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Poésie classique
taha : Le désert [Sélection GL]
 Publié le 17/08/19  -  11 commentaires  -  2345 caractères  -  199 lectures    Autres textes du même auteur

Le désert Rub’al-Khâli, littéralement « La Contrée déserte ou La Contrée désertée ».
Le désert le plus vaste du monde avec des dunes de 250 mètres de haut.
Ce désert, qui passe pour être l’endroit le plus inhospitalier de la planète, est peut-être aussi des plus fascinants.


Le désert [Sélection GL]



Au pays d’Hadramawt* campaient les peuples tors.
Les tribus du désert se provoquaient sans cesse,
Se ruaient follement sur quiconque dès lors
Que l’orgueil par l’injure était mis en détresse.

Dans les clans clairsemés l’on guettait le tournoi.
Poètes, dédaigneux, prodigues de nature,
Des guerriers revanchards avaient, pour seule loi,
La norme qui régit le serment, le parjure,

La trêve, le combat… Un code belliqueux
Mêlant la démesure à la chevalerie.

Travers de révoltés insolites que ceux
De ces bédouins voués à la sauvagerie.

***

En ces lieux reculés ; reclus de l’univers,
Monture et paladin, ni maître, ni tutelle.
Tour à tour, l’un de l’autre, étaient face ou revers
Le nomade insurgé, le destrier sans selle.

L’étalon indomptable, à l’homme, disputait
La superbe léguée aux natifs de ces aires.
Soudés par le galop en un corps, l’on sentait
Qu’un seul cœur animait deux figures binaires.

Ces êtres insoumis avaient pour seul écho,
En cet endroit ardent où s’embrase la pierre,
Aux matins rougeoyant, le feu du sirocco
Ou, promenant le soir, le zéphyr éphémère…

Ils suivaient, au retour du périple d’été,
Des sentiers inconnus dans ce pays immense
Où les sols paraissaient avoir tout enfanté.
Les sables se mouvant, à jamais en partance,

Huaient quand l’horizon au regard s’est uni.
En monceau colossal, la dune formidable
Semblait dire au simoun**, soufflant à l’infini,
– Je suis le minéral et je suis l’immuable…

Les aubes froidissaient de leur premier soupir
La pierre, empreinte noire aux plateaux innombrables ;
Lors, le souffle éolien s’en venait pour mourir
Sur le roc abrasé, silice au mille tables.

Tout prenait en ce monde un accent solennel.
Des lueurs, renaissant de l’aurore première,
Ineffables, joignaient le Grand à l’Immortel,
À l’Absence, à l’Oubli… La splendide Lumière.


_____________________________________________

* Hadramawt est la région orientale désertique du Yémen, frontalière du désert Rub’al-Khâli.
** Simoun : le vent chaud.


 
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   Miguel   
22/7/2019
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a de belles images et évocations, un souffle assurément, mais une espèce de relâchement de la grammaire et de la ponctuation qui nuit parfois au sens, surtout au début du poème ; le vers 5 en est un bel exemple. "L'orgueil mis en détresse" ne me semble pas une expression très heureuse ; on trouve mieux dans ce poème. Enfin on est quand même sous le charme de cet exotisme bien dépeint.

Miguel en EL

   Anonyme   
25/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Très beau tableau de ce désert.
Une écriture maîtrisée, fluide, harmonieuse.

Ces deux parties d'inégales longueurs mettent bien en avant le côté inhospitalier des lieux : quatre paragraphes pour l'Homme et sept pour la nature.
Le choix des verbes conjugués au passé appartient au narrateur, je me demande s'il évoque un autre âge (qui est en passe de s'éteindre), un souvenir vécu.

Merci du partage,

Éclaircie

   Queribus   
27/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

Tout d'abord un grand coup de chapeau pour la perfection de ces beaux vers; je pense quand même que tournoi et loi (rime OI et absence de consonne) ne riment pas (surtout en classique) J'ai aussi été un peu étonné par la coupure du poème en deux parties et je pense qu'une synthèse des deux en un seul écrit aurait été mieux.

Sur le fonds, votre texte fait penser à Leconte de l'Isle et à Victor Hugo par ses côtés épique et lyrique; excusez du peu mais je le pense vraiment.

Quoi qu'il en soit, voilà de la très belle ouvrage et un travail qui inspire le respect.

   poldutor   
27/7/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

Belle poésie âpre comme le désert, comme le climat, comme les tribus qui l'habitent, hommes farouches presque sauvages, où un simple regard peut déclencher un drame...
de très beaux vers :

"Les tribus du désert se provoquaient sans cesse,
Se ruaient follement sur quiconque dès lors,
Que l’orgueil par l’injure était mis en détresse."

"... la dune formidable
Semblait dire au simoun,** soufflant à l’infini,
--- Je suis le minéral et je suis l’immuable…"

et ce magnifique dernier quatrain :

" Tout prenait en ce monde un accent solennel.
Des lueurs, renaissant de l’aurore première,
Ineffables, joignaient le Grand à l’Immortel,
À l’Absence, à l’Oubli… La splendide Lumière."

