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Poésie en prose
Ornicar : Nuit torride
 Publié le 10/09/23  -  10 commentaires  -  2287 caractères  -  197 lectures    Autres textes du même auteur

Rions un peu…


Nuit torride



L'enfer a la couleur de l'azur chauffé à blanc.
Minuit passé et plus de trente degrés à l'ombre de ma chambre claire. Rien ne bouge. Dans la nuit stupéfaite, même l'air ne respire plus, immobile et malade qu'il est, le pouls à l'arrêt.

Comme une méduse rejetée au jusant, je suis un gisant fait d'un autre type. Sur ma couche, je m'échoue, m'abandonne, jambes écartelées, bras en croix, volonté sacrifiée sur l'autel caniculaire du Néant. Mon corps impudique est une offrande faite au ciel. Condamné qui attend d'une Cour des Miracles, la clémence d'un souffle divin, la timide risée, l'improbable et plus petit brin d'air, seules caresses qui l'apaisent dans la fournaise. Mes désirs restent sages et modestes. En vain.

Robinson Crusoé d'un nouveau genre, naufragé du bel et cruel été, j'explore de long en large la diagonale du vide de mon lit-radeau de survie, en quête du moindre îlot de fraîcheur, aussitôt dissipée dès que j'y pose pied, douchant le mince espoir de renaître un jour à la vie. De fugaces mais sagaces et salaces pensées se fracassent alors sur le pot au noir de ma mer des Sargasses. J'entends déjà pointer les sarcasmes au loin…

D'un Vésuve, de l'étuve, je fais donc mon sujet d'étude. Dans mon éprouvette, les corps éprouvés fuient la chaleur et la chaleur, c'est prouvé, sépare les corps épuisés. Nuit torride-chambre à part ! Voici la formule conquérante d'une promise qui me veut du mal et me soumet. Bel oxymore que le sien, ma foi ! Qui l'eut cru ? Au temple de Mercure, Cupidon a vendu son âme, rendu ses flèches et fondu son arc ; sous le soleil de Satan, les nuits de Chine ne sont plus câlines et ne font plus recette. Éros adieu ! Bonjour Thanatos ! Ma position est celle du dé-missionnaire ! Moi ? Je rêve de petits matins frais dans l'odeur du café dont je suis privé, d'aubes grises et mouillées, de brouillards pénétrants et de brumes alanguies à l'orée de secrètes forêts.

Riez ! Riez donc, pauvres diables que vous êtes ! Nous faudra-t-il bientôt, pour ne plus brûler sur Terre comme au ciel, choisir le royaume des Enfers ? Étrange renversement des pôles au pays perdu des paradis blancs. Et curieuse géographie qui ne m'a pas été enseignée. Chauffé à blanc, l'azur ! antichambre de la mort.


 
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   papipoete   
29/8/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
prose
Il fait si chaud, que même faire l'amour n'est pas pensable ! rien que d'y penser déclenche un torrent de sueur.
Et de poétiser sur ce thème, que seul l'Hôte de l'enfer est capable de savourer ! Griller de plaisir, seul le Diable peut en jouir...
NB un développement croquignolesque que la découverte de " chambre à part " et l'attente d'un petit matin gris, que seule l'odeur d'un bon café pourrait rendre heureux, approcher loin de Vulcain, la plénitude...
C'était " avant ", voilà 4 jours aujourd'hui, que la canicule a plié bagages.
j'ai beaucoup souri à vous lire ; voici une semaine, je n'aurais même pas pu vous lire !
papipoète

   Eki   
11/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Chaud patate...
Et le thermomètre grimpe encore...

Tel un Vulcain pris dans la mécanique du chaos...
Une ambiance plombée à cause du mercure...

"Dans la nuit stupéfaite, même l'air ne respire plus"

Une version moderne des ailes d'Icare sauf que là, c'est Cupidon qui a fondu son arc sous la canicule...

Rien ne nous sera épargné...au royaume des enfers !
Même un simple rêve, une toute petite extase (on ne va pas demander l'impossible en plus), tout peut partir en cacahuète...

Le paradis perdu...

J'ai aimé ce texte vivant, audacieux, amusant.

   Damy   
10/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Je me demande quelles espèces s'acclimateront à la chaleur due au réchauffement climatique et quelles sont celles qui en naîtront. L'apparition des hominidés date d'environ 300.000 ans, la disparition des dinosaures de 66 millions d'années. L'homme arriverait il à bout de course sous l'effet des gaz à effet de serre? Hubert Reeves parle de la 6° extinction de la planète Terre, il y en a donc eu déjà 5.
De quoi s'emmitoufler sous la couette.

Merci Ornicar d'avoir prêté votre corps pour nous avertir.

   Pouet   
10/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Slt,

j'ai tout d'abord été marqué par les altérations et jeux de sonorités comme "jusant/gisant, "sur ma couche je m'échoue ", "apaisent/fournaise", "fugaces, salaces, fracassent, Sargasses, sarcasmes", "Vésuve/étuve, "éprouvette, éprouvés, "prouvé ". J'en oublie certainement, en tout cas j'apprécie beaucoup cela.

