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Poésie libre
Pimpette : Transgression
 Publié le 26/09/12  -  19 commentaires  -  2016 caractères  -  169 lectures    Autres textes du même auteur

Texte qui date de mon année en poésie maternelle… enchaînement de moments d'enfance avec un petit coup de cymbale en guise de chute…


Transgression



J’aime la mer vue du train. Elle est plus grande et plus belle que l’année dernière.

J’éclate avec l’ongle les petites boules lisses et fermes du goémon, si elles s’affaissent sans faire de bruit, je suis bien déçue.

Je hume la forte odeur des sardines séchant au soleil sur des claies, et celle de la colle de poisson dont on se sert pour fabriquer les cordes de chanvre et les voiles.

J’extirpe doucement la fleur mauve des luzernes pour suçoter la base blanche un peu sucrée.

J’attends le premier repas de mon père en vacances pour me gaver de langoustines.

J’ai peur des grosses araignées de mer que mon frère pose sur mon lit juste à la hauteur de mes yeux, quand je me réveille.

Un matin, je pars à la pêche en bateau avec deux vieux pêcheurs et je n’ose pas leur dire que j’ai envie de faire pipi.

Je vais en visite à l’école du village, et je suis bouleversée car les élèves écrivent avec des lettres droites tandis qu’à Paris j’ai appris à écrire en lettres penchées.

Je redoute en fin de journée le moment sur la plage où le contact de mon maillot mouillé et froid m’oblige à quitter mes copains.

Je suis enfouie dans un gros édredon rouge et je répète chaque phrase du « Notre Père » après une vieille bretonne toute ronde et très souriante.

Je ne renonce pas à goûter chaque jour les prunelles violettes dont cependant l’âpreté me paralyse l’intérieur de la bouche à chaque fois.

J’essaie de décoller les berniques sur les rochers, quelquefois j’y arrive et je les goûte, c’est bon mais tous les doigts de ma main droite sont éraflés.

Je ne dois pas franchir la petite place au bout de la rue avec mon vélo rouge, c’est l’ordre des grands.
J’obéis.
Un jour à midi, je suis seule… je roule… je roule… je suis au bout de la rue…
Sans une hésitation je traverse la place irradiée de soleil.
J’éprouve un bonheur total, absolu.
Jamais retrouvé.


 
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   LeopoldPartisan   
7/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
ah l'enfance et ses paradis perdus, à l'enfance dont l'innocence sacrifiée est un passage obligé... J'ai vraiment beaucoup apprécié ce texte car l'auteur n'a rien oublié et surtout à garder dans son écriture la fraicheur, la simplicité et la candeur.

   leni   
9/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est écrit le plus simplement du monde J'ai eu l'impression qu'une lanterne magique projetait des images toutes plus vraies les unes que les autres ET j'ai perçu que ce texte avait une âme d'enfant
les élèves écrivent avec des lettres droites tandis qu’à Paris j’ai appris à écrire en lettres penchées.Et je pourrais tout citer tant cette tranche de vie est bien ciselée C'est un tableau paisible que j'aime
beaucoup ET ce finale époustouflant:du bonheur total: merveilleux l'auteur

   Anonyme   
11/9/2012
 a aimé ce texte 
Pas
Je ne vois pas bien la poésie de l'ensemble. Le texte est plus une narration de moments passés, sans réelle recherche dans les images, dans les intentions. Sauf peut-être les deux dernières lignes.

Je pense qu'il faut s détacher du concret et partir sur la magie des souvenirs bien plus que là.

   Marite   
11/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Souvenirs d'enfance en bord de mer ... La multiplicité des "je ou j' " commençant ou disséminés à l'intérieur des phrases m'a lassée. Les souvenirs sont bien décrits mais je n'ai pas été emportée par la poésie ... y en a-t-il vraiment dans ces vers libres ? Ne serait-il pas possible de retravailler ce texte en donnant une "âme" aux choses ?

   Fanch   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un thème tellement exploité... pour cela, la manière dont il est traité ainsi que ses anecdotes n'en ont que plus de valeur car elles le renouvellent tout en gardant une simplicité qui n'est en rien de la banalité....

   macaron   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Une jolie page de souvenirs de vacances au bord de la mer. La peinture est toujours fraiche, je crois qu'elle ne sèchera jamais. L'enfance dans la simplicité de l'innocence, c'est toujours un plaisir d'y revenir. Merci pour cette petite fête!

   Arielle   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Je vois un de ces vieux films qu'on tournait dans les familles pendant les vacances. Images sautillantes en noir et blanc, cadrages imprécis (des détails fugitifs, incongrus qui prennent aujourd'hui toute leur importance) Eclats de rire et paroles qu'on voudrait lire sur les lèvres ...
Toute la sensualité de l'enfance est là de même que cette émotion si vive, ce "bonheur total, absolu" qu'on cherche toute sa vie à retrouver.

