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Poésie libre
Pouet : Cœur équinoxe
 Publié le 05/12/21  -  8 commentaires  -  1588 caractères  -  214 lectures    Autres textes du même auteur


Cœur équinoxe



aux matins erronés nous serons redevables

la fenêtre a ouvert de grands yeux embués
sur ce qui reste d'ombre et d'éclats de jouvence
au pied du pur l'aube a choisi d'assembler
ses dernières nuances en un bouquet d'hiver

nous nous reconnaissons

dans la tendre habitude des gestes murmurés
et le sérieux livide du don imprononçable
dans cette certitude du peu à profusion
la simple conviction de l'instant supposé

dans la véracité de nos inéquations
le diaphane ressac du doute gémellaire
les non-dits griffonnés sur les parois de l'être
l'opaque solitude en miroir penché

dans le pépiement sourd de l'écorce foulée
l'incident achèvement de l'heure funambule
la nidification de nos férocités
le désespoir ténu du souffle en dérobade


quand du refrain de l'âme s'exhalera l'obscur
nous nous abreuverons à la source de l'autre
en une partition de songes inextinguibles

les ailes du couchant effleurent nos existences
luisants de crépuscule il faudra nous sceller
et encore nous traquer en attendant de vivre

parce que nous pouvons tout à ce rien immuable
nous troquerons l'impasse en feuillets d'horizon

seulement pour un jour

de plus

à nous traduire

la fenêtre referme ses paupières d'ébène
sur l'irrésolution du ciel en devenir
un fauteuil de givre se balance à vide
au seuil incandescent de nos mondes intérieurs

nous nous commencerons


 
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   Eskisse   
19/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
La poésie foisonne ici à chaque vers. Le poème qui s'ouvre et se ferme sur la fenêtre, symbole d'intimité, m'est pourtant resté en partie hermétique ( d'où mon moins dans l'évaluation ) . Mais cette balade philosophique interroge notre relation à l'autre, nos intimités, à nos êtres individués. Alors il a fait naître en moi l'histoire d'un couple qui se heurte à la difficulté du "nous" en ce que chacun conserve son irréductible solitude.
Dans cette strophe le lexique de l'obstacle témoigne de cette difficulté à faire alliance :
"dans la véracité de nos inéquations
le diaphane ressac du doute gémellaire
les non-dits griffonnés sur les parois de l'être
l'opaque solitude en miroir penché"
Mais l'emploi du futur semble annoncer un possible espoir :
"nous troquerons l'impasse en feuillets d'horizon"
L'antithèse finale " givre/ incandescence" marque aussi cette irréductibilité.
Un poème-crépuscule mélancolique.

   Donaldo75   
27/11/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J’ai bien aimé ce poème dans lequel j’ai trouvé la puissance de la forme libre, que ce soit dans les images qu’elle permet comme dans le raisonnement qu’elle expose de manière subtile. Certes, parfois j’ai été forcé de me tordre les neurones pour débrouiller le sens et peut-être suis-je à côté de la plaque mais qu’importe le texte m’a emmené ailleurs et c’est ce qui m’intéresse au premier chef. Il ne semble pas me parler directement pourtant j’ai eu l’impression d’entendre une voix intérieure lors de ma lecture, comme si le poète s’adressait à une audience dont je faisais partie, bien sagement assis sur mon siège. Le découpage amplifie cette impression et c’est là aussi tant mieux car la poésie c’est également une hache qui selon Franz Kafka brise la mer gelée en nous.

   Cyrill   
5/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Équinoxe comme égaux, comme jumeaux. C’est ce que je lis au long de ce poème où l’auteur semble chercher la reconnaissance comme en miroir brisé de l’autre, en quelque sorte la gémellité.
Cependant cette quête semble ardue. L’instant est supposé par conviction (la simple conviction de l'instant supposé), la profusion est celle du peu (dans cette certitude du peu à profusion) : les oxymores sont à foison, je ne les cite pas tous, et disent le doute et l’incertitude.
Vivre ne semble possible que dans la recherche de ce double insaisissable et pourtant, paradoxalement, la rencontre paraît mener à l’impasse.
Il me semble toutefois qu’on s’achemine, avec « parce que nous pouvons tout »vers une bonne petite dose d’espoir, sans perdre une once de mélancolie malgré tout. Il m’a fallu une autre lecture pour repérer ça, tant j’étais parti cette atmosphère de désespérance.
J’ai aimé inconditionnellement ce poème qui a l’air de se chercher une direction au début pour trouver ensuite ce qu’il a à signifier, sans pour autant conclure à une solution :
« la fenêtre referme ses paupières d'ébène
sur l'irrésolution du ciel en devenir . »
Une rencontre, c’est l’affaire de toute une vie à trébucher.
À la fois perturbant et si éloquent, il plonge dans le profond de l’être, et plus précisément de l’impossibilité d’être.
Je salue cette superbe écriture et cet imaginaire grandiose.
édit : merci Pouet !

