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Poésie en prose
Meaban : Intrication quantique
 Publié le 19/05/16  -  16 commentaires  -  2773 caractères  -  272 lectures    Autres textes du même auteur

La muraille des hérétiques c’est le temps qui nous traverse. Nos particules s’intriquent au fil du tranchant que les heures martèlent…

Nous sommes quantiques…


Intrication quantique



Dans les temps de l’enfance il y eut cette aïeule au visage de serpe, son œil aride. Au cingle de ses paroles je baissais parfois la tête. « On a peur de la mort parce qu’on sait qu’il n’y a rien après », c’était son évidence, elle en avait trop soupé de l’alcolo de service qui affublait sa vie. L’hiver l’a rejointe aux cent coups de la nuit…
Une courée étroite avec des poules au fond, contre la façade, un énorme lilas arraché depuis.

Sépias, pliures de clichés punaisés sur le front aux voliges d’avant, mon âme est un grenier que le soleil assomme au terme d’un été

Mondes étranges
Jardins gris piquetés d’appentis
Après-midi austères assis dans le gravier

Et cette longue siamoise rêvant au canapé dégustant le futur que fabrique son ventre, une sorte d’entropie qu’envenime le froid aux portes de champs vides.

L’odeur des épluchures qu’on garde pour les poules et la mère qui crie : « Ne parlez plus, papa change de vitesse. » La monotonie des départementales piquetées de poteaux télégraphiques, et la nappe des fils obtuse comme Sisyphe qui monte et qui descend dans un regard d’enfant.

Les départs à pas d’heure sur la route du Sud et le soleil levant que jette une feuille d’or sous les ponts de la Loire. La poésie de l’air aux portes du garage, tes cheveux sur un lit, un contraste de Sienne.

Cette femme forteresse où ma haine s’adosse pendant que je bougonne, l’assurance d’un avril aux journées étirées.
Demain, plus tard encore je retrouverai la route. Il me faut retourner aux heures immobiles couvertes de poussière où d’un souffle de vie je redonne l’éclat.

La pulsation nocturne d’un détroit oriental, un orage magnétique aux confins de l’Irlande. Je revois ce village au cingle circonflexe, son café de la tour sur la rive convexe, torpeur d’anciens étés parfumés de résines.

Les fanaux des convois croisés en Atlantique affrontant les tempêtes survolant les dorsales et ce vieux continent parcouru dans le fer d’une machine obtuse sans s’arrêter jamais.

La foire aux harmoniques d’une clarinette basse détaillant la blessure d’un jazz de Parker, l’obédience certaine d’une rumeur moldave aux plaintes chromatiques. La richesse d’une quinte qu’on brise presque à regret pour se coucher encore dans une gamme mineure et la force d’un dièse qu’amoindrit la rumeur d’un ton à l’équilibre.

J’ai su le petit peuple s’effrayant pour des riens, contrées de commensaux hermétiques aux livres ; le bassin de Brassac, l’harmonie des pompiers sur les grands communaux ; le monde des avides au cœur d’un bric-à-brac, le chevalement Bayard qui toise la Limagne.

Les usines s’en vont, je ne veux plus les voir.


 
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   Anonyme   
8/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonsoir,

J'ai vraiment beaucoup aimé votre poème !

Il y a un rythme, associé au vocabulaire et aux références diverses qui me plait beaucoup et qui tient la route. C'est joliment ponctué et intelligemment narré.

J'aime les inserts musicaux, par exemple, beaucoup !

Il se dégage de l'ensemble une ambiance nostalgique mais aussi autre chose que je n'arrive pas à définir et qui me fait revenir encore et encore au poème pour mettre le doigt dessus.

Merci pour ce partage !

Au plaisir de vous relire et bonne continuation !

   bolderire   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, il y a de belles images ça défile et il faut suivre , lol.
Un road movie, vécu du dedans; c'est dense , à assembler , je kiffe. Bravo!

