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Poésie libre
patounette : Ma mère, couturière et entière
 Publié le 03/01/19  -  15 commentaires  -  1438 caractères  -  1655 lectures    Autres textes du même auteur

Texte dédiée à ma mère aujourd'hui disparue.


Ma mère, couturière et entière



Elle palpe le tissu,
calcule, mesure sans démesure,
le mètre déboule, se roule, s'enroule,
manié d'une main de maître.

Boutons elle coud comme médailles ou bijoux.
Bobines et fils défilent,
en parade comme soldats,
ou fils de barbe à papa.
Elle surfile comme on surfe sur la vague,
le cœur en balade.

Son dé lui sert d'épée,
contre aiguille, livre bataille, sans égal,
et gagne avec régal,
de ses doigts agiles telle une fée.
Les ciseaux virevoltent de tous sens avec aisance,
du métier c'est l'essence.

Essais pénibles pour grognons,
statues immobiles,
sur ordre adoré
de l'ouvrière mobile,
pétrifiés et domptés,
cessent les fanfarons.

Essais joyeux pour mordus du tissu,
qui chantonnent et frissonnent,
au toucher léger
de l'artiste émue,
satisfaits et fiers d'être ainsi vêtus.

Elle se souvient de sa jeunesse,
souvenirs de labeur et d'ivresse,
de modèle se prêtait,
pour quelques défilés.

Mais son talent se déchaînait,
la machine à coudre soufflait,
comme locomotive filait,
vers destination,
à l'horizon du patron terminé,
ses forces d'amour décuplées,
à la pensée d'habiller la famille aimée.

Elle resplendissait.

Telle était ma mère,
ouvrière et entière, telle que j'aimais.


 
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   papipoete   
7/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
libre
ma mère était couturière, artiste en la matière, pour qui connut des " grognons " qui peinaient face au labeur mal aimé ; pour qui oeuvraient avec bonheur en chantant, en souriant !
Elle habillait la famille entière non pas de loques, mais d'habits resplendissants, nous étions si heureux, telle était notre mère !
NB bel hommage à une mère au talent d'aiguilles et de ciseaux ! la 3e strophe est ma préférée !
papipoète

   Corto   
12/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bel hommage à une mère couturière comme il en reste peu aujourd'hui.
On sent la complicité avec le tissu, " Boutons comme médailles ou bijoux", tout cela la rend fière "le cœur en balade".
Belle image avec "Son dé lui sert d'épée, contre aiguille, livre bataille, sans égal, et gagne avec régal". ou encore "à l'horizon du patron terminé, ses forces d'amour décuplées, à la pensée d'habiller la famille aimée."
Nostalgie d'avant le tout-fait vite-jeté. Un savoir faire qui ravissait toute la famille.

   Miguel   
16/12/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Un texte émouvant, qui n 'est pas sans charme, mais cette poésie libérée souffre un peu de ne l'être qu'à moitié : le choix de rimer entraîne des ordres de mots qui conviennent dans un poème classique, compris qu'ils sont dans une unité esthétique, mais qui sont ici incongrus, comme l'inversion "du métier c'est l'essence".

   Gabrielle   
16/12/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un très bel hommage rendu à une mère couturière, exécutant sa tâche avec ardeur, bonheur et talent.

L'admiration se lit dans chaque vers, chaque strophe de ce texte et se dessine un portrait d'une mère avec des traits caractéristiques hors du commun.

La chute conclut l'ensemble du texte :

Telle était ma mère,
ouvrière et entière, telle que j'aimais.

Ainsi en est-il du regard porté par l'amour sur l'un de ses ascendants.

Une très jolie lecture;


Bien à vous.

   INGOA   
19/12/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Joli texte emprunt de tendresse sur cette mère laborieuse, ouvrière couturière, malgré quelques tournures malhabiles telles que :
les ciseaux virevoltent de tous sens avec aisance
la machine à coudre soufflait comme locomotive filait...

   TheDreamer   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Un peu
Un métier de passion. La petite couturière, petite main qui dans l'ombre façonne le vêtement. Le texte rend assez bien l'ambiance survoltée du travail qui exige minutie, dextérité manuelle et rapidité.

   plumette   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
plaisir de lecture pour ce poème hommage à une ouvrière talentueuse.
il y a du rythme, je vois les ciseaux courir sur le tissu, les mains habiles filer et surfiler, j'imagine les pauses imposées par les essayages, je devine les fignolages. L'admiration et la tendresse sont en filigrane tout au long de ces petites phrases imagées.

après les trois premières strophes, j'ai trouvé ma lecture moins fluide, j'ai buté sur "ordre adoré" ou encore sur "de modèle se prêtait" ou encore " comme locomotive filait vers destination"

Et si la fin m'a touchée, le "telle que j'aimais" m'a un peu déroutée.
Pourquoi cette forme? et non pas "Telle que je l'aimais" ?

