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Poésie libre
Pouet : Un trou dans le grillage
 Publié le 30/10/21  -  15 commentaires  -  1017 caractères  -  449 lectures    Autres textes du même auteur


Un trou dans le grillage



c'est l'écho dans le corps cette tête contre le mur
qui cadence comme un cœur
la pulsation de l'aube sur les lambris blessés
mais peut-être le rêve lacérant le réel
et ne pas faire un bruit si le monstre dort encore
alors déjouer l'ombre en tordant la lumière
enfouir le tison sous des braises rouillées

dans le coffre à pirates certainement la mer
une île où s'engloutir une portée abyssale
requiem en ressac sur les rives du souffle
quand la respiration assourdit la clarté
un œil pris dans la vitre et des cils de pluie
tout l'univers prostré dans un coin de la chambre
la fenêtre arrêtée sur la course immuable

le pari est l'unique garant de la survie
un regard de plus sur l'invisible été

si la voiture est bleue il faudra espérer
si la prochaine est grise le trottoir sera rouge
l'angoisse ronge l'ennui
reste un monde à ouvrir
l'envol est incertain

c'est l'écho dans le corps


 
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   Eskisse   
18/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un poème puissant, tout en tension et qui ne laisse pas indifférent. Une souffrance sourde en émane d'autant plus palpable que le protagoniste auquel elle est associée s'efface : mode infinitif, formes impersonnelles ( "il faudra espérer" ). J'aime en particulier ce vers et son hypallage :

" la pulsation de l'aube sur les lambris blessés"

Le réel semble désaxé, on passe des murs et de la chambre à un extérieur incertain : " l'invisible été"
La mention des voitures, des couleurs et du "pari" fait écho.

   Cyrill   
24/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J’ai imaginé en lisant ce texte quelque chose qui passe de l’inconscient au conscient, du rêve plutôt cauchemardesque au réel, par ce « trou dans le grillage », qui apparaît d’abord comme une malfaçon offrant à l’in-su une opportunité de se dire, même si ça fait mal et qu’on essaie d’y échapper.
J’y ai vu a contrario la possibilité par cette percée de s’évader de ses tourments.
Le poème convoque l’imaginaire à plein tube, ça secoue !
Il y a des réminiscences d’enfance, avec ce coffre à pirates et plus loin le jeu des si sur la couleur des voitures.
Une entame très forte : « l’écho dans le corps » serait-il cet enfant qui cogne à notre porte pour ne jamais nous laisser vraiment tranquille ?
C’est de ces multiples façons que j’ai ressenti ce beau poème, à l’atmosphère étouffante parfois, dérangeante aussi, avec un tout petit espoir bleu vers la fin.
Les métaphores sont puissantes et m’ont convaincu.
Grand merci pour mon émotion de lecteur.

   hersen   
24/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
La très grande force de ce poème est de travailler le lecteur à fond dans son imaginaire, avec pour résultat de ressentir physiquement cette douleur, ce malaise, et la résignation de l'attente, symbolisée par l'attente d'une voiture, et de sa couleur. Elle pourrait "transporter" ce qu'il reste de tout ça, vu par le trou du grillage. (j'aime bien les trous dans le grillage, ils portent tant de possibilités fermé/ouvert)

le corps, le plus vrai de nos échos.

Merci pour cette lecture qui émeut fort !

   papipoete   
30/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
bonjour Pouet
Je me met dans la peau du héros que je crois voir dans ces lignes.
Ma tête frappe le mur, c'est normal il ne me croit pas, il est toujours contre moi !
Dans mon coffre à pirates, ça remue fait des vagues, mais Jack qui ne craint rien, est prêt à lever l'ancre du Black Pearl, il pourrait même m'emmener avec lui !
j'entends un moteur dans la rue ; si c'est une auto bleue... si c'est une grise et ben...
NB même si mon scénario n'est pas, et de loin des idées de l'auteur, qu'il me pardonne ? mais, j'ai vu cet enfant tourner en rond, puis foncer dans le mur de sa chambre ; y cogner comme Tyson et se réfugier dans un coin, prostré...
Aller regarder... rien à la fenêtre comme une sorte de " 1, 2, 3 soleil " entre lui et lui, et comme dans une boule de cristal, lire l'avenir dans un quart-d'heure, selon la couleur des autos...
Sûr que papipoète que je suis, si je voulus peindre un moment de vie chez un petit être " différent ", je l'aurais fait disons, plus prosaïquement...
la seconde strophe a ma préférence !

   gage   
30/10/2021
 a aimé ce texte 
Bien
En tant que nouvel arrivant, c'est avec beaucoup d'humilité que je me permets de commente ton poème.
Je ne serai d'abord pas très original par rapport à ce qui précède : puissant, poignant, profond, oui.
De super belles trouvailles, vraiment, de vraie poésie, dans les tournures, les images, le jeu du rythme.

