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Poésie classique
pieralun : Sexuelle odyssée
 Publié le 26/12/20  -  14 commentaires  -  2304 caractères  -  242 lectures    Autres textes du même auteur

À la manière de…


Sexuelle odyssée



On dit que les grisons ayant plié leurs ailes,
Cherchant, les yeux fermés, une ombre qui pâlit,
Mêlent au fil des ans l’écho des demoiselles
Et dames sans effets qu’ils ont eu dans leur lit.

Aucun outrecuidant n’encombre ma mémoire ;
J’ai perçu bien des mots à ne rien retenir ;
Moi, mes amours d’antan ont toutes leur histoire,
Chaque femme a gravé mon cœur d’un souvenir.

Je perpétue ainsi l’ange initiatique
(Toujours l’on se souvient du tout premier émoi),
Dont je me sers souvent comme d’un viatique,
Quand la peur de vieillir rampe trop près de moi.

Si petite et chétive ! elle avait l’avantage
De ne prendre jamais mes propos de trop haut,
De ses galbes menus me donnait l’apanage
Vu qu’elle en possédait beaucoup moins qu’il n’en faut.

Une autre, dissemblable, un corpulent squelette,
De ses vastes contours eut peine à me lasser
Car, si mes bras trop courts ballaient à leur défaite,
Mon cœur pur, amoureux, désirait l’enlacer.

J’aurais pu m’embraser pour cette ardente rousse
Couvant sous ses jupons le feu de ses cheveux ;
Or, tant de bons amis burent sa plainte douce
Que mon chef se couvrit d’un bois dense et rameux.

Me revient une blonde au regard angélique :
Il suscitait en moi l’amour définitif
Puis, suite à des soucis d’ordre blennorragique,
Je reconsidérai mon jugement hâtif.

Vint un bel échalas ; j’usai mon hypoglosse
Aux baisers que l’on voue à d’excellents débuts,
Mais, feu des Cendrillon, pantoufle, autre carrosse,
Ceux d’un homme aux grands pieds étaient les attributs.

Las, vers le sexe fort mes désirs n’allaient guère,
Et ce fol avatar me l’ayant garanti,
J’allai rester fidèle aux femmes pour parfaire
Ce doux cheminement dont j’étais l’apprenti.

Au fil des souvenirs ma mémoire s’aiguise,
J’avais quelques béguins de vénale vertu
Mais ne consentant pas au gâteau la cerise,
Je me fais un devoir que ce reste soit tu.

J’en viens alors à toi, mon ultime conquête,
Délicieux appât qui me tint fort caché
Le risque d’effeuiller toute une pâquerette
Lorsqu’un dernier pétale y restait attaché.


 
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   Lebarde   
10/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre de ce poème classique est aguicheur et le reste ne déçoit pas.

Pas de faute de prosodie ni de faute de goût pour raconter cette "Sexuelle odyssée" où le narrateur s'essaie à toutes les expériences et toutes les rencontres, jamais satisfaisantes, avant de s'arrêter à

son "....ultime conquête
Délicieux appât qui me tint fort caché
Le risque d’effeuiller toute une pâquerette
Lorsqu’un dernier pétale y restait attaché."

Toutes sont racontées avec un brin d'humour et de sensualité, mais surtout beaucoup de subtilité et de finesse dans l'expression qui estompent la hardiesse et le scabreux de certains propos:

Il y eut :
- la "petite et chétive",
- celle au "corpulent squelette et vastes contours",
- "cette ardente rousse/Couvant sous ses jupons le feu de ses cheveux"
- "une blonde au regard angélique"
- "un bel échalas"....

toutes et tous associés à des déboires mémorables et souvent peu flatteurs mais pourtant avoués sans honte aucune.

Tout cela est bien dit et bien écrit.

J'ai bien aimé cet aparté en confidence mis en parenthèses "(Toujours l’on se souvient du tout premier émoi)",

un peu moins ce mot savant et obscur "hypoglosse", placé là, uniquement pour la rime. Dommage.

Dans l'ensemble du beau travail que j'apprécie volontiers.

En EL

Lebarde

   Anonyme   
12/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour,

Un poème classique, qui me semble l'être jusqu'au bout des ongles, jusqu'au moindre souvenir de toutes ces conquêtes.
Un soupçon d'humour délicat pour parfumer l'ensemble.
Une longueur (de texte) que ces belles et ce beau méritent bien.
Une expression riche et harmonieuse.
Un très beau dernier quatrain.
Si la "géographie" de ce poème n'est pas dans mes préférées : le narrateur seul et beau (ce "Je" omniprésent) face aux belles (et beau) qu'il a aimées/ croisées/ courtisées, l'ensemble a beaucoup de charme(s).
(L'exergue m'encourage à mettre un nom, après les trois points se suspension, je ne sais pas qui citer)

Merci du partage,
Éclaircie

   Corto   
17/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je retiens de cette odyssée le style étonnant et remarquable.
De multiples mots précieux et des images d'une succulence recherchée permettent d'évoquer ces situations souvent scabreuses mais tout autant baignées de vécu.

