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Poésie libre
Pouet : Faux-self
 Publié le 03/11/25  -  13 commentaires  -  883 caractères  -  295 lectures    Autres textes du même auteur


Faux-self



En dehors de l'instant
de l'autre
de lui-même

Et la peur de la vie
et la peur de la mort

Pauvre
frêle petit être
aux contours insipides
aux contrées intérieures aussi vaines qu'infinies

La lucidité coule sur des masques de cire
quand le monde se traîne dans ces rues d'imposture

Parce qu'on se reproduit avant de procréer
parce qu'on a peur de soi et qu'aimer fait pleurer

Avenir de braise et présent de papier
qu'on brûle sans regarder
pour ne pas s'initier
puis nettoyer la cendre

N'être que de passé
en délaisser jusqu'à
nos soleils couchés

Nos cœurs combattant
battant à l'ébréché

Se croire et puis se perdre
se voir
s'oublier

S'effacer d'un tableau dont on sait les couleurs


 
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   Ascar   
18/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Ce texte est limpide comme une eau descendue des montagnes chargée de la poésie des neiges éternelles.
Je ne vais pas vous dire ce que j'ai aimé car ce serait trop long et donc, pour faire court, vous citer ces seuls vers que j'ai trouvés moins percutants car plus convenus :

"en délaisser jusqu'à
nos soleils couchés"

Le titre est curieux. J'aurais préféré "Faux-semblant"

Bravo pour ce bel écrit

   Lapsus   
21/10/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
A petites touches, ce texte peint ou dépeint le mal vivre et le jeu de faux semblants que l'on s'impose à soi même. Jusqu'au renoncement.
Des mots tout en délicatesse.

   Cyrill   
3/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Le poème prend littéralement à la gorge. Le titre n’y va pas par quatre chemins, reprenant une terminologie de Donald Winnicott pour désigner un masque social ayant fonction de dissimulation et protection. Entre mal-être et lucidité exacerbée, le locuteur y va parfois brut de décoffrage. Ça ne me laisse pas indifférent (et c’est un euphémisme plaqué sur mon propre masque).

« Et la peur de la vie
et la peur de la mort »,

« Parce qu'on se reproduit avant de procréer
parce qu'on à peur de soi et qu'aimer fait pleurer »  :

Deux exemples de ce brut sans concession, tempérés par des images plus floutées, une sorte de recul métaphorique, empreint de musicalité et malgré tout bien sombre :
« Avenir de braise et présent de papier »,

« Nos cœurs combattant
battant à l'ébréché »

Lecteurs inclus dans ce constat d’échec à leurs corps défendant !

édit : En somme, c’est l’envers du selfie que tu nous montres là, l’ami Pouet !

   Donaldo75   
26/10/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème en forme libre qui se déguste sans se poser de questions sur le pourquoi du comment et la génèse du Camembert.

C'est du brut, comme diraient les tontons flingueurs.

"En dehors de l'instant
de l'autre
de lui-même"

Boudiou, j'ai compris le titre du coup !
Nul besoin d'exergue, dirais-je. Je me suis allé à la lecture et j'ai ressenti. La poésie. Le son des métaphores (métaphore, métaphore, est-ce que j'ai une tête de métaphore ?).

Bravo !

   papipoete   
3/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
bonjour Pouet
Du premier coup d'oeil, on reconnait cette écriture, alors que notre auteur depuis quelque temps, revient dans l'onirienne aventure.
Faut-il avoir envie de vivre, et même donner la vie, quand on sait combien elle est fragile ?
- certes, les matins sont gris ; avec quelques rayons et même couchers de Soleil, sous nos contrées.
- mais ailleurs, là où ne règne que nuit et brouillard !
- dans notre France, on peut encore avoir des rêves, de l'espoir...
NB quand tout n'est que misère, désillusion, peur de tout à l'heure, ( demain n'existe plus ) quand
" avenir est de braise, et présent de papier... " ce passage est mon préféré,
je comprend qu'on songe plus à se reproduire, sans vouloir faire l'enfant à sa meilleure image.
Comme je le dis à d'autre,
c'est du Pouet ( depuis le temps ! ) et papipoète, ne cherche pas trop !

