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Poésie en prose
Pouet : Un homme
 Publié le 10/11/20  -  24 commentaires  -  2294 caractères  -  424 lectures    Autres textes du même auteur


Un homme



Je n'ai rien choisi. Jamais.
La lâcheté m'accompagne depuis que j'en connais le sens.
Par lâcheté j'ai obéi, joué, aimé, procréé.
Je me suis regardé vivre. Par lâcheté.
Tout ce qui se laisse porter un jour sera lâché.
Apesanteur de l'âme.

J'ai croisé le destin par hasard dans un vieil hôpital aux fenêtres fleuries, partagé mes errances comme un bout de pain dur sur un banc émietté. Et puis.

Je suis revenu de mes oublis, en bon chasseur d'étoiles j'ai muselé le jour, porté mon cœur en bandoulière comme un fardeau de légèreté.

Je me suis adonné au cynisme pour me donner de l'importance, j'ai raillé les croyances jusqu'à croire en mes railleries.
Si rien n'a d'importance, peu importe le rien.

J'ai souffert comme les autres, une fierté de plus dans la douleur, un commencement d'ego là où s'étiolent les forces.
Si c'est à soi que l'on ment, le je est un mensonge.

J'ai pensé que l'humanité se transmettait dans les abattoirs et j'étais loin du compte.

J'ai tellement fait semblant sans combler mes trous noirs, j'ai meublé les silences avec une vague profondeur et j'ai touché le fond – Ah, l'écume du gouffre.

Parfois les poings sont pas, les empreintes mouvantes.

Et puis là, l'horizon.

J'ai fait sécher mes masques sur le fil des saisons, en hiver couleur de miroir éteint, en été verre brisé.
Le soir je grattais le mirage de cette peau plastique en attendant le sang.
Seule la pluie est venue.
Alors j'ai étendu.

J'ai avancé avec mes contradictions en les revendiquant pour paraître conscient, la fuite et l'ignorance confidents perpétuels.

J'ai éclairé mon intérieur et me suis aperçu – lucidité du doute – j'ai vite repris mes esprits.

Je n'ai pas construit grand-chose ni détruit beaucoup, l'existence est un cliché et les mots pour le dire sonnent encore plus creux : j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube, dormi les yeux ouverts.

Je ne regrette pas, le regret c'est encore de l'espoir.

J'ai toujours été à côté de moi, bien à l'abri de toi.

Parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers.

Je fus un homme, un vrai.


 
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   Queribus   
1/11/2020
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

J'avoue humblement que je suis plutôt dérouté par ce genre d'écrit: j'y trouve un certain charme dans la disposition des phrases et le son des mots mais je trouve l’ensemble un peu confus sans véritable unité, le type d'écrit qu'on aime ou qu'on déteste.

Personnellement je n'ai pas détesté mais je n'ai pas aimé non plus.

   Anonyme   
10/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le plus beau texte que j’ai lu sur Oniris ? On peut dire ça comme ça.
Finalement, quand j’arrive à comprendre vos textes, je me dis qu’il n’est pas utile de les cacher par un excès de style. Vous n’allez pas vous fâcher, vous aussi :)
Mais c’est tellement chouette de trouver une telle force dans une déclaration d’amour à la vie. Bordel, je peux dire que j’en suis encore un peu retourné. Chacun trouvera de quoi s’immerger dans ces lignes, celle du cynisme, celle des pas qu'on fait à coups de poings, « Si c'est à soi que l'on ment, le je est un mensonge », celle de la peau plastique qui a de plus en plus de mal à saigner, celle des contradictions qu’on avance pour paraître conscient, j’ai toujours été à côté de moi…
Qui vous a demandé d’écrire ma biographie non autorisée ??

J’arrive même à faire passer : « J'ai fait sécher mes masques sur le fil des saisons » :) Magnifique !!!
Et l’hypallage : « partagé mes errances comme un bout de pain dur sur un banc émietté. » Meilleur que Des miettes du banc aux pigeons de brioches. Magnifique !!!

Vous avez quel âge pour autant d’expériences de vie ?
J’ai toujours dit que Rudyard Kipling était un nain. Mais personne n’a jamais voulu me croire.
Je ne pensais pas mettre un jour une note Beaucoup+.
Chapeau l’artiste.
Bellini

   Anonyme   
10/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Schopenhauer dit que la poursuite du bonheur se solde par un échec, en substance, et c'est ce que semble dire votre généralisation : je fus un homme, un vrai. Par opposition aux idéaux du moi qui peuplent maints écrits passionnants.
Dans votre texte (un poème, vraiment ?), le je, ce détestable, et pour cause, il se déteste, commence presque toutes les phrases, créant comme un accablement de plus en plus prononcé. Qu'il n'y ait pas de note d'espoir, j'apprécie, car c'eût été trahir le thème, à moins de se lancer dans une thèse, antithèse, synthèse.
Quelques formulations sont à relever mais les meilleures ne sont pas les meilleures, car un peu trop bien écrites pour ce poète qui poétise ce qui ne l'est pas, en toute hypocrisie. Le meilleur reste à mes yeux l'introduction, plus stéréotypée peut-être. Apensanteur de l'âme ou pesanteur ?
Le "procréé" ne passe pas inaperçu, je pensais que le poète ferait quelque chose de ses enfants.
Ayant commencé par Schopenhauer je termine par Nietzsche, qui reprocherait à votre poète d'être un mouton plutôt qu'un surhomme... tout son rapport à la vie dépend de ce qu'il obéit... et de trouver des justifications bien vilaines dans la complaisance artistique. Mais l'écrivain est-il dupe ? La négative n'est pas si évidente.