Mais.
Il y a pour moi des vers qui me gâchent un peu le plaisir. Parce qu'ils sont un peu convenus, comme certains de tes mots, trop usés à mon goût.
"abyssale", "requiem", "lacérant"... pas indispensables, d'autres mots méritent la place qu'on a trop donné à ceux-ci.
Et il y a aussi "lambris"un peu affecté à mon goût.

Je resterai sur la belle impression que laissent
"dans le coffre à pirates certainement la mer" ou

"tout l'univers prostré dans un coin de la chambre"

Merci pour ce poème.

   Raoul   
30/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir
J'aime beaucoup ce poème qui me parle d'enfance cabossée.
Particulièrement sensible à son rythme au souffle court, trouvé par la césure des vers les plus longs. Sensible aussi à la disparition des majuscules et ponctuations qui fait de texte un cri, des lambeaux de peurs et de vie.
L'images des cils est superbement trouvée, entre autres.... Toutes évoquent sans être trop esthétiques pour "faire poème", elles tombent justes et font naître l'émotion sans une once de pathos.
C'est un poème qui compte sur son lecteur pour l'accompagner.
Merci pour cette lecture !

   Provencao   
31/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
J'ai beaucoup aimé cet écho qui déjoue l'ombre de la vérité débordant d'incertitudes imaginées.

Le mouvement du trou dans le grillage, sa mobilisation la plus intense dans l’attention finit dans l’attente et l’incertain . Illumination ou cabale d’un autre ordre ?

Au plaisir de vous lire
Cordialement

   Vincente   
31/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
"Un trou dans les trous", le titre offre des fils, du fer et une contrainte qui encage une pensée. Avec ce lieu à la fois protégé de l'extérieur, permettant de le voir, de le craindre et pourtant de s'en préserver, et son pendant négatif en ce qu'il impose un enclos, un espace limité une interdiction de s'étendre, à part dans la pensée…
Ce lieu est ici poème.

Le poème-grillage va émettre les turbulences de la psyché d'un être en souffrance, prisonnier d'une cage endémique, une cage qui le constitue – elle est à la fois maillage de sa personnalité, elle m'évoque ces personnages en 3B modélisés par cette trame de lignes organiques mais demandant au "spectateur" d'imaginer ce que les espaces entre elles demande de garnir pour rendre l'ébauche humanoïde humaine – et une enveloppe qui laisse fuir son intégrité émotionnelle.

Il y a ces lignes en fil de fer, mais il y a aussi les sons qui eux les transpercent et viennent se cogner aux murs, et l'écho sonne assone et assomme le pauvre corps (entendre corps et âme) jusqu'à l'outrance où seul un "pari" de "s'envoler" le sauverait, par ce "trou dans les trous".
L'allitération qui cogne de ses "k" dans les deux premiers vers ("écho-corps-contre-cadence-comme-coeur") est particulièrement efficace, prégnante, lancinante pour dès l'entame agresser le lecteur.
J'ai trouvé aussi très justes :
"ne pas faire un bruit si le monstre dort encore"
"alors déjouer l'ombre en tordant la lumière"
"requiem en ressac sur les rives du souffle"

Et puis cet "écho dans le corps", incessant comme des acouphènes géants, insiste encore et encore au point de ne rien cacher des difficultés de ce poème douloureux.

(PS: mon évaluation est relative à l'auteur, intertextuelle donc, et non à une moyenne onirienne)

   Anonyme   
31/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Un poème qui laisse de belles empreintes dans l'esprit une fois la lecture achevée. La 'sensiblerie' n'est probablement pas si loin mais les échappées d'écriture lui mettent le mors aux dents et la réfrène, la bride. Le terrain est lourd, n'est pas plat et c'est bien dirigé. Merci.

Ps: mon commentaire ne concerne que le poème que je viens de lire, rien d'autre ...

   Luz   
31/10/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,

Je suis loin d’avoir tout compris, comme d’habitude. Je suis trop terre à terre, il faut tout me mâcher… Mais j’ai ressenti la poésie, la grande, le souffle. C’est ce qui me plait : un texte qui peut s’en aller vers ce que l'on veut, ce que l’on sent.
Et génial, le titre !
Bravo !

