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Poésie en prose
Laz : Chambre 12
 Publié le 27/08/25  -  6 commentaires  -  997 caractères  -  97 lectures    Autres textes du même auteur

Dissection d'un de ces moments singuliers, inoubliables, inoubliés.


Chambre 12



Je suis entré dans l’instant silencieux avant de le savoir. J’étais assis sur le lit, je me suis levé. Passa le temps. Le mur, à gauche, côté tête de lit, m’a attiré. Je m’en suis approché et je lui ai fait face. Des secondes. Et puis l’ordre est tombé : m’asseoir par terre. Je me suis assis par terre, en tailleur, face au mur, à quelques centimètres de lui. Des gouttes d’heure. Le silence a fait place à un autre silence, plus intense, plus aigu, plus idiot. Avoir peur d’avoir peur, c’était être conscient de l’épaisseur du coton. C’était être heureux parce qu’enfin il ne se passait rien. Le mur et moi étions égaux et ça pouvait durer, sans douleur, sans douleur. Des minutes, par… milliers ? Mon lit à gauche, le bureau à droite, mais j’étais loin, au fin fond de l’immédiat, prêt à bouger un doigt. Alors purent valser les vagues et les torrents de liberté sur moi, engourdi. L’après-midi avait avancé quelques pions, le ciel avait perdu un ou deux degrés de gris, et je pouvait se dire.


 
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   Eskisse   
22/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Entre le mobilier immobile ( solide ) et le mouvement de la liberté ( liquide), le narrateur trouve ou découvre son identité, ( " je pouvait se dire" ) elle se déverse elle aussi. On ignore où est cette chambre 12 mais elle est le lieu d'une émancipation. L'émancipation d'un "je" dont nous n'avons que les contours.

Les éléments concourent à créer une atmosphère absurde ( " le mur et moi étions égaux" ) et pourtant, c'est parmi eux que se fait cette sorte d'épiphanie.

Les sentiments du narrateur sont comme feutrés dans une écriture blanche qui fait de ce poème un paradoxe: le bonheur dans le "il ne se passe rien" . La souffrance est passée, suggérée par son dépouillement.

Une expérience existentielle. un texte fort.

   Ornicar   
22/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un titre laconique, un texte et un décor minimalistes, un récit en forme de mise à nu d'une expérience de pleine conscience. Le regard du narrateur se focalise sur d'infimes détails qui prennent une importance inaccoutumée tandis que le temps, autour de lui, n'en finit pas de se dilater. De jolies formules illustrent cette thématique et ce paradoxe d'une liberté mentale conquise à force de volonté et de concentration tandis que le corps, lui, reste prisonnier : "Je suis entré dans l’instant silencieux avant de le savoir" ; "Des gouttes d’heure" ; "mais j’étais loin, au fin fond de l’immédiat" ; "L’après-midi avait avancé quelques pions". A la fin "je" - avec des guillemets peut-être ? - "pouvait se dire" et donc "je" a recouvré sa liberté. Au moins sur le plan intérieur.

Je suppose un univers carcéral (voir : "Et puis l’ordre est tombé") mais le fait d'ignorer tout des raisons de cet enfermement confère au texte une part de mystère bienvenue qui n'épuise pas l'intérêt du lecteur. L'ensemble, de ce qui ne dépasserait pas le stade du compte rendu factuel s'il n'était vêtu des oripeaux de la poésie, présente un aspect clinique et froid qui ne dément pas la promesse de l'avertissement. Ce texte est bien une "dissection". De ce point de vue, et du mien, c'est tout à fait réussi.

   Cyrill   
27/8/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
bonjour Laz.
Des formules habiles pour signifier le temps d'une claustration sans doute plus mentale que physique. La forme même du poème m’évoque une barrière imaginaire contre laquelle se heurte le locuteur. Il trouve la liberté par le verbe, une façon de fuir comme de se rencontrer.
Le temps passe sans que rien ne se passe sinon l’immobilité, l’instant semble dilaté. La conscience d’être occupe un espace-temps différent de l’ordinaire.
J’ai vécu l’expérience avec un certain bonheur. Merci pour le partage.

   A2L9   
27/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Certains de ces instants s'encadrent pourtant d'une multitude de bruits environnants, habituels ou inconnus, habituels mais soudainement inconnus, inconnus et pourtant si familiers.
Les heures s'égouttent et l'ambiance devient sèche.
Les objets deviennent molécules, tout devient molécules et surtout soi, un mélange audacieux qui apaise.
Une conscience s'installe.
J'aime bien ce poème qui pointe cet instant, comme un tatouage qu'il suffit de caresser peut-être pour le revivre au besoin.

   Myndie   
30/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
J'aime cette écriture là.
J'adore cette façon intensément poétique d'écrire les choses, de « décrire » le temps qui passe et de nous offrir votre propre regard mental, de nous confier vos émotions et vos méditations contemplatives.
« Des gouttes d’heure. »
«  Le mur et moi étions égaux »
« Alors purent valser les vagues et les torrents de liberté sur moi, engourdi. »
« je pouvait se dire. »
Rien que pour ces belles tournures, ce texte court vaut bien le détour.
Bravo et merci pour cette belle lecture

   Pouet   
31/8/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Slt.
un texte qui porte l'émotion, qui est très bien écrit, la première phrase est prometteuse, beaucoup de rythme aussi je trouve.
Cela se lit bien agréablement, on ressort avec l'idée d'un trip à la datura de tantrisme personnel de crise mystique ou décompensation psychique..

Toujours est-il que ce fut un bon moment passé avec vous.
Je retiens, parmi d'autres " les gouttes d'heure".

Au plaisir


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