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Poésie en prose
Leverbal : Mort laid
 Publié le 27/12/16  -  13 commentaires  -  1674 caractères  -  230 lectures    Autres textes du même auteur

Deux trajectoires qui se croisent dans la baie de Morlaix un lendemain de Jour de l'an.


Mort laid



C'est le chemin vers la grisaille.
Une dernière fois, prendre la route qui serpente, en léchant la côte des souvenirs.

Une dernière fois, s'arrêter sur le pont.
C'est le deuxième matin de l'année.

Une belle clarté perce les brumes du littoral. Tout près, l'herbe a des reflets irlandais.

Une belle vue sur le large, et la route dégagée.
C'est un retour à la réalité.

Une station diffuse des ballades amères, airs frondeurs, chants rêvés.

Une petite voix, inquiète, insistante, comme fâchée.
C'est le temps des pensées irrésolues.

Une atmosphère s'installe, un calme serein, sans avis de tempête, lent, chargé.


Une décision simple, presque banale, et les gestes pour l'accompagner.

Bientôt ce sera la fin d'une parenthèse, d'une trêve préméditée.


Le silence pèse à peine, l'être respire, apaisé.
Le mouvement est bref, le résultat escompté.

Bientôt ce sera le premier bitume de la journée.

La route grossit, se raidit, s'accélère. Doucement.
Le premier conducteur arrive, s'arrête, intrigué.

Bientôt ce sera le camion, les questions empressées.

Les premiers habitats annoncent la fin de l'estuaire, son entrave et ses âmes.
Les vivants s'interrogent, s'apitoient, s'alarment.

Bientôt ce sera l'enquête, la rumeur, les mensonges.

La contemplation du pont masque l'attroupement, son indécente incidence.
L'identification du corps n'est plus qu'une question de secondes.

Un arrêt ? Sur la route ? Et pourquoi ?
Ce n'est rien, il est là, suicidé…


 
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   papipoete   
17/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien
prose
C'est un matin bien ordinaire avec sa grisaille au ciel et au coeur ; avalant le bitume, nous roulons quand soudain l'espace se dégage, montre un bout de ciel qui éclaire la nature aux reflets d'Irlande .
Coup de frein, les autos s'agglutinent épaississant la chaussée ; un camion, arrêté sous le pont, un attroupement que je devine indécent ; un corps inerte gît, suicidé ...
NB atmosphère pareille au brouillard du matin, quand le gris s'habille de noir d'où un filet rouge s'échappe avec lenteur .

   Anonyme   
18/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
J'ai hésité à poser mes mots sous vos mots, je suis revenu plusieurs jour de suite, mon indécision tient plus à l'émotion trop prononcée que je ressens lorsque je lis cet écrit, il me chavire, j'en suis presque inquiète.

Mais je veux passer outre, et donner une chance à votre écrit. Il le mérite, votre plume a su me transporter dans ce moment "tragique", avec beaucoup de pudeur, Vous déposez des arrêts sur image, qui imprègnent mon émotionnel, vous m'emmenez là, vers et à vos mots. L'envoûtement est total.

Je suis ces "Deux trajectoires" ...

   hersen   
27/12/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je n'ai aucun passage à citer, à relever, car après lecture ne me restent que des images aux contours un peu flous.

j'ai plus l'impression de sortir d'un court-métrage, les couleurs, les formes et les faits se confondent.

C'est pour moi ici du grand art, puisque j'oublie les mots, je n'en tiens pas compte et ils ont cependant fait un gros travail sur moi.
C'est donc qu'ils sont justes, judicieusement posés, je suppose.

Je suis fortement impliquée, sans être cependant concernée par l'histoire que l'on me propose. Un détachement s'opère en moi et cependant je n'oublie pas un détail.

Une sensation que j'ai déjà ressentie à lire ici certains poèmes.

Merci de cette lecture,

hersen

   Anonyme   
27/12/2016
C'est vraiment pas mal. Une tonalité indolente pour un mouvement bref en effet efficace et discret à la fois. Des phrases nominales, simples. Un poème assez convenu sur le plan du style, mais ce convenu devient terrible vu le sujet, aussi le décalage est-il très signifiant.

Ah, comment attirer l'attention sur soi sans se suicider ?

Quelle fonction attribuer à "retour à la réalité" ? Si c'est un retour, le personnage se réveillerait or il désire rester dans son rêve, le continuer jusqu'au bout, cette idéation suicidaire que le poète décrit par la suite : il devient une star... sans que le lecteur sache si c'était une motivation. En effet, ce n'est pas l'entourage qui réagit mais des passants en véhicule.

je n'ai pas compris "le premier bitume de la journée", est-ce une expression consacrée ? c'est la première phrase de la deuxième moitié du texte pourrait-on dire.

   Raoul   
27/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien
Assez clinique.
Ici avec cette écriture blanche, on évite le voyeurisme et le pathos mais pas toujours les clichés et les ambiances fantomales, ou à peine incarnées.
J'aime bien la mise en place, la progression du rythme avec ses "C'est" et ses "Bientôt", c'est assez fort dans le 'ressenti', la plongée tant morale que physique.
Je me demande qui parle, comme je me demande qui regarde quand je vois un film de Gus Van Sant (Elephant ou Gerry par exemple).
Petit bémol sur les points de suspensions finaux… font un peu tic.
Un écrit réussi, je trouve.

