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Poésie libre
PierreCaron : Des pigeons piaulent autour des fontaines
 Publié le 09/10/12  -  6 commentaires  -  2684 caractères  -  128 lectures    Autres textes du même auteur

"Un soir, j'ai assis la Beauté sur mes genoux – Et je l'ai trouvée amère – Et je l'ai injuriée."
A. Rimbaud (Prologue de Une saison en enfer)


Des pigeons piaulent autour des fontaines



Des pigeons piaulent autour des fontaines
Frottant leurs plumes sur des mégots fumants.

Ils tendent le bec, pour une bouchée de pain
Et,
Un cliquetis de leurs serres
Se dégurgite dans l’œsophage
Des cannettes de bière qui se froissent entre les paumes.

Du bruit autour des bouches,
L’on avorte le silence.
Ça fait tout drôle de voir des éclats dans le ciel
Sur la nappe grise. Là-haut quelques ruches d’abeilles
S’installent, et piquent parfois de leur dard.

Dare, dare !
L’on s’oublie quand même,
L’on côtoie juste quelque bribe de papiers
Qui s’encercle, puis qui se tord dans le feu.
Mais que retient-on ?
Des pans de murs qui se chevauchent quatre à quatre,
Qui se marchent sur les pieds,
Dans l’octogonale idée, embrasée de vagues millénaires et flottantes.

Juste des cendres que des marcs de cafés froids
Réchauffent, bruns et obscurs
Qui se suffisent à elles-mêmes.

Alors l’on rallume cette dernière cigarette
Dans le bruit des fontaines,
Ce va-et-vient – pfff qu’il fait le sifflement –
Puis après quelques pigeons se jettent autour,
Pris les pieds dans le plat…


On minaude sur les quais des métros
– Qu’une vierge en soit témoin –
Dans le photophore des idées,
Pour deux pièces.

Comme un phare qui se balade
Au milieu du macadam un soir de septembre
Dans les feuillets déchirés des mots.
Cette lampe qu’on voyait selon
L’ancien cul-terreux
Saupoudré de pétrole au goutte-à-goutte :
Une minuterie toute programmée
S’est éteinte avant minuit.


Quelle heure est-il ? Quel temps fait-il ?


Rabougris demain, seront les nuages.
On déblatère des syllabes,
– Menteur, cruelle, sentencieux à langue, virilité du nom de l’action –
Juste là dans les villes,
Ils dorment, nous dormons…
Comme des comptines :
La grosse vieille dame, et gros messieurs en face,
Tiennent des rides dans leurs poches, les mains
Sur la gueule.


Le robinet se bouche,
Des poils, de la cire, puis quoi encore ?
Et esquive les mots,
Trop de mots.

Barreau à soi-même
Des miroirs glacials s’affichent
Dans les sphincters des étoiles
Pas de pitié pour la traître nuit,
Pas de pitié pour les mouvements
Bleus des pigeons.
Sur la place, on cadenasse des boîtes de conserve
Puis la clef se jette dans les eaux crasseuses.


Qui donc a éteint la lumière ?
Ils nient, nous nions…


 
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   Anonyme   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je n'ai pas compris grand chose, peut-être l'opposition entre deux réalités ?

Mais j'ai aimé le rythme des mots, comme quelque chose de syncopé, un peu comme des mots criés par la colère.

Je regrette l'omniprésence de "on" qui finit par lasser la lecture et la rendre même assez pénible, mais il y a peut-être une volonté d'impersonnifier cet écrit justement ?

Bref, je suis sensible à l'ensemble parce qu'il y a une sorte de beauté de la laideur, un peu comme si le laid finalement méritait d'être montré, mais je ne comprends pas grand chose.

Désolé, parce que j'aurais aimé mettre un commentaire plus précis.

   funambule   
9/10/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↓
L'incipit où la fulgurance perverse et virginale d'un Rimbaud aura dévié mon approche dans ce texte dont j'aurais peut-être perçu l'empirisme différemment sans celui-ci. Malgré mon impossibilité intellectuelle à, ne serais-ce que, envisager quelque cousinage avec qui que ce fut, me semble d'une prétention inqualifiable. Le génie est victime de ses sens et de la traduction qu'il peut proposer. Je suppose qu'il faut traduire autrement l'introduction à cette poésie (?). Je suppose aussi que n'importe quel auteur, assemblant son idée des sons peut élaborer ce genre d'échafaudage improbable et masquer le vide ainsi... sans doute aussi "enfumer" certains lecteurs en mal d’incompréhension.

