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Poésie contemporaine
Marc-Antoine : Chien de quai
 Publié le 04/02/19  -  20 commentaires  -  1340 caractères  -  244 lectures    Autres textes du même auteur

Errances et amertume d'un homme quitté.


Chien de quai



La nuit, rassasiée, s’est pliée dans sa toge
Avalant d’un soupir son gris parfum acide.
L’aurore, sanctifiée de savons et d’horloges
Brandit la propreté de ses matins humides.

L’haleine du chenal baigne les quais argent
Et le dernier halo, tremblotant, s’est éteint.
Un maigre ressac, épuisé de son élan
Est venu clapoter deux frisettes d’airain.

Quelques parapluies noirs éclosent sur le pont
Sous un dais de pénombres et de branches nues.
Le ciel de sépia étire ses longs cotons
Au gré des drapeaux bas et des voiles fourbues.

Peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai

Un mendiant, rencogné dans le coin d’une cour
Égraine des centimes au creux de sa mitaine.
Le bistre et l’indigo se disputent le jour,
Au pas des amants à la petite semaine.

Ton regard me traverse comme un train de nuit.
Le goût de la sentence a délavé le port.
Des oiseaux morts griffent ton nom sur le parvis
Du passé. Ah, que l’aube connaisse les forts !

Sur l’eau, résonnent de vieilles écholalies.
Je rêve de bercail et de pluies de pitié
Sous la vie qui m’a brossé à coups d’alcali,
Loin des feutres jonchés d’étreintes oubliées.

Peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai


 
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Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   lucilius   
14/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il ne faut pas traverser beaucoup d'aléas pour devenir rapidement un "chien de quai", arpenter le bitume, raser les murs, traîner sa peine. Ces errances portuaires pleines d'amertume sont bien décrites, dans un univers de couleurs délavées… de circonstance. J'y suis sensible.

   Anonyme   
20/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,
Vous avez su créer l'impression de mélancolie qui se dégage de ce poème visuel qui se déroule comme un travelling par petites scénettes de la ville. Mes vers préférés ( qui disent bien l'amertume ) :
" Ton regard me traverse comme un train de nuit.
Le goût de la sentence a délavé le port."
Et j'ai apprécié l'inscription de l'amour sur quelque chose prise à rebours : " Des oiseaux morts griffent ton nom sur le parvis
du passé."
Merci pour ce partage

   Pouet   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bjr,

de très beaux vers parsèment ce texte, comme par exemple:

"La nuit, rassasiée, s’est pliée dans sa toge"
"Le ciel de sépia étire ses longs cotons"
"Le bistre et l’indigo se disputent le jour,"
"Ton regard me traverse comme un train de nuit. "

Une ambiance emplie de mélancolie, un tableau fort bien dessiné.

Une belle lecture me concernant.

   papipoete   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Marc-Antoine
" chien de quai ", ne pourrait-on dire autre qualificatif ? car le chien est souvent AMI et son regard bienveillant, sa présence indispensable ; " saloperie " de quai conviendrait davantage à cet endroit, où l'on se dit " au revoir, adieu ou " ne t'en vas pas ! "
Votre quai même avec des fleurs, serait mortel tant la détresse inonde cet endroit et " peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai "
NB je ne sais si " contemporain " est la forme originale, mais vos dodécasyllabes s'approchent du " néo-classique " de bon aloi ! tels les 7e et 8e

   Vincente   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Dans le petit matin, l'immersion en mélancolie nous gagne sans évitement, presque jusqu'à l’écœurement dans les cinq premières strophes descriptives. Passant au travers d'images fortes "L’haleine du chenal baigne les quais argent" "Quelques parapluies noirs éclosent sur le pont" ' Un mendiant, rencogné dans le coin d’une cour
Égraine des centimes au creux de sa mitaine."

Et puis vient :
"Ton regard me traverse comme un train de nuit.
Le goût de la sentence a délavé le port.
Des oiseaux morts griffent ton nom sur le parvis"

Ce qui était un tableau bien écrit mais à la beauté triste et délavée nous parle d'un esprit meurtri, la scène prend ainsi chair (pardon pour le mendiant comme une ombre au tableau...). La perspective invite, pousse à l'empathie. Ces trois très beaux vers implacables replacent ainsi le lecteur dans la compassion totale.
Mais une dernière chose doit me gêner pour noter plus haut, comme si l'atmosphère maussade dégagée bridait mon emportement. Peut-être suis-je atténué par cela même qu'a bien maîtrisé le poète, l'évocation du désabusement...