Le déroulement des souvenirs constitue un parcours qui ne cache pas ses détours.
Le final est tout en délicatesse.

Bravo

   Anonyme   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Tout de go je vous le dis : j'ai pensé à Brassens. Pour moi le compliment n'est pas chétif. Le ton gouailleur me paraît particulièrement bien venu dans les cinquième, sixième et huitième quatrain. En revanche, je ne suis pas sûre d'avoir bien saisi le dernier : le narrateur regrette-t-il que sa dernière conquête se soit révélée la dernière (celle avec qui il a « fait une fin ») ou qu'elle l'ait abandonné une fois la marguerite dépétalée ? Pour moi ce n'est pas clair.

J'ai donc apprécié l'odyssée puisqu'odyssée il y a, cela dit, comme Pénélope sans doute, j'ai trouvé l'ensemble un peu longuet. « Les trompettes de la renommée » aussi, à mon avis, s'étalent trop... Manque à cette énumération, à mes yeux, une progression qui soutiendrait l'intérêt jusqu'au bout.

   papipoete   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
bonsoir pieralun
Une odyssée avec le sexe pour thème, dont l'auteur nous conte ici les visions de loin, de tout près, de dessus et de dessous, sans jamais abaisser son vocabulaire aux expressions vulgaires.
Au contraire, aussi affriolante soit la demoiselle, c'est d'une plume bien sage que l'on suit le héros tout au long de cette érotisation !
L'on sourit pour l'une, dit des "oh " pour une autre, et la dernière bien sûr nous fait fondre de tendresse.
NB difficile de relever un passage particulier ; celui disant " que mon chef se couvrit d'un bois dense et rameux " fait rire jaune qui connut ce passage... et celui évoquant " le sexe fort vers lequel je n'allai guère... " pourrait faire dire à beaucoup " ah moi jamais ! " et pourtant l'homme tenta sa chance avec moi ( qui n'aimais que jupons et corsages ) et provoquai bien malgré moi, désillusion et chagrins...
Un poème aux couleurs de toute la palette féminine, qui ravit, et nous transporte vers un temps...mais ne dit-on qu'il ne faut pas vivre avec des regrets !
Quel bon et chaleureux moment de poésie !
Connaissant l'artiste en matière de prosodie classique, ce serait lui faire injure d'en vérifier l'exactitude.

   Anonyme   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonsoir

Le dernier "pieralun" est toujours attendu avec impatience, l'auteur
se faisant trop rare à mon goût sur le site.
Ici, nous avons droit à une belle balade chez Don Juan avec forces
détails mais jamais pornographiques, c'est ce qui me plait.
J'aime beaucoup les soucis d'ordre blennorragique, on la pensait
disparue, et le chef qui se couvre d'un bois dense et rameux,
entre autres car les perles sont nombreuses et l'humour
qui se dégage de ce texte est jubilatoire.

Un simple mot : bravo.

   archibald   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
A la manière de qui donc ? Je crois bien que Socque a trouvé... Le septième vers est du reste un indice. Cela se chante sur l'air d'"A l'ombre des maris". Sans doute pas le chef-d'oeuvre de l'auteur, mais la lecture avec la mélodie dans la tête, ça fonctionne très bien.

   Cristale   
26/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je n'ai rien à dire. Laissez-moi apprécier la lecture de ce poème sans que j'y mettre une seule ombre du moindre souligné, même pas un soupçon de "si" ni de "ou" ni de "moi je".
Un auteur confirmé, une poésie à valeur sûre.
C'est très bien.
Bravo et merci Pieralun.
Cristale

   Wencreeft   
27/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je me souviens avoir lu ce poème en EL, sans avoir pris le temps de m'y attarder. Je m'y attelle à présent.
Commençons par admettre que j'ai toujours apprécié vos écrits, et ce depuis 10 ans, et que j'ai donc (re)commencé la lecture avec un à priori (très) favorable (hors EL donc). Ceci explique que s'il avait été écrit par un inconnu, je me serais contenté de beaucoup apprécier la lecture, mais puisque que l'estampille était la votre, j'ai été un peu déçu. Non pas que le poème soit mauvais, loin de là, mais simplement je l'ai trouvé à deux vitesses.
Certains passages sont admirables :

Quand la peur de vieillir rampe trop près de moi -> simple et efficace.
--
Couvant sous ses jupons le feu de ses cheveux ; -> drôle et imagé.
--
Tout le sixième quatrain, très savoureux, avec l'image du cocu/cornard.
--
Tout le dernier quatrain, chute très réussie, dernier vers exceptionnel

et d'autres (moins nombreux) sont un peu bourre-chrétien, selon moi :
Aucun outrecuidant n’encombre ma mémoire ; -> je ne comprends pas l'accord masculin ici ?
--
De ses galbes menus me donnait l’apanage
Vu qu’elle en possédait beaucoup moins qu’il n’en faut. -> j'ai trouvé la construction grammaticale alambiquée et compliquée à appréhender.
--
Mon cœur pur, amoureux, désirait l’enlacer : je trouve le vers un peu mièvre, qui jure avec le ton caustique et très second dégré du reste du poème
--
Je reconsidérai mon jugement hâtif : un peu trop prosaïque aussi.
--
Mais ne consentant pas au gâteau la cerise, : je vois à peu près l'image sans vraiment la comprendre.

