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Poésie néo-classique
Lapsus : Matin clair
 Publié le 12/09/09  -  15 commentaires  -  2402 caractères  -  235 lectures    Autres textes du même auteur

On dit qu'au matin clair, parfois, le monde change.


Matin clair



Je crois me souvenir, c'était un matin clair,
Quand la bête apeurée enfin donne le change*,
Quand l'appel de la chasse électrise votre air,
Quand le moment survient d'enfin porter le fer,
Quand Dieu n'est plus présent et qu'on invoque un ange,
Quand on a oublié que la bête se venge.

À la chasse ou la guerre on croit que l'on se venge
Alors que rien n'est sûr, même le matin clair,
On doit suivre les ordres ou les paroles d'ange ;
La bête ou l'ennemi, c'est la cible qui change
Pour se cacher au loin dans un oiseau de fer,
Surprenant et léger, à vouloir fendre l'air.

Qui ouvrira pour nous tous les sentiers de l'air,
Qui veut suivre le Cid qui va, court, vole et venge ?
Nos engins sont mortels, faits de bois et de fer,
Pour survoler la Somme au froid du matin clair.
Dans l'horizon si gris on croit que rien ne change,
Là-bas sur le clocher est-ce une tête d'ange ?

J'ai des ailes c'est sûr, sans devoir être un ange ;
Le souffle de l'hélice entonne un drôle d'air,
Ronflement somnifère et qui jamais ne change.
Guynemer mon ami, il faut que je te venge,
Je me souviens de toi, au creux du matin clair,
De ton regard velours, de ta poigne de fer.

Et vous mon cher Baron*, la lourde Croix de Fer
Vous a sans doute été remise par un ange,
Un ange ou un démon par un matin trop clair ;
Votre Fokker si rouge avait bien fendu l'air
Et le cœur de nos troupes au cri de "Je me venge !"
Prenez garde, Baron, voyez l'époque change.

Engagez le combat, ne perdez rien au change,
Le jeu est si brûlant qu'il consume le fer,
Il est venu le temps pour qu'enfin l'on se venge,
Que meure le sourire à votre gueule d'ange !
Vous ne règnerez plus comme un prince de l'air,
Vous piquerez du nez au feu du matin clair !

On dit qu'au matin clair, parfois, le monde change,
Quand le monde est en l'air, la mort se veut de fer,
Ne dites rien à l'ange, un aviateur se venge.




* La bête donne le change : expression de vénerie : la bête fait lever une autre bête dont les chiens suivent la voie.
* Le Baron Rouge, Mandred Von Richthofen, fameux aviateur allemand durant la Première Guerre Mondiale, décima l'aviation alliée jusqu'à sa mort en avril 1918.


 
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   Anonyme   
12/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il aurait été avantageux pour ce poème que l'auteur dans sa présentation signale la forme pas facile qu'il a utilisé avec belle élégance.

Je salue l'exercice, la contrainte honorée, je salue qu'on sorte du sonnet !

Les premières strophes sont ciselées et fines et élégantes, je trouve les dernières un point moins travaillées. Il n'empêche. Un exercice de haute volée et une très belle première strophe, comme quoi, l'entrée en matière...

Merci Lapsus révélé.

   jaimme   
12/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je n'aime pas la poésie classique. C'est comme ça. Et je ne la commente pas toujours, souvent parce que je me suis arrêté avant la fin. C'est mon goût.
Là j'ai lu directement à haute voix... et j'ai vraiment été touché par ce martèlement parfaitement adapté au propos.
La vengeance, au cœur de la Première Guerre Mondiale. Son moteur, si efficace sur ces jeunes lieutenants. Bravo le thème est puissant. Et l'honneur n'est plus là où on le croyait à cette époque.
Honneur de la noblesse désué, désuète, en 1916-18. Honneur nationaliste désué de nos jours.
Aucun honneur à faire la guerre. Ou à lancer la chasse.
Un poème sur les valeurs.
Un poème de valeur.

Un honneur de t'avoir lu.

   ANIMAL   
12/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un souffle épique pour ces vers magnifiques contant de bien sombres heures de notre histoire récente.

J'aime le parallèle de la chasse et du combat, l'insistance sur certains termes, tels "ange, venge, change, matin clair, fer, air..."

Une atmosphère à la fois pesante et aérienne pour un poème de toute beauté.

