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Poésie en prose
Pouet : Sous-bois
 Publié le 17/01/21  -  13 commentaires  -  912 caractères  -  331 lectures    Autres textes du même auteur


Sous-bois



Dans la forêt de nos égarements j'ai fendu le silence à la hache, effrité la parole entre mes doigts d'écorce.
Ta main en un murmure ; nous nous tenions encore, juste par le bout du souffle…

Une symphonie muette tissait l'écho des mousses, un sentiment assoupi sur une pierre plate berçait l'ombre touffue, sous le feuillage du crépuscule un vent hirsute griffait l'orée de l'être, les nuages se laissaient pousser des rêves dans la barbe, quelques troncs claudiquaient sur leurs racines humides : la sève de la fuite séchait sur l'horizon.

Au creux du souvenir, un rouge-gorge faisait son nid avec les brindilles du cœur.

Des cailloux avaient semé un chemin tendre, ton regard titubait – deux grains de sable ivres sur la piste de l'âme.

Nos empreintes de pas étaient loin devant nous.


J'ai fixé mes pieds par peur de tomber sur le ciel.


 
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   fugace   
9/1/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai rarement vu une poésie en prose aussi courte , aussi forte, pleine d'images somptueuses: "un sentiment assoupi sur une pierre plate", "les nuages se laissaient pousser des rêves dans la barbe", "un rouge-gorge faisait son nid avec les brindilles du coeur", "j'ai fixé mes pieds par peur de tomber sur le ciel"...
Il faudrait tout citer!
Cette promenade en sous bois est un merveilleux ressourcement où l'on trouve tout au long l'émerveillement, la redécouverte, le regard neuf de l'enfance.
Superbe partage dont je vous remercie.

   Myndie   
17/1/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ma parole, c'est Rimbaud revisité!
Quel texte époustouflant!
Comme il a été dit, il est bref. Mais quel condensé de poésie!
Comme un songe éveillé, il dispense la poésie d'instants d'émerveillement, de bonheur fragile et rare, de communion intense avec la Nature.
Que dire d'autre? Il faudrait tout relever, la beauté et l'émotion sont partout.
allez, mes préférés :
"sous le feuillage du crépuscule un vent hirsute griffait l'orée de l'être, les nuages se laissaient pousser des rêves dans la barbe"

Moi, ce souffle qui exalte et ce feu qui embrase, c'est tout ce qui m'emporte et me fait vibrer.
J'adore!

Merci Pouet.

   papipoete   
17/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Pouet
penché sur le rebord du ciel, je nous voyais promener main dans la main, et mettre des noms sur des bruits, habiller le vent qui faisait voler tes cheveux, et suivions pas à pas ce chemin que des cailloux avaient tracé pour nous...
NB j'interprète ces jolies phrases à ma façon, et rêve d'écrire comme Vous...je me vois au-delà de là-haut avec qui je connus des errements, des égarements sans jamais me perdre...puisque tu tenais ma main !
Prose, vous avez dit prose ?
- oui, mais façon si poétique !

   Davide   
17/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

Viens, je t'emmène... là-bas, tout n'est que désordre et beauté.

Cette forêt, ce sous-bois, c'est un trou de verdure où chante une rivière, un écrin magique, un pays des merveilles, un lieu de résurgences, imaginaire et sur-naturel, où refleurissent les rêves d'enfants, tous les rêves égarés, ceux que la vie trop réelle nous a insidieusement dévorés.

"Ta main en un murmure ; nous nous tenions encore, juste par le bout du souffle…"
Quel beau passage ! Ici, dans ce poème au pouvoir transformateur, l'égarement devient saisissement...

La splendeur de ce qui s'offre aux amoureux (j'imagine un couple, mais ce peut être un autre type de relation) transcende tout - les mots, les idées, les souvenirs - et inscrit l'éternité de leur lien/amour sur une route pavée de mystères et d'émerveillements, une route vertigineuse, comme l'atteste ce bien beau vers de clôture (un vers de clôture qui n'enceint que la poésie, et rien d'autre) :

"J'ai fixé mes pieds par peur de tomber sur le ciel."
Ce vers me fait d'ailleurs penser au film d'animation "Patema et le monde inversé", j'aime son surréalisme et son ampleur expressive, appuyés par le double-sens du mot "fixé" : regardé fixement ou cloué au sol. Génial !