J'ai également le plaisir de découvrir les mots 'blennorragique' et 'hypoglosse' (ce dernier pour la fellation j'imagine ?).

Quant au fond, il est insolite, c'est le moins que l'on puisse dire, et je ne saurais dire si c'est du vécu et/ou de l'imaginaire qui en ont imprégné les lignes. J'ai beaucoup aimé l'écriture très imagée, toujours obligatoire selon moi avec pareils thèmes concupiscents, et vous parvenez à maintenir une élégance et une drôlerie sur une grande longueur, sans jamais basculer dans le graveleux ou le grivois.

Je vous félicite pour votre travail, même si j'ai préféré quelques un de vos autres textes. Cela dit, cela reste quand même une grande réussite.

Wn

   Yannblev   
27/12/2020
Bonjour Pieralun,

Une belle santé en vérité et une mémoire à toute épreuve. Voilà une « odyssée » où les sirènes diverses et variées sont évoquées sans barguigner, avec les mots qu’il faut à l’endroit qui convient et une mise en vers d’une grande rigueur mais ne souffrant jamais d’une emphase qui assez souvent pollue ce genre d’évocation.
Une petite douzaine d’excellents quatrains qu’on lit sans relever le nez.

Merci pour ces souvenirs partagés.

   Myo   
27/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une énumération de conquêtes qui ne fait pas dans la dentelle mais nous partage toute la saveur de ces expériences multiples et de fortunes diverses. Peut-être aurais-je préféré par moment un peu plus de délicatesse...

Certains quatrains sont à mes yeux de pures merveilles tout particulièrement le 1er et 3e.

Je trouve aussi très réussie l'image de ce dernier pétale qui reste attaché à en oublier les autres pâquerettes.

Un style enchanteur, sans faille qui porte le propos avec beaucoup d'aisance.
Cela reste un plaisir de vous lire.

   Anonyme   
28/12/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'applaudis la longueur du poème ! Il faut savoir tenir la distance sans faute de goût.

Chaque strophe est un portrait truculent des conquêtes passées, et la mémoire qui s'aiguise au fur et à mesure que reviennent les souvenirs est jubilatoire.

Quelle belle inspiration !

Bravo ! Tout simplement.

Merci Pieralun, pour ce bon moment passé à te lire.


Cat

   Mokhtar   
2/1/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Il est une vertu éclatante que les pourfendeurs de la poésie régulière (surtout celle faite d’alexandrins) ne pourront lui nier, c’est qu’elle est particulièrement propice à l’humour. Un beau vers bien équilibré, bien rimé, plein d’esprit, est là comme dans un écrin valorisant le propos.

Encore faut-il que l’auteur ait du talent. Ici le doute n’est pas permis.

Le marivaudage à la Brassens (lancé par « les amours d’antan) se repaît de ce langage allusif, fait de métaphores poétiques qui s’ingénient à trouver pour tout vocable banal un synonyme imagé et élégant, teinté d’un humour innocemment « fleur bleue », émaillé de termes galants délicieusement « vieille France ». Et aussi de nostalgie par des rappels à l’histoire ou à des légendes et contes du temps jadis.

Cette façon pudique,légère et humoristique de nommer les choses permet de parler de tout (ici de grivoiserie) sans effaroucher le quidam. Souvenons-nous comme le Maitre nous chantait l’Amour et la mort, entre autres.

Une autre particularité de ce texte (comme de ceux de l’inspirateur), c’est que l’on prend plaisir à plusieurs relectures qui chaque fois révèlent ou explicitent ce qui fut inaperçu au premier abord.

Comme d’autres ici, j’ai quelques petites réserves techniques sur le dernier quatrain, dont le sens convient particulièrement à une conclusion. Le « fort » fait un peu cheville et le « caché » exprime un peu faiblement l’idée de rejet. Je suggère éventuellement : « qui me tint détaché Du ». Et pourquoi pas « Lors qu’un », plus daté que « Lorsqu’un ».

Long ce poème ? Allons donc. Je me serais bien vu resservir quelques quatrains supplémentaires. Parce qu’en fait, chaque strophe est une petite histoire en elle-même. Et que rien ne s’oppose en théorie à des ajouts.

En cette période de ripaille, je ne peux proposer qu’un qualificatif pour ce texte : savoureux.

Bravo et merci.

   Damy   
9/2/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le dernier pétale fut le bon quand tous les autres furent effeuillés sans succès. Et Dieu sait si vous les avez cueillis, humés, goûtés.

Je m'attendais à un retour sur le premier "Quand la peur de vieillir rampe tout près" de vous. On hésite à engager d'autres aventures. Mais voilà, elle n'était pas bien roulée.
Les autres conquêtes ayant toutes un problème, on se réjouit du magnifique dernier quatrain.

Merci, Pieralun, de nous avoirs fait partager sans retenue vos ébats amoureux malheureux et qui finissent bien, dans une prosodie parfaite et limpide. Personnellement, je n'ai pas autant débattu :-)


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