Je devrais (dans le doute) m'abstenir mais j'imagine que ma perception en vaut une autre et qu'elle a droit de cité puisque l'auteur par sa présence indique cette quête de retours.

Déployé autrement, je pense le potentiel de l'auteur indéniable... peut-être une autre fois!

   leni   
9/10/2012
Je n'ai rien compris à ce texte que j'ai lu plusieurs fois J'ai imaginé que j'étais assis au bord d'une fontaine pour être en situation Je n'ai rien perçu ..Texte hermétique J'ai tenté de relier les images entre elles En vain Excusez-moi Leni

   rosebud   
9/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ah, mais moi non plus je n’ai rien compris ! Mais, ah ! Que j’ai aimé !
Je crois même que je n’apprécierais pas que le poète désosse son poème pour nous en montrer le squelette pour qu’on comprenne comment ça marche.
Je me fiche de savoir pourquoi l’idée est octogonale, mais si elle avait été triangulaire, elle aurait eu une sale gueule.
« Qui donc a éteint la lumière ?
Ils nient, nous niont… »
Tout ça me va très bien.
Et merci pour « La grosse dame, et gros messieurs en face, tiennent des rides dans leurs poches, les mains sur la gueule. »
Et merci encore pour « On minaude sur les quais des métros ».
Bon, quelques reproches quand même. Je n’aime pas :
- « L’on » - comme Léautaud détestait « l’on l’a lu »
- L’assonance dard – dare-dare (ça fait chiqué)
- « qu’il fait le sifflement » (ça fait truqué)
J’aimerais juste savoir qui est « l’ancien cul-terreux » ?

   Raoul   
9/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Ici l'ombre, et suit ce long poème codé que seuls les initiés…
Le/les sens m'échappant, je me raccroche à l'écriture, et là, c'est inégal (ou nous n'avons pas toujours la même longueur d'ombre, c'est selon).
Des incongruités du genre bec/bouchée, les nombreux l'on, un chevauchement quatre à quatre, des vagues/flottantes, le sempiternel "juste" en lieux et place du seulement ou seules (vous écoutez trop les journalistes), saupoudré/au goutte à goutte, ou encore ruches d'abeilles… me vrillent l'oreille. La plupart des expressions idiomatiques sonnent faux du fait du contexte tordu : elles ressemblent à des traductions au mot à mot d'expressions étrangères…
S'il fallait dégager une partie du texte, je dirais que, pour moi, ce qu'il y a de plus parlant (bien que le sens…), de plus musical est la toute fin à partir de "Quelle heure est-il ? Quel temps fait-il ?". J'y trouve une vigueur que je ne vois pas avant…
Alors, je me demande aussi s'il n'aurait pas fallu élaguer l'ensemble d'un bon tiers.
Intéressant mais pas assez abouti à mon avis.

   brabant   
9/10/2012
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Bonjour PierreCaron,


J'aime beaucoup l'exergue rimbaldien.

Et j'ai lu : "Des pigeons piaulent...", je me suis dit : "Un pigeon ça ne piaule pas, ça roucoule !" pensant prendre l'auteur en défaut. Alors je suis allé vérifier : "piauler" se dit d'un volatile qui criaille. Bien, un pigeon peut donc "piauler", l'auteur ne dit pas n'importe quoi, je m'en vais donc prendre son texte au sérieux.
"Des pigeons piaulent autour des fontaines", "piaulent" est laid mais les fontaines sont belles...

Le texte fonctionne pour moi, il y a une sorte d'osmose, une magie qui opère.
"Se dégurgite dans l'oesophage" : je vois les pigeons qui se rengorgent. Il faut dire que je suis un familier des pigeons, et ces "paumes" me font penser à des plumes... C'est très visuel pour moi.
J'aime "dard" associé à "Dare, dare !", ces papiers qui se tordent en "bribe", ces "pans de murs qui se chevauchent" (l'image ! partout l'image !) en "quadrature", ces "bruns et obscurs/Qui se suffisent" chaud froid, ces minauderies, l'idée de cette vierge et ce photophore d'idées à deux balles (?), les nuages rabougris du lendemain, les comptines et les rides dans les poches (trouvaille astucieuse)...
mais je n'aime pas les "sphincters des étoiles" (d'où le "moins")
Qu'avaient-elles donc à cacher ?

Je m'en vais relire ce poème pour mieux cerner cette magnifique laideur !... et en m'injuriant injurier le poète !


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