   Angieblue   
10/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je hais la lâcheté surtout quand elle s'impose parce que la liberté est vaine..
Homme soumis mais lucide! homme malheureux qui a l'intelligence de le savoir!
Être un homme c'est quelque part être esclave d'un paraître, des convenances...une soumission...

J'ai adoré:
" j'ai meublé les silences avec une vague profondeur et j'ai touché le fond – Ah, l'écume du gouffre."

"en hiver couleur de miroir éteint"

" l'existence est un cliché et les mots pour le dire sonnent encore plus creux"

"Je ne regrette pas, le regret c'est encore de l'espoir."

"Parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers."

Ah, la désillusion! celle d' "Une vie" de Maupassant.

La sagesse d'une vieille âme de poète!

je pense que tu dois avoir entre quarante et cinquante. On n' a pas besoin d'être sexagénaire et plus pour être mâture et philosophe.

Oui, "l'homme vrai" est sûrement malheureux. Le vrai poète aussi! mais il a aussi le don de la clairvoyance...le voyant qui sait l'ineffable, l'indicible, l'ailleurs de l'être et de la vie...le magicien qui fait apparaître de la beauté et des mirages sur les ruines du malheur et au fond des gouffres de néant...

   Luz   
10/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a des poèmes avec de la crème de poésie qui coule gentiment, gaiement à l’intérieur ; là, c’est plutôt un poème philosophique. À un certain niveau, il arrive en effet que se confondent, parfois, poésie et philosophie. Je ne suis pas un spécialiste, mais il me semble avoir lu cela de la plume d’un philosophe (et néanmoins poète.)
J’avoue humblement n’avoir pas tout compris, mais j’aime ces lignes lancées comme autant de possibilités de réflexion philosophique… et poétique. C’est éblouissant de créativité.
Merci.

Luz

   Anonyme   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Pouet,

Chaque phrase de ce poème a su trouver son écho en moi.

Merci pour cette clarté d'esprit, ce machin chose qui conditionne toute mon existence, résumé dans ce texte.

"Je ne regrette pas, le regret c'est encore de l'espoir"

Cette phrase, à elle seule, résume bien la leçon que j'ai pu grapiller de l'existence.

Merci. C'est un hommage beau et fort que tu m'as fait là...

Edit : en réalité, je suis profondément pessimiste, volontiers défaitiste, et parfois cynique. Je pense que c'est le portrait que tu as voulu brosser...

   Anonyme   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Pouet,

(je me félicite d'être revenue)
Je crois bien avoir lu cette prose à mon retour en EL, mais n'ai pas eu le temps de la commenter.
Que dire ? Bravo pour le fond et la forme, pour la poésie omniprésente, pour ce narrateur qui se dit, si justement, lucidement et (je répète) poétiquement.
Alors bien sûr, on peut dire : "Que de JE !", mais ce serait être jalouse pour moi de réduire cette prose.
Je n'ai pas envie de vraiment détailler, je prends le tout.
J'ai particulièrement aimé :
"Si c'est à soi que l'on ment, le je est un mensonge.
"Parfois les poings sont pas"

Ce style m'enchante, vraiment.

Éclaircie

   Anonyme   
19/11/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Pouet,

C'est comme le noir autoportrait d'un sujet lyrique écorché, désespéré et désabusé vivotant tant bien que mal à l'orée de la folie. Son cri a la couleur des émaux.

Je reste sans voix, Pouet !

   Lulu   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Pouet,

Ce que j'ai aimé dans ce poème, c'est ce regard porté sur un Je qui se dit, semble-t-il sincèrement, qu'il y ait ou non une part de vrai, de faux...

J'ai beaucoup aimé le jeu de mot entre "lâcheté" et "lâché" et réalise, finalement, comme dans l'ensemble du poème, que ce n'est pas tant la prose que je préfère, mais les parties les plus versifiées. Avis très personnel sur ce qui peut porter vers la poésie, vraiment... (mais je n'ai pas d'avis tranché sur ce sujet qui dépasse le texte lui-même ici).

L'omniprésence de la première personne est intéressante dans cette poésie en prose qui centre le regard porté sur "Un homme" parmi d'autres. Un "Je" qui a toute sa singularité, comme l'appelle l'article indéfini "Un" dans "Un homme".