   Provencao   
3/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
Bonjour Pouet,

"Avenir de braise et présent de papier
qu'on brûle sans regarder
pour ne pas s'initier
puis nettoyer la cendre"

Mon passage préféré où j'écrirai qu'il convient par principe aux faux semblants d’être intimement inapparents au moment même où ils sont présents, si bien qu ‘on ne les découvre qu’au passé...

Belle présence des faux semblants en votre poésie.

Au plaisir de vous lire,
Cordialement

   ANIMAL   
3/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Un poème qui se ressent du bout des doigts, qui se vit avec le coeur.
Lecture prenante d'un bout à l'autre sans reprendre son souffle, amalgame de mots qui parlent à l'âme.

Je ne saurai citer mes vers favoris, car chacun prend son sens au contact des autres. Ils coulent et se heurtent, glissant jusqu'à l'ultime conclusion.

Poème libre... libre de vivre ou de mourir.

Bravo.

   Vincente   
4/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Étonnant comme dans ce texte j’ai senti une sorte de fraîcheur d’écriture, une sorte de profonde sincérité de pensée qui se révèle dans la pureté d’une écriture limpide, si simple d’apparence avec ses requêtes toutes claires, parlant à cœur ouvert sans la crainte d’être incompris ou désavoué.
Ce poème parvient à dire l’essentiel pour ce narrateur au pied du mur de lui-même. Oui, étonnant de s’engager dans ce fondement sans requérir des formules complexifiées de facto par la profondeur qu’envisage le propos.

J’ai trouvé lumineux ces passages qui éclairent le sujet :

« Parce qu’on se reproduit avant de procréer
Parce qu’on a peur de soi et qu’aimer fait pleurer
»

« Avenir de braise et présent de papier
qu'on brûle sans regarder
pour ne pas s'initier
puis nettoyer la cendre
»

« Se croire et puis se perdre
se voir
s'oublier

S'effacer d'un tableau dont on sait les couleurs
»

Le titre en trompe-l’œil m’a tout d’abord rebuté, un peu sec et au sens ambivalent, disons un sens où chacun peut y mettre ce qu’il veut. Pour autant, bien que premier chronologiquement pour le lecteur, il s’avère vraiment secondaire, voire antinomique du regard porté; d’ailleurs il m’apparaît plus comme une expression de fin que de début, une sorte de point résumant, mais si réducteur qu’il a vocation à se faire oublier. Oublions-le et gardons tout le reste comme une des meilleures productions de l’auteur. Un poème de maturité.

Edit :
Je reviens sur ce poème dont hier je ressentais avec étonnement « une sorte de fraîcheur ». J’en suis encore étonné ce matin, car cette sensation est bien paradoxale vu que le sujet porte plutôt à se navrer de la réalité psychique du personnage. Et pourtant, je confirme que l’écriture m’a offert par sa simplicité une force d’évocation qui a su se départir des arguties et filtres poétiques auxquels bien souvent les formes d’expression de ce registre peinent à se soustraire, ou à se fondre dans l’énonciation.
Il m’a semblé là que le poème avait été écrit par une main purement émotive, livrant ses évidences sans volonté de paraître, sans prétention, avec fraîcheur donc.

   RaMor   
4/11/2025
trouve l'écriture
très perfectible
et
aime un peu
*Faux-self* cherche la vérité de l’être, mais vous la dites sans véritable souffle poétique. Votre texte enchaîne des constats lucides, parfois percutants, mais trop rationnels pour m'émouvoir. L’absence de musicalité, de rime interne ou de variation rythmique donne à l’ensemble un ton uniforme, presque sec. Les images, souvent convenues — « la peur de la vie et la peur de la mort », « avenir de braise et présent de papier » — manquent de fraîcheur et affaiblissent la portée de votre propos. On sent chez vous une volonté sincère de creuser la faille entre le soi et son masque, mais la forme reste trop sage pour traduire ce vertige. Un poème intelligent, mais sans chair, qui dit la fracture sans la faire ressentir.