Plumette

   Castelmore   
3/1/2019
Ah quelle magnifique image pleine de nostalgie nous est renvoyée par ces vers
La machine à coudre soufflait
Comme locomotive filait
Oui, ceux qui ont entendu ces machines à pédalier sont replongés dans dans leur enfance ...

Elles soufflaient ces machines comme de vraies locos à vapeur et le bruit cadencé du pédalier imitait à la perfection le claquement net du son des rails trop courts.

Je cite ces deux vers...mais tout est à leur mesure, si j’ose dire, dans ce poème où la justesse des images le dispute à la tendresse qui en émane.

Bravo et merci

   Pouet   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bjr,

j'ai trouvé bien émouvant ce texte dédié à votre mère, ma grand-mère était couturière, précision que j'ajoute pour faire plaisir aux aficionado du fond... :)

Quelques menus détails:

"Son dé lui sert d'épée", peut-être que, de par sa fonction, "bouclier" eut été plus approprié tout en comprenant bien l'évitement de cette facilité.

Il y a, à mon sens, un usage un brin excessif des "comme" suivi de l'absence de déterminant, tiens "suivi de l'absence" pourrait faire un bon titre de poème? Je dis ça pour les amateurs de forme.

"de ses doigts agiles telle une fée." Peut-être aurait-on pu se passer des doigts de fée.

Ou bien encore "Elle se souvient" suivi immédiatement de "souvenirs"... Mais bon j'ergote certainement.

Je note qu'il y a finalement peu de répétitions, ce que j'apprécie. Seul "tissu" est venu un poil tempérer mon enthousiasme de midinette mais j'en ai peut-être laissé passer d'autres... Scrogneugneu.

Sinon j'ai bien aimé les jeux sur les mots et de sonorités, il y en a plein, je vais m'épargner le rude labeur de les citer.

Au final j'ai trouvé la façon de traiter la chose assez originale et me suis bien représenté l'image que vous vous faites de votre maman couturière.

   Zorino   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Patounette,

J'attendais impatiemment la publication de votre poème pour la simple et bonne raison que ma mère exerçait également ce noble et beau métier qui ne l'a malheureusement pas enrichie sur un point de vue économique mais qui l'a comblée de joie et de satisfactions durant toute sa vie.

Contrairement à vous, je n'ai jamais eu cette merveilleuse idée d'écrire sur ce sujet. Vous venez d'animer en moi une soudaine envie.

C'est un très bel hommage que vous rendez ici à votre maman. Les images sont magnifiquement dépeintes et je trouve l'ensemble très harmonieux, ce qui accentue d'ailleurs le côté touchant. Si la noyade est aussi agréable que celle que je viens de vivre en vous lisant, c'est sans nul doute ainsi que je souhaiterais quitter ce monde.

Merci pour ce beau et émouvant partage

   Anonyme   
3/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un hommage à la maman couturière. Belle description de la femme amoureuse de son métier.

J'ai bien aimé les passages des essayages
" Essais pénibles pour grognons... "
" Essais joyeux pour mordus du tissu..."

ainsi que la bataille dé contre aiguille
" contre aiguille, livre bataille, sans égal,
et gagne avec régal "

J'ai moins apprécié cette suite de rimes " é-ai " dans la dernière strophe.

Un texte plaisant, attendrissant.

   Anonyme   
3/1/2019
Souviens-toi maman, des pulls torsadés que tu tricotais pour moi, des chaînes, des médaillons, des losanges. Souviens-toi que je rêvais en vain d’être habillé comme tout le monde, souviens-toi des pantalons de tergal que tu cousais et sous lesquels je devais porter mon pyjama pour ne pas me gratter. Ça ne m’a pas empêché de t’aimer, maman, tu le sais bien. Je ne t’ai jamais raconté la première fois où j’ai dû baisser mon pantalon devant une fille. J’avais treize ans et dessous c’était un pyjama à rayures. Je bénis Dieu de m’avoir épargné les réseaux sociaux. Je t’embrasse où tu es.

