Nous avions fabriqué le croissant de lune en tissu blanc et tubulures d’aluminium, sur le principe de montage d’une tente. Le croissant, dans sa longueur, mesurait trois mètres et dans sa plus grande largeur, c’est-à-dire en son milieu, un peu moins d’un mètre. Le croissant avait une épaisseur, d’une part pour y loger des éclairages qui rendraient la luminosité, d’autre part pour que le clown puisse tenir assis. Notre principale difficulté était que dans la même photo, il devait y avoir la mer et notre lune et rien entre les deux. Notre lune ne devait en aucune manière « reposer » sur la mer : tout support aurait été visible. Alors il lui fallait être suspendue, par des fils les plus fins possibles pour ne pas apparaître. L’assise du clown serait une tablette solide et c’est cette tablette qui serait suspendue, le croissant étant rendu solidaire par quelques vis et écrous. On placerait quatre torches lumineuses dans l’épaisseur de notre lune, dirigées vers la face en tissu blanc. Restait l’essentiel du problème : à quoi suspendre tout cela ? Nous décidâmes d’employer les grands moyens. Nous louerions une grue mobile et son grutier. De nuit, la grue s’approcherait sur la plage, le plus près possible de l’eau. À son crochet, nous fixerions quatre fils de nylon juste assez épais pour supporter la lune, la tablette et le clown assis dessus. Le bras de la grue soulèverait l’ensemble et le porterait le plus loin possible au-dessus de la mer. Le photographe prendrait quelques clichés. Nous serions heureux.