Il me semble que moins de précisions, des phrases moins construites auraient accentué le côté poétique de cette évocation, auraient laissé au lecteur la possibilité de glisser entre les lignes ses propres souvenirs ;mais j'ai retrouvé avec délices le goût des fleurs de luzerne et celui des prunelles. Merci Pimpette !

   brabant   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pimpette,


Quelle authenticité dans ces notations placées dans un écrin de poésie, petit journal de toutes les intimités enfantines sous le sceau de l'innocence, de la pudeur et de la curiosité comme de l'émerveillement ! C'est vif et frais et vrai, j'ai aimé à feuilleter ces pages avec l'auteure qui a fait de moi son complice...

Rien à biffer dans cet adorable carnet, toutes les pages peuvent y rester enroulées dans leur spirale comme un lierre vivifiant, spirale de l'enfance qui va s'éveiller.

"Je ne dois pas franchir la petite place au bout de la rue, c'est l'ordre des grands.
Un jour à midi, je suis seule... je roule... je roule... je suis au bout de la rue...
Sans une hésitation je traverse la place irradiée de soleil.
J'éprouve un bonheur total, absolu.
Jamais retrouvé."

Et cela ça a donné PIMPETTE !

Le carnet se ferme mais est à conserver précieusement.


Bon ! Etre adulte n'a pas que des inconvénients...

lol

Grâce soit rendue à ce vélo rouge dont je gage qu'il se sera ouvert sur une bicyclette bleue !

Merci Pimpette pour toute cette vie !

:))))

   Anonyme   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Difficile de classer ce texte dans la catégorie " Poésie ".
Certaines phrases s'en approchent par l'évocation dissumulée derrière les mots. La première par exemple :

- " J’aime la mer vue du train. Elle est plus grande et plus belle que l’année dernière."

Bien sûr, ce n'est pas la mer qui est plus grande ou plus belle, c'est la fillette. Et donc cette image banale devient poétique par la métaphore qui s'y rattache, sans qu'il ait été utile de faire référence à la fillette. Chaque fois qu'une image renvoie à une autre image, on est dans un registre imaginaire, donc poétique.

Par contre, le style de certaines autres phrases est un peu trop dilué pour prétendre être de la poésie :

- " Je hume la forte odeur des sardines séchant au soleil sur des claies, et celle de la colle de poisson dont on se sert pour fabriquer les cordes de chanvre et les voiles. "
Toute la partie explicative " dont on se sert pour fabriquer les cordes de chanvre et les voiles. " et en particulier l'expression " dont on se sert " , n'est plus du registre poétique, puisque cette image manque de concision et de force pour communiquer l'émotion. On est plutôt dans la narration, le récit. Pourtant il y a dans cette évocation, matière à fouiller la conscience de la fillette.

L'anaphore du JE enferme bien la fillette dans la bulle égoïste de l'enfance. Son regard est singulier, ses gestes sont ceux de la goumandise, du jeu et de la découverte :

- " J’éclate avec l’ongle les petites boules lisses et fermes du goémon, si elles s’affaissent sans faire de bruit, je suis bien déçue."
On est bien loin des réseaux sociaux.

- " Je vais en visite à l’école du village, et je suis bouleversée car les élèves écrivent avec des lettres droites tandis qu’à Paris j’ai appris à écrire en lettres penchées."
Et si l'enfance n'était qu'un écrin de petites choses. Je trouve très émouvant ce détail ancré dans la mémoire.

- Et le moment où l'instinct de liberté fait sa révolution, où le petit vélo rouge fonce au milieu des ennemis inventés par les grands, à travers une place qui irradie de soleil à chaque coup de pédale.
" Un bonheur jamais retrouvé".

Même si ce texte n'est pas vraiment pour moi un poème, j'y ai trouvé une évocation subtile de l'enfance, bricolée avec des petits bouts de ficelles.

Cordialement
Ludi

   Anonyme   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pimpette. Ainsi vous passiez vos vacances à Douarnenez, à moins que ça ne soit à Quiberon ? J'ai reconnu la petite place et surtout les sardines qui séchaient au soleil... et le goût des prunelles qui ne sont vraiment mûres qu'en Octobre, d'où leur âpreté au cours de l'été. Bref, un retour aux souvenirs d'enfance contés sans fioritures mais avec la sincérité de cet âge tendre, ce qui n'est pas pour me déplaire... Merci pour cette balade estivale au pays des Penn Sardine.

   pieralun   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La poésie par la fraicheur:
je ne sais pas Pimpette si tu as écrit ce texte quand tu étais enfant, ou si tu l'as écrit en t'astreignant à garder le regard d'un enfant, mais c'est réussi.

La poésie par le dénuement:
des mots simples, pas d'image ou de métaphore, pas d'effet particulier, et c'est également réussi.

Ce texte a donc fonctionné sur moi, et j'ai écouté avec plaisir et émotion cette petite fille racontant son quotidien de bord de mer, ou ses vacances.

