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Poésie en prose
MarionTouvel : L'emplumé
 Publié le 27/08/10  -  9 commentaires  -  2797 caractères  -  103 lectures    Autres textes du même auteur

Quand on a peur du corbeau, on se cache derrière un parapluie de plumes.


L'emplumé



Lorsque la corde s'étire et que son bronze se brise, les harmonies grinçantes en mon appartement.

Des vides, des vertiges, et le reflux des voitures ; le silence imparfait de ma nuit solitaire ; la peur dilate mes pupilles : je réalise le noir, le rien.

Dans mon lit, rivets au plafond, la paralysie est totale - une masse s'effondre sous son poids -, ma guitare résonne en sourdine.
 
Oppressé, comme enfoui sous une montagne de vêtements.
 
Les murs penchent, ils vibrent, gémissent terriblement aphones. Le sommier se relève. Une bise à vous geler la lymphe.
 
Mes yeux s'écarquillent aux tréfonds de l'angoisse, mes membres débiles, recroquevillés, tordus, tel un poupon vieillard.
 
Rangée sur l'étagère, une lumière rouge se duplique, monstrueuse réminiscence.
 
Un bruit absent et creux, une odeur des tréfonds, comme à la Solfatare. L'Enfer et le Purgatoire.
 
Le néant et puis rien.
 
Deux regards en amande extirpent d'entre les livres leur silhouette d'outre-tombe, le grotesque et glorieux cortège de mes cauchemars.
 
Un parapluie à plume et une jument spectrale viennent m'accabler de leur démarche gauche.
 
À l'épaule, à mon cou, elle me souffle, putride, entre ses crocs cannibales, le sifflet ricaneur de sa langue d'iguane.
 
L'autre juché sur mon ventre étend tout d'orgueil ses baleines d'argent, ébouriffe ses rémiges.
 
Il joue des mains aux ongles cadavres, le bec ouvert démesuré, pointe sur mon visage l'angle accusateur d'un index qui tremble.
 
L'emplumé s'égosille, bacchanal, sabbatique. De torturer mes secondes paraissent interminables.
 
Les malédictions se succèdent - quand il croasse, moqueur, la vérité conjugue le surnaturel qui m'assaille.
 
- Plus rien...
 
À la jument de répéter son couplet démoniaque, toujours plus proche, plus près de mon masque de terreur.
 
Il vient arracher mes dents, me corner comme une page. Il vient suffoquer mes désirs, rendre vain le moindre effort.
 
Il vient m'ouvrir par le milieu, étriper, sinistre augure, ma jeunesse et mon triste espoir.
 
Il vient réifier mon corps, l'avorter dans ma poitrine. Il vient abattre mon cœur, anaérobie de ces mots.
 
Il vient régler son œil tout au fond de mon crâne, une horloge acouphène à chacun de mes pas.
 
Sous l'envergure de ta voûte, inflexible saprophage, j'aperçois Pluton qui se lève et le vide entre les étoiles.
 
J'étouffe. Puis plus rien.
 
Le réveil en sursaut, mon lit souillé de larmes, et le visage en lambeaux, pour toujours à hurler : "Jamais plus."
 
- Jamais plus !


 
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   ANIMAL   
15/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte qui, sans conteste, dégage une ambiance. Cela ressemble un peu aux récits de ceux qui ont fait un trip au LSD.

Les images sont belles comme peut être beau un cauchemar.

J'aime bien, entre autres :
"le silence imparfait de ma nuit solitaire"
" le sifflet ricaneur de sa langue d'iguane"
"L'emplumé s'égosille, bacchanal, sabbatique. "

Ce qui me gêne pourtant est le manque de musicalité, d'harmonie, que révèle la lecture, de tête comme à haute voix. Et c'est dommage car cela étouffe la puissance du texte, comme étouffe son héros.

Un effort supplémentaire sur le rythme des phrases, leur balancement, donnerait à ce poème un souffle épique.

   jaimme   
22/8/2010
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
j'adore:
" la vérité conjugue le surnaturel qui m'assaille. "
" me corner comme une page" et l'utilisation des infinitifs. Et bien des images. L'atmosphère d'ensemble, le surnaturel au service de la description de la souffrance.
Il faut encore travailler le rythme. La lecture à haute voix, à mon avis, est le meilleur moyen.
Une lecture forte, à la limité de l'excellence. C'est déjà très bien!
Merci.

   framato   
27/8/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un texte oppressant (dans le climat) cauchemardesque... C'est bien rendu, fluide à la lecture, même si à quelques moment il me paraît un rien "forcé", limite too much. Un rien plus de simplicité aurait peut-être encore mieux servi le texte à mon sens.

Une interrogation sur cette phrase : De torturer mes secondes paraissent interminables. Je comprends mal de torturer (syntaxe ?) L'auteur pourrait-il m'expliquer ce qu'il a voulu dire ? Par exemple j'aurais mieux compris de me torturer les secondes...

Une lecture assez fluide, malgré ce "climat" lourd d'angoisse.
Merci Marion Touvel, dans l'ensemble, c'est un texte bien fait.

