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Poésie classique
Mona79 : Les saisons d’un amour
 Publié le 20/10/11  -  13 commentaires  -  1284 caractères  -  359 lectures    Autres textes du même auteur

Au fil du temps...
une romance inachevée.


Les saisons d’un amour



Je rêvais, au printemps, d'embarquer pour Cythère
Sur le fragile esquif que vous m'aviez promis :
Trop léger il versa, me laissant solitaire
Au jardin dévasté des tourments insoumis.

Sans pluie en mon été périrent quelques roses,
Les pétales flétris qui jonchent mon chemin
Ont ce parfum subtil dont s’imprègnent les choses
Que la mort abandonne au creux de notre main.

L’automne qui survint, armé d'un vent sauvage,
Cruellement faucha mes fleurs de passion.
J'ai voulu batailler, juguler ce ravage :
Aux jachères du cœur languit l'illusion.

Un rigoureux hiver dépouilla mon attente,
Grelottant, je m’en fus sans discuter mon lot ;
Vous m'aviez oubliée et, que je dise ou tente,
Sur l'écho désolé ricochait un sanglot.

En passant chaque année a griffé mon visage,
En vain j’ai recherché de nouvelles amours,
Ma jeunesse a pris fin et ce n'est pas l'usage
D'écouter maintenant le chant des troubadours...

Le retour du printemps avive ma souffrance ;
Lorsque le marronnier coiffe son blanc chapeau,
Je n'ai de vos baisers que douce souvenance
Et l'ardeur du soleil pour me brûler la peau.


 
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   Anonyme   
11/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour ! Je pourrais faire semblant de découvrir ce texte mais je n'en ferai rien ; comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire à son auteur ce texte est magnifique, d'une grande pureté quant à l'écriture avec quelques alexandrins dignes d'un florilège.
Les quatre saisons de la vie d'une femme à l'heure des bilans, le tout sans pathos et si joliment décrites.
Enfin, la chute avec le retour du printemps qui ravive la souffrance des amours envolées.
Vraiment une poésie d'une très grande beauté comme seule une femme peut nous offrir. Merci Madame !

   pieralun   
11/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un très joli poème dans son ensemble
Je pense qu'il n'y a rien à reprocher à la prosodie.
Le propos n'a pas une grande consistance, mais les images sont belles et la musique est doucereuse, sans aucune faute de tempo.
Seuls 2 ou 3 vers n'évitent pas les clichés ou inférieurs au reste: le 11, la 4eme strophe.
Bravo à l'auteur pour l'ensemble.

   Charivari   
23/10/2011
Bonjour.
Ça m'a fait penser aux "roses de Saadi", de Marceline Desbordes Valmore, qui est peut-être le seul poème de toute l'anthologie Lagarde et Michard que je déteste. A l'instar de ce poème, nous avons du romantisme pathos, qui décline ici une passion amoureuse à l'eau de rose (au premier sens du terme), un style ampoulé à l'extrême, et qui nous offre la vision d'une femme totalement passéiste face aux sentiments amoureux.

Je suppose que c'est très bien écrit, moi je n'aime pas du tout. Il y a néanmoins de très belles images, par exemple : Au jardin dévasté des tourments insoumis.

par contre "l'illusillon" et la "passillon" avec la diérèse, je trouve cela très moche, la "souvenance", je n'ai pas non plus aimé, et je n'ai pas compris ce que viennent faire ici les troubadours, à part faire une rime.

   Anonyme   
20/10/2011
''L'art ne fait que des vers, le cœur seul est poète''
Nombreuses sont celles qui ont pensé que Chénier les encourageait à écrire sans se soucier de la forme, du moment que les sentiments soient le matériau du poème.
Ce n'est pas le cas ici.
L'écriture est très soignée, presque gourmande (les diérèses au troisième quatrain sont celles d'une esthète qui prend plaisir à la chose)
Le sujet n'est pas neuf (Marcel Amont en a fait une jolie chanson qui fut en vogue au cours de votre été) mais tout à fait plaisant.

Le dernier quatrain conclut en beauté ce poème.

   Anonyme   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Enfin, un "Mona79 nouveau" à lire et je n'y ai pas manqué. Bien m'en a pris. Ce poème, dans lequel chantent et pleurent les saisons chères aux poètes et aux musiciens, vibre avec une grande pureté de moyens. Ce printemps prometteur et trop souvent naufrageur des espoirs de bonheur. Cet été flamboyant, brûlant inutilement l'épanouissement de la rose. L'automne lourd de regrets et d'un dernier regain d'espérance. Et l'hiver qui révèle soudain les "griffures" de toutes ces années brûlées en vain...
C'est superbe.
Et ce bijou est offert dans l'écrin d'une forme irréprochable. Un merveilleux cadeau.

