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Poésie en prose
Meaban : Brinquebalances
 Publié le 29/11/12  -  10 commentaires  -  1838 caractères  -  211 lectures    Autres textes du même auteur

Les rayons des molettes tournoyant sous le ciel tromperaient le regard en tournant à l’envers. Et la fuite des câbles, attelés sur les cages, serait comme le fouet scintillant le silence. Hiérarques de l’endroit, chevalements de fer.


Brinquebalances



Le plus heureux des hommes, autant qu’on puisse l’être en somme.
Là-bas dans la Cévenne il y aurait un mas, un ruisseau nourrisson, puis une chaise à l’ombre. Par là vers les vallées qui scindent vers la plaine, la chanson des carreaux dans une suie solaire. Une complainte d’essieux claquemurés de rails.

Il y aurait aussi, en de noires assises le souffle des trépans arrachant l’anthracite, et l’ocre des frontales dévisagerait les faces de tous ces Polonais aux pupilles brillantes. Le vent des longues tailles errant entre les roches chercherait le chemin des bures d’aérage.

Les rayons des molettes tournoyant sous le ciel tromperaient le regard en tournant à l’envers. Et la fuite des câbles, attelés sur les cages, serait comme le fouet scintillant le silence. Hiérarques de l’endroit, chevalements de fer.



Brinquebalances

La langueur d’une rue au bas de ma fenêtre, l’oppression d’un orage

Passeront tout à l’heure les troupeaux du labeur
Ils montent vers les puits, décorums d’envers de combes grésillantes

La salle des pendus, la valse des chaudières

Les cages inquiétantes enfournent les bonshommes vers d’étroites voussures où dandinent les trains
Débordants d’anthracites
Elles portent vers l’obscur leurs destins malhabiles

Brinquebalances d’essieux
Un refrain de ferrailles

Ces laborieux dimanches où mon destin se panse, gambergeant sous les tuiles nos attentes futiles

La rumeur d’un orage et l’estoc des gouttes que l’argile évapore
Une faune pittoresque envahit la torpeur d’un sommeil accablant

Et je rêve souvent, de ces anciens printemps
Au pollen de ta langue
À mes heures qui tanguent.


 
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   Anonyme   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe ! Dès la suie solaire, je me suis dit que je lisais un texte à la fois immédiatement sensible et étrange, décalé. J'ai aimé ce rythme un peu brinquebalant, ben oui, où les dodécasyllabes cachés achoppent parfois comme un vieux moteur qui péclote.

Un bémol sur la "faune pittoresque" : l'adjectif, surtout associé à ce substantif, m'a fait plonger un bref instant dans un dépliant touristique évoquant les "gueules noires", et je trouve cela dommage.

   Labrisse   
29/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Meaban,

Assurément je rejoindrais l'avis général, sur cette pièce, assez "cinématographique" ou l'on à des flashs qui se succèdent les uns aux autres... image sur image, parfois dans le glissement des regards et des émotions.
Je ressens aussi, l'écriture d'une introspection... et l'on passe d'un tableau bucolique au rêve campagnard à la dure activité du travail des forçats de la mine déshumanisée. Toujours ce rappel renvoie du charriot ou de l'outil et ses tressautements à la destinée humaine en "brinquebalances". J'apprécie de votre écriture qu'elle soit à facettes multiples, qu'elle ait du mouvement, vos paysages sont par ailleurs très réussis. Oui je crois que vous êtes un Paysagiste, un Poète Bucolique accablé… Assurément inquiet du sort de l’homme.

Vous avez des assemblages de mots que je trouve fameux, très forts et sans prétention, car vous allez toujours droit au sujet… mais, L’estoc des gouttes, Les pollens de ta langue, toute l’image des cages inquiétantes enfournant les bonshommes etc. : tout cela est a mon gout unique et fameux… et j’en oublie.

Merci à vous.

Amicalement,

Labrisse.