   A2L9   
6/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
En dehors, il n'y a rien, quelques explosions peut-être et une musique à répétition, une boisson pétillante avec dans l'un de ses bulles ce petit être qui s'invente un monde, ne rien savoir sur presque tout et tout savoir sur presque rien.

Un poème tout en politesse qui prend la mesure par ce petit être si frêle de la petitesse de notre vie.

   MRAM   
12/11/2025
trouve l'écriture
aboutie
et
aime bien
J’apprécie d’une certaine manière les vers qui se cassent et se répondent parfois l’un à l’autre. Cela donne une bonne structure au poème.
On a l’impression que vous vous retenez de parler mais cette forme de retenue ne fait que bonifier le poème.

Sa construction donne ainsi l’impression d’une pensée décousue mais lucide à la fois.

   Eskisse   
14/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime bien
Bonjour Pouet,

Un poème-infinitif qui ne conjugue pas l'être ( ou alors avec un "on" impersonnel) tant celui-ci est diminué. Ou un "nos" qui nous inclut dans cette humanité souffrante.

Un poème qui se démarque des autres poèmes de l'auteur en ce qu'il a même restreint le nombre de métaphores. Plus réflexif. Qui balance entre attendrissement pour l'humain et jugement.

Tout fane, disparaît, la vie s'amenuise : "brûle" , " délaisser nos soleils couchés" , " s'oublier" , " s'effacer".

Et les "couleurs", rien n'en est dit. C'est qu'il est évident qu'elles aussi ont fané.

   Louis   
18/11/2025
trouve l'écriture
très aboutie
et
aime beaucoup
Que sommes-nous, nous qui cherchons anxieusement à savoir qui nous sommes ?
Nous qui cherchons l’identité d’un soi-même ?

Le poème offre cette réponse :

pauvre
frêle petit être

Un "être" donc et trois qualificatifs : « pauvre », « frêle », « petit », qui ne caractérisent pas un individu singulier, celui du locuteur, mais la condition humaine en général, puisque le texte fera usage du « on » et du « nous ».
« Pauvre » est mis en avant, il s’entend au sens de « misérable », tel que B. Pascal employait ce terme.
En ce sens, il enveloppe déjà les idées de fragilité et de bassesse regroupés dans le 2ème vers.

En quoi sommes-nous "misérables" ?
Le premier vers déjà l’indique :

en dehors de l’instant

Le poème rejoint encore la pensée de Pascal, qui affirmait : « Nous ne nous tenons jamais au temps présent ». Ce temps présent est rendu dans le poème, non par la durée, mais par « l’instant ». Ainsi errons-nous en d’autres temps, anticipant l’avenir ou rappelant le passé, toujours dans l’espérance ou la nostalgie. Cette impuissance à s’arrimer au présent, seul temps réel, est alors la marque de notre "misère".
« C’est que le présent d’ordinaire nous blesse » : écrivait Pascal. Nous le fuyons donc en des temps imaginaires. Il nous blesse, il nous afflige, parce que nous ne trouvons pas en lui une satisfaction, un bonheur, un accord entre nos désirs et le réel.
La misère tient alors essentiellement dans une impuissance, une inadéquation entre ce que nous désirons et ce que nous pouvons. Cette inadéquation est conçue comme un manque, une indigence, qui nous livre à un écart irrémédiable entre nos désirs ou notre volonté et la fin poursuivie.

Le prédicat « pauvre » enveloppe donc, dans le poème, le qualificatif « frêle ».
Il enveloppe une faiblesse, une fragilité humaine :
d’une part dans la disproportion qui caractérise l’humain : ses forces ne sont pas proportionnées à la fin désirée, à son bien souverain, à son bonheur. Ainsi, est-il toujours en quête d’un impossible.
Qui ne se souvient aussi de l’image du "roseau" ? « L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature… ». Si vulnérable, à tout ce qui peut l’affecter.
Il enveloppe encore une petitesse : non, l’homme n’est pas à l’image d’un dieu.

