solinga : Voeux d'équilibriste (Poésie libre)

solinga : Voeux d'équilibriste

Publié le 26/07/23 - 5 commentaires - 2462 caractères - 55 lectures Autres textes du même auteur

Le cœur peureux est en fête et les images arborent des habits de cirque.

Voeux d'équilibriste

Fantasque roue foraine,
l'identité variée qui se fredonne
au quotidien précipité !
Des rites auxquels on tient obstinément,
des aléas qui ne se domptent,
des manquements véloces
et des averses
et des stridences.

Moi je voudrais monter cette journée neuve cette journée mauve et déjà mordue d'épuisement
comme on monte un chapiteau de cirque,
dans l'éblouissement des rythmes
et le crissement des couleurs.

Aux paupières battantes du cœur, oui ce gredin de muscle,
aux fenêtres entrouvertes sur un peu d'aurore,
demeure ce figement du temps :
ces minutes approchant nos visages,
ce partage rouge violet pourpre veineux…
d'un peu de vigne
méditerranéenne
à mon verre,
l'autre jour.
Carmin du sentiment qui naît,
carmin angoissé des fins imminentes
ou bien (alternative équilibriste)
des flambées de lèvres qui s'entre-dessineront. Qui sait.

Ce cœur ranimé par les brillants circassiens dispersés par la ville,
cette répétition vitale d'un sobre cognement,
ce désir,
ce frappé d'une touche qui n'est pourtant jamais d'ivoire,
cette obstination gauche,
ce cliquetis, cette attaque consonante,
ce claquement,
cette litanie du myocarde,
cette forme en deux parties
que l'on grave stylisée au tronc des arbres débonnaires,
avec des illusions d'initiales immortelles,
ce centre aux palpitations d'aube,
moi je te l'entrebâille… maintenant.

Or je lance tout ceci tout à l'aveugle,
moi partisane du moindre risque
et des volets clos,
moi revenue d'embrasements éteints, d'embrasements soufflés (adieu bougie des rêves),
moi petite abandonnée chronique
qui en retour malmène (en trapéziste)
la vérité
dès qu'il s'agit de quémander de la tendresse.

Tout fait retour et qui sait si les prochaines nuits ne brilleront pas du jais hargneux des bottes d'un directeur annonçant les numéros de tigres.
Je ne veux pas de fauves dans mon cirque ;
seulement des bêtes qui jamais n'obtempèrent,
des félins qui peuvent sans dommage
n'en faire qu'à leur tête.
Moi je veux exister sur leur modèle,
à leur image,
et dans l'amour le plus aérien,
l'amour dansant au fil,
me ménager la possibilité de fuir.
Sans donner d'ordre,
et peu de peine,
sans obéir.

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Edgard 17/7/2023 trouve l'écriture très aboutie et aime beaucoup	Il faut relire ce poème pour qu'en surgisse toute la poésie de cette quête d'amour, emmêlé à l'image de la trapéziste. Le première lecture m'a laissé un peu perplexe...la longueur, certains phrases un peu alambiquées, puis cela s'est ordonné, comme les saveurs qui surviennent peu à peu dans un bon vin. (peut-être un petit blanc bien frais...) La personnalité de la narratrice est dessinée peu à peu au long du long poème, plein de belles images et du sentiment de liberté rebelle. Pas de lions ou tigres dressés, de vrais fauves tendres et cruels, n'est-pas...? Voilà un beau rêve bien écrit avec des images choisies avec art. Et le tout finalement dans un langage plutôt simple, comme ça me plaît.

Eki 20/7/2023 trouve l'écriture aboutie et aime bien	Un numéro de trapéziste gracieuse avec ombrelle en soie/soi sur la corde raide... Un jeu de contorsionniste des mots, du rythme, de la musique...de l'originalité pour le titre. J'aime moins la phrase de présentation qui n'épouse pas parfaitement ce texte à mon sens et la première strophe qui me parle moins. Tout semble dire l'empressement à vivre...à coeur ouvert ! Oui, une palpitation de jongleuse... Nous avons la radiographie avec...sourire d'Eki Ce passage est mon préféré : Ce cœur ranimé par les brillants circassiens dispersés par la ville, cette répétition vitale d'un sobre cognement, ce désir, ce frappé d'une touche qui n'est pourtant jamais d'ivoire, cette obstination gauche, ce cliquetis, cette attaque consonante, ce claquement, cette litanie du myocarde, cette forme en deux parties que l'on grave stylisée au tronc des arbres débonnaires, avec des illusions d'initiales immortelles, ce centre aux palpitations d'aube, moi je te l'entrebâille...maintenant. Eki respire/inspire

papipoete 27/7/2023 trouve l'écriture convenable et aime bien	bonjour solinga Comme marchant sur un fil tendu entre rien et rien, je marche dans mon rêve, sans balancier, les yeux fermés sans but de l'autre côté du vélin... NB je veux vivre ma vie, comme un tigre libre dans sa mangrove, où chaque pas le regarde, chaque feulement rugit sa liberté ! Marie Cardinal avait " les mots pour le dire " ; vous avez les vôtres pour écrire votre soif d'auto-entrepreneur en construction de vie, pas d'ordres proférés, par de carcan, juste ce fil dont il ne faut pas tomber...

Robot 27/7/2023	Trés bonne entrée avec le premier paragraphe. Au second, le premier vers se passerait bien du "moi" qui l'introduit et la répétition monter/monte aurait pu être évitée par l'utilisation d'un synonyme. - construire par exemple - J'ai apprécié les deux grands paragraphes suivants trés imagés. Je trouve l'avant dernier alourdi par les "moi" qui alourdissent le propos. On comprend suffisamment le récit sans que leur présence soit nécessaire. Le dernier paragraphe est sympathique et apporte une bonne conclusion. Je ne note pas. Je pense que mon com est assez explicite de mon sentiment car je suis mitigé sur ce texte, entre passages trés appréciables et d'autres moins réussis.

Vincente 27/7/2023 trouve l'écriture très aboutie et aime beaucoup	J'aime beaucoup la singularité de l'écriture, une façon à la fois fluide et rythmée, équilibrée mais de cet équilibre instable qui motive le mouvement, comme penché en avant, ici marquant une volonté narrative assumée. J'y ai vu ce désir en "vœux d'équilibriste" de mettre en parallèle "ce gredin de muscle" cardiaque, avec sa richesse d'expressions, vitales, symboliques, amoureuses, et celle de l'expression circassienne, fantasque, singulière, aux variations et dépassements improbables, aux colorations toujours plus chamarrées. Rapprochement très réussi à mon sens. Puis, ce cœur "à la répétition vitale…/ ce désir…/ cette obstination gauche…/ avec des illusions d'initiales immortelles…", voici que le narrateur "l'entrebâille… maintenant" pour son amant, s'offrant en toute fragilité, en toute "agilité", à sa "tendresse". Touchant ! Le final, dans son rapprochement comme dans son intensité est très beau, très décisif aussi. "Moi je veux exister sur leur modèle, à leur image, et dans l'amour le plus aérien, l'amour dansant au fil, me ménager la possibilité de fuir. Sans donner d'ordre, et peu de peine, sans obéir."

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