Sur les arbres l’hiver accroche des guirlandes
Que le pâle soleil posé sur l’horizon
S’efforce d’allumer en esprit d’oraison,
Livrant au jour nouveau ses frimas en offrandes.

Près de l’étang gelé grelotte le colvert
Insensible aux lapins qui piétinent la neige
Où les premiers crocus encore pris au piège
Ont hâte de sortir leurs écus du couvert.

Pour fêter le printemps, la nature s’agite.
Jonquilles et lilas éclaboussent leurs fleurs,
Le saule enchatonné s’offre aux merles siffleurs,
Dans le ruisseau chuintant, étincelle une truite.

Les amours des poissons troublent le fond des eaux,
La foulque sagement sur son nid flottant couve.
En reflet le héron se fige sur la douve,
À l’affut des goujons cachés dans les roseaux.

Les roses du matin transpirent leurs fragrances,
C’est au tour de l’été de fournir ses douceurs
Avec des fruits juteux, rouges, pleins de saveurs
Que l’on goûte en pensant aux prochaines vacances.

L’orage bienvenu sur le vallon doré
Déroule un voile noir. Les gouttes qu’il libère
Réveillent l’escargot sous la sombre fougère
Et redonnent fraîcheur au feuillage éploré.

L’automne généreux remplit greniers et caves
De pommes et de grains, de cidres et de vins.
Il ramène au bercail les troupeaux de bovins
Qui pour le long retour sont dispensés d’entraves.

Le ciel couleur fusain précipite le soir.
Sous l’effet des vents froids qui rident la rivière,
Les feuilles sur le sol attrapent la lumière.
Il est temps de rentrer près de l’âtre s’asseoir.