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Poésie contemporaine
SaintEmoi : Pourquoi je lis
 Publié le 17/03/18  -  8 commentaires  -  2109 caractères  -  144 lectures    Autres textes du même auteur

Je voulais poser, après avoir creusé, des mots sur cette ivresse qui me gagne après avoir fini un roman, sorte de griserie existentielle qui interroge évidement les ressorts intimes qui nous livrent à la lecture.


Pourquoi je lis



Depuis que je suis né, acceptant à regret
L'incandescente vie et ce qu'elle a d'horreur,
Depuis mes premiers pas qui allaient animer
Cette quête macabre qui conquit mon humeur,

Dans la chute archaïque qui fouillait en ma chair
Des filiales reliques, comme un corps étranger,
Dans ces mains qui frappaient au plus blanc de ma chair,
Laissant à mon émoi le vœu d'être étranglé,

J'ai nourri, patiemment, en mon esprit malade,
M'allaitant à l'espoir, ce sein de l'impossible,
Cette folle pensée qui encore m’accable,
Je fuirai vers mil ports en restant dans la cible.

Au creux de la Moria, dans les yeux de Marie,
Aux sables d'Arrakis, dans les rues de Kaboul,
En berceau sur le Nil, en amour à Paris,
Dans le grand incendie ou son compte à rebours,

Du côté de chez Swan, dans les geôles d'Alger,
Dans l'univers connu, aux environs de Mars,
Aux vers des Fleurs du Mal, aux Alcools éthérés,
Aux voyages humanistes où tant de nuits se passent ;

Partout où par les mots j'ai posé mon bagage,
Atteignant bien des lieux, comprenant bien des gens,
Parcourant en un geste l'ensemble de nos âges,
Imprégnant tant de vies aux vertiges des temps,

Partout où l'émotion gagnait sur la raison,
En ce combat perdu où j’affronte les soirs,
Où les mots s’accrochaient en tristes compagnons
Aux falaises arides où vit mon désespoir.

Il m’arrive parfois, quand l’histoire se termine,
Que mon cœur pétri hésite encore un peu,
Entre rester avec des héros qui s’animent,
Ou revenir ici où plus rien ne m’émeut.

Je mesure à ces heures ce qu’est d’être vivant,
De chercher une cause, de chercher un répit,
Je mesure à ces heures le combat épuisant
Que se livre mon âme en quête d’un sursis.

Mais la nuit se finit, mon âme doit se rendre,
Se perdre encore un jour aux lois de la cité,
Abandonner ses rêves à cet absurde tendre,
Ce sentiment de perte qui ne veut me quitter.


 
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   Anonyme   
3/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bon, pour de multiples raisons, j'adore.
Je garde ce poème sous le coude.
C'est une épopée intime que vous mettez en commun par beaucoup d'aspects solidarisant.
Trouver cela, c'est aussi 'pourquoi je lis'.
Félicitations.
Fowltus en EL

   Mokhtar   
7/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J’avoue avoir été un peu décontenancé par votre entame : les trois premiers quatrains. Je pense que vous y exprimez une forte souffrance d’enfance, sans qu’on puisse discerner si elle est physique ou morale. On sent que cela vous est très personnel, mais le lecteur reste un peu dans l’expectative.
En vous appuyant sur ce mal de vivre, vous lancez le thème des plaisirs de la lecture, vécus comme une fuite, dans lesquels vous vous êtes réfugié. Mais la lecture ne peut-elle se concevoir que comme une thérapie ? Chacun a-t-il besoin de « ressorts intimes » pour le pousser à lire ? Peut-être, après tout.
Ce texte est très riche, énumérant toutes les formes de voyages proposées par le livre : géographique, historique, poétique, imaginaire, humaniste… Tout ceci dans une belle versification, avec de jolies évocations.
Ma préférence est dans doute dans votre fin de poème, quand vous décrivez le retour à la réalité, la fin du voyage, le sevrage douloureux, la frustration d’atterrir.
Très bon moment de lecture que ce texte. Bien des lecteurs ici y trouveront leur compte. Félicitations

   Robot   
17/3/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Pour être direct, je dirai que pour ce que j'en ai ressenti votre poème commence pour moi au 6ème quatrain. Peut être aurais-je mieux goûté les précédents notamment les 3 premiers s'ils avaient été introduit au cours de la suite du récit. Posés comme celà, ils ont pour moi fait figure d'introduction un peu décalée, d'exposé des motifs auquel je n'ai prêté qu'un intérêt secondaire. Un peu hors texte en fait.

