Page d'accueil   Lire les nouvelles   Lire les poésies   Lire les romans   La charte   Centre d'Aide   Forums 
  Inscription
     Connexion  
Connexion
Pseudo : 

Mot de passe : 

Conserver la connexion

Menu principal
Les Nouvelles
Les Poésies
Les Listes
Recherche


Poésie néo-classique
sqark : Londres à Berlin
 Publié le 17/05/13  -  8 commentaires  -  2783 caractères  -  155 lectures    Autres textes du même auteur

Donne-moi la main !


Londres à Berlin



Je suis passé par là, comme une ombre habillée
De noir et de satin et parfumée d'épices,
Derrière les regards de fumée distillée
Je me voulais l'ami des trop profonds abysses.

Je me voulais le cœur du sens de nos passions
Mais d'avoir trop été, je le paye toujours
Par la haine cosmique et par cette aversion
De n'être qu'un reflet sous le grand abat-jour.

Au pays des beautés j'ai invité mes sens :
Les parfums de l'Orient, la peinture idéale,
La musique des corps ! Mais c'est à mon absence
Que chantaient quelquefois mes muses trop vénales.

Ce poison des ailleurs qui vit dans mes artères,
J'ai veillé sur sa vie, je l'ai rendu plus fort
Pour qu'à mon esprit froid il offre un peu de terre
Et qu'à l'aube à venir je boive ses trésors.

Les loisirs de nos sens que j'ai pris en horreur
Avaient perdu leur goût et il me fallait bien
Un départ enchanté pour ces autres saveurs,
Moi qui demandais tout mais qui ne voulais rien !

J'ai demandé aux cieux la réponse à leur vie
Et tout autour de moi mes vers ont sommeillé
Car leur réponse fut un murmure ravi
De me savoir tout seul, de me sentir raillé !

Mais j'ai bu l'ambroisie, j'ai fait l'amour aux pleurs
Pour y croire à nouveau ! L'océan transparent
A connu mes tourments, a brûlé mes douleurs ;
Il me présentera un jour à mes parents !

Sous l'œil sévère et noir des amiraux anglais
J'ai trouvé quelque accueil : la mer m'en soit témoin,
Ce que l'homme a cru voir dans le miel et le lait
J'en ai fait un langage, un souffle un peu marin !

Le temps est trop injuste et je me sens faiblir
Quand le soir est trop dense et quand la pluie serrée
Ne me laisse pas d'air et détruit mon désir
De vivre la vie ronde alors qu'elle est carrée.

À l'intérieur des mots, là où tout est bouillant,
J'ai planté mes idées, caressé leur fourrure :
J'ai cherché la nature et son déguisement
Pour que son maquillage embrasse mes blessures.

À la rime parfaite il faut faire allégeance
Car ce n'est que le beau qui bâtit ma maison.
Il berce dans ses bras l'amour sans son alliance,
L'herbe pour son parfum, le cri sans la raison.

Puisque les univers m'ont dit qu'il faut mourir
Ce soir ou bien demain, mais qu'il le faudra bien,
Que mes vers sont muets et qu'ils les ont fait rire,
Alors je m'en irai dormir chez les Martiens.

Mais qu'on me laisse un mot, qu'on me laisse un quatrain !
Ce cadeau sans limite a vécu un instant
Entre mes mains gelées posées contre tes reins :
Je chante pour chanter, c'est ma revanche au temps !


 
Inscrivez-vous pour commenter cette poésie sur Oniris !
Toute copie de ce texte est strictement interdite sans autorisation de l'auteur.
   Anonyme   
19/4/2013
 a aimé ce texte 
Passionnément
C'est absolument divin.
Ce poème est une parole de coeur. Un coeur qui pleure mais avec tant de grâce qu'il a gonflé le mien.
Je ne saurais dire quels vers m'ont le plus touchés car beaucoup sont très beaux.
Quand je lis un poème de cette envergure, je mets la journée à m'en remettre...
Mille merci.

