Le parfum de ma décadente jeunesse,
M’enivre d’impuissance.
Il harcèle mes sens d’une âpre impolitesse
Et d’une honteuse obédience.

Inlassable supplice, inoubliable maîtresse,
Ma moribonde fraîcheur, au matin blême me devance,
Profitant lâchement de mon cœur rance,
Pour creuser mon visage et alourdir mes fesses.

Me voici subitement à l’hiver de l’existence.
Triste et sans fard, je recherche la liesse
Qui, jadis, de sa douce et sensuelle essence,
Enveloppait ma chair de sybarites romances.

« Où sont tous ces galants pressés de jouissance ? »
- Disparus tour à tour dans l’abîme de l’ignorance.
« Où est ce corps sublime d’une remarquable finesse ? »
- Évaporé à l’ombre de ce cadavre en détresse.


Que coule dans ma poitrine cet élixir d’innocence !
Que jaillisse de mes entrailles toute la quintessence,
Qui fit de moi, naguère, une amante d’ivresse,
Une concubine parfaite, oh ! Méprisante vieillesse !

À l’envers coule le Styx : je ne suis que jouvence.
À rebours s’égraine le temps : je ne suis que renaissance.
Les rides profondes se lissent, sylphide déesse !
Mon portrait rajeunit, Dorian, à toi je me confesse.


Peu importe le prix, au diable la créance !
J’offre aux enchères mon âme, ma suffisance,
À Lucifer, à ses stryges, à ses viles diablesses,
Pour retrouver de la vie la fougueuse caresse.