Le quatrième quatrain m'aurait paru plus intéressant s'il n'avait pas été qu'une juxtaposition de lectures qui n'explique pas pourquoi vous les avez retenues plus que d'autres. J'ai bien sûr reconnu Le seigneur des anneaux de Tolkien et Dune de Herbert, peut être les hirondelles de Kaboul de Kahdra et mort sur le Nil de Christie, mais cet alignement de référence fait un peu catalogue.

Cependant, pour la suite, j'ai vraiment été captivé par la manière dont vous répercutez vos sentiments de lecture. Comment le retour au réel "vrai" peut nous égarer lorsqu'on sort du réel "implicite" de la lecture. Je veux dire par là que même en lisant des textes d'imagination la lecture donne au liseur une impression de tangible. Et c'est ce qui ressort de la manière dont vous avez traité le sujet sur les quatrains que j'ai retenu.

Au final, j'ai passé un bon moment et j'espère que mes remarques initiales ne vous seront pas désagréables car je les ai voulu constructives.

   Anonyme   
17/3/2018
Bonjour SaintEmoi... Simple coincidence mais savez-vous que Bernard Pivot et sa fille Cécile viennent de sortir un bouquin intitulé "Lire !" ?
Un ouvrage écrit à quatre mains que l'on trouve depuis hier dans toutes les bonnes librairies... et que je me suis empressé d'acquérir en espérant passer un w-end agréable en bonne compagnie...
Je vous en parle car on retrouve beaucoup de points communs entre vos motivations et celles de la famille Pivot.
Pour en venir à votre poème que j'ai lu à plusieurs reprises, je reviendrai en parler ( fond et forme) avec un peu plus de recul mais globalement c'est un texte qui me plait bien...
A bientôt !

   plumette   
17/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
La sincérite de ces vers et l'engagement du poète m'ont touchée.
Une première lecture silencieuse, puis une autre à voix haute ont donné à ce texte tout son rythme et sa saveur.

L'introduction, sur les trois premiers quatrains m'a donné un sentiment de légère gêne, un peu comme si j'étais "voyeuse" car ces vers exacerbent une souffrance intime, mais à la seconde lecture à voix haute, je les ai accepté et j'ai pu entrer ensuite dans ce très beau voyage à travers la lecture et ce qu'elle procure au poète.

Plumette

   Lulu   
17/3/2018
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour SaintEmoi,

Je viens de parcourir votre poème avec plaisir, y trouvant une belle musicalité et une forme d'évasion au travers de vos impressions et de vos lectures.

J'affectionne particulièrement l'écriture sous forme de quatrains, mais pas exclusivement. Ici, je trouve qu'ils mènent bien l'ensemble pour donner un rythme qui me plaît bien.

J'ai aimé, par ailleurs, le jeu des rimes, bien que j'ai trouvé dommage de retrouver le nom "ma chair" à deux pas l'un de l'autre... mais je chipote. L'ensemble me va, car il me semble très musical.

J'ai juste été étonnée par le début du poème que j'ai dû relire pour mieux me le représenter, et par cette expression "quête macabre" que je n'ai pas trop comprise..., même si vous avez écrit plus loin "le vœu d'être étranglé"...

En tout cas, on sent un vrai plaisir de lire à partir de la quatrième strophe. Auparavant, c'est un peu flou pour moi, jusqu'à cette affirmation "Je fuirai vers mil ports en restant la cible", la fin de ce vers me laissant dans l'incompréhension...

Mes instants de lecture préférés, ici, se situent au niveau des cinq derniers quatrains. J'y perçois une partie plus fluide, plus claire, plus musicale.

En définitive, et après vous avoir relu, j'apprécie assez l'ensemble, mais je perçois toujours deux parties inégales dans l'écriture, ce qui me semble un peu dommage.

   Anonyme   
19/3/2018
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Mon ressenti est mitigé. Ma lecture s'est faite de manière inégale.

J'ai par instant trouvé des longueurs, et par d'autre de l'intérêt à suivre le cheminement de votre réflexion "Pourquoi je lis".

J'ai quelque peu été ralenti parfois par un léger manque de fluidité, beaucoup de "que" sous toutes ces formes, de "qui", ensuite viennent les "aux" et les "dans", les "en".

Quelques répétitions "en ma chair", "de ma chair", "je mesure à ces heures", "se perdre, de perte".

Cependant votre écrit demeuere attachant, par sa sincérité exprimée, et l'essentiel en ressort grandi.

   hersen   
20/3/2018
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai aimé que l'auteur donne des références de ses lectures pour la simple et bonne raison que chacun a les siennes, et qu'elles sont comme les cailloux blancs du petit Poucet : on se retrouve toujours !

J'ai vraiment aimé ce plaidoyer pour la lecture, un sujet pas si facile que ça à traiter. Un mode à part, un monde à côté du monde qui nous ouvre grand les bras.

Merci de cette lecture,

hersen


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