J'ai eu un peu de mal avec ce passage "j'ai raillé les croyances jusqu'à croire en mes railleries.". Si c'est clair, ça ne l'a pas été pour moi au cours de ma première lecture de ce texte. C'est l'effet de répétition "raillé" ; "railleries" qui m'a bloquée.

Ensuite, j'ai bien aimé cette phrase qui m'a plus positivement arrêtée dans ma lecture : "Parfois les poings sont pas, les empreintes mouvantes." Une belle impression de flou et de regard évocateur... qui semble s'éclairer dans tout le reste du poème.

Avec recul, j'ai l'impression que le premier vers sonne comme un bilan de justification, presqu'à la manière de Rousseau avec ses Confessions. La suite fonctionne assez bien avec ce postulat, mais avec des phrases déclaratives qui font de ce poème un regard poétique singulier qui s'élève, notamment avec ce beau vers qui clôt le premier paragraphe "Apesanteur de l'âme."

J'ai aussi bien aimé ce passage : "Je n'ai pas construit grand-chose ni détruit beaucoup, l'existence est un cliché et les mots pour le dire sonnent encore plus creux : j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube, dormi les yeux ouverts." Un regard sur soi, du passé là encore.

La marque du passé composé tout au long du poème accentue d'autant plus le passé simple employé dans la dernière phrase du poème.

Dans l'ensemble, ce poème m'a semblé intéressant, sans question vraiment, puisque réfléchi dans les mots du narrateur, comme le montre encore cette phrase déclarative : "Je ne regrette pas, le regret c'est encore de l'espoir." Tout y est dit... Le personnage avance sans regret avec son sentiment d'avoir été ce qu'il a été : Un homme".

   Provencao   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
" Je me suis regardé vivre "


J'ai beaucoup aimé ce vers , qui à mon sens est la clef de votre prose.

L'homme ainsi présenté, avec ce "Je" colore à juste titre, le caractère à donner dans tous les sens du terme, comme emotionnable , courageux, sensible et contenu.

Quand l’hypothèse que vous développez fort bien de " Par lâcheté j'ai obéi, joué, aimé, procréé" se rapporte à quelque chose de résolu ou présumer presque non acceptable, toute prise de croyance du mode "être" devient la rencontre avec cette prenotion.

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Corto   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
'Du grand art': telle a été mon exclamation en terminant cette lecture.
Cet examen d'une vie par les mots d'un narrateur parlant en son propre nom, relève d'une lucidité sans complaisance, parfois même un peu acide. Les quatre premières lignes traitant de la "lâcheté" sont d'entrée audacieuses.

Le déroulé des arguments sonne juste et respire le refus du faux-semblant.
J'ai notamment apprécié "j'ai raillé les croyances jusqu'à croire en mes railleries" ou bien sûr "Si c'est à soi que l'on ment, le je est un mensonge"...et bien d'autres formules véritables pépites.
J'aurais évité par contre "porté mon cœur en bandoulière" vraiment trop usée.

Les quatre dernières phrases sont sublimes.

Du grand art, je confirme.

   Vincente   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Ce poème en prose, discours testamentaire, semble révéler le négatif d'une vie, mais pas celui d'un négativisme qui apparait pourtant à la surface de ses mots, non, celui de ses négatifs tels des clichés photographiques. Les couleurs sont modifiées, le sens peut être inversé, il est possible de voir à l'envers, par-dessous, voir(e) au travers… Dans la posture réflexive, à la fois rebond-reflet sur le passé et pénétration dans la matière même qui absorbe le regard du narrateur, se produisent des "révélations" ; à lui-même, au lecteur qui peut se reconnaître dans de nombreux parallèles bien universels (je pense à ces "lâchetés" /compromissions qui permettent à chacun de vivre, d'accepter une soumission au savoir, aux autorités…). C'est bien ce geste particulier de l'écriture qui ici joue le rôle du révélateur, produit chimique assez magique du tirage photographique argentique, ici alchimique effet où l'expression parvient à un dépassement.
En ce phénomène, une poésie s'affirme.

Il est très intéressant de constater qu'à partir d'une posture très modeste du narrateur, où il s'accuse de toutes ces lâchetés qui argumenteront la poétique en elle-même, se construit une justification, une raison d'avoir vécu comme cela. J'y vois comme un renoncement à renoncer à quelque autre voie d'existence, pour ce personnage-là dans ses conditions-là ; en particulier dans ces deux passages, "Si rien n'a d'importance, peu importe le rien" et "Je ne regrette pas, le regret c'est encore l'espoir" (ce n'est pas la nécessité de "l'espoir" qui est niée mais celle du "regret"). Une sagesse émane de cette manière de s'accepter, avec ses défauts et sa conscience douteuse, "lucidité du doute", je dirais "nécessité du doute", les certitudes sont dogmatiques, limitantes, coercitives comme le rappelle le philosophe Dorian Astor en prônant "La passion de l'incertitude" (titre de son dernier ouvrage).

