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Poésie libre
Purana : ماهی سفید کور Poisson blanc aveugle
 Publié le 18/07/14  -  15 commentaires  -  2470 caractères  -  321 lectures    Autres textes du même auteur

Écoute ! Comme les Dieux exultent et puis pleurent…


ماهی سفید کور Poisson blanc aveugle



Écoute ! Comme les Dieux exultent !


Écoute

Le Chammal caresser
Les feuilles de mon palmier
Et murmurer aux trèfles

Le forgeron frapper la tige
En harmonie avec le chant
Du charpentier

La Tourterelle orientale et le bulbul
Célébrer la naissance
De mon chamelon…


Laisse

S'approcher tes pas hésitants
Tes mains embrasser mes cheveux
Me réjouir dans la soumission

Mon image agitée danser aux bras
Du poisson blanc aveugle de Perse
Qui nage dans le silence du Qanat

Tes poèmes m'entourer
Perfection des corps
Fusion des âmes…




Regarde ! Comme les Dieux pleurent !


Dans les effluves d'opium, d'alcool
Se couper la gorge
Et quitter le pays, valise bien remplie.

Réfugié, le ventre plein
De vin, de pain, de viande
Donner des ordres venus d'ailleurs.

Femme âgée de Chiraz
Sous les coups de bâton
L'adultère enceinte, lapidée.

Abadan en flammes
Mon frère tout sanglant
Plus envie de t'écrire.

La tête courbée, adieu
Toi aussi, tu vas à la guerre
Je regarde et ne sens plus rien.

Mon amour meurt de soif et de faim
Déçu, le pigeon blanc de la paix
Qui vivait dans mon cœur me laisse.


 
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   Robot   
20/6/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je dois dire que ce texte, exotique pour moi, ouvre l'imagination et la curiosité. On ressent la nostalgie, le regret, et le désarroi du narrateur. Je vais aller chercher la signification de certains mots qui ne sont pas dans mon vocabulaire, mais leur étrangeté pour moi n'a pas gêné ma lecture. Un petit bémol, le dernier mot du dernier vers me paraît trop commun pour terminer ce beau texte. J'aurais bien vu que "me laisse" soit remplacer par "m'abandonne"

   margueritec   
1/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Texte fondé sur une opposition qui prend sa naissance dans la douceur et la beauté de l'intime et s'achève par l'abandon d'un pays où règnent la violence, l'injustice et la mort , trois situations qui se propagent en final dans un destin individuel.

Cette opposition marque bien l'espoir brisé par un pays oublieux de l'amour et qui envoie ses fils au combat, à la mort.

Espoir qu'exprime la douceur du vent (le chammal caresse et murmure, l'harmonie des artisans, la naissance du chamelon) et l'amour de deux êtres.

Violence d'un pays en sang, qui impose lapidation et guerre, brisant l'écriture et l'amour.

Opposition marquée aussi par le poisson blanc aveugle qui est ici associé au bonheur et la perte de l'espoir à l'abandon du pigeon blanc.

L'emploi de vers relativement courts et l'absence de ponctuation donnent au poème un bercement qui participe à la douceur de la première partie. Dans la seconde partie, les vers également courts sont entrecoupés de virgules,ce qui apporte au poème une dureté en accord avec le sens.

Un chant d'amour, d'espoir brisé que j'ai bien aimé.

   Anonyme   
5/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Ce que j'ai surtout aimé c'est d'avoir été télétransporté dans un pays où j'ai pu découvrir la vie respirant de toute son éclat, où l'amour et la sérénité se côtoient dans une atmosphère aux couleurs exotiques.

Surgit la peine et la violence, le contraste est saisissant. Vous ne faîtes pas dans le sanglant, ni dans le morbide pour toucher le lecteur. Là encore je suis les pas du narrateur qui me conte l'envers du décor de sa patrie.

Un poème superbe dont l'émotion transpire et vient jusqu'à moi.

Le titre est très beau.

   Pimpette   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est superbe!
Tout de ta vie défile sans description banale ou inutile...le pays bien aimé...la paix puis la violence intolérable...l'amour intense puis douloureux... l'exil...
Une grande richesse dans ce texte sans bavures...

