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Poésie libre
MissNode : Vers luisants
 Publié le 09/02/21  -  12 commentaires  -  1088 caractères  -  292 lectures    Autres textes du même auteur


Vers luisants



Une fenêtre allumée suspendue dans le brouillard
L’orage gifle les pins
La lueur bave dans la brume
La nuit se cache derrière la ouate
Le sentier est perdu
Il a suivi les pas de celui qui est parti dans la nuit
Les joues sont restées longtemps livides

Pleure la pluie
pour les larmes où je ne coule pas
Pleure pour deux
en place de mes yeux
Coule la nuit
vers les puits de souvenirs
les rosées jaillies du cœur
où va le vent se cogner

Souvent la pluie
caresse les âmes fournaises
Berceuse
pour les cœurs emplis de semences
souffles invisibles des brouillards
sur les yeux sans larmes
trop secs pour voir…

… que l’espace entre les étoiles
ressemble aux grains de sable
avec des galaxies entre chaque
et des univers
d’inventions pour soi

Les nœuds finissent en poussière
dans le lit des ruisseaux sauvages
et s’abreuvent les langues
offertes à la pluie messagère
pour promettre le vert luisant des herbes.


 
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   papipoete   
9/2/2021
bonjour MissNode
D'emblée, je déclare ne pas comprendre le sens du poème, ni me faire une idée précise de votre inspiration.
Mais voyant une écriture fort poétique de ce déroulement, je m'y attarde pour y découvrir des torrents de larmes, et des puits de chagrin taris à l'attention de quelqu'un parti là-haut.
NB sur cette idée, je dis que pleurer ou non sur un défunt n'a aucune signification !
Ah les larmes de Jonhatan Daval !
Les yeux secs de cette mère-courage, Latifa Ibn Ziaten...

   Myndie   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est superbe ! La poésie est partout, dans le style, les belles trouvailles d'écriture, les assonances en gi/ge, les allitérations en b, en p, toutes ces petites étincelles qui donnent vie et suggèrent magnifiquement :

«  L’orage gifle les pins
La lueur bave dans la brume » (voilà deux vers que j'aurais aimé écrire!)

«  Pleure la pluie
pour les larmes où je ne coule pas »

«  les rosées jaillies du cœur
où va le vent se cogner »

Il passe sur votre poème un souffle qui m'évoque la brutalité d'une rupture. C'est du moins ce que je veux y voir parce c'est bien connu, les peines de cœur font les grands poèmes d'amour. Parce que tout est suggéré et rien n'est dit et que transparaît une tristesse qui étreint le cœur.
Là c'est ma sensibilité qui parle.

Et dans ce poème rempli d'une certaine violence et de beaucoup d'émotion, voilà qu'arrive cette 4ème strophe qui m'interpelle également car je m'y retrouve.
N'y a t-il pas autant à voir ...dans l'infiniment petit que dans l'infiniment grand, et nos milliers de minuscules grains de sables ne composent-ils pas des galaxies ?
Et en fin de compte, tout n'est qu'un éternel recommencement...
Je me suis posée un moment pour réfléchir à l'interprétation que je donnerais à ces « nœuds qui finissent en poussière ». Si je reste dans l'émotion, je choisirai sans doute d'y voir encore une évocation de la souffrance, de la tristesse.

« Le vert luisant des herbes » qui répond en écho au vers luisants du titre, voilà encore une très jolie trouvaille.

Merci pour cette lecture.

   Robot   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Des images souvent poétiques dans ce que je lis comme cinq petits tableaux, à l'expression originale et gracieuse, qui nous content un voyage en pluie, pluie de larmes, pluie d'étoiles et pluie de sable, pour le bonheur du vers luisant.