   Myo   
5/12/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
La quête du Graal pour chacun d'entre nous que cet espoir de croiser un jour la route d'un être qui nous comprenne mieux que nous même et nous permette de vivre cette intimité qui nous anime. À moins que ce ne soit une rencontre avec soi-même...

Après une vie à s'apprendre, à s'apprivoiser, à chercher la femme ou l'homme que nous sommes au plus secret de nos désirs, " la fenêtre a ouvert de grands yeux embués"
Mais tout reste " supposé", "imprononçable", "doute", "inextinguible"
et pourtant nous "traquerons l'impasse en feuillet d'horizons" et nous oserons l'avenir.

Une poésie intime où chacun y puise sa source.
Je n'en sors pas indemne...

   Marite   
6/12/2021
 a aimé ce texte 
Un peu
De la difficulté à "entrer" dans l'atmosphère exprimée. Il m'a fallu faire un trop grand effort pour décrypter le ressenti véhiculé par certaines expressions :
" au pied du pur ... le pépiement sourd de l'écorce foulée ... l'incident achèvement ... "
Le maximum de ce qui m'a fait perdre le fil poétique étant ces deux vers :
" dans la véracité de nos inéquations
le diaphane ressac du doute gémellaire"
La magie de la poésie n'a pas fonctionné pour moi cette fois mais c'est sans doute que quelque chose a échappé à ma perception.

   Vincente   
6/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le titre est fort, l'on ne le sait pas encore mais l'on peut déjà deviner le moment de bascule que le cœur (notre vie sur terre, on le comprendra ensuite) est entrain de subir. Les grandes marées, grands vents et houle énorme, sont à craindre. Qu'en sera-t-il ?
Bien bien au-delà du lendemain qui déchante, l'homme n'aurait pas dit son dernier mot, puisque comme le poème le pense, l'homme-nous, "nous nous commencerons". Il y a lieu de faire le chemin inverse dans ce texte, car dans sa coulée initiale, l'on est bousculé, perturbé, agressé par une expression et des images rudes, chagrines, peu amènes ; car force est de constater, le parcours de notre civilisation mène dans une telle impasse "qu'aux matins erronés nous serons redevables". "Les dernières nuances en un bouquet d'hiver", notre avenir (hiver) avec (ses restes comme "nuances" des "éclats de jouvence") en déliquescence parviendront-elles à se relever de la très mauvaise passe qui s'engage ; que nous engageons par "la tendre habitude de [nos] gestes murmurés".

Peu de concessions sont faites à la prégnante dérive environnementale, avec toutes ses incidences géopolitiques, dont certaines impactent l'esprit d'injonctions métaphysiques. Le texte ne se défile pas, il fait face à cela. Mais il fera même plus car il parvient à imaginer que "nos troquerons l'impasse en feuillets d'horizon". Il nous croit même capables si ce n'est de nous en préserver, du moins d'en tirer leçon et meilleurs devenir : "parce que nous pouvons tout à ce rien immuable". Gageons qu'il y a plus à gagner qu'une simple croyance en un renouvellement paradigmatique, il y a un mode de vie à requalifier, à ré-établir, à réenchanter, la "croyance" ne sera pas suffisante mais elle portera l'inflexion, la souvenance de ce qu'il faut éviter et la persuasion que l'on ne cherchera pas une survivance-échappatoire, mais un équilibre vital. Ce ne serait d'après ce poème une "naissance" plus qu'une renaissance, non un recommencement qui nous mènerait à la même impasse, mais un nouveau projet, vierge ("au pied du pur" que nous avions sacrifié), un "commencement".