L’être humain ne sait pas où se trouve son "lieu" : il ne semble pas avoir de lieu à soi, se tient ‘hors de… », toujours dans une extériorité.
S’il ne s’arrime pas à l’instant, il ne se loge pas non plus dans « l’autre » évoqué dans le deuxième vers. L’autre au sens de "autrui".
Il n’est capable ni d’une véritable empathie ni même d’une authentique sympathie. Il ne lui est pas possible de se mettre dans la "peau de l’autre". Solitaire toujours, bien qu’il ne soit pas isolé.
Ainsi ne trouve-t-il son "lieu" ni dans l’autre ni en lui-même. Et, puisque le temps constitue l’étoffe de son "être", sa position hors de l’instant coïncide avec une posture hors de lui-même, puisque le "moi" n’a d’ancrage dans le réel qu’au présent, où il peut exister en exerçant quelque pouvoir, d’agir et de penser.
Ni dans soi, ni dans l’autre : singulière position qui serait la nôtre.
Nous sommes un petit être du dehors, un être hors-de-soi ( non au sens, bien sûr, de l’homme en colère) ; un être des « lointains », pour reprendre et détourner le terme d’un philosophe ( Heidegger).
Un être sans intériorité, que d’autres comme Sartre ont théorisé : l’homme est un être « ouvert » sans fermeture sur soi.
Un être donc sans présence à soi.

Présence remédiable ?
Encore faudrait-il qu’il y ait un « soi-même ». Par un « même » qui fonde une identité, stable, invariable, permanente et nettement constituée.
Or le frêle individu que nous sommes, est l’être : « aux contrées intérieures aussi vaines qu’infinies ».
"Pauvres" hommes, nous possédons une richesse intérieure "infinie", mais elle se dissout dans cette infinité, s’évapore en elle, d’où le qualificatif de « vaine ».
D’où encore ses « contours insipides », c’est-à-dire des pourtours flous, vagues, sans forme assurée, sans rien qui en ressort, qui ne constituent qu’une vide platitude, une inconsistance.
Pas de "soi-même" donc, existant aux contours bien dessinés.
Pas d’autre "moi", pour le dire plus poétiquement avec Mallarmé, que celui « qui ne se gonfle d’autre chose sinon de la vacance exquise de soi… »

Si, d’une part, nous sommes des êtres du dehors, nous sommes aussi, par ailleurs, des êtres dominés par la peur : « peur de vivre, peur de mourir ».
L’externalité et la crainte nous caractérisent. Sans préciser s’il s’agit de marques indépassables de notre nature, ou de positions provisoires surmontables.

La suite du poème ne retrouve pas, comme il pourrait sembler, la traditionnelle opposition chez l’homme entre son être et son paraître.
Il ne dénonce pas une fois de plus leur divorce.
On lit, en effet, que :

la lucidité coule sur des masques de cire

Sur ces masques que nous avons adoptés, la lucidité « coule », ruisselle, elle ne s’y maintient pas.
Figés dans la cire comme en une essence éternelle, nous portons des masques qui dissimulent notre vacuité. Ils hypostasient juste un moment passager.
La clairvoyance ainsi s’écoule sur cet état figé, elle fuit ce qu’elle sait être un mensonge.
Elle fuit tout autant l’imposture de l’apparence sociale :

quand le monde se traîne dans ces rues d’imposture.