Luz

   Cristale   
31/10/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Pouet,

C'est pas de la pouésie, c'est des mots qui font des rêves, des vers qui jouent à faire pleuvoir dans les yeux, de la musique qui écrit sur les murs des coeurs et boum ça tape là, juste là ! De bien grand on devient tout petit, on se laisse enfermer dans un trou de grillage et on parie, pour qu'elle se sente moins seule, selon la couleur des voitures du monde de l'autre côté, avec l'âme qui a peur du monstre caché... dans le corps qui l'a fait naître, le corps enfermé dans le coffre à pirates. Le gris-coup côtoie le rouge sanglant brûlant, le bleu teint à l'arnica se fond et s'oublie dans le noir où pleure l'écho des coups contre le mur...

Cristale
lu d'une pierre fendue dans un mur

   Myndie   
1/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Bonjour Pouet,

voilà un poème aussi fort que noir.
C'est drôle, à la première lecture, j'ai tout de suite pensé à l'univers médico-carcéral de « Vol au dessus d'un nid de coucous ». Parce qu'on se prend comme une claque cette sensation d'enfermement, d'étouffement, de souffrance autant physique :
« c'est l'écho dans le cœur cette tête contre le mur
qui cadence comme un coeur »
que psychique, celle-ci ressentie en immersion profonde dans votre poème.
Un langage poétique éminemment sensoriel et suggestif, riche termes minutieusement choisis :
« le rêve lacérant le réel »
« déjouer l'ombre en tordant la lumière »
« tout l'univers prostré dans un coin de la chambre »
Je pourrais ici recopier la 2ème strophe en son entier tant je la trouve belle, tant elle m'emporte.
« Un œil pris dans la vitre et des cils de pluie ». Magnifique.
Si l'on ajoute cette impression de cauchemar enfantin qui affleure, il y a dans tout cela un alchimie verbale qui nourrit l'émotion – intensément – et pousse à l'interprétation.
Ces souvenirs sont vôtres sans doute, l'amertume et la peur qui les baignent aussi, mais votre poésie porte en elle tant d'images fortes et de sensations qu'elle titille l'imagination et convoque notre propre tourbillon mémoriel.

Le lamento est somptueux

   Myo   
1/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
À la lecture de ce poème au ressent cet écho dans le corps, un écho douloureux, languissant. Le grillage d'un esprit différent qui ne peut s'ouvrir aux autres, qui ne peut se défendre et dont la prison de ce corps est le seul horizon.

Alors, quelque fois il s'autorise un regard vers le rêve, une question de survie avant que la peur et le manque de chaleur le retrouve :
"un œil pris dans la vitre et des cils de pluie
tout l'univers prostré dans un coin de la chambre "

Un poème fort, à l'atmosphère toute particulière et très touchante.

Bravo

   Anonyme   
2/11/2021
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le monstre qui dort encore - belle image en passant « pour déjouer l'ombre en tordant la lumière » - laisse penser que la partie se joue dans les profondeurs où rodent des fantômes qui forcent l'enfant qui sommeille en chacun de nous à se tenir « prostré dans un coin de la chambre ».

Je me suis laissée engloutir par la myriade d'images éclatées de douleur qui jalonnent ce texte.

Un poème tout cru qui vous avale en spirale dans les abysses de l'enfance hyper sensible.

Do, l'enfant do ! Pouet est là qui fait mal, mais aussi qui veille.
« si la voiture est bleue il faudra espérer »...

Allo, maman... bobo !.

   Louis   
3/11/2021
 a aimé ce texte 
Passionnément
Ça commence sonore, dans un rythme sourd, par des coups étouffés, des battements, une « cadence », une « pulsation » et des « échos »
Une tête cogne le mur, se heurte contre une paroi, en dur. Heurts contre le mur. Durée à la mesure d’une douleur.
Et il en aura mal partout, celui qui résonne à ces temps si durs :

« c’est l’écho dans le corps cette tête contre le mur »

Il en sera blessé, de cette douleur projetée dehors, exorcisée : «lambris blessés », parce que tout tombe en lambeaux, blessé, brisé, en copeaux d’une matière d’exister, dans ce monde déchiré, «le rêve lacérant le réel », dans une lumière à « tordre », comme on tord le temps.