Forcément, Patounette, votre poème réveille en moi des souvenirs douloureux.
Mais quel dommage de l’avoir ringardisé avec des inversions coupables :
« Boutons elle coud – du métier c’est l’essence – de modèle se prêtait – comme locomotive filait ».
On dirait un pastiche. Ça ridiculise un peu vos bonnes intentions, mais après tout, vous connaissez votre mère mieux que nous.

Sinon, pour compléter le sujet et sans aucune intention de vouloir vous comparer à lui, voici ce que je considère comme un des plus beaux poèmes de la langue française, sur un sujet identique.

Paul Valery (1871 - 1945)
La Fileuse

Assise, la fileuse au bleu de la croisée
Où le jardin mélodieux se dodeline ;
Le rouet ancien qui ronfle l'a grisée.

Lasse, ayant bu l'azur, de filer la câline
Chevelure, à ses doigts si faibles évasive,
Elle songe, et sa tête petite s'incline.

Un arbuste et l'air pur font une source vive
Qui, suspendue au jour, délicieuse arrose
De ses pertes de fleurs le jardin de l'oisive.

Une tige, où le vent vagabond se repose,
Courbe le salut vain de sa grâce étoilée,
Dédiant magnifique, au vieux rouet, sa rose.

Mais la dormeuse file une laine isolée ;
Mystérieusement l'ombre frêle se tresse
Au fil de ses doigts longs et qui dorment, filée.

Le songe se dévide avec une paresse
Angélique, et sans cesse, aux doux fuseau crédule,
La chevelure ondule au gré de la caresse...

Derrière tant de fleurs, l'azur se dissimule,
Fileuse de feuillage et de lumière ceinte :
Tout le ciel vert se meurt. Le dernier arbre brûle.

Ta sœur, la grande rose où sourit une sainte,
Parfume ton front vague au vent de son haleine
Innocente, et tu crois languir... Tu es éteinte

Au bleu de la croisée où tu filais la laine.



Les classiques noteront l’intégralité des rimes féminines. Qui a dit que le classique était trop figé ?

Merci Patounette, d’avoir ainsi réveillé le souvenir de votre mère et celui de la mienne. Je vous parlerai des chaussettes une autre fois, mais ne comptez pas sur une photo de moi avec un des slips de sa confection.

FrenchKiss
Qui a enfin contrarié sa mère à 24 ans, quand elle a loupé mon slip kangourou. Maman, t’as vraiment cru que j’en avais quatre ?

   LEPOETEPOETE   
6/1/2019
 a aimé ce texte 
Bien
bien sûr c'est émouvant, personnel, sentimental et cela évoque de tendres souvenirs pour ce métier en voie de disparition. j'adhère au devoir de mémoire et c'est plus facile d'écrire sur une couturière que sur un éboueur. FRENCHKISS m'a fait rire avec commentaires et le poème de Paul VALERY. Je pense qu'il faut relire le poème de MARIE NOEL sur le même thème. Ce genre de texte mériterait d'être publié dans une anthologie de poésie en hommage aux métiers d'autrefois.

   embellie   
1/2/2019
 a aimé ce texte 
Passionnément
Patounette, ma mère, comme la tienne aujourd'hui disparue, était aussi couturière. Ton évocation m'a profondément émue.
Dès les premiers vers, en te lisant, je la revoyais et son image ne m'a plus quittée jusqu'au bout de ma lecture.
Le rapprochement boutons/bijoux est très juste. Je me souviens de l'attention que consacrait ma mère au choix des boutons, disant qu'ils pouvaient donner au vêtement le plus quelconque un certain air de noblesse.
"Elle surfile comme on surfe sur la vague,"
Cette image est si vraie...elle ne peut être comprise, je pense, que par ceux qui ont observé les gestes de la couturière au moment du surfilage. Et "le cœur en balade" vient compléter pour moi cette image, car ma mère, très concentrée pour la coupe du tissu, l'assemblage, les essayages, se laissait aller à chanter (faux, hélas!) quand il s'agissait de gestes répétitifs sans risque de conséquences néfastes. Bref, j'ai beaucoup aimé ce poème. Merci du partage.

   Anonyme   
24/7/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Merci beaucoup pour ce texte qui dit exactement ce que nous ressentons auprès de notre maman qui s'affaiblit de jour en jour.
Nous étions 5 filles et elle nous faisait tous nos vêtements, c'est dire si chaque strophe parle de notre vie familiale rythmée effectivement par les essayages en particulier lors des grandes fêtes de familles, pas un mariage sans un cortège habillé par ses soins...
Nous autorisez-vous à utiliser ce poème pour lui rendre hommage ?
Merci d'avance.


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