Sur la planète Alpha, l’air est de sons, la terre de sillons et les eaux d’inhibition où se noie la subtilité des sens. Se file la chrysalide d’un incipit congelé avant même d’être, naissance en invisibilité. Invasion d’intruses liaisons noircies d’insensibilité, dérapage sur la page et la prose qui fond tel un glaçon de sel semant ses cristaux sur un monde vierge. Elle diffuse son vin dans l’ondoiement des sables mouvants, se perd elle-même. Rien ne transparaît ou si peu.
Les vides vaincus s’emplissent.
Et des lettres, des miettes de choses s’emparent du Word neigeux grâce à la police des colibris. Leurs îles éparses amarrées dans l’espace émettent la chaleur du frisson. Les choses se métamorphosent, les sujets grandissent de traits, faits, fantaisies, frénésies ; apeurés certains restent dans l’ombre. D’autres au contraire s’assument et les jeux de « je » deviennent dangereux.
« On » emprisonné, banni par Vérité au dam d'Allusion.

Les alluvions déposent leur limon et dans le calme de la marée basse les pêcheurs à pied soulèvent les algues, raclent les fonds. La planète Alpha libère ses fruits, la vie fait surface gorgée de l’iode des sentiments.