"Mon image agitée danser aux bras
Du poisson blanc aveugle de Perse
Qui nage dans le silence du Qanat"....C'est une des plus belles images que j'ai rencontrée dans les textes d'Oniris cette année!!!

   Vincent   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Ecoute, laisse, regarde

Tout cet enracinement au font de ton être

Magnifique poème

Nous apportant la vie

TA VIE

Bravo à toi douce poétesse

   troupi   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Purana.

Purana trop rare sur Oniris car cette vague d'exotisme nous transporte dans des ailleurs si bien écrits.
Ce poème est un voyage où l'amour le dispute à la violence.
Situations hélas si banales dans certaines régions du monde qui seraient quasi paradisiaques si la paix savait s'y installer durablement.

Je pense que la fin gagnerait à adopter cette petite modification :

"Mon amour meurt de soif et de faim
Déçu, le pigeon blanc de la paix
qui vivait dans mon cœur
m'abandonne."

Je pense également que les majuscules systématiques en début de vers n'ont rien d'indispensable dans cette catégorie.

   Sylvain84   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Magnifique texte où se lit en dualité la douceur, toute la première partie, et la violence ensuite: regarde! Comme les Dieux pleurent!
C'est un résumé de toute l'histoire de la Perse, terre d'émergence de nos civilisations (sédentarisation avec la construction des premières cités, ébauche des premières écritures...).
Cette région ne connaît toujours pas la paix:

Mon amour meurt de soif et de faim
Déçu, le pigeon blanc de la paix
Qui vivait dans mon coeur me laisse.

C'est ce que laisse entendre la fin de ce poème où la colombe de la paix abandonne l'héroïne.
C'est superbement écrit.
Merci Purana pour ce partage.

   Louis   
18/7/2014
Deux parties dans ce poème.
Ce qui semble d'abord remarquable, c'est l'opposition, dans ces parties, entre l'écoute et le regard, entre ce qui s'entend et ce qui se voit.
La première partie rattache ce qui est heureux, joyeux, jubilatoire ( les dieux « exultent » ) à ce qui s'entend : « Ecoute ! Comme les dieux exultent ».

Ce qui s'entend : le vent du nord ( le chammal ), ses caresses, ses murmures ( mais près des palmiers, la présence des « trèfles » surprend ! ) ; l'activité sonore des artisans, du forgeron et du charpentier ; les chants des oiseaux, la tourterelle, le bulbul.
Une jubilation est aussi associée à la belle sonorité exotique des mots : « chammal », « bulbul », « chamelon ».

Il y a entente ici, en plusieurs sens du terme, l'entente de l'écoute, mais aussi l'entente de l'accord et de l'harmonie entre soi et ce monde qui plaît aux dieux.

Ce monde n'est heureux qu'à l'entente, il est « à pleurer » quand il faut le voir.
D'où cette image belle et étonnante, le
« poisson blanc aveugle de Perse
Qui nage dans le silence du Qanat ».
Le poisson blanc est l'image du sujet « Je » du poème, le monde béni des dieux est aussi son monde, ce monde où le sujet se sent aussi à l'aise qu'un poisson dans l'eau, mais à la condition d'y être aveugle et de ne pas voir ce qui s'y passe. Le visible est terrible, l'entente est belle.
Mais l'image du poisson aveugle s'avère aussi malheureuse, puisque le poisson «  nage dans le silence du Qanat ». Le Qanat est silencieux, on n' y entend pas les bruits de la vie heureuse.
Le poisson aveugle se trouve aussi dans un état de surdité.
Rien n'est vu de ce qui est terrible, mais rien n'est entendu de ce qui est heureux.
Le sujet est dans son élément, il est dans son « eau », en Perse, mais à la condition de n'y rien voir, et de ne rien y entendre.

Cette image du poisson aveugle est à laisser :
« laisse
(…)
Mon image agitée danser aux bras
Du poisson blanc aveugle de Perse »

Il s'agit d'une image encore, d'un visible ; il faut aussi se détourner de ce visible-là.