Merci.

   Anonyme   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonsoir Lapsus ! Bienvenue dans le monde exigeant du Classique !
Pour le fond, la chasse et la guerre, le veneur et le Baron Rouge, sans oublier leurs victimes, je rejoins les commentaires précédents, de bien belles tournures et certains alexandrins remarquables. Bravo ! Pour ce qui est de la forme, je ferai quand même quelques remarques à prendre, (ça va de soi !) avec bonne humeur puisque formulées avec le sourire !
Tout d'abord, il y a méli-mélo de rimes féminines et masculines alors qu'elles devraient être alternées.
Ensuite, même si ce n'est pas un sonnet, je trouve que la répétition de certains mots, voulue sans doute, alourdit quand même le texte.
J'ai relevé quelques hiatus évitables : vers 6 (a oublié), 13 (qui ouvrira)
Enfin, le dernier alexandrin, si je ne me trompe, compte 13 syllabes, diérèse de a/vi/a/ teur, mais en changeant "un" par "l'", le compte était bon
Bon , ça n'enlève rien au travail que représente ce texte plutôt bien enlevé ! Amitiés... Alex

   Anonyme   
12/9/2009
Pour le thème effectivement, je le trouve assez original, et plutôt bien mené. J'aime beaucoup les sextines, mais ça reste quelque chose de très difficile à construire, et en prenant comme mot rimé un verbe conjugué tel que "venge", c'est d'autant plus audacieux, mais puisque, malgré tout, il n'y a pas 25 manières de l'utiliser, ça fait un peu répétitif.
Le matin clair aussi, revient tout au long du texte, mais je me doute bien que c'est fait exprès, et j'aime le contraste qu'il fait avec la "violence" du texte (enfin, pas violence exactement, mais ça reste un thème très dur.
Et le tercet de la fin, je le trouve particulièrement bien, en reprenant les autres mots rimés à la césure...
Dans l'ensemble ça me plait vraiment bien, mais je trouve le texte un peu long (sextine oblige, évidemment, mais c'est aussi le piège je crois), un peu "lourd".

   brabant   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Wouah! Que ça m'a l'air compliqué à faire! Construction sur deux rimes avec reprise des mêmes mots en rime dans les différentes strophes. Ce qui donne cette tonalité univoque, cette musicalité du texte, aérien comme l'appel de la chasse conçue comme une guerre ou l'ivresse de la guerre aux avions conçus pour une chasse.
J'ai appris le sens de "La bête donne le change", astucieux de la part d'une grosse bête, car on ne cherche pas ici la petite bête (autre expression de chasse), merci.
On vient de voir (ou revoir) "Le Baron Rouge" sur Canal +. Reconnu comme un héros par les deux camps pour sa conception chevaleresque du combat dans un avion identifiable et repérable comme un blason ou une bannière.
Les Allemands avaient Richtofen, nous avions Guynemer. Tous deux sont morts au combat et ont disparu, encore que Richtofen ait sa tombe et que Guynemer n'était pas censé combattre, mais c'était la condition sine qua none pour qu'ils devinssent des héros, des légendes, des mythes. Il faut que le corps disparaisse. Saint Ex est doublement malheureux dont le corps a été retrouvé.
Rouge-queue ou rouge-gorge, le Baron apparaissait ainsi comme l'emblème d'une armée de loups gris, uniforme gris, uniforme vert, pour mieux se dissimuler, c'est pourquoi je risque étant donné mon aversion pour la guerre, phare d'une armée de crapauds. Nous avions l'air fin avec nos pantalons et nos casquettes garance face aux uniformes vert-de-gris fondus dans la nature pour mieux faucher les champs de coquelicots.
Quelle bêtise que la guerre! Ne sait-on pas depuis Rimbaud que les glaïeuls y sont des fleurs mortifères?
Bravo pour votre texte, Lapsus, j'aurais dû m'y attarder davantage quant au fond qui est vraiment bien ficelé, la chasse, la guerre, Dieu, les anges, la (B)ête, les matins clairs, les oiseaux de fer, la vengeance, les combats aériens... et même le Cid (un tour de force que d'avoir réussi à le faire entrer là-dedans!). Chapeau!

   Lapsus   
13/9/2009
Quelques précisions concernant la composition de la sextine sont redonnées faisant droit à la suggestion opportune des correcteurs.