La philosophie draine ce texte de son regard à la fois interrogateur et à la fois soutenu. Sans être assertif, le narrateur déclare ses constats, et y creuse une configuration qui d'une acceptation de lui-même à une question, "comment aurai-je pu faire autrement ?", le dévoile. De fait il va assumer dans son final, "Je fus un homme, un vrai", sous-entendu un "honnête homme". Être sans regret, sans espoir de trouver une autre voie le justifiant par ces deux formidables affirmations :

"J'ai toujours été à côté de moi, bien à l'abri de toi", abrité mais donné et voué à l'autre, n'est-ce pas l'ultime aveu d'une fusion effective avec son âme sœur ?

"Parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers", trouvaille excellente dans sa forme "l'endroit… de l'envers" et dans sa consistance philosophique. Mon passage préféré.

Ce qui m'a rendu le narrateur sympathique, malgré son abord affligé, c'est son acuité sur ce qui le constitue. Sa lecture de lui-même est douloureuse, (je crois que ce poème vient pour l'aider à la digérer), où autour de ce qu'il nomme des "lâchetés", il reconstitue ses actions, ses interrogations, ses décisions et même ses amours, avec une honnêteté "décapante". Son regard est si discernant qu'il en est aride, rugueux, d'une certaine façon assez terrible à vivre (Nietzche et Cioran semblent le fourbir de leurs pensées peu "réjouissantes"…).

J'ai été très sensible à de nombreuses phrases, (" J'ai souffert comme les autres, une fierté de plus dans la douleur, " – " J'ai tellement fait semblant sans combler mes trous noirs, " – " Parfois les poings sont pas, les empreintes mouvantes. " – " J'ai avancé avec mes contradictions en les revendiquant pour paraître conscient, la fuite et l'ignorance confidents perpétuels. " – " Je n'ai pas construit grand-chose ni détruit beaucoup, l'existence est un cliché et les mots pour le dire sonnent encore plus creux : j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube, dormi les yeux ouverts. ").
Elles s'inscrivent dans une dimension universelle où d'une certaine manière l'Homme en tant qu'entité sensitive peut se reconnaître dans bien des perceptions de lui-même évoquées ici. N'est-il pas ce ""lâche" ou celui qui se raconte de histoires pour supporter ce qui le dépasse ? (" j'ai raillé les croyances jusqu'à croire en mes railleries. ").

J'ai bien aimé l'ambivalence engendrée par le double sens de "pas" dans l'expression "les poings sont pas".
Mais j'ai trouvé peu ajustée la phrase " J'ai pensé que l'humanité se transmettait dans les abattoirs ". Ce verbe "transmettre" la vie dans les abattoirs me semble bien confusionnel.

À la croisée de la philosophie, de la poésie et de l'introspection psychologique, ce texte installe justement, avec un réel bonheur, ces trois registres, sans que l'un pâtisse de la prééminence d'un autre, je dirais même qu'à mon sens chacun profite et se grandit par l'autre.
C'était difficile et c'est réussi.

   dream   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Face à son Je, ce « quelqu’un » ricanant qui semble tout commander, et le regard enfin dessillé, le poète dévoile ses préoccupations d’ordre métaphysique, comme l’analyse de sa condition humaine, et crache une cruauté objective, car révélateur implacable de l’Homme Vrai.

On capte ses sentiments, son incapacité à s’affranchir à redevenir soi-même en s’accaparant les us et coutumes de la comédie et du portrait pour apercevoir de près sa difficulté d’être, son désespoir et sa solitude. Mais ce désespoir est libérateur puisqu’il n’éprouve aucun regret.

Car pour lui, « l’Homme Vrai » refuse par lâcheté la responsabilité sans admettre jamais ses torts, s’accommode de tout, même du pire pour faire comme tout le monde, ruses et machinations, hypocrisie de la religion et tout ce qui fait la bassesse humaine.

Des mots somptueux, comme :
«… l’existence est un cliché et les mots pour le dire sonnent encore plus creux : j’ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l’aube, dormi les yeux ouverts. Je ne regrette pas, le regret c’est encore de l’espoir. »

Merci et Bravo à l’auteur pour cette belle page, désespérante, certes, mais Ô combien vraie de l’ Homme Vrai.

   Anonyme   
11/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ici, nous sommes au pays de l'empathie totale. Celle que j'accroche à mon cœur en bandoulière porté près du tien, avec le même fardeau de légèreté...

C'est beau. C'est bien dit. J'aime tout et c'est vrai ! ^^
Il n'y a rien à ajouter. Rien à enlever.

Merci.


