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Poésie contemporaine
Robot : Mon grand-père était philosophe
 Publié le 21/11/18  -  21 commentaires  -  1319 caractères  -  256 lectures    Autres textes du même auteur


Mon grand-père était philosophe



Fumeur de pipes mon grand-père
était philosophe bien sûr,
très allergique à la tonsure
aux dévots et à la prière.

Seul saint Claude était à ses yeux
le meilleur pour tailler des pipes.
Pépé exigeait par principe
Un bois de bruyère noueux.

Il ne craignait pas la faucheuse,
à la condition toutefois
de ne trépasser qu’une fois
dans les bras de la défricheuse.

« Quand elle aura mon numéro
je demande à cette salope
qu’elle arrive ici sans le pope,
pour boire ensemble l’apéro. »

La Parque entendit sa requête
car le moment de son trépas
tomba juste avant un repas,
verre à la main, un jour de fête.

On continua le banquet
pour que la peine se dissipe !
L’aïeul ayant cassé sa pipe
mon père hérita du briquet.

Mon grand-père était philosophe,
bien certain qu’avec sa moitié
à l’heure où il serait grillé
on ne crierait pas : « Catastrophe ! »

Dans le cercueil on mit sa pipe.
Mémé qui se savait cocue
dit : « Pourvu que ce trou du cul
chez le diable brûle sa lippe. »

Le mot, en moins d’un jour, partout,
a circulé dans le village.
On a connu plus bel hommage
d’une femme pour son époux !


 
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   Anje   
7/11/2018
 a aimé ce texte 
Un peu
Contemporain.
J'aurais évité le pluriel à "fumeur de pipes". Il me semble que l'on fume la pipe et non les pipes. Même si on en a une collection, difficile d'en fumer plusieurs à la fois, non ? Ce choix est peut-être volontaire ?
Parlant de pipe, la grivoiserie (le meilleur pour tailler des pipes) était inévitable mais elle semble placée juste là pour se montrer et, pour moi, n'engendre pas le sourire.
J'aime bien la conclusion. Un hommage à la hauteur du cocuage.
Un poème simple qui pourrait faire une chanson légère avec de l'humour mais trop de longueurs.

   Miguel   
9/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
On est là dans la veine égrillarde de quelques poètes chansonniers à la manière de Béranger ou d'Aristide Bruant, ou encore celle de nos Brel et Brassens. On a tout, le philosophe bouffeur de curé et provocateur dans ses évocations de la mort, l'épicurisme, etc. C'est léger, bien tourné, et cette oraison funèbre inattendue vient en quelque sorte couronner le tout.

   Bidis   
10/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Truculence et chouette écriture. J'ai passé un bon petit moment.

   papipoete   
12/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
contemporain
Un grand philosophe que mon grand-père, avec sa pipe rivée aux lèvres, ne craignait rien ; ni le Diable ni les curés ! La mort pourrait le prendre, il n'y était pas opposé, mais sous condition, sans discours ni messe !
Quand vint le moment une fois éteint, de le " passer au four ", mémé lui dédia une prière toute personnelle ...
NB poème bien tourné, argumenté ( oui, la meilleur pipe se taille près d'ici, à St Claude ) . La mort est presque sympathique, la parque lui laissant le temps de boire son dernier apéro .
Vers enjoués aux assonances chantantes ; un parfait coktail pour passer un bon moment !
papipoète

   Anonyme   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un poème bien sympathique ma foi, original et plutôt bien écrit.
Fumer la pipe, tailler des pipes, casser sa pipe , c'est bien trouvé .
Ça fait du bien de lire une poésie distrayante !

   pieralun   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un brin de Brassens....’?
Bien sympa.

   plumette   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
ce poème m'a fait sourire, avant de m'atteler au boulot.

j'ai tiqué sur le s de fumeur de pipe(s)

mais j'ai vraiment aimé le ton qui m'a fait penser à Brassens.

Le quatrain qui a ma préférence:

On continua le banquet
pour que la peine se dissipe !
L’aïeul ayant cassé sa pipe
mon père hérita du briquet.

pour le double sens du "casser sa pipe" vraiment très bien exploité ici.


Plumette

   Annick   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
Je verrai plus ce poème, à l'esprit gaulois, sous la forme d'une chanson, avec pour couplet :

Mon grand-père était philosophe,
bien certain qu’avec sa moitié
à l’heure où il serait grillé
on ne crierait pas : « Catastrophe ! »

Un personnage bon vivant, ribaud, débridé, qui fait sourire.
Un humour grinçant qui se construit autour du mot "pipe" et de ses différents sens. Sans compter ce qui est implicite...

Dans le genre, c'est un petit bijou ! Un écrit bien enlevé qui fait penser aux chansons de Brassens.

Je salue le talent de l'auteur.

   Cristale   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
L'alternance des genres m/f est parfaite entre les sept premières strophes mais dès que pépé casse sa pipe paf ! L'harmonie est rompue mais comme mémé sait qu'elle était cocue, cela n'a pas d'importance. Les dés de pépé étaient pipés depuis longtemps.
Fumer, tailler, bourrer, casser...la pipe ici se dévoile sous toutes ses formes les plus fumantes et ne me laisse pas de bois.

   leni   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
bjr ROBOT
Quel élan quel souffle C'est SUPERBE oui SUPERBE
Les images se succèdent elles s'enchainent dans un tableau d'une vraisemblance inouïe

« Quand elle aura mon numéro
je demande à cette salope
qu’elle arrive ici sans le pope,
pour boire ensemble l’apéro.