Et ne plus entendre que les mots, les mots poétiques d'un allocutaire :

« Laisse
(...)
tes poèmes m'entourer »

Se laisser ainsi envelopper de mots, ne plus être une « image », ne plus être « visible », mais pétri de mots, de la musique du poème, et réaliser une fusion avec l'allocutaire, son corps, son âme, et sa poésie. Ne plus faire qu'un avec les mots de la poésie.
À l'écoute heureuse des sonorités de son pays au loin, substituer l'écoute poétique des mots d'un amant.
Aux sons heureux de la vie là-bas, dans ce pays qui plaît tant aux « dieux », préférer les mots du poète, qui les évoque et les chante, comme le font les mots de ce poème dans la première strophe.

La deuxième partie du poème, celle du regard, décrit le monde malheureux, visible.
Il ne reste de solution, à voir ainsi « pleurer les dieux », que la chemin de l'exil ; partir, « se couper la gorge » : non pas se saigner, mais ne plus pouvoir participer, dans la Perse d'aujourd'hui, à la parole, celle qui s'écoute, celle qui pourrait rendre plus heureux ce monde qui se voit si désolé.
Lapidations, guerres ( la guerre peut-être entre l'Iran et l'Irak ) font partie du malheur de ce qui se voit.

Le poème se termine par une déception :

« Déçu le pigeon blanc de la paix
Qui vivait dans mon cœur me laisse »

L'oiseau blanc, allégorie de la paix, est traditionnellement une colombe, il est remplacé ici par un pigeon. Peu importe. Le blanc du pigeon semble faire écho au blanc du poisson aveugle. Et le cœur reste sans paix, inquiet et malheureux.

Merci Purana pour ce beau poème.

   Cox   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Passionnément ↓
Magnifique poème !

Il est tout chargé de parfums exotiques, et de musique lointaine. J'y ai appris beaucoup de mots (que j'oublierai sans doute demain, on ne se refait pas), mais c'et très loin de l'étalage de science gratuit et doctoral; ce vocabulaire recherché participe évidemment au voyage, et nous apporte des échos persans par ses sonorités délicieuses.


Le poème est très bien construit, dans l'opposition des sens vue/ouïe, et celle des larmes et des rires. Il sert un fond réellement émouvant, sans mélo, avec toute la mélancolie digne et belle dont on peut rêver.
Ici, ce n'est pas l'amour qui transcende l'horreur et la haine; ce sont ces dernières qui l'emportent. C'est évidemment terriblement triste, mais ça vous prend à la gorge, ça se comprend, c'est dans la continuité logique du reste.
J'adhère et j'en reste ébahi.

Le commentaire-analyse de Louis, qui va toujours plus loin que moi dans la compréhension, n'a fait que me convaincre encore plus de la qualité du texte


J'ai toutefois quelques questions, si ce n'est pas abuser : Que signifient les quelques mots d'arabe (ou persan, je n'y connais rien et ne voudrais pas commettre d'impair) du titre ? Est-ce simplement la traduction ?
Quant à l'image du poisson blanc aveugle, je la trouve très belle, et adaptée au texte, mais je me demande si elle ne fait pas référence à quelque chose de précis; une légende ou quelque chose comme ça peut-être ?

Félicitations en tout cas pour ce très beau texte.

   Lulu   
18/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Superbe poème où il n'y a vraiment rien à corriger.
Je suis plus naturellement sensible à la première partie, parce qu'elle chante la vie dans ce qu'elle a de positif et de poétique. Le rapport au végétal me touche particulièrement. Je me suis laissée portée par ce "Ecoute" qui donne à entendre et à voir.
Tout l'ensemble se tient, cependant, parfaitement bien.
Une belle composition.

   Purana   
19/7/2014

   Uranie76   
19/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Beau poème qui fait vibrer ma fibre orientale. Louis, et tous ces commentaires pertinents m'ont devancée pour le fond, que j'ai saisi en majorité grâce à eux, peut être l'attention détournée par un autre aspect, plus léger.