   Anonyme   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'atmosphère de ces quais à l'aurore naissante est bien rendue.

De fort belles images pour illustrer l'errance de cet " homme quitté ", comme un chien sur un quai, sans but.
" Peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai ".

" Un maigre ressac, épuisé de son élan
Est venu clapoter deux frisettes d’airain ".

" Quelques parapluies noirs éclosent sur le pont ".

Une poésie en clair-obscur.

   Anje   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Pour avoir lu ce poème sur un autre site, je peux dire que les quelques changements survenus ne sont qu'améliorations. Bravo pour le travail de remise en cause de quelques mots.
L'ambiance de ce quai où traîne la déception est bien rendue. Un triste mais joli poème.
A vous lire encore.

   senglar   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Marc-Antoine,


"Chien de quai" : Quand je lis le mot "quai" je pense "Quai des brumes", quand je lis le mot "chien" je pense "Le chien jaune"...

Et quand j'ai lu votre poème j'ai retrouvé tout cela :
- Une atmosphère à la Carné, Gabin qu'aurait quitté la mythique Morgan ; et cette tristesse, cette nostalgie, des embruns, un décor à la Mac Orlan.
- Un halo qui s'éteint, fanal dans le brouillard d'une couverture d'un roman de Simenon.

Tout cela fait très décennie 1930 me direz-vous. C'est bien d'accord et pourtant c'est cette atmosphère-là qui est dépeinte ici. Il faut croire que l'homme quitté appartient à une certaine intemporalité. Votre poème se voit comme un tableau de bruine et d'ombre et de peine qui traîne. Profondément, immensément mélancolique. Je l'ai trouvé très réussi.


"épuisé de"... les branches nues et le dais... "ciel de sépia" m'ont cependant semblé dénoté (c'est bien correct tout cela ?) comparativement à de très belles images dont voici les repères : les centimes... le bistre et l'indigo... les amants... les oiseaux morts...
- Pourriez-vous préciser aussi cette image des "des feutres jonchés..." ?

Ceci mis à part Merci pour ce poème et Bravo à Vous !


Senglar

   STEPHANIE90   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Marc-Antoine,

De très belles images qui m'ont transporté dans ce décor ou les âmes en peine baladent leurs tristesse. On a tous connu ces moments de mélancolie, de grande peine.
L'ensemble est écrit en belle harmonie et tout en poésie.
Merci pour cette lecture,

StéphaNIe

   Malitorne   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Je n'ai pas capté grand chose mais j'ai quand même bien aimé ; l'ambiance, une espèce de spleen sous-jacent et quelques formules bien assénées (« Peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai »). Dans les défauts on frise parfois la préciosité («  Le ciel de sépia étire ses longs cotons »), un vocabulaire trop sophistiqué, qui n'enlèvent cependant que peu à la beauté globale du poème. De toute évidence c'est un texte recherché et je salue le travail.

   Miguel   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis toujours un peu gêné, esthétiquement, par les approximations prosodiques : on fait du classique ou du libre. Mais ce point de vue n'engage que moi. Indépendamment de cette réserve, toute personnelle, je dois dire que les images fortes de ce texte, l'élégance de certains vers, et cette tonalité toute de grisaille qui convient à merveille au sujet, sont une vraie réussite.

   emilia   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une belle évocation de la nuit, « pliée dans sa toge » et son « parfum acide » qui permet de dérouler le lexique de la perte et de la rupture (éteint/ épuisé/clapoter/bas/fourbus/délavé/brossé/jonchés…) associé « aux parapluies noirs et aux oiseaux morts » et couronné par ce chiasme significatif choisi dans le refrain : « Peine la traîne, traîne la peine… » ; une atmosphère bien rendue…

   LenineBosquet   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour, un bien bon poème que voilà, avec de très belles images dès les vers 3 et 4 que j'ai fortement appréciés.
Un effort de prosodie ( au moins pour les césures) m'aurait fait noter d'un bon cran au-dessus.
Le vers "peine la traîne, traine la peine, au chien de quai" aurait mérité une strophe entière, que j'aurais bien vu en conclusion.
Sinon tout est bon ici, l'ambiance triste à souhait du petit matin après s'être fait larguer me rappelle des souvenirs...

   VictorO   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des images émouvantes dans un chant mélancolique. Et tout le paysage renvoie à la tristesse du narrateur. Une grande qualité de rythme, de sonorités, d'assemblage de mots.

   Stephane   
4/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonsoir Marc-Antoine,

Une atmosphère sublimissime comme je l'apprécie tant : nuit glauque laissant place à l'aurore et sa foultitude de couleurs.

