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Poésie néo-classique
orion2 : L'instant
 Publié le 21/12/08  -  10 commentaires  -  3669 caractères  -  65 lectures    Autres textes du même auteur

Poème dédié au poète Gilles Sorgel qui l'a accepté.


L'instant



Aux alentours le calme. Et ce bruit qui s’estompe
Par monts dans le lointain tandis que la nuit tombe.
Et tout n'est que désordre avec ces corps mêlés,
Là, dans ces trous creusés proches des barbelés.
Tandis que montent cris et clameurs dans le souffle
Du pathétique pleur du clairon qui s'essouffle,
Annonçant sur le champ le terme des combats
Et la fin de l’horreur. Que de morts ici-bas !
De ces champs dévastés surgira la misère
Pour des milliers de gens au sortir de la guerre.
S'éloignant du charnier, tous ces vieux résistants
Seront-ils acclamés tels d'anciens combattants ?
La mort, la paix, l'espoir dans la douleur des larmes,
Seront-ils suffisants pour le repos des armes ?

Les vanneaux sont partis et les champs labourés.
Le vent du nord soufflant par les grands bois dorés
Nous annonce l'hiver. Ce soir la lune est rousse ;
De l'âtre se diffuse une lumière douce,
Et nous nous affairons à nos divers travaux.
Ma grand-mère et mes sœurs rangent leurs écheveaux.
Ma mère nous sourit et retourne à son rêve,
Puis lasse, elle interrompt son ouvrage et se lève.
Je comprends son tourment dans ce monde inconnu
D'attente de l'époux qui n'est pas revenu.
Dès demain à l'aurore, avec les chiens de chasse,
Nous irons au chevreuil, hier j'ai vu la trace.
Mon frère, impatient de longer le coteau,
Prévoit de traverser le grand bois du château.

La plaine disparaît sous un manteau de neige.
Si la buse accomplit son étrange manège,
Dans le grand ciel d'azur par ce matin d'hiver,
Gare à tout imprudent sans pelage de vair !
Le petit val s'éveille aux six coups de la cloche,
Et le vent hivernal fait courber la caboche.
L'odeur de la flambée embaume la maison
Endormie, et j'allume une pipe au tison.
Que ce moment est doux ! Maman quitte sa chambre,
Ses cheveux ont blanchi en cette fin décembre.
Nous irons voir demain nos voisins les Vincent.
Au soir de ce noël, nous prierons tous l'absent.
La morsure du froid, malgré la pèlerine,
Nous meurtrit ; Nous courons sous le jour qui décline.

Les arbres sont en fleurs et le verger soigné.
Dans le pré l'herbe croît, le froid s'est éloigné.
Que j'aime me lever au chant de l'alouette,
De trouver au jardin la belle pâquerette.
La cascade ruisselle en bruit mélodieux
Et le joli ruisseau serpente en ces lieux.
Le forgeron s'en va... la ferme, souveraine,
Est en activité car chacun prend sa peine.
En ce printemps naissant, moment du renouveau,
La nature reprend ses pouvoirs : sceptre et sceau.
La campagne verdoie ; assis sous la ramure
J'écoute le coucou près du flot qui murmure.
La beauté du moment rend l'instant merveilleux,
Dans les champs ondoyants, comme au temps des aïeux.

Le temps succède au temps ; les bœufs sont en pâture,
Le ciel est sans nuage en ce monde nature.
Parmi le blé mûri sous un soleil grandet,
Les doux coquelicots, orphelins du bleuet,
Sont caressés de vent parfumé de lavande.
La terre attend son tour pour donner son offrande
Et la cloche du bourg, sans annoncer le deuil,
Égrène tous ses coups pour un vibrant accueil.
Les flonflons de l'orchestre en début de soirée,
Nous entraînent joyeux dans la folle bourrée.
En ce temps estival, les filles et garçons
Dansent tout enlacés pour la fin des moissons.
Auprès d'Alexandra, je trouve mon repère.
Qui est l'homme en habits si fripés ? C'est mon père !


 
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   mimich   
21/12/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est l'évocation de la France rurale des années du début du XXème siècle avec les horreurs de la guerre des tranchées et les morts de jeunes générations issues souvent de cette paysannerie qui a pu supporter les terribles épreuves des combats enterrés.
Puis la reprise des travaux des champs rythmés par les saisons et la vie qui reprend ses droits.

L'évocation me rappelle les paysans de Georges Sand, l'Angélus de Millet, les fresques bucoliques des plafonds de l'hötel de Ville de Paris... "la chanson des Blés d'or" de Boterel
L'imagination de l'auteur transfigure et magnifie cette paysannerie dure au travail encore quasiment illettrée,qui ne possédait guère le goût de la poésie, ne lisant qu'occasionnellement l'almanach du facteur ou le journal local.
On est bien dans la continuation d'une certaine forme de la tradition littéraire difficile à ressusciter.
J'ai apprécié ce bon travail de versification.