   Pimpette   
29/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
le ruisseau nourrisson...
La langueur d'une rue...
La fuite des câbles...
Le refrain des ferrailles...

Tout ce que j'aime et admire est là dans ces rapprochements si simples et si forts!

Tout ce que j'aimerais savoir faire aussi...

   Damy   
29/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Belle émotion que cette évocation des mineurs des Cévennes.
Un peu perdu dans "l'inconcordance" des temps entre le conditionnel, le futur puis le présent, le rêve exprime bien une profonde nostalgie et un espoir.
Quelques remarques sans grande importance:
Je n'ai pas très bien compris à qui se rapporte, dans le texte, "hiérarques de l'endroit", si je pense qu'il s'agit des patrons, ils me semblent un peu tomber comme un cheveu sur la soupe car la gymnastique d'esprit ne m'a pas paru évidente pour lier câbles/fouet/patron
Autant la répétition de « cages » ne m'a pas gêné, autant celle de "anthracite"oui, allez savoir pourquoi.
J'ai beaucoup aimé l'introduction dans l’imaginaire, en somme, et la conclusion charnelle "au pollen de ta langue".
En tout cas je m’y suis vu, moi qui n’ai aucune culture de la mine.
Merci

   Artexflow   
29/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Il m'a fallu lire une seconde fois pour comprendre de quoi vous parliez, mais ce n'est pas une critique, en fait je suis très fatigué, et je me suis surtout surpris à lire votre texte à voix haute, là tout seul dans mon appartement, parce que même sans le comprendre du premier coup, j'ai été emporté par la musicalité très aboutie de ce poème en prose.

Les rayons des molettes tournoyant sous le ciel tromperaient le regard en tournant à l’envers.
C'est génial, ça !

Et puis donc après j'ai compris de quoi vous parliez, et je sais pas j'ai trouvé ça génial, toute cette digression parce qu'à moins que je me sois complètement trompé (ce qui n'est pas exclu, je répète que je suis mort de fatigue), il s'agit en fait de vous qui "gambergez" seul (?) sur votre chaise, et de ces mineurs qui passent.
Donc ouais, cette digression, parce qu'à la relecture on en vient à être affamé de votre état-d'âme, évoqué finalement uniquement par cette forme poétique très maîtrisée, subtile, aux images fortes et surprenantes, votre désarroi s'exprime dans la charge poétique de votre sujet, de votre traitement.

J'aime quand la poésie photographie un moment simple et en distille toute la beauté, c'est à mon sens ce que vous avez fait ici.

Je vous cache pas que la première phrase me fait douter de mon interprétation, puisque comme vous l'aurez compris j'imagine plutôt un narrateur mélancolique de ses anciens printemps, mais peut-être qu'il y a cette quiétude malgré tout, qu'il est heureux dans cette quiétude froide ?
Je ne sais pas franchement. Et en fait, on s'en fout un peu que j'ai compris le sens ou pas, non ? Votre texte, je le trouve beau.

Unique bémol, la répétition d'anthracite, franchement dommage parce que sinon c'était parfait !

Trop de bonnes expressions pour que je les relève toutes, je me sens tout de même obligé de relever votre conclusion que je trouve superbe :

Et je rêve souvent, de ces anciens printemps
Au pollen de ta langue
À mes heures qui tanguent.


Le retour à la ligne est super bien vu, c'est musical, ça agit un peu comme un twist final, non franchement c'est maîtrisé, très propre.

Je note très bien parce que je réserve l'exceptionnel aux textes qui me donnent envie de m'allonger par terre et de ne plus rien faire de ma vie, mais franchement c'était pas loin. Et avec de la poésie ! Moi qui suis très difficilement sensible au genre ! (C'est pas que j'aime pas c'est juste que c'est difficile de me toucher)

Une complainte d'essieux claquemurés de rails
l'oppression d'un orage

Bravo, bravo !

