Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie libre
Pluriels1 : Je suis de ce monde
 Publié le 07/01/14  -  3 commentaires  -  2075 caractères  -  107 lectures    Autres textes du même auteur


Je suis de ce monde



Jusqu'à la racine tout de sèves et de vents,
Nourri sous l'écorce sur le roc un arbre
Sur le vide s'agenouille, à demi oiseau
Mais tout entier chêne, appariant son royaume
De branches et de glands aux verts crus d'un lierre.

Je suis de ce monde et ainsi parlent en moi
Le bâton, l'arbre sec et la souche aux cépées,
La sanguinelle rouge et le chant des coqs,
La grive au corsage flammé et la mauve,
Le gris-blanc de l'ormeau et le blanc du lamier.

Les fentes sur les troncs se colorent grenats
D'une noire sève et se glissent entre,
Minces en cohortes, les fines chenilles
Déambulatoires, ondulant filaments
D'une marche aveugle, papillons futurs.

Je suis de ce monde où se glissent, se déversent,
Dans l'alliance du vent, les corpusculaires,
Les pollens, les épis jetés bas en andains,
Le rond pain des graines, l'ambre des résines,
L'avoine en javelles et les meules dressées.

Chouchement assourdi d'une – où ? – chouette,
Sûrement très proche dans ce soir caramel,
Et, brune entre les pieds, une volatile sueur
Nimbe les poussières sur les cailloux
Et la terre colle au cuir mouillé des souliers.

Je suis de ce monde et ainsi lourdes en moi
Sont d'humides futaies là comme charmilles,
Sont pressées de pommes et pressées de vignes,
Sont jacasses noires et blanches, sont coucous
D'avril et sont légers les duvets des chardons.

Maîtres du vent les pins noirs se contorsionnent
Mangeurs de roches et de dunes sableuses,
Les laminaires lient leurs raisins déchirés
Au poids du sable sur la méduse échouée
Et les phares – piments rouges – flashent au loin.

Je suis de ce monde car là se fait l'homme
Comme racine et eau dans la vie de sa chair,
Comme écorce et lichen sur les cals de sa peau,
Comme lac et ruisseau pour les pleurs de ses yeux
Et comme fruit et grain au désir de ses mains.

Je suis de ce monde jusqu'à sa racine.


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
7/1/2014
Ce long texte, foisonnant d'images apparaît paradoxalement comme inachevé.

Tout m'y parle.

Le soir caramel, les pins noirs qui se contorsionnent et les dunes sableuses, les phares piments rouges qui flashent au loin.
Je devrais clamer mon enthousiasme devant ce « chant du monde »
Et pourtant je ressens comme un malaise. Ou plutôt une frustration.

Elle vient de ce que ce texte semble un premier jet.
Comme si l'auteur, enivré par un trop plein de jubilation, n'avait pas pris le temps de le mettre au propre.

Il suffisait pourtant de si peu de chose pour qu'il devint un chef d’œuvre hugolien.

Ce sont des vers libres ! me rétorquera-t-on. A juste titre.

Certes, mais si proches d'une suite d'alexandrins que l'oreille est désemparée.

   Anonyme   
7/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Texte très appréciable. De belles tournures de phrases qui deviennent délices à l'orée de ma bouche. Je suis plus particulièrement séduite par les paragraphes : 2, 4, 6 et 8.
Un tout petit bémol cependant, l'utilisation du verbe "flasher" me gène un peu. Il me semble détonner du décor.

   Chene   
11/1/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pluriels

Ce poème tranche avec ce que j'ai l'habitude de lire de toi.

Là, ce descriptif impressionniste me conduit pas à pas, image après image, strophe après strophe dans ce monde où l'homme a ses racines.

Moi, j'aime bien que soient partagés ces fragments de nature, ces arbres, ces arbustes, ces insectes, cette faune aviaire bigarrée qui font appel aux sens : "sur le vide un arbre s'agenouille", "la sanguinelle rouge et le chant des coqs", "la grive au corsage flammé", "les fines chenilles déambulatoires, ondulant filaments", "les pins noirs [] mangeurs de roches et de dunes sableuses", "les phares - piments rouges -", etc...

Je les reconnais... et partage l'observation que tu en fais et le(s) ressenti(s) qu'ils font naître. Oui je partage volontiers tout cela et en particulier cette dernière strophe où l'homme ne domine rien, mais est bien une pièce, parmi tant d'autres, de ce puzzle naturel.

Et qu'importe la forme choisie pourvu que les mots me parlent et qu'ils résonnent d'autant plus fort que les images sont précises, justes et poétiques.

Merci Pluriels

Chene


Oniris Copyright © 2007-2023