   Brume   
27/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Leverbal

Très surprenant. D'une beauté glaciale.
Au début, l'atmosphère est paisible:
- "Une belle clarté perce les brumes du littoral. Tout près, l'herbe a des reflets irlandais."
- "Une belle vue sur le large,"
- "Une atmosphère s'installe, un calme serein, sans avis de tempête, lent, chargé."

Vint la chute...seconde lecture, l'atmosphère du début est soudainement morne.

Au fur et à mesure le contraste est saisissant: passage d'un état de "quiétude" à l'effervescence.
Le ton est distant, d'une émotion froide.
Et cette phrase: "Ce n'est rien, il est là, suicidé…"
Le suicide, un cas banal.

Ce passage me pose question:
- "Bientôt ce sera le premier bitume de la journée."

Etant donné qu'il a déjà fait de la route sur le bitume pour rejoindre le pont, ne serait-ce pas mieux " Bientôt ce sera le DERNIER bitume de la journée?"

   Francis   
28/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je rejoins Hersen pour l'impression d'images sorties d'un court-métrage.
J'ai aimé ces décors où se mêlent le début et la fin : début d'une nouvelle année et fin d'une vie ; le littoral, là où la terre s'arrête et le bitume qui ramène dans le monde des vivants. J'aime également l'opposition entre lumière et brume, le calme du début et le rythme qui s'accélère sur la fin : "bientôt ce sera...bientôt ce sera. Cette plume raconte une histoire tout en nuances. Une lecture qui m'a emporté sur la route d'un fait "d'hiver".

   Leverbal   
28/12/2016

   Marite   
28/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien
La lecture du post 2 du forum ouvert pour cette publication me conforte dans l'idée que je m'étais faite de ce poème :
- Première partie relative à l'une des trajectoire depuis " C'est le chemin vers la grisaille." jusqu'à ... "Le mouvement est bref, le résultat escompté." Nous cheminons, paisiblement, aussi curieusement que cela paraisse, dans les pensées de la personne qui a décidé de mettre fin à sa vie.
- Seconde partie pour la seconde trajectoire d'un autre puis des autres individus, spectateurs de la conclusion de la scène qui s'est déroulée juste avant leur passage sur le pont.
Bien aimé les expressions :
" ... en léchant la côte des souvenirs"
" L'herbe a des reflets irlandais"

   Anonyme   
29/12/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Leverbal ! Une prose qui m'a parlé d'autant que je connais le suicidaire viaduc de Morlaix.
Quelques jolies métaphores... chemin vers la grisaille, Bientôt ce sera la fin d'une parenthèse, d'une trêve préméditée... et le constat post-mortem... l'enquête, l'identification et le "Ce n'est rien, il est là, suicidé…"

Le suicide banalisé sur le pont de Morlaix...

Bien vu...

   Pouet   
29/12/2016
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

J'ai lu le forum explicatif et donc bien "vu" les deux "trajectoires" en lisant un vers sur deux. Je ne suis pas certain de l'avoir remarqué aussi nettement sans cela.

C'est un texte d'une certaine force. Très narratif. Une seule métaphore me semble-t-il : "la côte des souvenirs"

Bien aimé notamment "les reflets irlandais" puis quelques vers plus loin "ballades amères" qui fait écho ("ballade irlandaise"), bien aimé aussi le premier vers et "l'indécente incidence" de la fin, mais pas que.

Pour les "moins", les sonorités en "é" m'ont semblé parfois un peu répétitives et le jeu de mot du titre, "Mort laid" ne m'est pas apparu indispensable, le sujet ne s'y prêtant guère selon moi. Enfin, j'aurais aimé un texte un peu plus "imagé" mais je comprends le parti pris.

Au final une écriture maîtrisée, un "exercice" intéressant, une "ambiance" bien posée pour un sujet fort.

Cordialement.

   Yavanna   
8/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

J'avoue avoir été lire le forum explicatif avant de commenter... et j'avoue également que je n'avais pas saisi l'idée des deux trajectoires. Pour tout dire, je me sentais assez perdue et perplexe à la fin de mes deux premières lectures.

Après une troisième et une quatrième à la lueur des explications, je dois sincèrement vous confesser que je ne suis toujours pas très emballée :-(

L'ensemble reste confus pour moi, certaines expressions ne me sonnent pas très agréablement à l'oreille (ex : "en léchant la côte des souvenirs"), et je reste assez perplexe sur la pertinence de faire une poésie avec ce récit, même en prose.
Personnellement, j'y vois plutôt une micro-nouvelle type fulgure.

Pardon de ne pas avoir réussi à vous suivre dans ce voyage, j'espère être moins hermétique à vos intentions une prochaine fois... en tout cas je vous relirai sans aucun doute !

   Anonyme   
16/1/2017
 a aimé ce texte 
Un peu
J'aurais aimé vous rendre la pareille et dire à quel point cette poésie m'a plu. Mais je ne sais pas tricher et ce ne serait pas honnête envers vous. Si je reconnais une qualité d'écriture, une façon assurée de décrire une atmosphère et un paysage, un peu comme un tableau d'ailleurs, je reste perplexe sur la dichotomie tentée. Pour tout vous avouer, je n'ai pas compris grand chose à la première lecture. Le suicide m'a surpris, je me suis demandé d'où il venait, qu'est-ce qui avait pu l'amener. Il m'a semblé venir comme un cheveux sur la soupe tant j'étais parti dans une autre direction. Les deux points de vue qui s'entrecroisent ne sont pas faciles à identifier à mon avis.


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