Mais qui est-il, lui dont un écho prend place d’un ego ?
Il tient à la fois de l’enfant et de l’adulte. Et la tête contre le mur est celle d’un parent, une mère.

Ça commence sonore, mais tout est assourdi, « et ne pas faire un bruit si le monstre dort encore »
Ne pas éveiller ce qui dort, effrayant, angoissant. Ne pas jouer, mais « déjouer l’ombre », et par précaution, et par prudence, pour ne pas allumer la flamme brûlante, pour éviter la flamme que crache le dragon, cet avatar du monstre, il faut : « enfouir le tison sous des braises rouillées »
« Rouillées » les braises, parce qu’elles ne sont pas ainsi enfumées, avec leur teinte rouille, qui ne foutent plus la trouille ; teinte usée du rouge ardent, vaguement rougeâtre, teinte des braises éteintes ; teinte refroidie des vivacités, des colères émoussées du foyer ; teinte de ce qui ne porte plus atteinte.

Ça commence sonore, et se poursuit imaginaire, sur l’écran blanc-lumière.
Il y a « le coffre à pirates » et dedans un trésor, et dedans la mer, et dedans la "mère".
Les pirates ont ravi la mer.
Ce n’est pas la mère qui est un trésor, c’est le coffre très for intérieur emporté au-delà des murs qui s’ouvrent vers le large, hors du foyer exigu, c’est lui le trésor. Sa métamorphose en grand voilier qui vogue loin des rives de douleur ; vers l’ouvert du grand large, la mer sans murs, sans les parois d’un coffre où se cogner la tête ; et l’abordage sur une île lointaine.

Lui : il. C’est ça, c’est ça. Île isolée, il impersonnel.
Il. Une île. C’est là, c’est là qu’il faudrait engloutir le coffre, engloutir la mer.
Afin qu’elle disparaisse. Afin de la porter en soi, comme île en soi, afin d’être un trésor en devenir. Et lui l’il au trésor.

Un « requiem » silencieux après le retour du lointain par-delà les murs, dans un « ressac ». Le coffre aux trésors laisse à nouveau place au triste sac d’un enfermement.
Un requiem pour la paix de l’âme, pour le calme de la mer. Un requiem triste « quand la respiration assourdit la clarté ». Harmonique d’un soupir. Et le regard se porte, triste, vers une fenêtre, mince ouverture sur le réel, où la mer se déverse en pluie,

« un œil pris dans la vitre et des cils de pluie ».

Il y a des regards de pluie et des yeux vitreux ; il y a des regards pluvieux, et des yeux mouillés.
Un regard gagné hors les murs en dur, en plein, en toute opacité. Non vers l’imaginaire, vers le réel cette fois.
Bien que « tout l’univers » soit « prostré dans un coin de la chambre».
Tout l’univers vécu se ramène à la mère, mais un dehors est aperçu, il y a un au-delà de l’ « univers », et un trou dans le grillage de l’enfermement.
Dans le foyer où se cloisonne l’univers, la vie est invivable, suffocante, « l’angoisse » y « ronge l’ennui ». Dans le foyer, la survie est en jeu :

« le pari est l’unique garant de la survie »

Comme dans le pari pascalien, il y a tout à gagner à croire en l’au-delà de l’univers clos, à parier dans l’existence du dieu-monde infini par-delà la fenêtre grillagée.
De cet au-delà, dont ne sont perçus que des signes : des voitures qui passent, dont on ne sait d’où elles viennent, dont on ne sait où elles vont. L’auto en jeu, chance de liberté
Pari gagnant des couleurs. Bleu d’une auto sur le tapis du monde pour l’espoir d’une libération.
Gris pour que les trottoirs de l’escapade prennent la teinte vive, la teinte « rouge » rêvée.
« reste un monde à ouvrir » au jeu du monde.
Reste comme Icare à tenter un « envol ».
Dans ce passage, par un trou de souris, par un trou du grillage, où même un chat ne s’enchâsse pas.
Ce « grillage », qui n’est pas seulement celui du « gris âge », mais aussi celui du « Grill-âge », où la vie se consume dans le foyer maternel, là où rôde « un monstre ».
Il faut, à Icare, éviter de se brûler les ailles au feu du « grill-âge », dans cet « envol incertain »

Ça finit comme ça, impersonnel, même pas comme chat, qui ferait un chagrin de moins.
Ça finit comme ça, écho toujours douloureux.
Comme ça dans tout le corps vibrant.
Comme Ça.

Superbe texte.
Bravo Pouet.


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