compléter, les prolonger. La disposition d'esprit pour lire un poème est fluctuante. Peut-être qu'à un autre moment vos images m'auraient propulsé d'elles-mêmes…

   poldutor   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Kemo
Quel beau poème plein de nostalgie. Pour les gens comme moi (très) âgés, cette poésie veut dire quelque chose...

de bien beaux vers :
"Je promène le soir aux sentiers arpentés
Sentiers des mémoires aux couleurs argentées
Je promène le ciel et tous ses habitants
Les oiseaux, les étoiles et prénoms d'avant

Et j'entends quelques voix sur des bouts de papier
Sur des bouts d'autrefois, quelques mots envolés
Et je sens sous ma peau les frissons de vos doigts
Qui tenaient le stylo de ces lettres pour moi"

Il faudrait tout citer...
Bravo
poldutor

   Donaldo75   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Kemo,

J’ai beaucoup aimé ce poème. Le choix de ne pas rentrer dans la prosodie classique mais de garder une forme de rythme et la musique de la rime me semble approprié, surtout dans l’analogie de la photographie. Les quatrains sont tristes, avec une tonalité qui perdure à la lecture ; ils racontent des souvenirs presque en noir et blanc. Le dernier quatrain parachève bien cet ensemble. Je ne tenterai pas le commentaire composé à la mode scolaire et détaillée parce que justement ce poème m’a laissé une excellente impression de lecture et je tiens à la préserver en l’état, pure, spontanée.

Bravo !

   Miguel   
6/11/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je n'ai pas bien compris ces corps en morceaux et ces mains arrachées mais l'ensemble du poème m'a emmené dans un pays de nostalgie douloureuse et de souvenirs à la fois doux, tels qu'ils ont été vécus, et amers, tels qu'ils reviennent. Il y a de très beaux vers et il est dommage que les entorses à la prosodie nuisent un peu à l'esthétique du texte.

   Charivari   
8/11/2022
Très beau, très belle envolée. Sens des formules et puis il y a un souffle vraiment, et un rythme. Un sens de la mélodie par exemple "Vos cheveux envolés en nuages là-haut / Et vos yeux comme l'eau, transparents et troublés": ça ferait une très belle chanson mélancolique.
Je tique un peu, histoire de pinailler, sur la répétition du mot visage en strophe 4. Même si vous utilisez l'anaphore sur tout le poème, je trouve quand même que 5 fois le mot en un seul quatrain c'est trop, mais c'est un avis personnel bien sûr.

   Queribus   
9/11/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Ah nostalgie quand tu nous tiens! Un très beau poème sur un sujet mille fois traité mais ici sans pathos ni grandiloquence. Les (très) belles images poétiques se suivent et se succèdent tout au long du poème et il serait long et fastidieux de toutes les nommer. Le tout se lit facilement sans se prendre la tête et n'en a que plus d'authenticité. J'ai une seule remarque à formuler: la ponctuation: vous avez choisi de la supprimer carrément mais vous laissez ça et là quelques virgules mais peut-être est-ce voulu; en tout cas ce n'est pas choquant et ça apporte une forme d'originalité très personnelle. Votre écrit me semble quand même un peu long mais, là aussi, rien de vraiment choquant.
En résumé et en conclusion, de l'excellent travail et une belle leçon d'écriture poétique.

Bien à vous.


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