Cat
Femme avant tout, quand même...

   papipoete   
12/11/2020
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour Pouet
les six premiers vers tracent le périmètre de la réflexion d'un homme face à lui-même.
il passe d'enfant vers le voie du Grand par bien des états, parfois peu avouables ; cela fait songer au père qui dit à son fils ; tu ne feras pas ci, tu feras bien cela, garderas un cap à ne jamais dévier... alors que lui-même frôla l'ornière, se cacha dans un coin ; ou n'osa avouer qu'il était ce qu'il refoula !
NB nul n'est parfait, mais quand on a un soupçon de fierté, du courage " rétro-actif ", l'on peut se racheter par le contraire de ce qui nous fit fuir, lâcher !
mais faire la balance du bien et du mal, peut faire au final tout simplement " un homme, un vrai "
Un texte fort qui montre ici un tableau plus que humble de cet être peut-être trop modeste...

   emilia   
12/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’en étais encore à cogiter sur les questionnements posés par votre prose poétique lorsque vous m’avez devancée avec vos remerciements… ; mes réflexions portaient sur le déterminisme en interaction avec l’environnement (génétique, géographique, social, psychologique…) de la condition humaine suite à l’inventaire douloureux d’une conscience qui affirme, en forme de confidence, avoir vécu sans « rien « choisir par « lâcheté » , un terme fort qui entérine un jugement de soi sans complaisance et qui laisse envisager une future menace punitive : « tout ce qui se laisse porter un jour sera lâché… » Pour Spinoza, par exemple, le déterminisme invite à ne pas juger mais à comprendre ce qui nous détermine, s’adapter au monde, et être soi-même la cause de son propre épanouissement… » Donc, donner un sens à sa vie permettrait de combattre ce sentiment d’être en « apesanteur », sans rien à quoi se raccrocher, ni certitude, ni volonté… ainsi Nietzsche affirme : « celui qui a un Pourquoi qui le fait vivre peut supporter tous les Comment » …
Au sujet du « cliché » de l’existence, quand le monde « s’écrit à l’envers », sur le chemin du désenchantement, une étude récente de la fonction du cliché dans la prose littéraire poserait la question de savoir si le cliché ne serait pas à son tour victime d’un préjugé ? Pour Riffaterre : « le cliché présente ce paradoxe d’être un agent d’expressivité, à cause des caractéristiques mêmes qui font que la critique le considère comme un défaut… », un exemple à ajouter de possibles contradictions qui permet peut-être de revisiter ses certitudes, vaste domaine s’il en est… ; merci à vous pour ce partage d’interrogations…

   Myo   
12/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un regard sans concession sur le sens de sa vie…ou le non-sens plutôt.
C’est un fait que nous ne choisissons pas grand-chose du sort qui nous est réservé et que nous nous bornons souvent à suivre les rails qui nous précédent. Le courage ou la folie de la révolte n’est pas donné à tous.
Et pourtant, votre révolte est là, dans cette envolée cynique, dans ce cheminement tellement riche de notre humanité, dans cette introspection d’une troublante justesse.
Alors quoique vous en pensiez, vous n’avez pas encore atteint l’horizon, vous n’avez pas encore tout goûté, vous n’avez pas encore tout appris … et comme pour tout un chacun, vous n’en ferez pas le tour.
N’est-ce pas là que se cache le merveilleux de cette vie, dans l’étendue de tous ses possibles ?
Un texte qui me touche beaucoup.
Je vous souhaite encore une très longue et belle route.

Myo

   Louis   
21/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Rousseau, dans le second préambule de son ouvrage Les confessions, se trompe lorsqu’il écrit : « Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur », pour preuve ce texte de Pouet, ( mais à vrai dire, il y eut quelques autres « imitateurs » auparavant, ce qui ne signifie pas que le texte manque d’originalité ), dans lequel le locuteur ( qui n’est pas forcément l’auteur) partage avec le célèbre écrivain des Lumières la même intention, ainsi formulée par Rousseau lui-même : « Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de la nature ; et cet homme ce sera moi. »

"L’entreprise" du locuteur vise donc une transparence, à soi d’une part, au rapport à un public-lecteur d’autre part. Il s’agit d’une mise à nu, d’une présentation de soi sans voiles (audacieuse dans cette période qui est la nôtre, celle d’une généralisation des masques en tous genres), avec pour projet de réduire le plus possible la distance qui sépare l’être du paraître, pour ainsi en finir avec l’apparence aliénante.

Le poème, dès les premières lignes, prend le ton d’un aveu sans détour, jetant une lumière crue sur soi, mais aussi la tonalité d’un défi. Le locuteur, en effet, dans une déclaration audacieuse, soutient qu’il n’a jamais rien choisi, et qu’il a toujours agi par « lâcheté », sans se donner d’excuses d’aucune sorte. Il brave ainsi les convenances sociales selon lesquelles il faut se présenter sous son meilleur jour, se valoriser aux yeux d’autrui, "se vendre" dit-on même dans certains milieux.
De façon apparemment paradoxale, le locuteur adopte une attitude bravache pour se déclarer lâche ; il se présente sans fard ni artifice, dans une courageuse affirmation sur soi.

Mais le paradoxe n’est pas total, car le terme « lâcheté » n’est pas pris dans le sens du manque de courage.
Quel sens lui est-il donné ? Quelle est cette lâcheté qui « l’accompagne » depuis qu’il « en connaît le sens » ?
Elle se caractérise d’abord par une attitude de non-choix :

« Je n’ai rien choisi. Jamais.