   Edgard   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je dirais que votre écriture est déroutante, belle et déroutante, pour le péquin moyen comme moi, qui aurait tendance à chercher la logique, le déroulement dans le temps, une histoire, une logique, des lieux…
Une fois délesté de cela, une fois qu’on arrive à se balader hors de tout ça, on peut entrer sans frapper. Ces larmes qui ne coulent pas, qui ne peuvent pas couler, délèguent leur désespoir à l’univers, hors des sentiers battus, comme celui-là, de sentier, qui se perd derrière l’être qui disparaît, comme cette pluie qui prend la place pour pleurer, comme cette nuit chargée de mener aux souvenirs, comme ces brouillards qui prennent la place des yeux trop secs pour voir…
Il semble que même les douleurs finissent en poussière, jusqu’à cette promesse de ver luisant, de lumière, à travers la parole venue boire, déléguée, elle aussi, cette messagère pluie. Mais cette promesse de lumière n’appartient plus, elle non plus, à ces yeux secs.
Beaucoup de sincérité, de spontanéité dans l’expression sans cage. Ce n’est pas de la poésie au pochoir.

   hersen   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
En lisant des poèmes de ce niveau, comment peut-on encore trouver des personnes dénigrant la poésie libre ?
Ici, la poésie est partout, dans les mots et leur agencement, dans l'ambiance, dans ce visuel flou.
C'est un très beau poème, LaMiss,

Moi qui n'aime pas trop les maj. en règle générale, tu t'en sers ici pour marquer un rythme de lecture, c'est très bien vu.

Le point final, je ne suis pas trop sûre, mais par contre, très bons, les 2X trois points de suspension.

C'est un poème que j'ai vraiment aimé lire, et j'ai aussi aimé revenir dessus pour en décortiquer davantage la composition. C'est bon signe, ça !

Un grand merci pour la lecture.

   Provencao   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
"… que l’espace entre les étoiles
ressemble aux grains de sable
avec des galaxies entre chaque
et des univers
d’inventions pour soi "


La portée de votre poésie n'est pas à mon sens, condensable à son thème, l'écho qu'elle brosse, l'émotion qu'elle véhicule. Votre poésie part d'une nuit qui se cache, pour aller vers la promesse des vers luisants des herbes.....en invitant la larme, la douleur, l'affect, le bouleversement, la sensibilité et le frisson.


J'ai apprécié cette identité de la forme rendant visible où pas ces" coeurs emplis de semences...."

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   PlumeD   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Pas
Je rejoins Papipoète, tout comme lui, je n'ai rien compris à ce poème.
Pour ce qui est de sa forme poétique, j'avoue que je reste perplexe.
"Pleure la pluie
Pour les larmes où je ne coule pas"
me parait bien maladroit.
"Souvent la pluie caresse les âmes fournaises", Ha bon !
L'avant-dernière strophe est pour moi une grande énigme en plus d'être mal formulée.
Quant "au vert luisant", l'expression à l'inconvénient de faire penser aux lucioles et aux lampyres...!!!
"Pour promettre le brillant des herbes" si je puis me permettre m'aurait semblé mieux convenir.

   dream   
10/2/2021
 a aimé ce texte 
Pas
A l’instar de papipoete et de PlumeD, j’avoue moi aussi n’avoir rien capté à ce poème. Mais sans doute que je ne suis pas apte à comprendre toutes les finesses et les subtilités des choses de la poésie. Désolé ! A une autre fois, peut-être.

dream

   MissNode   
10/2/2021

   Pouet   
11/2/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Slt,

sans nul doute un très beau poème, très coulant avec de jolies images.
Peut-être que le "sens" n'est qu'une "direction" à donner au coeur les yeux ouverts...

J'aime beaucoup la première strophe d'ailleurs tout en surréalisme bucolique.

J'ai été moins sensible à quelques emplois comme "pleure la pluie", "souffle invisible " ou "yeux sans larmes"...

En outre, je n'ai pas forcément trouvé opportunes - dans le sens de ne pas forcément "servir le texte" par le rythme ou les "échos" de sens - les répétitions "pluie" (peut-être que là la répétition s'impose toutefois - deux fois mais pas trois, pourquoi pas "ondée" pour la dernière?, "ondée messagère"...), ce qui est moins "évident pour: "nuit", "yeux" "coeurs", "brouillard". Il me semble que, si parfois les répétitions s'imposent d'elles-mêmes, la recherche de synonymes peut aussi élargir la vision, l'horizon sémantique, ouvrir d'autres pistes de lecture et d'écriture...

Cela est bien évidemment très subjectif et personnel et ne remet nullement en cause la qualité de ce poème.