   Anonyme   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un très beau texte, qui mêle voyage, nostalgie heureuse et malheureuse.
J'aime la vie qu'on retrouve à travers les lignes du texte, avec des images parfois très fortes (une sorte d’entropie qu’envenime le froid aux portes de champs vides. par exemple). J'aime le voyage qui est toujours là, en corollaire.

j'avoue ne rien connaitre à la physique quantique et je suppose que ça me fait perdre un peu du sel de ce poème, mais peu importe.

Une mention toute particulière pour la fin évoquant des paysages que je connais par coeur, puisqu'ayant vécu longtemps à Clermont et me rendant très souvent à Brioude.

Bravo, un très beau texte.

   Anonyme   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément
Lu une première fois... Tiens
Lu une deuxième fois.. Mais
Et après on ne lit plus, on se laisse bercer par la poésie. Vous avez le don d'en faire une mélodie.
Votre poésie m'a transporté. J'ai pensé à des bouts de pensées , qui flottent dans l'air, comme ça, douces, soyeuses, et c'est tellement bien écrit.
Merci pour cette balade poétique.

   Anonyme   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des départs, des arrivées, des routes (des déroutes) et puis l'acuité de votre mémoire délivrant en flots ce qu'elle en a retenu, ces sensations enfouies, ces images particulières et précises que ni le temps ni la distance n'ont su effacer. J'aime beaucoup!
Ce passage aussi :'Et cette longue siamoise rêvant au canapé dégustant le futur que fabrique son ventre'
Merci pour vos résonances.

   Anonyme   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce titre m'a d'abord un peu rebuté, pensant à sa définition relative à la physique. C'est après la première lecture que j'en ai apprécié la subtilité.
Tous ces souvenirs, ces passages de vie qui sont un tout et ne peuvent en aucun cas être dissociés.
De belles images pour peindre les choses de la vie.

" mon âme est un grenier que le soleil assomme au terme d’un été"
" Le soleil levant que jette une feuille d’or sous les ponts de la Loire"
" tes cheveux sur un lit, un contraste de Sienne. "

Et, bien entendu, mon passage coup de coeur :
"La foire aux harmoniques d’une clarinette basse détaillant la blessure d’un jazz de Parker, l’obédience certaine d’une rumeur moldave aux plaintes chromatiques. La richesse d’une quinte qu’on brise presque à regret pour se coucher encore dans une gamme mineure et la force d’un dièse qu’amoindrit la rumeur d’un ton à l’équilibre ".

   Anonyme   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Meaban... Dans ce retour sur soi, il y a quelques images qui m'ont beaucoup touché...

-mon âme est un grenier que le soleil assomme au terme d’un été

-Les départs à pas d’heure sur la route du Sud

-J’ai su le petit peuple s’effrayant pour des riens, contrées de commensaux hermétiques aux livres

Le titre n'était pas très "vendeur" mais la suite valait vraiment la peine qu'on s'y arrête... Merci

   archibald   
19/5/2016
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Je ne suis pas un adepte du vers libre et pourtant ce texte a retenu mon attention. A une deuxième lecture, j’ai noté qu’il comportait un grand nombre d’alexandrins, ce qui lui confère un rythme que certains commentateurs ont remarqué :
Dans le temps de l’enfance / il y eut cet aïeul / au visage de serpe
les fanaux des convois / croisés en Atlantique / affrontant les tempêtes / aux confins de l’Irlande…
etc. , on peut en relever beaucoup d’autres..
La question que je me pose est de savoir si tu as eu conscience de cela, ou si, soucieux du rythme, tu as “naturellement” adopté cette métrique qui fait partie de notre inconscient culturel. Tu pourras peut-être t’en expliquer.
Pour ce qui est de la physique des particules, je demeure dubitatif, malgré l’exergue.

P.S : Je n’ai pas trouvé le mot “courée” dans mon dictionnaire.

   Pouet   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bjr,

Merci pour cette lecture matinale revigorante. Un rythme très agréable.