L'écriture du texte est soignée et maîtrisée et j'ai lu avec plaisir

Je trouve que le message climatique passe en douceur et c'est très bien ainsi.

Je relève une phrase que j'apprécie particulièrement : "Dans la nuit stupéfaite, même l'air ne respire plus, immobile et malade qu'il est, le pouls à l'arrêt.

Tout personnellement je n'aime pas trop les références mythologiques en poésie, mais ce n'est que mon goût.

Voilà ce que je peux dire de ce texte qui à mon sens parvient à nous accabler de chaleur.

   Cyrill   
10/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Un peu d’humour n’est pas pour me déplaire, il permet de chasser l’angoisse climatique au moins le temps de la lecture.
Les assonances, allitérations et autre polysémie tiennent une bonne place dans la drôlerie. Les références à l’eau ou la fraîcheur viennent en rajouter une couche dans la plainte du narrateur.
De « la nuit stupéfaite » aux « brumes alanguies », les formules sont bien trouvées.
La « position [ du ] dé-missionaire » : j’applaudis. L’ensemble m’a fait sacrément sourire et compatir à la fois.
Merci Ornicar pour le partage.

   fanny   
10/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Vous êtes métérologue Ornicar ? Très fort la date de parution après la nuit qu'on vient de passer à Paris. Cependant, toutes fenêtres ouvertes, et vu le bordel qu'il y a eu jusqu'à 4 heures du matin, j'ai bien entendu que les jeunes n'étaient pas tous allongés comme des carpes agonisant dans leurs lits, et ils ont raison de s'entraîner s'ils ne veulent pas pas passer leur vie chauffés à blanc dans la position du dé-missionnaire.

Bonne idée de traiter avec humour ce thème plutôt étouffant du réchauffement qui nous fait habituellement grincer des dents. Une belle écriture, soignée, qui permet à l'auteur de retracer avec justesse, drôlerie et mots triés, la soirée d'un gisant échaudé dont les rêves se limitent à des négociations avec le mercure et en appellent pour l'heure à la mise en veilleuse de Cupidon.

Ceci dit, quand on a besoin d'une bonne nuit de sommeil, la chambre à part n'est pas à bouder, Éros finira bien par trouver une autre solution pour les nuits de chine.

Merci pour ce divertissement à partir d'un sujet grave, rire ne nous rafraîchit pas physiquement, mais mentalement cela fait l'effet d'un petit souffle d'air bien agréable.

   Robot   
10/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte décrit bien la situation actuelle. Je suis moi-même affalé sur mon canapé, incapable de me concentrer sur mes mots croisés tant mes yeux sont brouillés par la sueur.
Même étendre le bras pour attraper la bouteille d'eau dans le seau à glaçons déclenche une poussée torride.
Réchauffement, enfer et apocalypse...

Quand je pense que dans quelques moi nous pesterons contre le froid et le gel.

En attendant, merci pour ce petit souffle poétique partagé.

   Cristale   
10/9/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Joli !

Ah oui ! J'aime beaucoup cette "Nuit torride".
Un joli travail sur les assonnances et allitérations qui ne me fait pas rire mais plutôt applaudir la fluidité et la musicalité de la prose.
L'ensemble est chantant, dansant, avec beaucoup d'humour, un humour raffiné qui fait un pied de nez à l'actualité d'un changement climatique plutôt anxiogène.
On ne rit plus, on sourit de désolation.

Permettez-moi de rire quand même un peu en lisant :
"...les nuits de Chine ne sont plus câlines et ne font plus recette. Éros adieu ! Bonjour Thanatos ! Ma position est celle du dé-missionnaire !..."
et autres perles du même accabit.

Bravo Ornicar !

   Mokhtar   
11/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Curieux texte se repaissant d’allitérations- jeux de mots pour décrire la lutte apathique d’un abandonné en état de surchauffe luttant contre un vilain petit cagnard.

« Dans la nuit stupéfaite, même l'air ne respire plus » (très joli) et l’on ne peut que rêver d’aubes grises et mouillées, de brouillards… » (pas mal non plus). Et, faute de sommeil, l’esprit se pervertit en vagabondant vers des délires calembouresques.

Ce commentaire étant rédigé dans les mêmes conditions climatiques que celles du récit, son auteur pêchera sans doute par manque de dynamisme et de fraicheur d’esprit.

Ce qui ne l’empêchera pas de saluer un humour méritoire en situation d’accablement, et une écriture plaisante et originale.

   Catelena   
17/11/2023
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Oui, franchement torride cette nuit là... Je baignais encore dans les souvenirs d'une nuit pareille lorsque j'ai découvert votre poème. Ce pourquoi il a failli terminer dans mes oubliettes avant que je revienne le commenter.

Heureux hasard qui fait que... Cela aurait été dommage de passer à côté de cette véritable moisson d'images aux double-sens exquis sans en relever une nouvelle fois toutes ses saveurs.

On peut dire que la chaleur ne vous coupe pas le chic. Quelle inspiration !

Un peau-à-peau à déguster sans modération les petits matins frais, où dé-missionner ne sera alors plus toléré.

Merci, Ornicar


Cat-Elena


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