   Anonyme   
27/8/2010
 a aimé ce texte 
Pas
J'm pas du tout ce poème.
Juste une question de ressenti, je pense.
Trop verbeux, trop emplumé pour moi. Les mots nécessaires à l'angoisse me semblent desservis par une forme trop aérée.
Une impression de se retourner à chaque pas pour tirer la langue au monstre qui poursuit.
L'entrée en matière ne me convainc pas. Et le déroulement du poème non plus. Ni effet sous stupéfiants, ni effet angoisse en ce qui me concerne. Trop déclamé, trop réfléchi, trop intellectualisé pour me convaincre, ou me faire ressentir la peur, ou la valeur ajoutée de l'oeuvre. C'est apoétique, amusicale, ça manque de rythme, les images sont noyées sous une forme désagréable de masturbation.
Rien ne m'y retiens, je m'en excuse.

   LeopoldPartisan   
29/8/2010
 a aimé ce texte 
Un peu
J'ai eu un peu de mal au début au niveau de la syntaxe, des propositions suivies d'une principale sans verbe, cela donne EN mon oreille des harmonies grinçantes. La suite grammaticalement s'améliore mais m'étouffe un peu. Je suis dans une dimension très égocentrique de l'auteur qui m'oppresse et aurait tendance à m'agacer. Un peu comme dans ce clip de Cure où ils semblent se complaire dans l'exiguïté d'une armoire.
L'on sent derrière l'ensemble une recherche et une maturation, mais j'espère vraiment que l'auteur ne s'y complaira pas trop longtemps. Cette esthétique de l'égo torturé est typique d'un âge, que l'on a tous connu mais qui finalement est annihilant à long terme.
Reconnaissons un traitement assez original pour un sujet qui ne l'est vraiment pas. Ceci bien sûr n'est que mon avis. Détestant les appréciations je coupe la poire de mes sentiment allant de très faible à presque bien.

   Anonyme   
1/9/2010
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'aime bien le rendu angoissant de ce poéme.
Certains éléments m'évoquent une peinture de Heinrich Füssli
- Le cauchemar -
Enfin je pense que c'est surtout à cause de la "jument spectrale" (un détail du tableau en question).
Le parapluie lui me ramène à une sorte de Fantasia (Disney) virant vers l'épouvante.
On pourrait même se demander si le narrateur n'a pas conscience de cette fantasmagorie un peu comme s'il était victime d'une paralysie du sommeil (qui parait-il est quelque chose de très angoissant) Je pense à cela car il semble avoir conscience de son environnement : "mon appartement", "reflux des voitures", "mon lit", "plafond", "guitare", "vêtements",...
Mais je m'éloigne surement.

Une bouffée d'angoisse délirante donc, plutôt riche et bien retranscrite dans l'ensemble avec certains passages qui m'ont assez marqué :
"le reflux des voitures"
"Le néant et puis rien"
"me corner comme une page"
"il vient régler son œil tout au fond de mon crâne"

   MarionTouvel   
13/10/2010

   machin   
11/11/2010
 a aimé ce texte 
Vraiment pas ↓
Tout cela est lourd et trop riche pour mon estomac.
En fin de texte, mon caveau était recouvert d'une lourde terre labourée des dizaines de fois par le même chariot.
Je ne suis guère éloquent pour ton poème, malgré tes nombreuses et belles trouvailles. Je salue à ce titre ton travail.
J'ai l'impression que tu veux me gaver de trop de bonnes choses à la fois.

   Anonyme   
19/5/2017
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Je suis rentré en plein dans l'écrit, il m'a ébouriffé.

Vous avez une plume, je l'ai sentie bien présente. Elle me parle, elle sait me captiver, je suis allé de mots en mots dans la profondeur de l'émotion qu'elle exprime, elle m'a complètement attrapé, embarqué dans son élan, conséquent et marquant.

Je vais commencer par citer vos phrases finales :

" Le réveil en sursaut, mon lit souillé de larmes, et le visage en lambeaux, pour toujours à hurler : "Jamais plus."

- Jamais plus ! "

J'ai reconnu tout au long de ma lecture, la terrifiante angoisse d'un cauchemar, qui au réveil, vous habite encore, vous tenaille ... Mais nous ne sommes pas maître de cette inconscient, qui révèle nos peurs et les exprime à sa façon, mais en rien cela ne nous éclaire, ni nous apporte la solution pour y remédier. Nous voilà juste, dans l'étrangeté de ce qui nous habite.

Le côté "démesuré", donne tout à fait le ton, fort juste, de ces nuits aux sommeils bien involontairement torturés, tortueux ...

Il me faudrait souligner beaucoup de phrases, mais je retiendrai plus particulièrement celle-ci, qui m'est plus parlante :

" Il vient arracher mes dents, me corner comme une page. Il vient suffoquer mes désirs, rendre vain le moindre effort. "

Nous voilà "prisonnier", à la merci d'une indicible situation ... déjà aussi rencontrée, aussi au travers de mon autre vie "nocturne" indomptable.

Vous avez pleinement réussi à décrire l'indescriptible, c'est ce qui m'a beaucoup plus, j'ai été sous le charme d'un bout à l'autre de l'écrit curieusement très attrayant.


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