   Anonyme   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je crois que le romantisme a encore sa place dans ce monde dit: hautement sicentifique`. Parler de ``clichés`` ou de ``vision passéiste`` lorsque l'on aborde des thèmes comme l'amour, les sentiments et autres valeurs montre bien une certaine intellectualisation du coeur...Cela m'est presqu'intolérable! Je suis d'avis que nos sociétés ont grandement besoin de ses émotions qui font de l'être humain , un être entier et authentique.
Cette poésie est un chant à la nostalgie. Les souvenirs raniment les espoirs et me font me sentir moins robotisée dans ce monde caustique, hermétique et parfois si indifférent.
Bravo à l'auteur pour cette perle poétique qui m'a profondément émue.

   brabant   
20/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Mona79,



Ô comme votre poème est remarquable (vois-tu, au point qu’il m’a conduit à te vouvoyer ; l’art intimide) ; ça n’est pas être contrainte que de respecter la contrainte ; la beauté au contraire nait de cette même contrainte.

Je peux assembler un meuble avec des clous, c’est commode ; mais le bâtir avec des tenons de bois (non pas des chevilles, encore que cela pourrait prouver la noblesse d’un certain type de chevilles – lol -), c’est cela le classicisme.

Et ça n’a pas la même valeur, le tenon s’arase au fil du temps, la diérèse se fait délicate ; limée, poncée, elle est un ‘plus’ naturel :
« Aux jachères du cœur languit l’illusi-ion »

Lorsqu’on récite, elle n’est pas faite pour être rabotée ni martelée à nouveau, elle reste là égale aux autres éléments du discours et leur ajoute un fini supplémentaire, un poli, une patine, comme les lettres de noblesse attestent de la valeur de celui ou de celle qui les obtient.

On a coupé le chef des aristocrates (et c‘est une bonne chose), point n’est besoin donc de leur chercher des poux dans une tête qu’ils n’ont plus. Le classicisme aujourd’hui appartient aux roturiers de l’écriture, quelle victoire ! Il ne discrimine que par un Beau qu’il propose, laissons cohabiter les Beaux. Il y a dans toutes les catégories des œuvres exceptionnelles, et dans toutes, des œuvres immortelles.


Bravo pour ce texte, rigoureux dans ses règles, doucement songeur dans son ton, nostalgique à coup sûr sans être élégiaque. Retour sur une vie, retour sur soi, bilan d’une vie et cycle. Celle de cette héroïne à la fois classique et romantique ! Libre de rêver, même si son rêve l’enchaîne. Alliance de tous les genres, de toutes les poésies. Témoignage d’une qualité d’âme.

Or qui oserait s’attaquer à l’âme ?

Car je la retrouve ici cette belle âme, qui ‘rêve’,’ s’imprègne’, ‘bataille’, ‘sanglote’ et ’se souvient’ : Comment a-t-elle pu échouer alors qu’elle n’a pas failli ? Comment peut-elle chercher encore ? L’amour lui est Quête du Graal et ce Graal lui est encore et toujours inaccessible, restant pourtant « douce souvenance » (existe-t-il un Graal apaisé ?), façon ultime de ruser avec l’échec tout en le sublimant.



Les formules sont très belles, je ne sais quels vers choisir pour les distinguer des autres, tant les strophes sont suprêmement égales.
Pour le plaisir :
« Au jardin dévasté des tourments insoumis/…/
Aux jachères du cœur languit l’illusion/…/
Sur l’écho désolé ricochait un sanglot (Ah ! Il est superbe celui-là !)
En passant chaque année a griffé mon visage »

Les quatrains le plus souvent se concluent sur une apothéose.



Bravo Mona de toute éternité !...

   Anonyme   
21/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'avais déjà commenté en première instance, et je crois que le lifting, s'il enlève un peu de personnalisation enlève de fait aussi un peu de caractère. Lorsqu'on enlève un peu de soi, on affadit toujours un peu.
Je ne dis pas que cette version est fade, elle déborde d'humanité. De cette humanité que seule offre l’expérience. Non ? Je pense que la complexité de la relation a été abandonnée au profit du seul sentiment nostalgique. Cette histoire bâtie sur le doute du pardon perd de son intensité, tout en gardant bien sûr ses atouts maîtres, cités par les autres commentateurs.
On peut cependant penser que ne pas dire laisse le lecteur supposer.
Je trouve toujours dans l’écriture un rapprochement troublant avec la chanson de Barbara. Sauf que, renseignements pris, ce n’était pas Prévert l’auteur. Seulement (si on peut dire) Barbara.

