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Poésie néo-classique
pieralun : Déni
 Publié le 22/04/11  -  10 commentaires  -  1108 caractères  -  215 lectures    Autres textes du même auteur

La douleur d'une mère, jusqu'à la déraison.


Déni



De lui, souvenez-vous ; que vous a-t-il écrit ?
Une lettre sous pli, c’est juste on me l’a dit.
Qui me l’a déjà dit ? Peut-être une visite.
A-t-il parlé de moi, de nous, mon cœur hésite.

Vous qui le connaissez, quand donc reviendra t-il ?
Que dites-vous ? Peut-être un jour prochain d’avril.
Il n’a pas pu mourir pour que cessent les guerres,
Que peuvent les fusils en regard des prières ?

Ce cercueil qu’on descend, n’y jetez pas de rose ;
Il est vide, curé ! Je sais, nul n’y repose ;
Il est vide, mon Dieu, vous le savez aussi ;
Et vous, tous mes amis, que pleurez-vous ainsi ?

Mon enfant est le fruit de ces divines terres,
Les ruisseaux, les forêts et les champs sont ses frères,
Dieu qui nous les offrit, Dieu qui les fit grandir,
Sait qu’il est bien trop tôt pour le laisser partir.

Si l’orage, Seigneur, devait noyer nos champs,
Oublieriez-vous les blés sous les cieux déferlants
Avant qu’ils n’aient mûri ? Voyez sa jeune vie,
Comment souffririez-vous qu’elle lui soit ravie ?


 
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   bulle   
6/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Ce texte est "horrible", dans le sens où la douleur entraîne une sorte de folie. Ou comment une mère ne peut se résigner à la perte de son enfant.

Un phrasé tonique, une intonation vive ; l'expression volontaire renvoie une "colère soumise", en demi-fond.

Une lecture forte.

   wancyrs   
11/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Il n’a pas pu mourir pour que cessent les guerres,
Que peuvent les fusils en regard des prières.

Deux vers qui accrochent et troublent l'harmonie de ce déni bien tourné. C'est fou ce qu'on peut ressentir la détresse de cette pauvre femme en ces quelques mots, une détresse qui dénonce encore cette abomination qu'est la guerre, cette guerre qui nous enlève nos enfants.

   LeopoldPartisan   
11/4/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Assez exceptionnel que cet enflement du déni, la gradation de la trame dramatique m'a vraiment impressionné. Beaucoup de finesse dans l'analyse de ce refus de voir la réalité en face. Vraiment que dire de plus sinon... "bravo"

   Pascal31   
22/4/2011
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'avais beaucoup aimé "Quand je te perds un peu", dans lequel l'émotion était présente.
C'est ce qui m'a le plus manqué dans ce poème : l'ensemble est bien écrit mais je n'ai pas ressenti grand-chose à la lecture.
Le thème ne laisse pas indifférent, bien sûr, mais la façon dont il est traité ne m'a pas vraiment convaincu (l'abus d'interrogations a peut-être dilué les sentiments).
Bref, un avis mitigé sur ce poème.

   Arielle   
22/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve un peu dommage que dès la présentation du poème on sache qu'il s'agit de la plainte d'une mère. Ne le découvrant qu'au début du quatrième quatrain l'émotion n'en aurait été que plus forte.
J'aime beaucoup cette forme parlée qui rend le chagrin si vivant et, par contraste, le refus de la mort particulièrement poignant. J'aime moins les deux derniers quatrains dans lesquels l'omniprésence de Dieu me gêne.
Il me semble que même au plus profond de sa douleur une mère sait bien que les "cieux déferlants" n'épargnent pas les blés verts.

   Lunar-K   
22/4/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui prend aux tripes, par son sujet bien sur, mais surtout par la souffrance et le cri de cette mère, souffrance qui tourne au délire pathétique (voire agnostique ?).
Car j'ai l'impression qu'à partir de la quatrième strophe, le ton change quelque peu. Tout d'abord parce que la mère se fait plus rationnelle, il me semble ; mais aussi parce qu'elle semble ici remettre en cause sa foi, et aussi son déni. De fait, la question qu'elle semble poser à la fin du dernier vers, c'est : "Comment Dieu, s'il existe, a-t-il pu laisser faire cela ?". En gros, l'alternative est : "Soit Dieu existe, soit mon fils est mort". C'est en tout cas l'impression que j'ai en lisant ce texte, et tout particulièrement ces deux dernières strophes ; l'impression de voir peu à peu la mère revenir à la raison tout en ayant perdu la foi en chemin.
D'un point de vue plus formel, j'aime beaucoup les trois premières strophes que je trouve plus originales que les dernières, plus rythmées, plus à fleur de peau. Quelques reproches néanmoins dans la troisième :

- "Il est vide, curé ! Je sais, nul n'y repose ;" : Personnellement j'aurai mis : "Je le sais, nul...".
- "Et vous, tous mes amis, que pleurez-vous ainsi ?" : Ici, le positionnement de la virgule ne me semble pas très judicieux ; j'aurai privilégié : "Et vous tous, mes amis, que...".

