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Poésie libre
Respy : Papier mâché
 Publié le 01/12/14  -  10 commentaires  -  966 caractères  -  284 lectures    Autres textes du même auteur

Certains se lèvent pour que d'autres sommeillent.


Papier mâché



Les quais sont des dortoirs
où s'entassent nos cauchemars.
Là où autrefois le labeur se gantait de noir,
les visages se succèdent identiques.
La résignation court en grésillant
sur les fils électriques,
quelques wagons hoqueteux
brinquebalent la brume assoupie.

Fini le gypse !
On troue l'air ces temps-ci
pour moins que ça ;
bonnes de toutes classes éboueurs
chirurgiens des boulevards ouvriers.
Ce petit monde qu'on a arraché
d'un sommeil bestial fait silence,
l'air filtre atone par la vitre qui bâille
et ça vous braille là-dessous
sous ce fouillis d'épis et de poux
de ces envies inavouables qu'irrite
l'odeur tapageuse du tabac.

Haillons et autres loques se disputent
le cul gluant d'un strapontin.
On se dit alors que le crépuscule
doit être bien nu,
pauvre femme qu'un soupirail
violente chaque matin.


 
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   Francis   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Faune des petits matins, happée par la migration pendulaire des zones périurbaines. Troupeau à peine éveillé se rendant au travail dans des décors tracés au fusain :
"quais dortoirs
Wagons hoqueteux
odeur tapageuse du tabac
Cul gluant d'un strapontin
Les visages se succèdent, identiques..."
La plume décrit sans complaisance cette foule d'automates.
L'aube est bien différente dans mon petit village !

   Pimpette   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'aime le nombre et la richesse des mots qui n'imitent pas, en plus, d'autrees textes et d'autres images.
Si bien que le poème tout entier parait tres singulier, très original. C'est justement la qualité suprême d'un texte!
Même le titre est astucieux entre matière noble, pour un auteur, et petite inondation qui gache tout!

"Haillons et autres loques se disputent
le cul gluant d'un strapontin.

tres bonça!

   papipoete   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Un peu
bonjour Respy; quel tableau sombre de quais à cauchemars, de petit monde arraché d'un sommeil bestial, de braillements montés d'un fouillis d'épis et de poux!
Je ne voudrais pas me méprendre, mais évoquez-vous les troupes de travailleurs se rendant à l'usine, au bureau? loin de moi le voeu de teinter en rose le cheminement que j'ai arrêté voici 5 ans(je suis retraité), mais j'ai l'impression de voir la cohorte du peuple du ghetto de Varsovie!
Résignés d'aller au travail, oui je peux le concevoir pour certains, mais pour tous, je suis réservé.
Il est vrai que je suis un provincial, mais je me souviens avoir chantonné, sifflé un air et croisé des sourires sur le trottoir!
J'ai connu la déprime qui m'arrêta longtemps, et pourtant, reprendre le boulot me redonna goût à la vie. Je ne me veux pas "moraliste" et j'espère m'être trompé sur la signification de votre récit, mais dans le cas contraire, je maintiendrais cette réflexion.
La dernière strophe (que je situerais aux alentours de la cour des miracles) est belle, dans cette peinture si crue!

   Anonyme   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Noir, c'est noir... j'aime beaucoup certains passages comme : "la résignation court en grésillant sur les fils électriques". Le début me dérange un peu, je ne comprends pas vraiment, ramène-t-on nos cauchemars sur les quais ? Et quel labeur ? Il n'y pas beaucoup de chirurgiens sur les quais que je fréquente, sont-ils là pour opérer ? Enlever des tumeurs qui risquent d'exploser. Reste que ce poème à une couleur, une odeur et des sons, qu'il est violent d'une certaine façon donc qu'il vit et trouve une fin terrible : "Pauvre femme qu'un soupirail violente chaque matin". On y voit ses soupirs et le rail.

   framato   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je me demande si...


Si la ponctuation avait inclus toute les virgules,
Si tous les vers avaient portés un sens limpide
Si l'ensemble avait été moins noir
Si les deux derniers vers n'avaient pas été là

Je me demande si j'aurais moins aimé...

Franchement ce texte me parle bien. Je l'ai senti vibrer.