Par lâcheté j’ai obéi, joué, aimé, procréé »

« Je n’ai rien choisi » : la déclaration est ambiguë, du fait d’un présupposé non explicité.
En un premier sens, elle peut signifier : "J’ai choisi de ne rien choisir". Affirmation paradoxale reposant sur le présupposé que le choix est possible, mais qu’il y a eu refus de choisir, donc choix de ne pas choisir ; ou bien encore " je n’ai pas pu ou su choisir ", alors que d’autres le peuvent ou le savent, pour avoir subi personnellement une contrainte qui ôte toute liberté de choix, ou par incapacité personnelle à "se décider".
En un second sens, elle peut vouloir dire : " Je n’ai rien choisi, parce qu’il n’est pas possible de faire des choix ". Le présupposé est donc celui d’une absence, pour tout être humain, de liberté, celle que l’on a pu appeler : " libre arbitre ". La déclaration se présente alors comme la revendication d’une lucidité aiguë, opposée à l’illusion commune selon laquelle nous disposerions d’une liberté de choix, et en opposition aussi à une position philosophique, qui a marqué toute une époque de la deuxième moitié du XXème siècle, celle de Sartre dont l’une des thèses essentielles se formulait : « L’Homme est liberté », ou encore dans une célèbre affirmation paradoxale : «L’homme est condamné à être libre ».
La suite du poème laisse penser que la déclaration de départ signifie l’impossibilité pour tous de choisir, mais une lucidité et un courage peu communs pour le reconnaître.
S’il n’y a pas de choix, cela implique que nous sommes soumis à un cours des évènements qui ne dépend pas de nous, désigné par la tradition sous les termes de « fatum » ou de « destin ».

Le locuteur ajoute : « Je me suis regardé vivre ». Il reconnaît n’avoir été que le spectateur de sa vie, et, sous-entendu dans une métaphore théâtrale, l’acteur qui a joué un rôle, ( l’amant, le père, etc.) mais non l’auteur de la pièce.
La « lâcheté » semble alors prendre sens dans la façon de se rapporter au cours des évènements.
Elle consiste à ne pas croire que les choses et les événements sont sous notre prise ou notre emprise. Elle consiste à se détacher des situations vécues. Elle se ramène donc à un ‘’détachement’’ comme état intérieur par lequel on ne se sent ni impliqué ni affecté par tout ce qui arrive dans la vie quotidienne. Elle se caractérise par la pratique d’un lâcher-prise dans lequel un individu ne "s’identifie pas" à ce qu’il fait.

« Tout ce qui se laisse porter un jour sera lâché.
Apesanteur de l’âme. »

Ne pas prendre les choses qui arrivent en charge et s’en reconnaître responsable ; ne pas en subir le poids ou la pesanteur ; ne pas les considérer avec ‘’gravité’’ : ainsi semble se présenter l’attitude de lâcheté adoptée.
Il s’est agi donc d’acquérir, dans le "métier de vivre" comme disait Pavese, une certaine dose de légèreté face à la pesanteur des choses ; de s’élever en dépit de la lourdeur qu’elles manifestent, en une volonté de toujours maintenir une position extérieure, en marge ou en surplomb, afin de ne jamais se faire happer par le mouvement des choses ; de tenter à tout prix de ne pas se laisser engluer par leur matérialité : « apesanteur de l’âme ».
Apesanteur par quoi l’âme se tient un peu au dehors, un peu au-dessus de tout, un peu au-delà, dans ‘’une prise de distance’’.

On est proche ici d’une conception stoïcienne, qui distingue : ce qui ne dépend pas de nous (le destin) qu’il serait présomptueux et vain de vouloir changer, illusoire de s’en croire le maître ; et ce qui dépend de nous ( notre vie intérieure, notre "âme’" nos pensées, les idées que nous nous faisons du destin). Il dépend alors de nous de se penser « lâche » ou pas, mais non de changer le cours du destin.

Dans cette première strophe du poème, le locuteur présente des similitudes avec Meursault, le personnage de l’Étranger de Camus. Un Meursault par certains côtés, autiste. Meursault, étranger au monde, étranger à lui-même, cet homme qui s'efface, accepte sans mot dire la souveraineté de la réalité, se dégage du poids de la bienséance collective marquée par une insigne tartufferie, prend la vie comme elle vient, lâche prise face à l'existence incontrôlable.