S'égarer pour se trouver... la poésie empreint les rêves dans l'écorce des mots, dans les cernes sans âge de l'arbre de vie. L'amour est poésie. C'est beau, simple et touchant.

Pour l'appréciation, j'hésite vraiment, je mets "bien", mais je me trouve un peu bas. Je reviendrai lire.

EDIT : En relisant, je me suis surpris à lire l'avant-dernier vers ainsi (ce qui confère au poème, et à sa "conclusion", une envergure poétique très accordée au propos, je trouve, référence à l'imaginaire et à la fécondité de la terre intérieure...) :

"Nos empreintes de pas étaient loin dedans nous."

Je laisse mon appréciation en l'état... même si j'ai pas mal hésité avec celle immédiatement supérieure. Il m'a sans doute manqué ce petit "truc" en plus qui fait la différence ;)

   hersen   
17/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
C'est un très beau poème, rien que des choses simples qui élaborent cette mousse touffue. Une retenue finale qui donne un très bel écho.

je n'ai qu'un petit poil de regret : pourquoi pas au présent ? j'en trouverais l'impact renforcé.

Mais bon, je pinaille.

   framato   
18/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Hello Pouet,

Alors dis-moi, tu ne m'en voudras pas si je te dis sincèrement ce que je pense ? (ben non, je sais que non, me répondit-il, un peu angoissé).

Bon ben, j'aime bien !

- Mais ?

- Ben oui j'ai un petit mais, répondit Fram.

- Quel mais ?

-Ben tu sais, les machins un peu artificiels, un peu attendus, bien que super, venant de toi c'est fort attendu, tu vois ?

- Explique, rontidju !

- Ok, je me lance ! :
Fendu le silence à la hache => doigts d'écorce : tu exabuses!
Se tenir par le doigt du souffle : tu as déjà été plus inspiré !

Symphonie muette : l’oxymore facile, tu peux mieux.
(par contre l'écho des mousses est génial. La tu tiens quelque-chose qui est à la fois surprenant et naturel. Par contre le vent hirsute juste après me semble trop évident). Se laisser pousser des rêves dans la barbe, oui bon c'est un poil procédé , donc c'est de nouveau un peu artificiel (tu sais juste quand tu détourne une idée, sans être surréaliste, un peu l'école de Prévert). Alors pour le rouge-gorge et l'image des brindilles du cœur, il va falloir revoir ton éthologie... Car le rouge-gorge élimine sauvagement tout rival (combat le plus souvent à mort) donc les brindilles me semblent un peu légère dans le contexte (sourire). Ton regard titubait (on retombe dans l'artifice, habile, mais tellement amené par le chemin...).

Par contre, nos empreintes tellement devant nous, ça c'est super super bon. Et ce dernier vers somptueux. !!!

Bon au final, malgré les artifices, tu as pondu un texte qui tient vraiment la route, sans éviter de parfois nous prendre un peu trop par la main ou encore de petites facilités. Mais l'impression générale reste : un sacré bon texte.

   Cristale   
17/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai cru un instant voir flotter un ange en robe de mousseline au-dessus de ces lignes d'une grande préciosité, dans le joli sens du terme, cela s'entend.

Cette façon de personnaliser les choses me subjugue.
Chacun sait-il l'ivresse des grains de sable, le feuillage du crépuscule, l'écho de la mousse... ? mais non, nul ne le savait avant de lire les "sous-bois" de sieur Pouet, moi la première.

Ce soir, j'essaierai de "fendre le silence à la hache", couvre-feu oblige.
C'est super ce que vous écrivez, j'en ai les yeux perclus d'étoiles en robes de nuit.

Bravo et merci Pouet.
Cristale

   ferrandeix   
18/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte qui volontairement ne recherche pas une signification au premier degré rigoureuse, mais recherche l'effet poétique induit par des images vagues. On peut utiliser peut-être le terme de "signification floutée". On est emporté dans le rêve sans trop savoir où l'on va, Et finalement est-il nécessaire d'aller quelque part? Le poème en prose se termine de manière un peu hermétique, mais l'ancrage dans le signifiant me paraît suffisamment établi précédemment pour que cela puisse passer très bien. Un texte entièrement hermétique aurait été au contraire rapidement ennuyeux, me semble-t-il. Donc, un bon équilibre.