’aïeul ayant cassé sa pipe
mon père hérita du briquet.



dit : « Pourvu que ce trou du cul
chez le diable brûle sa lippe. »

ROBOT je te tire mon chapeau
Je viens de passer un moment privilégié MERCI AMI LENI

   Absolue   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Ca me fait penser au style de G. Brassens;-)
Je ne suis pas vraiment amatrice du genre mais j'avoue avoir souri:-) Sacré mémé!

   Anonyme   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Passionnément
On aurait dit que le grand Georges lui-même me lisait ce poème, j’adore l’univers de Brassens, donc j’adore ce texte.

   Anonyme   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Derrière cette philosophie de bon vivant et d'inconditionnel des pipes en " bois de bruyère noueux ", ne se cache--il pas un certain hédonisme, à en croire " sa moitié " " Mémé qui se savait cocue ".

L'humour et la verve sont présents et sierraient fort bien à une chanson dans la ligne de celles du Grand Sétois.

Un moment de lecture amusant sans être contraint de se tordre les neurones. Ca délasse de temps en temps...

   domi   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une poésie qui apporte le sourire : jeux de mots et de rimes, tout y est.
Merci.

   Francis   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un personnage haut en couleur que j'aurais aimé rencontrer ! Quelques mots suffisent à en brosser le caractère. Ces êtres originaux, authentiques, cocasses peuplaient mon petit village et son estaminet. Votre plume m'a fait sourire en me chantant la mort de ce papé et le franc-parler de mémé. Gabin aurait aimé jouer ce rôle au cinéma.

   wancyrs   
21/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Salut Robot,

Le propos est anecdotique, voilà peut-être pourquoi il est marquant. Les images sont simples et authentiques, surtout la déclaration de l’epouse du défunt. Un texte comme je les aime bien car on ressent que l’auteur a pris plaisir à l’ecrire.

Merci pour le partage !

Wancyrs

   jfmoods   
22/11/2018
Ce poème est composé de 9 quatrains en octosyllabes, à rimes embrassées, pauvres, suffisantes et riches, majoritairement féminines et consonantiques.

J'aurais mis une virgule à l'hémistiche du vers 1, d'autres virgules à la fin des vers 13, 23, 26 et 27 ; je n'en aurais pas mis à la fin des vers 15 et 33.

La disparité des niveaux de langue confère un charme certain à cette petite histoire.

Le grand-père, ouvertement anticlérical (litote : "très allergique à la tonsure / aux dévots et à la prière", condition posée : "qu’elle arrive ici sans le pope") fut ce que l'on a coutume d'appeler "un bon vivant".

D'un esprit gaulois affirmé (double sens : "tailler des pipes"), il goûta les plaisirs que la vie pouvait lui offrir. Il aima le tabac ("Fumeur de pipes", "saint Claude", "exigeait par principe / Un bois de bruyère noueux"), l'alcool ("boire ensemble l’apéro", "verre à la main") et les femmes (allusion subtile à la petite mort par une locution restrictive : "ne trépasser qu’une fois / dans les bras de la défricheuse", constat amer de l'épouse : "Mémé qui se savait cocue").

Trop occupé à profiter de l'existence, il n'envisagea sa propre fin qu'avec la plus grande désinvolture (allégorie : "Il ne craignait pas la faucheuse", injure : "cette salope").

À sa mort, survenue de la manière la plus opportune pour lui (allégorie : "La Parque entendit sa requête / car le moment de son trépas / tomba juste avant un repas, [...] / un jour de fête"), ses concitoyens lui rendirent l'hommage adéquat (subordonnée de but : "On continua le banquet / pour que la peine se dissipe !").

Notoirement peu comblé sur le plan conjugal (litote : "avec sa moitié / à l’heure où il serait grillé / on ne crierait pas : "Catastrophe !""), il ne laissa pas derrière lui une veuve éplorée (propos peu amènes tenus sur le défunt : "Pourvu que ce trou du cul / chez le diable brûle sa lippe", litote : "On a connu plus bel hommage / d’une femme pour son époux !").

Voici le portrait drôle, truculent, attachant, d'un homme qui sut toujours profiter de la vie (anaphore : "mon grand-père était philosophe" × 2) et qui transmit ce tempérament gaillard à son fils ("mon père hérita du briquet").

On peut légitimement supposer que notre narrateur a lui-même repris le flambeau.

Merci pour ce partage !

   Myndie   
22/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Robot,

Quel texte !
Ah la pipe de Saint Claude :)) !
Que dire qui n’ait été relevé déjà ?

A coup sûr, c’est Brassens qui a guidé ta plume et ton talent.
Moi aussi je me délecte de cette truculence, de ces clins d’oeil et sous-entendus et de ces expressions un peu drues.
Et j’applaudis le tour de force du poète qui sait faire sentir la tendresse qui se cache derrière l’humour gaillard, qui fait passer l’émotion ici et là aussi ; là sous la provocation, l'irrespect qui faire rire de la mort pour mieux s’en émanciper sans doute…
Je m’arrête par crainte de paraphraser les commentateurs qui m’ont précédée.
Ce poème est un régal, à quand l’orchestration ?

Bravo et merci Robot

myndie

   Robot   
23/11/2018

   Gouelan   
23/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Au moins on se souviendra de lui comme d'un bon vivant.
J'ai bien aimé ce grand-père que vous décrivez-là qui se moque un peu de la mort pour l'éloigner un peu, lui montrer qu'il n'a pas dit son dernier mot.
Le fils hérite du briquet, de la flamme de l'ancien, la fête continue...

Poème agréable et chantant.

   Corto   
23/11/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Voilà un vrai grand-père philosophe. Beau tableau très bien troussé.
Rendez-vous à tous pour fêter ce haut personnage au Lapin Agile en face des vignes de la rue Saint Vincent... Tout Montmartre applaudira!


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