Il s’en distingue toutefois dans la suite du poème.
Il déclare ainsi s’être « adonné au cynisme » pour se « donner de l’importance », ce qui sensiblement éloigne le locuteur de Meursault, bien que celui-ci, par son regard étranger et candide sur la société dans laquelle il vit, en constitue une critique ironique, mais sans les paroles de la « raillerie » pratiquée par le locuteur au cours du périple de son vécu.
La forme moderne du cynisme adopté semble s’appuyer sur une "indifférence", qui justifie l’attitude de non-choix dans le domaine des idées. Indifférentes sont les « croyances », est-il postulé, dans la mesure où elles se valent toutes, et par conséquent aucune ne vaut. Il ne peut s’agir ici que de la valeur vérité : aucune croyance n’est une vérité ; aucune n’est un savoir. Pourquoi alors opter pour l’une plutôt qu’une autre ?
L’indifférence trouve son point d’orgue dans l’affirmation : « Si rien n’a d’importance, peu importe le rien » et semble s’étendre aux valeurs : à ce qui est juste et bien.
Ainsi, « à l’opposition classique entre le bien et le mal, le cynique préfère celle " entre le lourd et le léger ", entre ce qui alourdit l’existence et ce qui la rend plus légère » : écrit Peter Sloterdijk.

Mais cette option connaît ses ratés et ses contradictions.
Le cynisme adopté, en effet, n'est pas seulement l'état de celui qui "ne croit à rien" mais la pratique de celui qui sape la croyance, par l’ironie et la raillerie.
La motivation ne semble pas être la volonté de faire triompher une vérité universelle, mais plus psychologiquement égocentrée : « se donner de l’importance ». Une concession au paraître social. Un souci d’exister aux yeux des autres. Une destruction de toute valeur, pour se donner à soi-même de la valeur.
Le locuteur reconnait s’être ainsi enfermé dans une contradiction : «j’ai raillé les croyances jusqu’à croire en mes railleries ». Ces dernières ont été prises dans la pesanteur du sérieux, par l’oubli de railler ses propres railleries, dans une démarche ironique où l’humour se perd, car l’humour vise, contrairement à l’ironie et au sarcasme, à se moquer d’abord de soi-même, à se déprendre de soi, or l’ego a voulu se donner de l’importance, en rupture avec la position prônée de détachement et d’extranéité. Un échec est donc relaté au difficile maintien de cette posture d’extériorité.

En se donnant de l’importance, en trouvant aussi une « fierté », le locuteur constate qu’il a voulu, dans son parcours vécu, se donner un « ego », un « Moi », qui fondamentalement n’est qu’une illusion. Cet ego, en effet, né de la fierté, qui est « mensonge » sur soi, ou plutôt illusion sur soi (l’idée de "se mentir à soi-même" pour un sujet conscient, n’est pas logique) réifie le « moi », en fait une hypostase, une illusion métaphysique, en fait un « mensonge » : « Si c’est à soi que l’on ment, le moi est un mensonge ».

Dans ce bilan que le locuteur établit sur sa vie, en un regard rétrospectif, revient avec insistance le recours aux apparences, aux faux-semblants, aux « masques » : « j’ai tellement fait semblant ». Il s’agit donc bien, désormais, à l’occasion de ce poème, de se dévoiler dans une vérité nue.
Mais sans rien regretter : « Je ne regrette pas, le regret c’est encore de l’espoir ».
Le cynisme adopté se poursuit encore, sans croyance et sans espérance. Fondé, en effet, sur un « désespoir », ou plutôt un non-espoir, par lequel il n’y a plus attente de la réalisation d’un grand idéal auquel on ne croit plus ; plus d’attente d’un "grand soir’’" d’un paradis sur terre, collectif ou personnel ; plus d’attente d’un "bonheur" ni même d’un simple état des choses meilleur. Une posture voisine d’une résignation fataliste, bien que le locuteur ne semble pas vraiment passif ; en essayant de jouer au mieux son ''rôle" dans une pièce qu'il n'a pas écrite, il agit.

Ecce homo.
La vérité échappe finalement, dans son sens d’’’authenticité’’ surtout, au cynisme : « Je fus un homme, un vrai ». L’homme vrai, authentique, c’est l’humain avec toutes ses faiblesses, ses contradictions, sa lucidité, son souci des apparences.

Se laissant porter sur le flot polysémique des mots « endroit » et « envers », le locuteur reconnaît finalement trouver dans la poésie, en vers, dans une poésie envers et contre tout, le moyen d’assumer son humanité, et d’échapper encore au monde conformiste et aliénant de « l’endroit ».
Et si « le monde est l’endroit pour s’écrire à l’envers », c’est que le monde est "renversant"
Quand tout est à l’envers, la poésie s’offre comme le meilleur endroit pour se redresser…

   Ombhre   
22/11/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,

quelle noirceur dans ce texte, quels gouffres il ouvre ! Une sorte de testament désabusé, où le cynisme le dispute au désespoir, au dégoût de soi et du monde. Mais l'espoir subsiste, pour aboutir à la juste fin que nous pouvons tous dire ou penser: je fus un homme, un vrai.

Je ne vais pas faire un commentaire fleuve, mais juste noter quelques une des nombreuses perles qui m'ont particulièrement touché:

Apesanteur de l'âme
Si rien n'a d'importance, peu importe le rien
J'ai fait sécher mes masques sur le fil des saisons
j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube, dormi les yeux ouverts.
Je ne regrette pas, le regret c'est encore l'espoir
Parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers...