   Anonyme   
21/12/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↓
J'apprécie le travail et goûte la musique des alexandrins.
Ce qui me pose problème, c'est la construction, la progression du poème. Certains vers trop décoratifs qui gênent un peu cette progression. Des vers de remplissage?
La chute est un poil abrupte.
Mais j'aime cette musique.
Méritoire, avec de beaux vers donc, d'autres plus faibles.
J'encourage la démarche en tout cas.

   Anonyme   
22/12/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
On aime, ou pas, la poésie des hommes qui écrivent les combats et l'attente. Un brin suranné, certes. Mais quelque chose qui me rappelle mes lectures de Victor Hugo, un goût sûr, pas d'effets superflus. J'avoue, ce n'est pas mon goût, mais je ne peux que louer le travail et la verve d'un orion2 bien inspiré :)

   Anonyme   
23/12/2008
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Comme les commentateurs précédents je ne peux qu'applaudir le travail des vers bien construits, mais (car il y a souvent un "mais")... au final je me suis ennuyé à la lecture. Il me semble que le prochain défi d'orion2 sera de susciter chez le lecteur une émotion ( une larme serait encore mieux ). Je ne doute pas de cela... à suivre.

   Anonyme   
28/7/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Évocation champêtre à la Hugo, oui, ou à la Millet sauce alexandrine.

   David   
26/12/2008
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Orion2,

Soixante dix alexandrins ! sans compter que celui qui donne le titre au poème est unique et placé à la toute fin, si j'ai bien compris : "L'instant" est celui des retrouvailles, du retour du père. Exprimer l'attente par la longueur du poème c'est presqu'une maladresse. Néanmoins il n'y a pas de redite, les strophes suivent un peu les saisons, le poème semble partir de l'armistice du 11 novembre 1918, à la fin de l'automne donc. Il semble mettre en scène un très jeune homme, s'il était vivant cette année il approcherait les 110 ans sans doute. Mais ça donne plutôt de la valeur à l'exercice.

Pour la forme je note que les "e" suivant une ou des voyelles sont peu présents et systématiquement élidés, cette particularité des règles classiques est quand même plus une interdiction de fait de les compter comme syllabe, qu'un choix véritable pour les auteurs d'aujourd'hui, je veux dire : des deux cent dernières années.

   Marite   
26/12/2008
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A la lecture des premiers vers, me sont revenus ceux que j'apprenais par coeur pour le plaisir des sons et du rythme quand j'avais 15/16ans:
"Il neigeait, l'âpre hiver fondait en avalanche
Après la plaine blanche, une autre plaine blanche ..."
Victor Hugo, La retraite de Russie je crois.
J'ai aimé votre poésie.

   FredericBruls   
10/3/2009
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis très surpris de la remarque de Graoully concernant les hiatus cités. Il est certain que la concaténation de deux assonances nasales peut parfois choquer l'oreille, surtout quand elles sont identiques, mais il n'est pas question ici d'invoquer une quelconque faute de prosodie. Je mettrai en exergue le fameux spleen de Baudelaire (On conviendra avec moi que celui-ci était vétilleux sur les questions de forme) : Et que de l'horizON EMbrassant tout le cercle. Cet alexandrin est parfaitement correct, cela va sans dire. Il en est de même pour "champs ondoyants" ou pour "sont en déroute".
Pour le poème lui-même, je remarque une grande maîtrise de la césure, avec des enjambements hardis de six syllabes, et des rimes de très bonne qualité, ce qui est assez rare chez les poètes amateurs que nous sommes. Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié ce travail méticuleux, qui n'est pas sans rappeler Hugo ou Coppée dans le style à la fois bucolique et intimiste.

   lotus   
23/1/2009
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Chaque paragraphe est une fresque, une ode à la nature et à l'homme.

J'ai du mal avec les textes longs, c'est pas nouveau, mais celui-ci m'a presque semblé court tant la forme est fluide et quelle maîtrise du verbe. "L'instant" fut intense et enrichissant.
Merci pour l'émotion. Orion2, tes poésies me portent.

lotus

   Anonyme   
21/5/2016
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
En abordant cet écrit, je me suis dit au vue de sa longueur, je n'irai pas jusqu'au bout, mais rien de tout cela, je vous ai suivi dans votre écrit, mot après mot, du fait de son intensité.

C'est d'une belle éloquence, qui permet de voir se dérouler la situation à tout moment dans son contexte. Le moindre petit détail nous est donné, faisant de votre écrit, un tableau vivant, changeant, émouvant. Il est doté aussi d'une émotivité qui m'a rendu réceptive à tout l'ensemblet.

Fond comme forme, montre ici une plume très talentueuse, maîtrisant parfaitement l'écriture.


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