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Poésie libre
Luz : Marche à mort [Sélection GL]
 Publié le 04/08/22  -  11 commentaires  -  674 caractères  -  174 lectures    Autres textes du même auteur


Marche à mort [Sélection GL]



Je marche,
la faim me tenaille le jabot,
je croque la neige en croûte,
un glaçon de source,
je ronge le feu froid du soleil vert de blanc.

Je marche,
la faim me tenaille le cerveau,
j’avale le cachet de la lune cachée,
je gobe les flocons, la lumière et le vent.

Je marche,
la faim me tenaille l’estomac,
je mordille les aiguilles des pins figés,
je grignote la trace et le bout de mes pas.

Je marche,
la faim me tenaille le gosier,
je mâche
la terre des tombes sous la neige,
je mastique les vers, les os
jusqu’à plus faim.

Je m’endors sur la mort.


 
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   EtienneNorvins   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
"ça" marche mâche tourne en rond, semble finir par s'auto-dévorer...
Je n'y intellecte que dalle mais j'aime ce que cela suscite de vertige atroce, ne serait-ce que pour ce seul vers : "je ronge le feu froid du soleil vert de blanc"...

Edit, en lisant le commentaire d'Eskisse : le titre fait-il allusion aux marches de la mort, de janvier-avril 1945 ? je n'ai pas fait le rapprochement en lisant en EL...

   Anonyme   
25/7/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème à l'ambiance bien posée, je trouve, dont la sobriété fait d'autant mieux ressortir l'horreur. Je me dis qu'il est peut-être un tout petit peu trop long pour ce qu'il a à dire (j'ai le sentiment que les première et deuxième strophes pourraient avantageusement être fusionnées), c'est bien sûr à vous de voir si vous le souhaitez.
Mon moment préféré :
Je croque la neige en croûte,
un glaçon de source,
je ronge le feu froid du soleil vert de blanc.

   Miguel   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Un peu
Cela manque un peu d'indices spatio-temporels. Il semble qu'on soit en plein cauchemar, tant ce texte est dénué d'éléments de la réalité. Mais on ne saisit pas trop son objet, son sens, sa raison d'être. je veux bien que la lune fasse penser à un cachet, mais pas quand elle est cachée. L'obsession de la faim est assez bien rendue, mais ce n'est pas une sensation de rêve (à moins qu'on se soit endormi avec la faim). Bref ce poème me semble bien déconcertant.

Miguel, en EL

A la relecture, je présente mers excuses pour le nombre de négligences typographiques que j'ai laissées passer ; je ne sais plus si j'étais fatigué ou pressé. Je les ai corrigées.

   Donaldo75   
29/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Comment le dire autrement si ce n’est que j’ai beaucoup aimé ce poème ? Le refrain est bien soutenu par les vers qui le suivent et rendent la scène visuelle mais comme dans un cauchemar matinal. Les images ne sont pas « too much » et si je me permets cet usage de la langue de Shakespeare c’est que souvent dans la forme libre il y a un abus forcené de formules sensées colorer la poésie et qui finalement l’alourdissent ; ce n’est pas le cas ici et je ne trouve le poème ni trop long ni trop coloré car il attaque directement la perception, dans ces vers où la faim prend de plus en plus de place et son issue semble de plus en plus inéluctable et fatale.

Bravo !

   Cyrill   
29/7/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un poème très visuel. Je ne sais pas qui est ce « je » pourvu d’un jabot. Une sorte d’oiseau mais alors je l’imagine préhistorique ou mieux, post-historique, après moi le néant et il avance, inexorablement.
Une vision d’horreur avec une progression vers l’inéluctable bien rendues, cette suite de verbes décortiquant l’action est excellente.
Je me suis régalé, si l’on peut dire.
Merci pour la lecture.

   hersen   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il faut marcher, coûte que coûte, sinon c'est la mort.
Il faut tout accepter, la neige en croûte qui glace, les aiguilles de pin qui taraudent, sans cesse, ne plus voir la lune, il faut tout accepter.

Un sursis avant que de mâcher les vers sous terre, un sursis pour chacun de nous, c'est la loi organique.
Un poème qui est magnifique en ce sens de l'acceptation de notre condition humaine,... mais en renâclant quand même :)
Comme toujours avec toi, je lis un vrai libre, tu en es un maître.