Cette lucidité le sait bien, que nous nous identifions à des rôles sociaux.
La clairvoyance sait qu’il n’y a pas d’être, que nous sommes un néant qui essaie de se donner l’être.
Elle sait que les masques ne dissimulent que du vide.
L’inspiration reste voisine encore de celle de Pascal, pour qui l’homme, lorsqu’il est un roi sans "divertissement", sent bien, et lucidement : « son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide. »

S’il y a illusion d’une "identité", c’est que l’on :

se reproduit avant de procréer

Dans ce jeu du "même", il ne revient pas au même de "se reproduire" et de "procréer", les deux verbes, bien que synonymes, sont ici distingués.
On répète son apparence, on la bégaie, dans une figure de cire ou dans un rôle sans cesse repris sur la scène de la représentation sociale, avant d’enfanter un autre, dont on espère qu’il sera à la fois et même et autre.
Par « peur de soi », on se donne une apparence d’un être durable et prévisible, et alors « aimer fait pleurer » car sait-on qui l’on aime derrière une apparence ? et, puisque l’on aime malgré tout, c’est en dépit de cette finitude qui est nôtre, et l’on aime ce qui est destiné à disparaître.
« On n’aime donc jamais personne, mais seulement des qualités » : concluait Pascal. On n’aime pas un moi substantiel, un soi-même invariable et insaisissable, mais des qualités de la personne, changeantes et périssables.

Le texte revient sur notre rapport au futur et au passé, ces temps imaginaires qui ne sont pas « nôtres » :

avenir de braise et présent de papier

On aspire à un avenir "flamboyant", mais il faut lui sacrifier le présent, et le "brûler" sur l’autel de l’avenir.
L’homme est un "flambeur" un peu particulier :
le présent est un papier « qu’on brûle sans regarder ». On ne veut pas le voir. Trop dur, trop décevant. Acceptable seulement dans la condition de préparer un avenir hypothétique.
Le présent est ce quotidien que l’on ne veut pas lire, en lequel on ne veut pas « s’initier » en s’informant sur soi-même.
Le présent est ce "papel" comme disent les espagnols, à la fois papier et rôle ou texte d’un personnage. On se limite à jouer un personnage, on ferme les yeux sur l’ inanité de l’ acteur.

Un privilège serait accordé à l’avenir, semble-t-il, sur le passé, dans un refus des regrets et de la nostalgie, qui ne sont que tristesse.
Ainsi cherchons nous à :

n’être que de passé

Et "naître" et renaître du passé, dans un avenir incertain. N’être que sur le mode du n’être plus.
Non pas en s’appuyant sur le passé, mais en l’abandonnant

en délaisser jusqu’à
nos soleils couchés

Ces « soleils » idéaux qui nous avaient, pour un temps, éclairés, avant ce crépuscule de nos idoles.

Nous sommes pris encore dans un balancement entre :

se croire et puis se perdre
Se voir
S’oublier

Comme dans cette vieille chanson de J. Dutronc : « Et moi, et moi, et moi. J’y pense et puis j’oublie. C’est la vie »
Nous sommes dans ces intermittences, non du cœur, mais de l’ombre et de la lumière sur soi, de la conscience mnésique et de l’oubli.

Le poème se conclut sur un évènement à l’infinitif :

s’effacer d’un tableau dont on sait les couleurs

Ce tableau pourrait bien être une représentation de soi, dans une perspective d’introspection. S’effacer, c’est en ôter le sujet, ce moi souverain, triste roi sans "divertissement", et ne plus tenter de saisir ce fantôme d’un soi-même à l’unité stable et invariable. C’est ôter toute forme et tout contour à cette peinture de soi, et ne laisser subsister que des couleurs dans une façon impressionniste et non figurative, avec ces tons, ces teintes, variables avec la lumière, tout le chromatisme de notre vie, où s’éprouvent des "qualités", variables, des états seulement psychologiques ou somatiques.

Tout portrait d’un « self » serait un « faux », non un faux portrait, mais un « faux-self », nécessairement inauthentique, nécessairement sans vérité.

Merci Pouet, pour cette poésie à ressentir et à comprendre ; à ressentir pour mieux comprendre la finesse et la profondeur de ses intuitions ; à tenter d’en saisir le sens pour en éprouver plus et mieux l’émotion qui en émane.


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