Un petit bémol pour la répétition de l'air dans la deuxième strophe.

Certaines images m'ont fait penser aux travailleurs des mines, d'autre m'ont ancré dans un modernisme tout aussi sombre.
Il y a quelques juxtapositions que je trouve excellentes :
"On troue l'air ces temps-ci
pour moins que ça"
"et ça vous braille là-dessous
sous ce fouillis d'épis et de poux "

Je pense que le texte aurait gagné en force en lui retirant les mots pas vraiment utiles. Un exemple :

"On se dit alors que le crépuscule
doit être bien nu,
pauvre femme qu'un soupirail
violente chaque matin."

Le crépuscule doit être bien nu,
pauvre femme qu'un soupirail
violente chaque matin.

Il ne me semble pas que "on se dit alors que" apporte quoique ce soit de plus, ni en sens ni en joliesse (la formulation est lourde)... mais ce n'est que mon avis (et je suis plutôt style minimaliste, hein !)

Un texte que j'ai aimé, mais que j'aurais aimé adorer !

   Myndie   
2/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Respy,

Images sans fard, portrait sans indulgence d'une transhumance
journalière et matinale dans les « bas-fonds » urbains que sont les
quais de métro ou ceux des gares.
La ville, avec ses rituels de vie laborieuse, est un monstre impitoyable qui engouffre les hommes-robots pressés, broie leurs pensées, étouffe leurs rêves.
Ville tentaculaire qui n'a rien de mieux à offrir aux besogneux qu'une destinée monotone.
Je trouve judicieux le choix de « hoqueteux », moins courant que
hoquetant, et à mi-chemin entre le néologisme et le subliminal
(hoqueteux, loqueteux).
Idem pour la répétition des sonorités : ho/que/teux, lo/que/teux, qui renforce l'impression de cahots/chaos.

Avec ses images crues et pathétiques, votre poème est un certain reflet du quotidien, qui s'attache à rendre une atmosphère de malaise.
Je trouve également que vous maniez avec aisance le clair-obscur, procédé cinématographique par excellence qui m'évoque l'expressionnisme allemand et donne à votre écriture sa densité émotionnelle.

Merci pour ce partage.

myndie

   MissNode   
3/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je ressens très fort les images de votre poème, dont l'ambiance terrible m'a impactée - les sonorités arides qui s'y entrechoquent habilement (en "k" en "oir" en "r" en "s") doivent y contribuer. En même temps, la liberté de votre poésie fait progresser le texte dans l'univers glauque qui est celui de tous les jours pour une majorité d'humains, à en faire frémir.

Mes préférés :
La résignation court en grésillant
sur les fils électriques,
quelques wagons hoqueteux
brinquebalent la brume assoupie.

l'air filtre atone par la vitre qui bâille
et ça vous braille là-dessous
sous ce fouillis d'épis et de poux

Haillons et autres loques se disputent
le cul gluant d'un strapontin.


On avance en effet au ras du macadam, la respiration en devient presque difficile... bravo pour cet effet qui secoue !

   Curwwod   
4/12/2014
La complaisance au loqueteux, au sale, à l'abimé, développé par l'auteur est son droit le plus strict. Mais dans ce grand étalage de mocheté et de misère quotidienne, où à force de recherche d'originalité on débouche sur des formules incompréhensibles :
"le cul gluant d'un strapontin...pauvre femme qu'un soupirail violente chaque matin.", je ne ressens aucune poésie, aucune élévation de la pensée, aucune sublimation de la réalité.
Désolé, j'ai détesté.

   FABIO   
5/12/2014
 a aimé ce texte 
Pas
Des images rendus compliquées par un vocabulaire
parfois ronflant, pourtant l'idée du texte me plaisait,
je décroche vite quand il faut sortir le Larousse.
j'aime la fluidité mais la ca accroche.

   Robot   
14/12/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je suis revenu plusieurs fois sur ce texte avant de savoir pourquoi je le ressentais si intensément. Du libre, mais très contemporain. C'est fort, expressif. Il y a une ambiance, un milieu particulier. Métro, gare, bus bondé ? J'aime aussi le réalisme des mots utilisés dont la simplicité renforce le texte sans que l'on se casse la tête à en chercher le sens.


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