Merci de ce poème.

   senglar   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Luz,


Là où conduit finalement notre marche à tous. Toute marche est marche funèbre même si de marche en marche il peut y avoir des éclaircies (une cigarette, un verre de blanc, une petite ou une grande amie...) mais... comme une éclaircie est alors une sorte de temps mort, "patatras la revoilà la "Marche à mort" !

Les quatre étapes de cette marche-ci sont de telles épreuves qu'on est presque heureux de s'endormir à la fin. Tout ce qu'on a croqué s'est avéré illusion : neige, glaçon, soleil, lune, lumière, vent, aiguilles des pins si bien que l'on finit par mâcher la terre des tombes, les vers, les os c'est-à-dire par se manger soi-même.

Pas de lumière dans cette vie ? Il y a celle de la poésie :
"Je m'endors sur la mort."
Comme c'est joliment dit !

Edition : je viens de lire les commentaires. C'est vrai que le jabot, la neige en croûte, les glaçons, il doit y avoir quelque chose à en tirer. Je n'avais pas trop retenu cet aspect comique/dérisoire/poétique...
Voilà que je me figure le funèbre échassier nécrophage charognard marabout tout bossu avec une peu de duvet sur la tête et le jabot qui pendouille... un marabout glacé !

   Vincent   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Luz@

Si j'ai bien calculé votre ressenti en gros "On y va'

c'est certain il n'y a pas d'autre issue

Quand on naît, sur le G.P.S. la destination c'est le cimetière

et ça nous travaille sacrément surtout quand on est dans le secteur d'arrivée

votre texte développe bien cette angoisse qui tord les tripes

Merci et bravo

   Eskisse   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Luz,

Je lis une détermination et une nécessité à vouloir rester en vie en happant ce qu' offre le monde ( neige,lune,pin..) d'infiniment petit comme un ultime don avant de prendre le chemin de la mort. Je pense aux camps de la mort.

De très beaux vers:
"je ronge le feu froid du soleil vert de blanc."
".j’avale le cachet de la lune cachée,"

   papipoete   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Luz
Je marche, j'y vais, je serai bientôt arrivé, mais en chemin bien des embûches encombreront mes pas... et serai presque heureux de reposer enfin sous la pierre, où l'on ne fait que dormir !
NB un récit qui pourrait illustrer certains de mes cauchemars, la dernière strophe qui signifie sans ambage ; " vous êtes arrivé ! "
Comme à son habitude, l'auteur agrémente ses vers d'images étranges ( je grignote la trace et le bout de mes pas ) qui est mon passage préféré !

   Vincente   
4/8/2022
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pour la force de l'atmosphère installée, pour la consistance du propos qui bien qu'un brin fuyant suggère le trouble profond d'une vision de la finitude, pour l'originalité de l'angle d'attaque du sujet, j'ai beaucoup aimé.

C'est bien le plus important car là se trouve toute la matière nourricière du poème, mais pourtant j'ai eu du mal à marcher sur les vers de cette poésie. Le principal écueil a été dans la formulation du leitmotiv "la faim me tenaille" ; j'ai bien imaginé que le second degré était requis où la faim est cette soif de vivre, impérieuse, (frustrante quand elle ne peut être désaltérée/dés-altérée) qui ici se décline en consommations, ingestions et digestions. Je l'ai trouvée un peu forcée dans l'argumentation, d'autant plus que les différentes déclinaisons ("le jabot – le cerveau – l'estomac – le gosier") "l'enferment" dans un registre systématiquement, presque mécaniquement, organique. Le champ lexical y est homogène certes, mais un peu simple, presque un peu simpliste ; d'autant que les corrélations entre "jabot / estomac / gosier" viennent comme en répétitions, même pas chronologiques dans l'ordre d'une ingestion (du poème, du propos…) ; celui qui m'a semblait d'ailleurs le plus "intéressant" est le dissident "la faim me tenaille le cerveau".
Je crois qu'il aurait fallu choisir : ou éviter le "tenaille" en lui substituant des variations, ou se libérer de ce registre étroit, en particulier les très proches "jabot" et "gosier",voire "estomac", car tout trois peu poétiques en eux-mêmes.

La deuxième et la quatrième strophe sont mes préférées, j'aime particulièrement "je gobe les flocons, la lumière et le vent" (le "et" me semble ici dispensable, il referme les occurrences alors que le vers suggère une ouverture, une sorte d'extrapolation).
Le vers final est fort, solide, puissant, sur lui repose le poème.


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