Les 4 vers de chute sont un bonheur.

   aldenor   
26/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J’ai aimé cette succession de souvenirs. De petites choses, si anodines qu’elles ne se disent pas, ou pensent pas, en dehors de l’enfance. L’auteur revit donc ces moments, se remet dans sa peau d’enfant. Beaucoup d’authenticité dans le ton.
Superbe : « J’aime la mer vue du train. Elle est plus grande et plus belle que l’année dernière. »
Drôle de se souvenir de choses pareilles : « Un matin, je pars à la pêche en bateau avec deux vieux pêcheurs et je n’ose pas leur dire que j’ai envie de faire pipi. »
Drôle d’observer des choses pareilles : « Je vais en visite à l’école du village, et je suis bouleversée car les élèves écrivent avec des lettres droites tandis qu’à Paris j’ai appris à écrire en lettres penchées. »

Pour la forme d’ensemble, les « je » répétés, je ne sais pas, légers au niveau du sens mais apoétiques, il me semble qu’on pouvait s’en passer dans certaines images, en tous cas dans la première : La mer vue du train est plus grande et plus belle que l’année dernière.
Le titre, transgression, ne se justifie que dans la dernière image, ça cloche. D’ailleurs ce passage au vélo rouge, en outre bien attachant, dénote dans la forme avec ce qui précède. Il faudrait le mettre en une seule phrase.

   funambule   
28/9/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un style infanti-télagraphique qui s'amuse à découdre, à déchirer les idées... pour qu'au bout du compte le regard s'inverse, pour que des échos d'enfances, des tessons de ces improbables émotions immatures ne nous extirpent d'une sorte de formol. Une poésie "médicament"... et terriblement triste à mes yeux. Sans farder d'humour ou d'ironie (je crois que la vérité est juste nichée là), le sépia de ces clichés, le salé des embruns, l'absence de toute réflexion... Une magnifique madeleine que je reviendrais croquer tant elle éveille de choses en moi.

   melancolique   
29/9/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Pimpette,

Un ton assez naïf qui transmet bien les souvenirs d'enfance, je trouve ce texte touchant, mais il y a plusieurs "je" qui gênent un peu ma lecture. Je ne sais pas aussi si ce texte peut être classé comme poésie libre.

Par contre j'aime beaucoup la fin, elle est très réussie:
"Sans une hésitation je traverse la place irradiée de soleil.
J’éprouve un bonheur total, absolu.
Jamais retrouvé."

Au plaisir de vous relire.

   Anonyme   
29/9/2012
Hummm... voici une rêverie proche des "Je me souviens" de Georges Perec...

Plein de petites perles qui éclatent comme des rires en famille...

Plus elles sont simples et anodines, plus un parfum merveilleux s'en échappe...

C'est bon parfois de lire, sans penser à autre chose que de lire...

Oui Pimpette, c'est bon de fermer les yeux et de respirer un grand coup en regardant derrière soi...

   Tankipass   
3/10/2012
 a aimé ce texte 
Pas ↑
J'ai l'impression de lire une poésie directement traduite de l'allemand. Rien n'est beau dans la forme, les phrases se suivent simplement. La seule poésie qui se dégage de ce texte est dans la nostalgie qu'il rapporte, mais pour moi la poésie est une osmose entre le sens et la forme. Il aurait donc mieux fallu, à mon sens, soit retravailler la forme soit faire une petite nouvelle poétique, à la Colette.
J'ai juste aimé la fin.

   Blacksad   
4/10/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
J'aime le côté nostlagique parfaitement retranscrit, avec notamment cette montée vers cette transgression infime et pour infinie.
J'aime le côté simple qui retranscrit parfaitement les souvenirs enfantins et qui permettent au lecteur de s'identifier, de se retrouver embarqué dans ce voyage en arrière.

J'aime moins certaines tournures qui auraient mérité d'être plus... poétiques (si ça veut dire quelque chose, mais je ne vois pas comment le dire autrement).

J'hésite sur la répition des "je". Est ce une tournure pour renforcer le côté enfantin (qui est souvent très égocentrique finalement) ? En tout cas, ça rend parfois la lecture un peu lourde et répétitive.

En résumé, un effet retour vers le passé et vue enfantine bien rendu mais un manque de "profondeur poétique" et parfois même un peu de lourdeur à mon sens.

   fugace   
13/11/2012
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Flashs-souvenirs d'enfance, petit morceaux d'éternité grapillés sans ordre apparent...
Le "Je" est celui de l'enfance, d'un monde qui n'appartient qu'à lui.
Sans vous suggérer le délayage, vous auriez pu Pimpette en faire une joile nouvelle, aussi fraîche que les algues juste sorties de l'eau.
Il n'en demeure pas moins que c'est un trés beau tableau impressioniste.

   Anonyme   
10/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est pas loin des "je me souviens" et c'est aussi joli à regarder qu'un album photo. Et ce parfum de transgression, quel joli frisson !
Mon préféré jusqu'ici. Jamais retrouvé, mais c'est tant mieux puisqu'il est là, toujours intact.


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