Bon c'est un texte assez magnifique, pas grand chose à dire de très constructif, si ce n'est pourquoi pas de relever quelques passages qui me parlent plus particulièrement:

"mon âme est un grenier que le soleil assomme au terme d’un été"

"une sorte d’entropie qu’envenime le froid aux portes de champs vides."

"Cette femme forteresse où ma haine s’adosse pendant que je bougonne"

"La poésie de l’air aux portes du garage, tes cheveux sur un lit"

etc...

On pourrait vous reprocher un brin de grandiloquence peut-être mais c'est si bien écrit qu'on (je) passe facilement outre.

Mon petit bémol sera pour le vocabulaire un peu trop recherché à mon goût, je suis plus friand des mots "simples" en poésie mais c'est aussi votre "marque de fabrique".

Un grand bravo, comme d'hab...

   Zoe-Pivers   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Meaban,

J'ai tout de suite été attirée par le titre.
A la première lecture je me suis dit, que j'étais plus dans une approche systémique que dans l'intrication quantique.
J'ai relu, cherché les éléments. Nous sommes dans les souvenirs, d'enfance, donc me suis-je dit, la distance qui sépare les éléments est ici le temps. Les événements passés ont eut et ont toujours, plus ou moins, un effet, un impact sur le sujet. Alors si je modifie un élément du passé, ai-je instantanément un effet sur mon présent, je suis tentée de dire oui à priori. Mais puis-je, en modifiant mon présent impacté ce qui fut ? Je ne pense pas, c'est le futur qui en serait impacté. Je ne peux que changé ma vision du passé, pas les faits. Aussi, en admettant une intrication quantique linéaire qui suivrait la ligne du temps, ça semblerait marcher, mais l'effet ne pourrait être immédiat avec une conception linéaire du temps.... Grrr

3ème lecture, la distance n'est pas le temps mais l'espace. Les éléments ont une influence sur le sujet et inversement. Mais sommes-nous en présence d'une intrication quantique pour autant ?

4ème lecture, nous ne pouvons dissocier le temps de l'espace. Non je plaisante, j'arrête de jouer, mon cerveau manque de billes :)

J'ai beaucoup aimé toute la poésie qui se dégage à chaque ligne, ces voyages imagés dans le temps, le ressenti qu'ils nous procurent, les sons, les couleurs qui les accompagnent, le choix des mots. Un régal de lecture.
Je n'ai pas saisi le vers final. Nous arrivons brusquement dans le présent, et des usines s'en vont. J'ai du encore louper quelque chose...

J'ai hâte d'en savoir plus ! J'ai beaucoup accroché.
Merci pour ce beau moment, même si je me suis arraché quelques cheveux :)
Belle journée
Zoé

   Anonyme   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce texte est très beau, mais à mon sens un peu trop complexe.
J’avoue être partisan du moindre effort…

J’aime le souffle que je devine de celui qui regarde en arrière avec acuité, et qui règle ses comptes avec un passé qu’on comprend (enfin je) assez triste, sans rien renier de ce qui fut.

Je ne comprends pas trop le titre et l’incipit, mais l’essentiel est, pour moi, dans la fidélité et dans la tendresse même pour ceux que l’on ne peut pas aimer, parce qu’ils nous ont fait mal, directement ou indirectement, parce qu’ils ont été absents, parce qu’ils ne lisaient pas, ne rêvaient pas, parce qu’ils étaient résignés, parce qu’ils se taisaient, ou intimaient le silence à l’enfant (doué).

Je crois que le texte gagnerait à être un tout petit peu simplifié, ainsi le passage sur la musique, qui a sans doute toute sa place dans l’économie (l’écologie ?) du poète et du poème, me semble être comme un interlude qui pourrait faire l’objet d’un écrit à part. Mais je me rends compte que penser scinder les écrits des autres est ma marotte ces temps-ci…

J’ai bien aimé ce(s) voyage(s) mélancolique(s), comme souvent avec vous, au final on aimerait partager un café, sans rien dire, car tout est dans le regard, une fois de plus, et pourtant votre langage dit si bien ce silence des paysages de la mémoire et de la vie humaine.