La description que vous en faites est d'une beauté ineffable et je ne me lasserai pas de lire et de relire cette poésie à l'état pur.

Bravo !

Stéphane

   Anonyme   
5/2/2019
 a aimé ce texte 
Pas
La toge portée par la femme (la nuit) est signe d'infamie.
Avaler d'un soupir ... impossible ! Essayez...

Peine la traîne, traîne la peine, au chien de quai : il faut m'expliquer.
Ensuite je me perds dans la cinquième strophe. " le goût de la sentence a délavé le port. etc " Je renonce après la dernière. Je lis quelques commentaires et me désole de n'avoir rien compris à ce texte.


Peut-être que l'auteur n'apprécie pas "Chiens des Quais" marque déposée marseillaise.

   Lulu   
5/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Marc-Antoine,

J'ai vraiment beaucoup aimé parcourir ce poème que j'ai trouvé très visuel et très musical. Le charme opère sur moi, sans problème, au point de me replonger dans de nouvelles lectures avec un même plaisir.

J'ai aimé les couleurs de cette "nuit [qui] s'est pliée" ; "son gris parfum acide" ; "les quais argent"... Le mot aurore appelait peut-être une précision de couleurs, mais elle est "sanctifiée de savons et d'horloges" et "Brandit la propreté de ses matins humides", ce qui nous plonge dans un regard poétique et proche d'une réalité que l'on perçoit d'autant mieux.

Certaines strophes me sont apparues comme absolument magnifiques, je pense à la première, à la seconde… au moment de la lecture, mais je ne saurais en relever une qui me plaît plus, finalement, car l'ensemble est vraiment séduisant.

Aux couleurs et sensations, telles les "matins humides", s'ajoutent des mouvements délicats, beaux et poétiques dans la façon dont ils sont présentés "Un maigre ressac, épuisé dans son élan / Est venu clapoter deux frisettes d'airain." ou "Quelques parapluies noirs éclosent sur le pont"... Vraiment très beau, cette dynamique associée aux images émises.

J'ai aimé cette ponctuation discrète et juste. Un seul point d'exclamation renforce cette impression de mélancolie qui court sur le poème avec, peut-être, ce mot qui précède en tête du vers "Du passé" un certain regard posé… Tout le reste est ponctué de façon à nous bercer au travers de ce cheminement au travers l'aurore. Et les rimes accentuent cette musicalité perceptible dès le début. Je la trouve douce et belle, donnant à cette pointe de mélancolie une dimension poétique.

Ma seule réserve concerne le titre. Avant de lire votre poème, je n'ai pas été particulièrement sensible à ce titre, même si je comprends ce choix a posteriori. Ainsi, je m'attendais à tout autre chose, et trouve dommage qu'il ne soit pas autre chose. Impression toute personnelle. Ce soit être le mot "chien", indépendamment de ce à quoi il renvoie. Je trouve à ce mot une sonorité particulière qui ne va pas vraiment de paire avec cette douceur qui se dégage du texte.

Autre chose : J'ai un peu buté à ma première et seconde lecture sur le vers isolé que vous reprenez la fin du poème. J'ai eu l'impression que, tout à coup, on était dans une recherche d'originalité, un effort d'écriture qui rend le texte, bien que fort bien travaillé dans son ensemble, un peu moins fluide. "Peine la traîne"... En fait, je ne comprends toujours pas ces mots ; j'en devine seulement l'esprit pour en dégager un sens flou que je ne parviens à saisir qu'avec l'ensemble du vers.

Merci de ce partage, et bonne continuation.

   hersen   
5/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
de très belles images, très parlantes, jonchent ce quai et le rend magnifique d'humanité.
c'est poème que je trouve très fort, avec une belle façon de dire qui lui donne sa force;

un grand merci pour la lecture !

   wancyrs   
10/2/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Salut Marc-Antoine,

J'ai juste envie de dire "Oh là là que c'est beau !" mais sur oniris il faut argumenter, alors je dirais que les images de votre texte sont fraîches, originales et rarement vues. Il n'y a que la mitaine du mendiant qui m'a fait me demander si on était en hiver...
La construction de votre texte m'ébloui, on dirait une chanson que j'aimerais bien fredonner. Puis ce vers qui reviens deux fois, comme un refrain...

Merci pour le partage !

Wan

   Anonyme   
13/2/2019
 a aimé ce texte 
Bien
J'aime tout sauf la phrase pourtant oh combien importante "Peine la traîne, traîne la peine" qui est d'un point de vue euphonique vraiment dissonante. Dommage. C'était presque parfait.


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