Ce poème croit fort à son propos, le verbe y est assuré, incisif, convaincu. Sa construction se laisse percevoir de bonne volonté ; chaque vers isolé marquant une étape (l'état des lieux – les mauvaises "habitudes", le tourment révélateur – le salut par la reprise de conscience individuelle dans un mode nouveau).

J'ai trouvé très convaincante l'idée aussi bien dans son constat que dans son utopie. La structure "fonctionne" sans conteste à mon sens, la pertinence est certaine.
Si j'avais une petite réserve, ce serait sur la richesse du style, dans ses imbrications diverses assez foisonnantes, qui sature l'énonciation au détriment de l'aisance de la déclaration du message. Certes la problématique évoquée est complexe mais en y surajoutant une formulation si généreuse poétiquement et stylistiquement, elle n'en sera pas mieux élucidée.

Mon passage préféré :

" nous nous reconnaissons

dans la tendre habitude des gestes murmurés
et le sérieux livide du don imprononçable
dans cette certitude du peu à profusion
la simple conviction de l'instant supposé

dans la véracité de nos inéquations
le diaphane ressac du doute gémellaire
les non-dits griffonnés sur les parois de l'être
l'opaque solitude en miroir penché
"

Peut-être que la strophe suivante n'est pas indispensable, donc dispensable, elle alimente le propos sans apport vraiment singulier ; alors vu la complétude du reste, peut-être que sans elle, le tout augmenterait sa percussion.

Dans le final, je me demande comment la belle image assez déconcertante du "fauteuil de givre" qui "se balance à vide / au seuil incandescent de nos mondes intérieurs" fait-il pour ne pas fondre de nous, limitant en cela son rôle de fondement/fondation (siège, assise de nos pensées) ?... où du coup l'espérance suggérée serait plutôt contrariée, mais peut-être suis-je un peu terre à terre ?

Mais l'ensemble à l'écriture assurée ne manque ni d'attrait ni de passion.

   Keanu   
6/12/2021
Bonjour Pouet !

J'ai trouvé l'écriture trop grandiloquente et le propos trop abstrus.
Certains passages me semblent vraiment chargés, notamment en adjectifs, a fortiori lorsque le parallélisme de ces derniers stéréotype le rythme de l'alexandrin ("dans la tendre habitude des gestes murmurés/et le sérieux livide du don imprononçable" ; "la simple conviction de l'instant supposé" ; "le diaphane ressac du doute gémellaire" ; "dans le pépiement sourd de l'écorce foulée/l'incident achèvement de l'heure funambule" ; "au seuil incandescent de nos mondes intérieurs"...).
D'autres formules paraissent à mes yeux à la fois sibyllines, pompeuses et convenues ("au pied du pur", "la véracité de nos inéquations", "les parois de l'être", "l'opaque solitude", "le refrain de l'âme", "la source de l'autre", "partition de songes inextinguibles", "ce rien immuable", "feuillets d'horizon", etc.).
A vrai dire, le lexique à lui seul me semble souvent poético-poétique et hors sol, généralisant ("jouvance", "l'aube", "l'être", le "désespoir", "l'âme", le "couchant", le "crépuscule", "nos existences", "l'horizon", "paupières d'ébène", etc.).
Je préfère les poèmes dont le lyrisme est maîtrisé ou dont l'afféterie est au service de la densité du propos. Là, pour moi, c'est à la fois trop creux et trop fleuri, je trouve la langue guindée, faussement spirituelle, à tel point que je n'en retiens pas grand-chose... J'aime mieux ces deux vers, "la fenêtre a ouvert de grands yeux embués" et "dans la tendre habitude des gestes murmurés", que je trouve plus concrets, plus authentiques.
Bien évidemment, il ne s'agit là que de mon goût !

Merci beaucoup pour cette lecture.

   papipoete   
7/12/2021
bonjour Pouet
J'aime bien vous lire habituellement, aussi viens-je sous vos fenêtres, faire quelques pas attiré par ces " grands yeux embués " ; mais comme dessiné par des doigts d'enfants, je lis ce mot qui semble me dire " passe ton chemin papipoète, ce serait trop long à t'expliquer ! "
En effet, j'hésite et ne m'arrête pas ; mais me doute que ce texte est très profond, à voir s'étaler dessous les compliments de " grands de la maison ", mais j'attendrai la parution prochaine, où je voyagerai peut-être tout à mon aise ?


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