Que de sombres trouvailles dans ce magnifique poème. Bravo !

Merci pour le partage.
Ombhre

   aldenor   
26/11/2020
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me suis senti en confidence. Quelqu’un me dévoile le fond de son âme. En toute sincérité.
Un homme est passé par le monde et me laisse son précieux témoignage.
Je retiens en particulier certains passages :
« j'ai raillé les croyances jusqu'à croire en mes railleries. », qui me semble bien vu.
Et ceux-ci, d’une grande poésie : « J'ai fait sécher mes masques sur le fil des saisons », « j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube »
Ou encore le drolatique « Parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers. »

Par contre j’ai buté sur : “Je fus un homme, un vrai.”. Pourquoi “un vrai”, comme s’il y en avait de faux? Et sur le bizarre « Si rien n'a d'importance, peu importe le rien. »

Dans l’ensemble, du très bon et parfois du moins bon, mais de l'authentique !

   CLouise   
15/12/2020
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ce texte est magnifique. Une confession nue, défiant du regard le lecteur.
L'image d'un homme droit, seul, et banal est amenée crûment.
Le ton est sec, seule la poésie l'irrigue et comble la dureté.
Je trouve des airs de Desnos dans l'évocation d'items du quotidien.
Je ne peux lire ce poème sans penser à If de Kipling, et je me pose à mon tour cette question de "vrai" homme.

   Recanatese   
4/8/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Salut Pouet,

ça fait une paye que je ne participe plus à la vie du site (et je compte bien remédier à ça!) d'où ce commentaire très tardif. J'ai lu ce texte à sa parution et, de tous les poèmes que j'ai pu lire sur Oniris, c'est mon préféré (ouais, carrément)! Sans doute parce qu'il est entré très fort en résonnance avec ma propre existence. Mais peut-être que je me trompe, que j'y vois seulement ce que j'ai envie d'y voir.
Ce que j'y vois, c'est la vérité sans concession d'un être qui se sait "à côté" de lui ("j'ai toujours été à côté de moi", "je me suis regardé vivre", combien de fois ai-je ruminé ces phrases en moi-même ?). Je trouve un certain courage (un courage certain) à écrire ces lignes. Un courage, paradoxalement, à affirmer et assumer cette "lâcheté". Une sorte de probité poussée à son paroxysme, en somme.
Je citerai quelques passages, en lieu et place de toute analyse plus poussée (commenter un texte relève souvent du calvaire pour moi, mais j'essaie de m'y astreindre malgré tout). Des passages qui m'ont fait éprouver un sentiment de fraternité (le mot est-il bien choisi ? Je sais pas, mais c'est celui qui s'impose à moi) à l'égard de cet homme "vrai":

"une fierté de plus dans la douleur, un commencement d'ego là où s'étiolent les forces"

"j'ai avancé avec mes contradictions en les revendiquant pour paraître conscient, la fuite et l'ignorance confidents perpétuels"

"j'ai essuyé mes rêves sur le paillasson de l'aube, dormi les yeux ouverts"

"parce que le monde est l'endroit pour s'écrire à l'envers"

Tout le texte en fait!
Ah oui! Magnifique cette formule : "partagé mes errances comme un bout de pain dur sur un banc émietté".

Merci Pouet, pour ce poème sublime.

Recanatese

   Salima   
18/9/2023
Bonjour Pouet,

Vous présentez dans cette œuvre beaucoup d'idées intéressantes, à la fois jeux de mots et réflexions sur la vie. Des aphorismes, on pourrait dire.
Si je devais donner un avis personnel, je dirais que le personnage qui se présente n'est pas sympathique, il est terriblement cynique et a deux ou trois autres qualités dans les mêmes cordes.
Mais ! Vraiment, je le trouve bien campé, il est très crédible, il doit avoir un air un peu dur et rigide, il est tout un personnage avec son passé et son présent, son intérieur et son extérieur. Je le verrais très bien dans une œuvre plus vaste, nouvelle longue ou roman par exemple.
La forme est bonne, avec une note de langage parlé, du dense au milieu et du plus court en début et en fin. Le titre est très bien je trouve, simple et parlant.

   Cyrill   
28/9/2023
trouve l'écriture
aboutie
et
aime beaucoup
Salut Pouet,
Je découvre "Un homme" à l'occasion du commentaire précédent qui m’y a conduit.
Il y a du Cioran dans ce poème. Sans vouloir rivaliser, je m'y retrouve aussi dans mes moments les plus sombres. Petites lâchetés, masques, mensonges et fuites au programme.
une posture dandyesque habille le tout mais c’est dans la logique du personnage narrateur, qui ne se dénude que pour mieux endosser le parfait saint-frusquin de la désespérance.
Les jeux sémantiques, nombreux, sont des bonbons amers dont je me suis délecté. Comme d’hab.
Peut-être que ce genre de lecture n’est bon ni pour le moral ni pour le teint, je risque la jaunisse à force de rire de la même couleur. Trop tard, c’est fait.


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