EDIT : C'est quand même incroyable, parce que depuis que votre texte est en attente de publication, je me disais : "ah, il va être bon ce texte !"
J'ai même hésité à ouvrir un topic juste pour dire un truc du genre "Brinquebalances, je le sens mortel, vous en pensez quoi ?" mais bon j'ai eu peur que ce soit pris pour du flood, alors je ne l'ai pas fait mais voilà maintenant j'ai lu votre poème et je regrette.

   Anonyme   
29/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Très belle réussite que ce texte qui nous faire revivre un univers à jamais révolu. Parmi les hommes du labeur, la matière grince, crisse, brinquebale, cliquète dans un refrain de ferrailles avant l'amorce d'un orage... Assurément un de vos meilleurs textes sur le site.

   brabant   
29/11/2012
Bonjour Meaban,


C'est une masse ça, un morceau de charbon pas très bien dégrossi, mais en accord total avec son sujet. J'ai ressenti ce texte comme une aspérité, ou plutôt une suite, une accumulation d'aspérités, du dedans, du dehors, des différents lieux du dedans, des différents lieux du dehors, de la semaine, du dimanche, de leurs moments, de leur chevauchement.

Je me suis écorché l'entendement ici et là, c'était voulu.

Bon, faudrait p'têt qu'ils se mettent au boulot les mineurs ! Vont m'l'éclater ce roc de charbon !

Je ne mets pas mon appréciation (B+) qui nuirait à la qualité de l'ensemble. Pépite d'oeuvre opiniâtre.

Ah ! Ce pollen d'une langue ! Vive le printemps dans la Cévenne des Gueules Noires !

Bravo pour tes textes Meaban !

   Mona79   
1/12/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément
Le rythme ! ah! ce rythme tout en brinquebalances... sans presque un écart, une fausse note pour faire dérailler l'ensemble ; de la pure poésie qui parle d'un travail bientôt oublié, "enwagonné" dans des mots, des maux, puis aussi "le plus heureux des hommes" qui se balance un brin et... se souvient.

   Ioledane   
6/12/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
En préambule, désolée d'être en décalage avec les appréciations qui précèdent ... Je sens 'intuitivement' que ce texte peut toucher jusqu'à l'âme, mais justement la mienne n'a pas été atteinte et je le regrette.

J'ai essayé de me laisser bercer par le rythme en 12 ou 6 ou parfois un peu différent, qui rend le poème très chantant et lui donne une agréable fluidité ; j'ai essayé de me laisser conquérir par les images, le ruisseau nourrisson, la chanson des carreaux, la fuite des câbles, le fouet scintillant le silence, l'estoc des gouttes ... mais je suis restée un peu trop au dehors, et me suis en outre heurtée au "destin qui se panse" ou encore au "pollen de ta langue", images qui ne me plaisent pas du tout.

Mon appréciation ne reflètera probablement pas la valeur 'intrinsèque' de cet écrit, mais plutôt le ressenti subjectif (= pléonasme, mais je préfère insister) d'une lectrice qui n'a pas réussi à rentrer réellement dans ce poème. Peut-être le thème, peut-être la forme poétique qui n'est pas celle que je prise le plus ? Bref peu importe. Encore une fois désolée mais je n'ai pas envie non plus de m'abstenir d'une évaluation, sachant que j'ai pris l'habitude d'en mettre à chacune de mes lectures.

   Raoul   
8/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis enchanté par ce texte.
J'aime le travail fait sur le langage et sa rareté en devenir, donc, de métier qui n'est pas le jargon franglish actuel, loin s'en faut.
Et puis j'aime aussi comment la "bête humaine" de somme passe muette dedans, laissant, au bruit assourdissant des travaux le dessus, comme déjà vaincue.
On gamberge, on se tait. Seule les jours chaumés, la nature parle, il n'y a pas, ici, de place pour les mots. Pourtant, naît ce poème qui parle d'indicible.
Fort et poignant.

raoul (pom-pom boy ;-)


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