Merci de nous avoir fait partager les combats, les chevauchées de ces guerriers indomptables.
Cordialement.
poldutor en E.L

   troupi   
17/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Je trouve votre texte bien écrit avec du souffle, de l'ardent, mais il parle d'un peuple de sauvages barbares qui envahit ce désert et non pas du désert lui-même, votre titre est peut-être mal choisi, tout au moins il induit en erreur.
L'espace infini aux mille couleurs, le silence soumis au caprices des vents, les roches millénaires qui finiront en sable, le temps qui s'oublie, le désert n'est beau que dans sa solitude et sa paix.
Celui que vous nous décrivez est un monde de barbares où les femmes et les enfants pleurent leurs morts, où les hommes sont fous.
Ce n'est pas un désert c'est un théâtre de guerre.

Mais je le redis c'est bien écrit et j'ai pris plaisir à lire cette histoire.

   papipoete   
17/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
bonjour taha
un observateur est installé en haut d'une dune, le simoun n'en finissant pas de souffler, quand après bien des palabres, les fiers cavaliers décident de prendre leur revanche sur cette bataille perdue... avant la prochaine !
NB ainsi va la vie dans ce désert, au temps des peuples " tors " ; on partage le présent ensemble et le futur n'est que batailles à livrer, entre " guerriers revanchards ".
La richesse du vocabulaire met ce récit épique dans la lumière !
La 5e strophe et l'avant-dernière sont mes préférées !
A lire ce récit, cela me rappelle une " coutume " plus contemporaine, qui avait pour cadre le bal du samedi-soir ! En effet, des bandes se battaient à coups de poing et serpettes ; quand toute l'équipée était saoulée de bleus et autres plaise, elle regagnait ses foyers, en promettant pour le samedi suivant, de laver ce terrible affront !
Votre récit est plus chevaleresque, mais le coeur du sujet est le même que celui de ces années-là !
Tous ces alexandrins ne sont pas de trop, pour servir ces " bédouins voués à la sauvagerie ", et la qualité du " classique " ne faillit pas !

   Vincente   
17/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai trouvé très intéressante l'intention de mettre en rapport les différents plans de "confrontations" qui "irriguent" la vie de ce lieu impressionnant.
Il y a d'abord, celle la plus saillante, primaire et physique, qui oppose ces "tribus du désert"; il y a celle morale, dévoyée du besoin vital, du " code belliqueux / Mêlant la démesure à la chevalerie." ; il y a celle entre l'homme qui s'ingénue à demeurer malgré l'adversité climatique ; il y a la mouvance "physique" des dunes qui affirme pourtant "je suis l’immuable…" ; et il y a celle face à l'immuabilité de tous ces processus, une temporalité différente entre l'évolution sociétale qui semble tarder à progresser et celle de la nature qui semble presque figée dans un cycle éternel. Tout ceci crée des percussions étonnantes, le poème met en situation ces phénomènes antagonistes qui trouvent une relative stabilité, voire une harmonie, visuelle en particulier.

Dans ce regard complexe et passionnant, la plume a su tracer sur le sable de son propos un champ poétique incisif, comme une scarification dans une peau grainée.

Dans la deuxième partie du récit, l'incursion du cheval montre cependant que des "phénomènes" évolutifs peuvent surgir et rebattre les cartes d'un lieu.
De même la progression qui nous mène à la fin, " joignaient le Grand à l’Immortel, / À l’Absence, à l’Oubli… La splendide Lumière.", nous invite à percevoir la transcendance que l'on peut "envisager" par la richesse sensationnelle qu'offre le désert.

J'ai trouvé que le côté épique du poème justifiait un certain lyrisme, la cohérence/cohésion entre ces deux façonnages est adroitement conjuguée. Le fait d'employer l'imparfait confère un réalisme rétrospectif à l'évocation, dans une sorte de conte historique. Mais j'ai été un peu dérangé (c'est très personnel…) par la solennité que la prosodie classique produisait ici.
Le mot "binaire" me parait en marge du champ lexical, un peu "technique" (oui il est bien à propos, et "utile" pour la rime, mais…).

Ma strophe préférée :
" Les aubes froidissaient de leur premier soupir
La pierre, empreinte noire aux plateaux innombrables ;
Lors, le souffle éolien s’en venait pour mourir
Sur le roc abrasé, silice au mille tables.
".

   Vincendix   
17/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Taha,
A travers ces vers, on ressent parfaitement l'"ambiance" qui règne dans ce désert où la nature et les hommes ont perdu la raison.
A part quelques tournures de phrase un peu forcées pour trouver la rime, ce texte est agréable à lire.
Vincent

   senglar   
18/8/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour taha,


Je lis ici un poème qui dit peut-être autre chose que ce que dit la légende, à tout le moins autre chose que ce que je m'imaginais à propos des nomades à qui l'on fait allusion : Nobles les Hommes bleus ? S'agit-il des Hommes bleus d'ailleurs, à tout le moins de leurs frères.

- mesquins, querelleurs, trop préoccupés de leur orgueil, menteurs, pillards, voleurs...