   Mona79   
3/6/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Oui, c'est un très beau poème.
Quelques maladresses pourtant auraient pu être évitées : "les parfums de l'Orient". vous auriez pu supprimer le "de" qui vous fait un vers boiteux si vous faites la diérèse à Orient comme on la fait normalement à haute voix. Ce n'est qu'un petit détail mais qui rompt quelque peu l'harmonie du rythme qui est, par ailleurs, excellent.
Il y a des vers absolument superbes :
"Moi qui demandais tout et qui ne voulais rien/Mais j'ai bu l'ambroisie, j'ai fait l'amour aux pleurs/Je chante pour chanter, c'est ma revanche au temps."
Il faudrait citer tout le poème pour dire l'émerveillement. Merci à vous.

   Anonyme   
17/5/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je reviens sur ce texte qui m'avait enchanté en GL. Le bonheur de le relire est toujours présent, intact, emporté par une vague irrésistible. Merci pour cette lecture.

   brabant   
17/5/2013
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Bonjour Sqark,


Réellement désolé Sqark, le charme de ce poème au long cours, diaphane et délicat, par ailleurs plutôt bien écrit, n'a pas vraiment opéré sur moi, sans doute parce qu'il est trop ténu (dans son sens mélioratif) pour le béotien que je suis quand il s'agit de sentiment(s) où je soupçonne toujours de la sentimentalité.

Ce texte délicieusement désenchanté m'est apparu comme une sorte d'art poétique de l'absurde, un existentialisme finalement assez difficile à saisir où l'on sait la futilité de tout acte, de toute création, mais où l'on n'a finalement le choix que de chanter. On devine que la Muse est là et que c'est le poète, en quête, qui est froid et dérisoire.

J'ai aimé l'humour dont il fait preuve dans l'avant-dernière strophe, notamment quand il dit :
"Alors je m'en irai dormir chez les Martiens" :)

Il lui manque à mon avis de ne pas enfoncer ses doigts dans ses muses de chair :
"Entre mes mains gelées posées contre tes reins",
sa plume y gagnerait le battement du sang tant recherché.

Alors l'univers serait moins nébuleux (ça n'est toujours pas péjoratif :) ), et il saurait pourquoi il chante, et sans doute ne lui faudrait-il plus chercher "Londres à Berlin"... Enfin ça n'est que mon avis :)


A vous lire, Poète...


:))) )))

   Anonyme   
17/5/2013
Sqark, tu sais que ton écriture est prodigieuse, alors écris !

Si j'en crois ce vers magnifique « Moi qui demandais tout mais qui ne voulais rien ! », tu ne souhaites pas vraiment que je te rejoigne à Londres pour la semaine ? Allez, à lundi !

   Miguel   
17/5/2013
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Quelques-uns de ces vers ne manquent pas d'allure c'est vrai, et il y a quelques belles images, mais aussi à mon sens des passages obscurs, cela part un peu dans tous les sens et donne dans la confusion; et comme le poème n'en finit pas on en vient à se lasser. Si le grotesque phonétique de "trop été" venait un peu plus tard il réveillerai l'intérêt mais il vient trop tôt et après on n'a plus guère d'occasion de se réjouir. De là à dire que le poème est mauvais, non: il est assez révélateur du talent de son auteur; mais plus court et plus concis ce n'eût pas été plus mal.

   Miguel   
20/5/2013
Pour ce qui est des remarques de prosodie formulées ici ou là, il me semble que ce texte présenté comme un poème néoclassique peut s'affranchir de quelques rigueurs concernant les synérèses/diérèses, par exemple. Je ne lui ferais pas de reproche là-dessus.

   Buldo   
27/5/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonjour,

Très beaux quatrains ! J'avais trouvé le texte trop long la première fois, je ne l'ai pas vu passé la deuxième, et je le savoure encore mieux à la troisième fois. Pourtant, à la quatrième, quelque chose me rebute, c'est quand même un peu long...

Les images sont jolies, l'univers a grandi, et les martiens tout petits sont vraiment bienvenus !

J'adore particulièrement "(...)/De vivre la vie ronde alors qu'elle est carrée." Et c'est une "belle revanche au temps", dites donc !

Merci du partage !


Oniris Copyright © 2007-2023