   Miguel   
22/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime beaucoup ce poème, pour ce qu'il dit, pour l'émotion qui s'en dégage, pour ses beaux vers. Quelques remarques, que je ne donne pas comme objectives et indiscutables : j'aurais mis une virgule après "Trop léger", après "Sans pluie", et après "En passant", et une ponctuation plus forte après "quelques roses" , après "mon attente" et après "mon visage", car il me semble que ce qui suit est un autre propos. J'aurais placé, je ne sais pourquoi, "Cruellement" après "faucha" et "rigoureux" après "hiver", encore que je sois moins sûr de moi sur ce dernier point.
Je suis gêné également par "que je dise ou tente", qui me semble grammaticalement suspect.
Si j'avais le mérite d'avoir écrit ces beaux vers, voilà ce sur quoi je me serais plus longuement interrogé.

   Mona79   
23/10/2011

   placebo   
23/10/2011
 a aimé ce texte 
Un peu
@gaeli : si vous développez un jour vos positions en forum, je serai ravi de vous y rejoindre :)

La prosodie est impeccable (on est bien en catégorie classique) mais j'ai ressenti peu d'émotion. La multitude d'inversion ("cruellement faucha" par exemple) en est peut-être une cause.

- pas compris les ":" après "promis" : il me semble que le "je rêvais" est antérieur au "il versa". C'est un des quatrains qui m'a le plus plu.
- "Sans pluie en mon été" je n'aime pas trop la formulation, ce "en" surtout. Le présent détonne un peu je trouve.
- Les "fleurs de passion" font un peu redondance avec le caractère bucolique déjà évoqué sans vraiment l'approfondir.
- "que je dise ou tente" il me semble que l'expression normale serait "quoi que" mais ça ferait trop lourd ; en l'état ça me semble un peu bizarre.
- pour les deux derniers quatrains, je ne trouve pas très "utiles" les deux derniers vers du premier et les deux premiers du deuxième qui font simplement état du temps qui passe.

J'ai trouvé l'ensemble un peu propret peut-être, en ce sens ça colle à une partie du fond (le temps et les années passant) mais pas au reste (les sentiments douloureux).
J'oserai avouer que je n'ai pas compris le "blanc chapeau" du marronnier"

Bonne continuation,
placebo

   Meleagre   
23/10/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Du beau Mona.
Un poème classique très bien écrite, à la mélodie très harmonieuse et au rythme langoureux. Une mélancolie tout en retenue, qui s'exprime indirectement et tendrement, par la métaphore végétale.
Dans la construction du poème, j'aime bien cette construction des strophes.
Les 4 première s'intéressent à quatre moments de la vie symbolisées métaphoriquement par les saisons (printemps = jeunesse, été = âge adulte, automne = âge mûr, hiver = vieillesse), qui correspondent aussi aux états successifs de l'amour. La 5e strophe (que je trouve particulièrement réussie, par des expressions très tristes mais belles) revient sur ce parcours par l'évocation de "chaque année". Et la dernière casse l'utilisation métaphorique des saisons, pour évoquer cette fois le "retour du printemps" dans son sens concret, qui n'est plus une renaissance de l'amour ni un retour à la jeunesse.
J'aime bien aussi l'évocation de l'embarquement pour Cythère.
L'évolution de ce jardin métaphorique est bien décrite. Je note quelques belles expressions : "Que la mort abandonne au creux de notre main", "Aux jachères du cœur languit l'illusion"). Parfois, j'ai du mal à définir, dans la métaphore, quel peut être le comparé : à quel phase de l'amour ou de la vie correspondent la "pluie" et les "pétales flétris" dans "Sans pluie en mon été périrent quelques roses, / Les pétales flétris ..."
Je n'apprécie pas l'ellipse grammaticale dans "et, que je dise ou tente", qui me semble à la limite de l'incorrection.
La dernière strophe évoque bien la mélancolie d'un amour perdu. Mais, petite suggestion : as-tu essayé d'inverser les deux dernières strophes ? Peut-être que "Ma jeunesse a pris fin et ce n'est pas l'usage / D'écouter maintenant le chant des troubadours..." ferait aussi une belle chute.

   David   
26/10/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Mona79,

Ça commence par un naufrage échouant dans un jardin, puis il périclite de saison en saison, la sécheresse puis la violence de l'automne et l'hiver marquent à chaque fois un destin funeste. Ce n'est pas un terrain vague, sans contours ni relief il me semble comme une plaine qui finirait en désert de terres craquelées.

Une image féminine bien terrestre, bien cruelle même, avec un ou des hommes "liquide" sans mauvais jeu de mots, le marin pour Cythère, celui contre lequel "ricochait un sanglot", et celui des baisers.

Il y a une contradiction il me semble dans la 4ème strophe :

"Un rigoureux hiver dépouilla mon attente,
Grelottant, je m’en fus sans discuter mon lot ;
Vous m'aviez oubliée et, que je dise ou tente,
Sur l'écho désolé ricochait un sanglot."

Bon, c'est un poème d'amour, mais le second, c'est la véhémence et le premier, la renonciation.


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