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Poésie en prose
Luna-Gtrrz : Poème sans titre
 Publié le 16/11/13  -  5 commentaires  -  2694 caractères  -  71 lectures    Autres textes du même auteur

Poème traitant de la drogue écrit d'un trait.


Poème sans titre



C'est un gouffre grand comme le ciel. Comment ne pas se jeter au fond des océans, là où la lumière est gonflée de ténèbres. Là où on ne respire plus que des vapeurs ensorcelantes qui font oublier l'air qui tourne autour de nous. Et nous, plantés là dans la pierre du monde, crucifiés à notre propre chair, à nos paroles qui chancellent, trop lourdes à nos lèvres. Sans père, sans mère pour nous recueillir du gouffre. Comprenez monsieur, nous sommes perdus dedans.

Chacun de ses gestes finit par s'éteindre dans le cendrier de coquillage au pied du lit, rempli de cendres et de cadavres vides. La fumée bleue inonde l'air comme une mer que ses yeux brûlés fixent jusqu'au dernier mouvement de ses vagues, ses vagues froides, aveugles qui tracent dans la chambre comme des lambeaux du ciel.
Il y a longtemps que la fumée a commencé sa danse lente, ses mouvements las qui étouffent l'air, emprisonnent son regard et le tiennent fixe comme une roche, effondrée dans les flots qui la retiennent toujours. Je ne partirai pas d'ici se dit-il. Les courbes grises tournoient comme un manège autour de son crâne blond où vibre un grand silence. C'est la mort se dit-il, la mort qui entraîne le courant de ses veines, la marche des jours somnambules qui titubent au fond d'une nuit immense.
Les jours sont passés, et passeront encore peut-être. Il fait chaud dans cette chambre, il y fait bon. La brume épaisse recouvre les murs et emplit son corps d'une clameur pâle comme le visage de l'aube. Il soupire et dans sa gorge il sent comme une morsure.
Je ne sortirai pas, dit-il, je n'irai plus dehors. S'il n'y a que des ratures, c'est que le ciel est trop haut alors je ne le verrai plus. Je n'ai plus de musique dans le cœur. La cour des hommes est comme un précipice où croulent nos épaules et la couleur de nos yeux. Les visages pâlissent de peur. Les yeux sont baissés comme des saules pleureurs dont les branches sont blessées. Dehors, c'est notre dignité qui s'en va. Je connais Paris et elle tremble comme une terre éventrée, remplie de bruits, de fracas sourds, de chemins morts que traversent les pas fuyants pour revenir ensuite, traqués. Leurs membres sont lourds, voûtés contre le jour levant et sa lumière cruelle les fait trembler de peur. C'est si peu une vie à porter pourtant, à accrocher à ses veines enneigées et pourtant voyez comme elle les fait crever d'angoisse. Et cet espoir qui gonfle leur ventre, les fait traîner au sol.
Autant rester ici, il y a fait bon et les étagères sont pleines de diamants, de jolis objets comme gravés de caresses. Les feuilles vertes grandissent dans la poussière du sol. Il lui reste à fumer jusqu'à la fin des temps.


 
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   Robot   
16/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai reçu ce récit comme une plongée dans la solitude.
Beaucoup de pudeur.
La métaphore de la fumée comparée à la mer m'a d'emblée donné l'envie de poursuivre la lecture.
On est à la limite de la douleur qui ne veut pas s'avouer, enfouie au creux d'un repliement volontaire. Ici, c'est le refuge, un lieu protecteur permettant d'échapper à la difficulté de la vie réelle.
Je regrette que vous n'ayez pas fait l'effort de rechercher un vrai titre. Je vous propose "immersion en solitude"

   Anonyme   
4/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte très intéressant mériterait d'être retravaillé pour devenir excellent. Les images sont souvent étonnantes et justes et les sensations traduites avec une grande force.

   Anonyme   
8/11/2013
 a aimé ce texte 
Bien
Je trouve à ce poème des images frappantes, voire poignantes, surtout dans sa deuxième moitié :
"une clameur pâle comme le visage de l'aube"
"croulent nos épaules et la couleur de nos yeux"
"C'est si peu une vie à porter pourtant, à accrocher à ses veines enneigées"
"cet espoir qui gonfle leur ventre, les fait traîner au sol"
"de jolis objets comme gravés de caresses"

Mais, par ailleurs, à mon sens l'expression est parfois trop articulée (abondance de subordonnées, de relatives), ce qui empêche l'essor, l'engonce dans du "trop raisonnable". Je pense à des phrases comme :
"Là où on ne respire plus que des vapeurs ensorcelantes qui font oublier l'air qui tourne autour de nous" (j'ai failli arrêter ma lecture là, et j'aurais eu tort)
"La fumée bleue inonde l'air comme (...) qui tracent dans la chambre comme des lambeaux du ciel"
"Il y a longtemps que (...) effondrée dans les flots qui la retiennent toujours"
"la mort qui (...) la marche des jours somnambules qui (...)"

J'ai l'impression que le poème trouve sa vraie voix à partir de "Je ne sortirai pas" ; avant, il me semble qu'il gagnerait beaucoup à être repris pour épurer son expression, la rendre plus directe et dégager ainsi l'essentiel.

   XM   
23/11/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce poème est un sac de mots qui pèse lourd. On n'a même pas besoin de le lire (et je ne l'ai que regardé) pour se faire assommer par son poids.
Bravo pour le message.

   Anonyme   
14/3/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Les mots vous percutent et font grand bruit, c'est mordant.

Au premier abord, j'ai été effrayé par cette masse impressionnante de mots, mais au fil de ma lecture, je ressens mieux le pourquoi de cette profusion. Il serait bien difficile de faire autrement. Je suis rentré dans ce flot qui m'a littéralement submergé.

Je pense que l'on ne peut pas sortir indemne d'une telle lecture car elle soulève bien des interrogations. Le mal être semble présent, un écrit qui m'a mis bien mal à l'aise, et qui laisse planer comme un malaise.


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