Le squelette du poème en lui, son architecture, j'ai saisi un langoureux mouvement qui approfondit les vers en leur attribuant une dimension spatiale,de bas vers le haut, tangible spécifiquement dans la partie Ecoute :

Le Chammal qui souffle sur les feuilles du palmier (haut)
les trèfles (bas)

Le forgeron et le charpentier, métiers dont le marteau est l'outil emblématique (pour ne citer que celui qui illustre mon propos) fait un mouvement de haut en bas.

la tourterelle et le bulbul, oiseaux, aériens (haut)
le chameleon, terrestre (bas)

Un mouvement qui s'accorde au sens de la lecture, de haut vers le bas, que l'on peut vivre en s'imprégnant du sens, comme un précipice, des vers qui cheminent d'un paradis céleste et haut (la partie Ecoute) vers une partie terrestre (Laisse), vers une descente aux enfers (Regarde..).

Merci pour ce poème.

   Uranie76   
19/7/2014
Je rectifie une phrase ne sachant pas comment éditer un commentaire, et vous priant d'avance d'excuser ma maladresse de novice:

Le squelette du poème en lui même (mot manquant), son architecture, j'ai saisi un langoureux mouvement qui approfondit les vers en leur attribuant une dimension spatiale,de haut vers le bas (et non l'inverse comme le stipule mon premier jet) , tangible spécifiquement dans la partie "Ecoute"

   Lotier   
24/7/2014
Bonsoir Purana,

C'est une démarche poétique dans le poème qui transparaît : la contemplation à laquelle se livre le narrateur, dans cette écoute puis ce laisser-faire, comme les eaux du qanat qui baignent la terre féconde. Le souffle poétique trouve son rythme : l'inspiration des souvenirs et des moments qui épanouissent, puis l'expiration, la nécessité de dire les scènes qui blessent l'âme et le corps.

Rien n'est plus doux qu'une terre aimée, rien n'est plus amer qu'une terre ravagée. J'y retrouve les accents de Francis Jammes dans «Le rosaire» (dans le recueil «l'Église habillée de feuilles») dont Brassens fit une adaptation («La prière») en mettant l'expiration avant l'inspiration, contrairement à Jammes et à vous.

Merci d'avoir trouvé, dans ce poème, la juste distance qui permet de ressentir et d'éprouver.

À vous lire,

Lotier

   pieralun   
7/3/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Plusieurs lectures sur ce poème....

La Quiétude:
Elle n'ait d'un vent africain qui caresse les végétaux, des bruits familiers qui rythment la vie d'un village, des animaux symbolisant la douceur, la fragilité.

La Passion:
Dans la douceur toujours, jusqu'à la soumission, entourée de symboles orientaux...

La Guerre:
La violence, la fuite, l'humiliation, le sang, la désillusion, le tout dans des ambiances africaines et orientales.

Chaque ambiance, de lieux, de sons, de vie, chaque ambiance d'état de l'âme du narrateur, de paix comme de guerre, chaque ambianc est parfaitement rendue.
En quelques mots j'ai retrouvé l'Afrique, imaginé le golfe persique, ressenti l'état de paix absolue de l'âme de l'enfant dans le nid qui le protège avec sa vie, ses bruits, son climat.
J'ai pu imaginer le chaos d'une guerre, la précipitation d'un départ, l'horreur de voir un des siens touché par l'horreur, l'effondrement de l'état de paix et d'abandon que l'on avait si bien connu et auquel on croyait, pour la vie toute entière.

Les mots, plus encore les formules grammaticales sont simplissimes.
On trouve la beauté dans une musique très épurée qui coule sans heurt quelque soit l'objet de la narration.
On trouve la beauté dans les ambiances que l'on peut voir, entendre, sentir presque.

On trouve la poésie dans la confrontation des états d'âmes et surtout dans la douceur de leur expression.
Il n'est pas de message plus fort que la violence décrite par la douceur du propos. Même pour les passages ayant trait à la guerre, même contenant les mots " coups", "flammes", "sanglant" ....e.t.c, le texte reste doux, passionné ou désabusé , le texte reste doux.

Il n'est pas de plus belle poésie que celle qui dénonce l'horreur dans la plus grande douceur, et sans verser dans le pathétique.
J'y ai mis le temps Purana, mais j'ai profondément, infiniment aimé.


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