Sur le plan euphonique, j'émettrais tout de même quelques critiques, c'est néanmoins circonscrit et pas spécifique à ce texte:

Problème général des virgules au niveau d'une élision (hache, effrité). Si le lecteur respecte la virgule comme arrêt temporel, cela crée une cassure inappropriée dans la phrase comme je l'explique dans la théorie euphonique. Pas de solution c'est vrai, dans le cadre d'une ponctuation traditionnelle. La solution est que le lecteur remplace l'arrêt temporel par un marquage d'accent tonique, mais le fera-t-il?

mousses, un : en ce cas, pas de solution au problème non plus

muette tissait (te ti)

souvenir, un rouge (idem effet de cassure ou cacophonie en r: cas vicieux

   Lariviere   
18/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Des cailloux avaient semé un chemin tendre, ton regard titubait – deux grains de sable ivres sur la piste de l'âme."

Salut Pouet,

J'ai beaucoup aimé lire ce poème sensible, sur sons, images et véritable poésie.

Merci pour cette lecture et bonne continuation.

   emilia   
18/1/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Dans ce « Sous-bois » métaphorique (métaphore filée égrenant le corpus de la forêt : écorce/mousses, ombre touffue/feuillage/orée/troncs/racines/sève, où il est question « d’égarements » (de pas incertains qui s’écartent du chemin et de la piste…), de silence fendu à la hache, de parole effritée, de mains (d’un couple entre un « je » et un « tu ») qui se tiennent encore par « le bout du souffle », je découvre un lexique qui laisse percevoir un certain malaise, un lien effiloché et ténu (comme en danger de se rompre…). Ce n’est pas la nature qui est personnifiée, mais des états d’âme transmués comme par alchimie dans une forêt imaginaire, surréaliste, où se joue « une symphonie muette/ au creux du souvenir… rappelant l’évocation « d’un chemin tendre » pour « deux grains de sable ivres » ayant la perspective « d’empreintes loin devant nous… » pour tracer un futur commun, où le « rouge-gorge » apparaît comme un symbole de la passion avec l’espoir d’un nid à construire avec « les brindilles du cœur »… (cette forêt de symboles dont la nature est un temple…) ; l’emploi de l’imparfait indique un temps passé où existait encore une « symphonie » à deux et non une dissonance (mais où la claudication des troncs peut induire une menace), quand « la sève de la fuite séchait sur l’horizon »,(comme l’expression d’une perte, d’un sang qui s’écoule, un évitement ou une façon de se dérober au réel…) ; la dernière phrase conclusive exprime une peur, une peur de la chute et la volonté de « fixer ses pieds » pour se maintenir debout et ne pas sombrer (me semble-t-il, selon les pas qui ont guidé ma lecture…) ; merci à vous pour ce paysage état-d’ âme, brossé en quelques lignes, mais toujours si riche d’associations poétiques à découvrir sous un voile de pudeur…

   Hiraeth   
19/1/2021
 a aimé ce texte 
Bien
Pouet est un pur poète, ça se voit, ça s'entend, mais... Parfois il en fait trop me semble-t-il.

Il y a certes de belles images dans ce texte, de belles intuitions, comme ce rouge-gorge dans le creux du souvenir ou ces empreintes de pas "loin devant nous" (qui jouent peut-être un peu trop ceci dit sur le paradoxe facile), mais le tout manque de simplicité je trouve. De ce point de vue vous me rappelez beaucoup Davide : un talent évident, un travail remarquable, mais une certaine tendance à en faire trop, par désir d'éviter à tout prix le prosaïque. Mais ce dernier n'est pas forcément l'ennemi de la poésie.

Pour citer un poète que j'aime beaucoup : "No, surrealists, no! No, even the wildest of poems / must, like prose, have a firm basis in staid common sense."

   Eskisse   
30/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pouet,

Très beau poème empreint de douceur et de sensations .
Des métaphores justes " la forêt de nos égarements", " deux grains de sable ivres"
Et surtout comme quelque chose qui se défait, un amour peut-être, quelque chose d'à la fois présent et qui se dérobe : un couple presque invisible évoqué essentiellement dans son rapport à la nature.
Et enfin une dramatisation dans le dernier vers.
J'aime bcp.

   Marite   
30/12/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un récit poétique enchanteur. A peine perçue et absorbée sans difficulté, la première image évoquée: " forêt de nos égarements" est suivie d'une autre : "j'ai fendu le silence à la hache"... et puis une autre ... une autre ... jusqu'à la dernière qui pourrait donner le vertige. Emmêler ainsi la nature et les ressentis est extraordinaire et je suis admirative de l'ensemble.


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