Au final, un très bon texte, plein de colère et de tristesse. Un texte bien écrit aussi, si ce n'est ces quelques défauts dans les premières strophes (qui sont pourtant mes préférées car les plus authentiques, ce qui explique peut-être leurs imperfections).
Merci !

   Anonyme   
22/4/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut pieralun ! Ce poème est superbe... Le refus d'une mère devant la tombe ouverte de son enfant mort pour rien ! En songeant à tous ce mômes tombés au "champ d'honneur" (?), à toutes ces mamans refusant l'évidence, à toutes ces vies brisées, je te remercie d'avoir écrit ce texte servi comme d'habitude par une très belle plume... Alex

   Nescience   
24/4/2011
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

À peine arrivée sur ce texte, je vois qu’on m’impose directement un axe de lecture et que je ne suis pas libre de le trouver seule. Cela me dérange un peu, d'autant plus que le thème devient limpide au fil du texte.

J’ai bien aimé cette sorte de descente dans la folie de la mère qui s’entame réellement avec la descente du cercueil… J’ai l’impression qu’elle essaye avant tout de se convaincre elle-même que ce n’est pas possible, notamment à cause de la dernière strophe et cette question sur les blés qui, oui, seraient certainement oubliés sous la pluie et le vent (comment savoir si elle a déjà connu cela, par contre, ou si tout simplement elle le sait…). Et cette façon de se raccrocher à Dieu quand elle n’a plus rien d’autre me parait aussi marquer son hésitation, vite balayée par la crainte d’une douleur trop forte et l’effondrement de ses convictions… Et peut-être, me dis-je, est-ce cette peur de voir s'écrouler tout ce en quoi elle a cru qui la dirige, plus que le refus de la mort de son fils.

Il y a quelque chose de très classique dans ce texte, mais à part pour respecter la rime visuelle, je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas de « s » à « rose », à moins de n’en mettre qu’une (auquel cas, j’aurais plutôt vu « la » que « de »).

   Charivari   
25/4/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Beaucoup de désespoir dans toutes ces interrogations sans réponses. Je trouve ce traitement du texte vraiment efficace, avec un ton "d'autrefois" qui va bien avec le fond. Ce texte, toutes proportions gardées, m'a fait penser à la chanson de Malbrouck qui s'en va en guerre et "reviendra à Pâques ou à la Trinité".

Une très belle écriture, peut-être un petit peu trop précieuse parfois.

   Meleagre   
1/5/2011
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Quel plaisir, de retour sur Oniris, de découvrir de nouveaux poèmes de pieralun, plein d'émotion, dans un style irréprochable et fluide.

Les deux premiers quatrains laissent planer l'incertitude : le lecteur (sans prendre en compte la présentation) ne sait pas qui parle et de qui ; on sait qu'on parle d'un absent, dont on attend le retour avec impatience. Le rythme, les multiples interrogations saccadées, traduisent bien le langage oral, l'impatience, mais aussi l'incertitude.
J'accroche un peu sur "Il n'a pas pu mourir pour que cessent les guerres" : je ne comprends pas trop le sens de ce vers, et notamment la valeur sémantique du "pour que."
Mais j'aime beaucoup le vers suivant : "Que peuvent les fusils en regard des prières ?"

La 3e strophe, centrale, est à mon avis la plus réussie. On comprend mieux la situation : on se trouve face à un cercueil, dans un enterrement, même si on ne sait pas encore qu'une mère parle de la mort de son fils. Et le déni fonctionne à merveille. Là, aussi, j'aime beaucoup le rythme de ces exclamations saccadées, notamment la reprise de "Il est vide" à l'attaque des vers, l'homéotrope "Je sais" / "vous le savez aussi".

La 4e strophe, à mon avis, n'est pas un retour à la raison et un abandon de la foi, comme le disait Lunar-K . A mon avis, c'est plutôt le paroxysme du déni, justifié par une foi aveugle en un Dieu qui ne peut pas, d'après la mère, faire du mal à son fils si jeune. Car, d'après elle, et je pense qu'elle en est convaincue : Dieu "Sait qu'il est bien trop tôt pour le laisser partir".
J'aime beaucoup ce quatrain, au rythme moins saccadé, plus fluide, avec cette communion entre le fils et la nature.

La dernière strophe, à mon avis, est un peu plus faible.
Le "Oublieriez-vous les blés" est très dur à prononcer à haute voix. Je ne comprends pas le raisonnement. Le poète veut-il dire que Dieu doit épargner la "jeune vie" de l'enfant, comme il épargne les blés "avant qu'ils n'aient mûri" ? Or, les deux premiers vers semblent montrer que ces blés sont noyés par l'orage. La comparaison fonctionne mal pour moi.

De très beaux vers, un beau souffle poétique, de belles expressions au service d'un poème plein d'émotion.
Merci Pieralun.


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