Mais cependant poètes et champions de tournois...

Comment mêler la chevalerie à la sauvagerie ?

La survie ne s'encombre pas de l'honneur.

orgueil, serment, parjure

L'image du héros est brouillée, peut-être parce qu'ici l'homme est vrai.

Pas forcément beau et encore moins sublime un homme vrai...



L'animal viendra-t-il sauver la mise ?

Pas de chameau ni de dromadaire, nobles et authentiques vaisseaux du désert mais un étalon, coursier des étendues de sable.
(OK la réputation des chevaux arabes n'est plus à faire)
Et voilà que le farouche guerrier se fait paladin ; ça chante un paladin, ça ne dompte que les mots.
On a là deux égaux et bizarrement deux egos : le nomade et sa monture. Et il va bien leur falloir ne faire qu'un. Question de survie.
Elle, n'a pas de selle ; lui, est un insurgé ; et pourtant un seul corps, un seul coeur. La nécessité semble réconcilier les antagonismes.
Car le grand maître ici c'est le désert, le sable qui bouge, le sirocco, le simoun, le minéral brûlant et frigorifiant.
Les Tables de la Loi sont le cilice :
"Sur le roc abrasé, silice aux mille tables"
Et le cilice (ceinture rugueuse qui arase la peau) est instrument de punition.
(vous avez bien voulu jouer avec moi n'est-ce pas taha :) )

"La splendide Lumière" supplante toutes les idoles et tous les mysticismes. Le Dieu Unique c'est Elle qui flamboie, éblouit, brûle et consume.


J'ai cherché la noblesse du Bédouin là-dedans, à défaut j'ai cherché celle du cheval...
Vais devoir retourner le désert, vais sans doute y laisser mes os...

Veux pas être bédouin moi ; préfère mon Nespresso.
- Georges ?
Au goût sauvage
de tribu

Bravo taha pour cette randonnée et cet envol épiques !

Lol


senglar
désensablez-moi...

:)))))))

   Lebarde   
18/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour taha.
Pourquoi ce titre pour ce poème épique tellement éloigné de la réalité de ces hommes rudes, nobles et orgueilleux, texte qui paraît sortir directement d’un roman ou d’une bande dessinée.
Qu’il y ait eu au cours des siècles des rivalités entre ces peuples de ces contrées particulièrement inhospitalières où survivre était et est une préoccupation permanente exigeant, rigueur, courage, force physique et mentale hors du commun, c’est une évidence.
Mais de là à présenter les bédouins comme des guerriers sauvages et revanchards passant leur temps à se bagarrer et s’affronter en tournois chevaleresques d’un autre âge et surtout d’un autre lieu, relève de la fiction pure.
Qui plus est, mettre en scène des chevaux même de race « arabe » qu’on ne rencontre en Arabie, pratiquement que dans les haras climatisés des richissimes émirs ou dans les fantasias pour touristes mais alors seulement dans le Magreb, j’ai du mal à suivre.
En Arabie les nomades ne s’habillent pas en bleu ( c’est au Sahara ) mais en blanc et le dromadaire est le « vaisseau du désert « incontournable.

J’ai fréquenté il y a 30 ou 40 ans, dans des conditions spartiates la bordure du désert en question, en Oman et au Yémen, et d’autres, le Wadi Rum en Jordanie, le sud tunisien, l’Egypte ou la Namibie et je n’ai pas trouvé dans votre récit, les souvenirs et les ressentis que laissait espérer le titre prometteur et que je garde de ces contrées exceptionnelles de beauté et des hommes rudes mais attachants qui y vivent.
Taha, comprenez bien que je ne veux pas attaquer votre poème, au demeurant superbement écrit dans un classique formel ( je laisse les spécialistes juger) avec des belles images que j’ai bien apprécié, mais seulement vous donner la déception que j’ai eu en le lisant par rapport au titre. Rien de plus .

Désolé

Lebarde un amoureux des déserts comme vous l’aurez compris

   Davide   
19/8/2019
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour taha,

Je connais peu de choses sur les bédouins, et le ton employé, quasi épique, ainsi que l'omniprésence de l'imparfait, rappelle les légendes orientales et légendes anciennes (je pense au film "Bab'Aziz, le prince qui contemplait son âme").
La vie de nomade dans ces lieux hostiles, désertiques, devait être bien difficile pour ces "êtres insoumis".

J'ai bien aimé ce découpage en deux parties, la première présentant les tribus bédouines et leur "sauvagerie", l'autre dépeignant davantage un paysage vaste et singulier dans un élargissement du regard, un "dézoomage".

Le titre m'apparaît cependant comme trop généraliste, mais sans doute l'auteur veut-il embrasser dans ce poème toute l'âme du désert (?)

Malgré l'écriture classique parfaite, musicale à souhait, je regrette juste la longueur du poème et l'imaginaire convenu qui brode les dernières strophes, sans surprise pour un thème battu et rebattu.

Mais franchement, bravo taha pour ce classique sans faille que j'ai eu plaisir à lire et à relire.

Merci du partage !

Davide


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