   Louis   
14/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La première strophe peint une aquarelle, avec des pinceaux trempés dans l’eau de brouée, humectés dans l’eau de nielle.

Elle peint, sur un fond de lavis blanchâtre, un carré de lumière qui «bave » : « une fenêtre allumée suspendue dans le brouillard ».
Une forme lumineuse repose sur le vide, cette brume où tout s’est dissous ; ce qui porte, ce qui soutient, les murs et les fondements, tout s’est brouillé, tout s’est évanoui, tout, dilué dans le brouillard.
Subsiste encore, fragile, une lueur suspendue dans le vide, une flamme, un reste de vie ; vacille un mince éclairage qui laisse voir combien le monde s’embue, comment tout entier il s’estompe, dans la brume et le néant.

Le paysage, état d’âme, se partage entre une atmosphère à la fois encombrée de ouate et puis traversée de rage, dans un climat fluctuant des émotions et des sentiments.
Ainsi : « L’orage gifle les pins », vifs coups de pinceaux dans le paysage-aquarelle, alors que « la nuit se cache derrière la ouate », par laquelle la figure du monde prend une teinte blanchâtre, pâle, livide.

« Il est parti dans la nuit » : ce départ, cette rupture d’un couple, paraît être l’origine de l’affaissement de tout un monde, et de ce temps ouaté nébuleux où s’évanouit tout soutien, tout point d’appui.
Il est parti, dans un temps, qui est aussi un lieu : « la nuit ». Il est parti au cours des heures nocturnes, laissant « livide », laissant aussi ce qui s’entend « lit vide » ; il est parti dans cette obscurité qui rend invisible, introuvable, injoignable.

« Le sentier est perdu », chemin de son exil, et dans le flou du monde voilé, le trait qui dessine un chemin de fuite s’efface. Il est parti sans laisser de traces. Volatilisé dans la brume et les ténèbres.
Que le tableau soit peint comme une aquarelle, plutôt qu’à la manière d’une toile "fauve", révèle que la séparation est désormais lointaine, que le temps écoulé a désormais ouatiné les sentiments.


Dans la deuxième strophe, l’aquarelle dégouline. « Pleure la pluie ». Le brouillard se fait bruine.
Ainsi la nature dépeinte prend en charge ce que la locutrice se refuse. Dans la nature se trouve projeté hors de soi ce que l’on n’accepte pas pour soi.
Mais la locutrice ne veut pas "couler" : « les larmes où je ne coule pas ». Elle refuse de se laisser engloutir dans le brouillard. Elle résiste à ce trouble qui pourrait la faire sombrer.
Ne coule pas dans un ténébreux abîme, mais la nuit, elle, coule, s’écoule « vers les puits de souvenirs ». Le passé ne "remonte pas", il est à l’embouchure du fleuve noir qui l’emporte, tout en bas, qui pourtant ne se heurte pas aux marées d’un océan où se noyer, mais « sur les rosées », celles « jaillies du cœur / où va le vent se cogner».
La rosée est surtout de l’aube, matinale, de perles, étincelante. Le cœur secrète, puisant dans un passé radieux, ces perles qui feront un matin, dissiperont la nuit, créeront la lumière qui leur donnera leur éclat.
Le cœur résiste, en résilience.
Un flux du cœur s’épanche comme lieu de régénérescence après une mort symbolique.

La troisième strophe inscrit l’itinéraire singulier de résilience dans une généralité.
« Souvent la pluie / caresse les âmes fournaises »
La pluie joue un rôle apaisant, réconfortant. Elle n’est pas cette eau nécessairement ennemie du feu, son opposé antagoniste, celle qui éteint, non, l’eau de pluie « caresse », rafraîchit, adoucit les brûlures.
L’au « jaillie du cœur », eau métaphore d’un épanchement vital, cœur à la source de ce qui transforme et renouvelle, rend à nouveau la vie possible.
« Il pleure dans mon cœur » comme écrivait Verlaine, mais cette pluie n’est pas seulement de mélancolie, elle arrose les « semences» dont les cœurs sont « emplis », graines d’un avenir, germes de possibles futurs.
Il faut dissiper les brouillards, ces « souffles invisibles » qui aveuglent, empêchent de voir, ne rendent pas visibles l’immensité des possibles entre chaque grain de sable, espace aussi vaste que celui qui sépare les étoiles, où peuvent se loger « des univers / d’inventions pour soi ».
On ne peut voir, quand souffle un invisible brouillard et que l’on a les « yeux secs », quand manque l’eau régénératrice issue du cœur, eau prismatique donnant à l’imagination les lentilles qui permettent de voir en grand les petites choses autour de soi, les grains de sable, tout cet espace entre eux qu’ils recèlent, dimension où loger un univers de vie, son microcosme.
Chemin de l’eau. Chemin de pluie. Chemin des larmes. Qui tourne, tourne, enveloppe. Jusqu’à ce monde créé pour soi, dans une bulle au sein d’une plage immense.