   Anonyme   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Quel travail époustouflant ! Bravo !

J'aime particulièrement:

"Quand Dieu n'est plus présent et qu'on invoque un ange,
Quand on a oublié que la bête se venge."

Ainsi que ce petit bout de Corneille : va, court vole et venge-moi ! (transformée ici et merveilleusement intégrée dans ce long poème)

J'aime aussi les récurrentes allusions au fer qui évoque la bête métallique de l'aviateur sans avoir à la nommer.

Et ses mots qui reviennent en vague "change" "ange" venge" sans peser malgré leur nombreuse répétition.

Quand au fond, c'est épique et moderne : difficile pari très réussi.

Je crois, à mon humble avis, qu'oniris vient de gagner un remarquable poète.

   Anonyme   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Des effets stylistiques très efficaces;
Manquerai un petit goût de sang et d'horreur;

Lapsus est poète et par trop délicat, il nous a épargné ces sentiments de meurtre et d'horreur;

Beau travail

   Meleagre   
13/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème est beau, et très agréable à lire, en particulier à haute voix : ce rythme très fluide, ce jeu très particulier sur les sonorités, les rimes et les répétitions le rend très musical et harmonieux. Et ce travail de construction est d'autant plus appréciable après les explications de Lapsus sur les contraintes formelles de la sextine.
Cette forme permet de traiter avec harmonie et un tant soit peu de légèreté un sujet pesant, grave et de triste mémoire. On sent des élans épiques dans cette soif de vengeance.
Les trois premières strophes sont particulièrement réussies et prometteuses ; ensuite, Guynemer et Baron sont évoqués avec un peu moins de recherche stylistique et rythmique, mais ces deux figures sont élevées au rang de héros modernes.
Merci Lapsus pour ce beau texte, et pour m'avoir fait découvrir la sextine.

   Mr-Barnabooth   
14/9/2009
On peut évidemment souligner la difficulté de l'exercice et la qualité du travail de l'auteur ! Il aurait été difficile de faire mieux.
Mais personnellement je n'ai pas réussi à rentrer dans le texte, cette forme particulière étant beaucoup trop lourde et redondante à mon goût.
Amicalement
Mr B.

   Anonyme   
15/9/2009
Je ne puis que saluer la virtuosité et l'originalité de ce poème...

Je tique un peu devant la répétition des "Quand" de la 1ère strophe, mais c'est un beau travail.

   Anonyme   
16/9/2009
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Moi j'ai trouvé les répétitions un peu lourdes à la longue, je n'ai pas adhéré à la forme du poème. J'ai buté sur "électrise votre air". Je n'ai pas franchement compris le fond du poème, les "références" me restent assez obscures, désolé.
Mais surtout les mots qui reviennent de façon lancinante m'ont fatigué, j'avoue avoir eu du mal à terminer ma lecture. Mais ce poème a l'air de plaire au plus grand nombre, alors le souci doit venir de moi... Edit : En relisant les commentaires, je vois que je ne suis pas le seul en fait à penser ainsi... Désolé pour la redondance. Au plaisir de lire un autre de vos textes..

   David   
18/9/2009
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Lapsus,

Je trouve la forme bien choisi pour ce poème narrant les premiers combats aériens, ces spectacles funestes des tout premiers hommes volants, qui finissaient par un avion tourbillonant vers le sol, comme les vers.

Je n'ai pas vu si cela a déjà été fait, trois vers seraient un peu en dehors de ce qui peut se lire dans la catégorie classique :

"On doit suivre les ordr(es) ou les paroles d'ange"
La césure faussée par le pluriel
"Guynemer mon a(mi, il) faut que je te venge,
Je me souviens de (toi, au) creux du matin clair,"
Un gros hiatus et un autre assez voyant.

Bravo pour l'ensemble en tout cas.

   Anonyme   
23/9/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne connaissais pas cette forme poétique, et je suis impressionnée par le brio avec lequel elle a ici été mise en scène.
Beaucoup de fluidité dans ce poème, un thème pas facile traité avec beaucoup de richesse dans les images et les références, sous l'angle de cet obsédant "matin clair" ...
En dehors de quelques hiatus ("qui ouvrira", "ami, il", "toi, au", "jeu est"), j'applaudis l'ensemble, fond et forme, bravo !


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