À vous relire

Edit : j'ai eu un mal de chien à me décider entre Beaucoup + et Passionnément - ... suis resté sur B+ finalement...

   Vincendix   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je suis un peu allergique à cette sorte de poésie mais, à part quelques images un peu surréalistes, j’ai apprécié la partie figurative du texte qui permet de comprendre la démarche de l’auteur.
Et puis l’évocation du chevalement de Brassac m’a interpellé, ce genre de monument de ferraille, symbole d'un passé minier, j’ai l’occasion de le voir journellement. Le « mien » est le seul rescapé du bassin ferrifère de Briey.

   Lulu   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Pas
Bonjour Meaban,

pour ma part, il m'a été très difficile d'entrer dans ce texte. Il m'a fallu le lire plusieurs fois pour m'en imprégner et voir des images se dégager. Je le trouve trop complexe, et le titre ne m'a pas trompée...

Je ne comprends pas pourquoi vous faites des phrases complètes, puis, par moments, des vers (second et troisième paragraphes). Vous prenez cette liberté, et pourquoi pas ?

Je n'aime pas, par ailleurs, mais cela n'engage que moi, le registre familier en poésie "elle en avait trop soupé de l'alcolo de service" ou "Les départs à pas d'heure"... Cela accentue le ton désabusé de ce texte ; ton que je n'aime guère en poésie, comme dans la vie, d'ailleurs.

En fait, je n'accroche pas du tout à ce texte que j'ai du mal à caractériser en tant que poème. Je vois plutôt un début de nouvelle. Il y a un bien une ambiance, une histoire... mais je suis loin du compte en terme d'expression poétique, n'ayant rien ressenti de cet ordre.

   Vincente   
20/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonsoir Meaban. Vous m'avez happé dès les premières lignes de votre superbe évocation, j'ai été bercé par votre poétique au rythme équilibré, argumentée de vos images inspirées, tout un ensemble très attachant. Et cet agencement insolite au premier abord, qui pourrait égarer mais qui emporte, puis excite les réminiscences singulières du lecteur. La pertinence de vos imbrications/intrications sur les lieux, sur les temps, donnent une magie globale qui s'insinue à notre insu. Comme Zoé-Pivers, en me creusant gentiment les méninges, j'ai trouvé quelques interprétations sur le chevauchement des séquences spatio-temporelles, replacées dans mon univers personnel, elles ont réveillé d'agréables souvenirs revisités par mon regard d'aujourd'hui. Votre écriture se montre ainsi généreuse en attisant par son expressivité notre imagination. Merci pour cela.
Le paragraphe parlant de musique est particulièrement radieux.
Mini remarque : j'ai trouvé dommage de trouver deux mots, très intéressants en soit, mais dont la répétition dans un texte si court est un peu gênante : "cingle" et "piqueté".

   Anonyme   
22/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre de votre texte est pour moi un repoussoir puissant.

Une mienne amie dont l'existence ne semble pas être à sa pointure et qu'elle ne parvient à chausser que dans la souffrance quasiment permanente, se jette littéralement sur tous les sujets un peu à la mode, en profane absolue, pour s'en passionner sans toutefois rien y comprendre et, plus grave peut-être, sans chercher à en connaître quoi que ce soit, dans le but un peu vain de trouver un sens à sa vie.
Il n'est pas interdit de rêver, quel que soit le support du rêve et je ne la dissuaderais pas de se constituer proie volontaire de ses chimères si je ne la voyais pas en sortir plus souffrante encore à chaque fois avant de se trouver d'autres chimères à poursuivre.
Il y eu bien des choses avant. Il y eut ensuite la mécanique quantique, puis la théorie des cordes et il y aura encore bien d'autres choses ensuite qui la précipiteront toujours plus loin dans le gouffre sans fond dans lequel elle sombre.
Lorsque j'écris "sujet un peu à la mode", il n'y a évidemment rien de méprisant. La physique théorique (disons au stade d'initiation) n'est déjà plus pour moi qu'un lointain souvenir d'études et je dois donc me classer moi-même parmi les profanes. Si je suis extrêmement cartésien, je n'en fais pas moins, parfois, davantage confiance à l'intuition qu'à l'analyse et j'imagine que je ne dois pas être totalement étranger à une certaine forme de spiritualité, mais je me garde bien de mêler les sujets ou du moins d'utiliser un outil pour plus qu'il ne peut ou, pire, pour autre chose que ce pour quoi il est prévu.
Après tout, si cette amie voulait utiliser un tournevis pour enfoncer un clou dans un mur, je ne vois pas pour quel motif je la dissuaderais de faire preuve d'originalité, mais si je la voyais se sectionner les doigts, je ne pourrais pas m'empêcher d'intervenir.