La dernière strophe tire des leçons du chemin parcouru d’une renaissance.
Généralité d’abord d’un vers : « Les nœuds finissent en poussière », qui peut s’entendre en plusieurs sens.
Ce qui noue les humains entre eux, tous les entrelacs, les « nœuds» finissent toujours par se délier, par se dénouer et se pulvériser.
Poussières dans « dans le lit des ruisseaux sauvages » par l’effet de l’eau courante, de l’eau fuyante ; l’eau se fait « sauvage », non plus l’eau qui sauve, mais l’eau par laquelle on se sauve, on s’enfuit, on se sépare d’autrui. Nœud coulant.
C’est aussi une eau pure, purificatrice, l’eau qui continue de s’écouler, et la poussière demeure au fond du lit, et pas seulement celui de la rivière.
Les nœuds sont aussi ceux qui nouent et serrent les poitrines, et les gorges, quand surviennent de violentes émotions.
Les nœuds enserrent ces deux sens. Il ne semble pas que la locutrice rejette toute attache, tout lien, mais seulement ceux qui, trop complexes, trop pris dans des ‘’sacs’’, finissent par oppresser gorges et poitrines.

L’eau dénoue les nœuds, nous en délivre, tout en délivrant ses «messages ».
C’est la parole qui prend en charge les messages de la pluie, de « la pluie messagère » ; la parole y puise dans son eau des leçons de vie :
« s’abreuvent les langues
offertes à la pluie messagère »

Parole pleine de promesses.
Promesse d’une nature verdoyante, rayonnante comme de nouveaux printemps. Le vert est un "éveil" et parle à ce qui voulait s’endormir dans la mort : « « L’herbe s’éveille et parle aux sépulcres dormants» ( Victor Hugo Crépuscule)
Promesse de vert qui est aussi le ver luisant, lueur dans la nuit, « Le ver luisant » qui « dans l’ombre erre avec son flambeau » ( Victor Hugo. Idem)
Promesse de luisants vers poétiques.
« ver » est ainsi le signifiant, à la fois de la teinte, couleur de vie et de printemps, de la lumière dans la nuit, du langage poétique, et d’une direction, celle qu’indique l’itinéraire de l’eau de pluie, qui arrose les champs et les chants.

Ce poème est tout entier sous le signe de l’eau, et des images métaphoriques qui lui sont liées.
Bachelard écrivait dans L’Eau et les rêves : « Seule une matière peut recevoir la charge des impressions et des sentiments multiples. Elle est un bien sentimental. »
Ce « bien sentimental » est ici l’eau, et en particulier l’eau de pluie.
Selon Gérard Genette, dans Figure I, il convient de : « chercher le sens et la cohérence d’une œuvre au niveau des sensations, des rêveries substantielles, des préférences avouées ou inavouées pour certains éléments, certaines matières, certains états du monde extérieur, au niveau de cette région de la conscience, profonde mais ouverte aux choses ».
La « préférence » pour cette matière, l’eau, donne en effet sens et cohérence au poème.
Cette matière ouvre à l’imagination un espace intérieur et extérieur indissolublement liés
L’espace affectif se trouve ici concentré dans l’eau, comme élément élu, comme matière privilégiée.

   sauvage   
15/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour MissNode,

des vers d'eau, ça fait du bien !

Belle musique des mots, une écriture fluide, qui berce, de l'espace pour penser ou panser.

J'apprécie votre simplicité d'écriture, ou devrais-je dire votre épuration de la ligne.

Merci.


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