Dans la mesure où s'il s'agit du titre de votre texte, il ne me semblait pas hors propos d'évoquer ceci.

Je me suis pourtant décidé à entrer dans votre texte et je l'ai trouvé très agréable à lire. Alors, certainement que je n'en perçois pas les sens cachés, mais oserais-je dire qu'il constitue lui-même l' antidote au poison que pourrait constituer son titre ? (du moins pour cette personne que je connais)
Par exemple lorsque je lis : "La poésie de l’air aux portes du garage, tes cheveux sur un lit, un contraste de Sienne."

J'ai beaucoup aimé :

"Dans les temps de l’enfance il y eut cette aïeule au visage de serpe [...]"

"Une courée étroite avec des poules au fond, contre la façade, un énorme lilas arraché depuis."
(j'avais moi-même une grand-mère élevant des poules, contre une façade au bout d'une courée étroite, et un lilas y poussait ; c'est une sensation très étrange que de lire cette phrase débutant par un alexandrin (et presque un deuxième) comme si vous parliez de moi)

"L’odeur des épluchures qu’on garde pour les poules et la mère qui crie : « Ne parlez plus, papa change de vitesse. »"

"Les départs à pas d’heure sur la route du Sud et le soleil levant que jette une feuille d’or sous les ponts de la Loire."

"La poésie de l’air aux portes du garage, tes cheveux sur un lit, un contraste de Sienne."

... et d'autres choses encore.

Bien sûr, il y a aussi parfois des choses qui me contrarient, mais l'ensemble m'a bien plus.

Je ne donne qu'un exemple un peu contrariant :

"Dans les temps de l’enfance il y eut cette aïeule au visage de serpe [...]"
Je trouve cette phrase tout à fait parfaite. D'abord, elle ne comporte aucun hiatus (je ne parviens pas à considérer "y eut" comme un hiatus). Son rythme, par la succession de trois hexasyllabes, est parfait. La métaphore de la serpe est très convaincante. Je suis donc très déçu que cette phrase ne s'interrompe pas là, ou qu'elle ne se poursuive pas aussi bien qu'elle avait débuté.
Je crois bien sûr comprendre la métaphore de "son œil aride" (un œil dans lequel aucune larme ne coule jamais et donc un personnage sans émotions ou ne les montrant pas ?), mais quelle dommage de gâcher ainsi (selon moi, bien sûr) une phrase aussi parfaite.

Je vous remercie beaucoup parce que je ne suis pas habitué à la "poésie en prose" et que votre texte est un sujet d'étude intéressant.

   Raoul   
23/5/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'aime beaucoup ce "cas" d'hypermnésie qui, parce qu'il est cartésien, cherche une explication quantique au fonctionnement en "roue libre" de sa, ses mémoires. La mécanique quantique est elle cartésienne ;-)…
Au delà de la mécanique, le style, le choix de la prose - difficile à manier - est impeccable.
Un peu comme lors une ivresse, les accouplements "accidentels" des souvenirs visuels, auditifs ou olfactifs, les idées, construisent une caisse de résonance tel qu'autrefois, avant que n'advienne le livre, on se construisait une mémoire en palais que mentalement on parcourait, allant de pièces en pièces pour réciter, se souvenir…
Brillant et profond exercice d'équilibre en prose. Succulent.


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