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Poésie libre
Titato : Ode à celle qui n'est pas née
 Publié le 12/11/12  -  9 commentaires  -  3637 caractères  -  106 lectures    Autres textes du même auteur

Ce poème fut composé très, très rapidement, en l'élan, et il se souhaite, et un sceau d'amour, et l'hommage à ma nièce qui n'est pas née le 24 août 2012. Aussi, peut-être, en toute humilité, prenant assise sur la petite expérience qui est mienne – car je ne puis exprimer que le ressenti qui est mien et lors, je n'aurais pas l'outrecuidance de parler pour d'autres – un chant d'amour pour toutes celles et ceux qui ne sont pas nés.


Ode à celle qui n'est pas née



Peut-être aurais-je pu,
de ma voix de fausset
tombée dans le lilas,
t’aider à t’endormir,
un peu à la façon
dont je berçais ta sœur car,
tu aurais été toi et lors,
nous aurions eu à nous
nos rituels de chats ;
peut-être aurais-je pu
t’apprendre l’air,
et l’herbe, la mer,
t’apprendre l’eau,
un peu comme je marchais
ton frère entre mes bras,
et lui tout chantonnant,
cela aurait été ainsi,
et puis bien différent,
toi, tu aurais eu le doigt,
et l’œil, la voix,
pour d’autres univers,
royaumes élémentaires
devenus absolus,
colossaux,
cyclopéens de fastes –
le gecko badinant l’ipomée
aux berges du Mahuri –
d’un seul souffle de toi ;
peut-être aurais-je pu,
maladroit,
te raconter la fraise,
le melon canari,
et le quartier de pomme,
la confiture de mangues,
le concile des crevettes,
te montrer quelques goûts
en les mêlant à d’autres
par de drôles de salades ;
peut-être aurais-tu ri,
un peu telle sœurette,
un peu tel frérot,
de mes chants en cuisine,
pétris de folles tendresses,
et puis bien sûr si sots.

Je t’aurais légendé –
et cela est certain,
j’ai la pensée, l’haleine,
et le cœur arthuriens,
je larme,
tu ne le sauras pas –
l’aquarelle de l’abeille
descendue d’une étoile
pour jouer du violon
au parmi des jonquilles,
aussi le pas de la fourmi
qui va rendre visite
à l’escargot tranquille,
la rainette qui habite
de sur mon oreiller,
que le ciel, encore,
est une mer changeante
où le poisson s’emplume,
aurais-tu fait la moue ?
J’aurais alors ficelé, cousu,
sorti d’autres histoires
de mon chapeau léger
pour un simple sourire
sur ton minois en fleurs.

Peut-être aurais-je pu
sécher un peu tes larmes
sur un instant chagrin,
t’applaudir au tambour,
et puis taper des mains
de ta joie dans le bain ;
peut-être aurais-je pu
te fredonner comptine,
réinventant la note
pour la poivrer de plus,
d’un peu plus de couleurs
qui invitent au ballet,
tarentelle féline,
peut-être aurions-nous pu,
avec ta sœur, ton frère,
s’envoler farandole,
impromptu carnaval,
et tapant des casseroles
au sortir sous la pluie.

Peut-être, petit ange nouveau,
aurais-je pu déjeuner
de tes premières paroles
tels des éclats de bois,
de bois tendres et précieux,
émeraudes céréales
allant doucement mûrir.

Tu aurais été belle,
petite demoiselle, là,
peuplant mon cœur énorme,
au câlin par l’épaule,
au lit de ma pupille,
en le creux de ma paume –
ta joue l’aurait polie
bienheureux coquillage –,
et par ta bouche,
pistil d’amarantine,
fin nid d’osier rose,
le vent aurait fleuri d’aigles,
tourterelles,
araçaris en foires,
de plus svelte,
fabuleuse chevelure,
peignée d’une lumière nouvelle.

Peut-être aurais-je fait peu –
car fait-on bien le mieux ? –,
ma petite brindille
qui n’a pas vu le jour,
peut-être aurais-je fait trop,
peut-être aurais-je fait mal,
comment le saurons-nous ?

Si je ne sais grand-chose,
je sais que, ma menue mignonnette,
j’aurais aimé t’aimer ;
oui mais tu n’es pas née,
et je n’ai qu’un vieux mouchoir,
une joue déchirée,
ce malheureux poème
pour t’offrir mon baiser.


 
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   stellamaris   
31/10/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un flot d'émotion pure, à travers des images variées et une langue toute en simplicité... Tout ce que j'aime dans la poésie libre. Je me suis laissé emporter...

Merci.

Avec toute mon amitié.

   Anonyme   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
Au-delà de votre douleur bien compréhensible, je trouve ce poème un peu mièvre dans l'étalage et la surabondance des sentiments. Mises à part quelques rares fulgurances ("le gecko badinant l’ipomée aux berges du Mahuri") on ne retrouve plus l'originalité de votre dernière production. Certes, le sujet n'est pas le même.

Au niveau de la forme, la longue succession de vers courts engendre un rythme haché, saccadé, qui à mon sens colle mal à l'ampleur de votre peine.

   Labrisse   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je vous prie de trouver mon petit mot en MP.

Amitiés

Labrisse

   brabant   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Titato,


Eh bien, j'en connais/en voilà une qui doit regretter de ne pas être née, là-bas dans cet Avant où sont tous ceux et toutes celles qui ne sont pas encore né/e/s (qui ne fait pas peur car il est plein de promesses) ou bien dans cet Après où sont tous ceux et toutes celles qui sont mort/e/s (celui-là est plus incertain. A-t-on le bonheur d'y rendre des comptes ?). Celle-là a commis le fait/l'action de ne pas naître et de mourir, miraculeux Titato !

Je regrette avec vous tout ce qu'elle a manqué. C'est que ça doit être quelque chose
"le gecko badinant l'ipomée
aux berges du Mahuri"...
Gweurk... reurk... reueueuuurk... ô le chant du gecko ! lol ;-)
et un "concile de crevettes"...
et le breton bretonnant Arthur créolant là-bas dans les îles sous le vent...
et une "tarentelle féline", c'est pas la danse du canard ça !
"C'est la danse des canards
Qui en sortant de la mare
Se secouent le bas des reins
Et font coin-coin"
Mais non je vous charrie... :)

Vous voilà bien triste, Titato, il vous reste son frère, c'est sans doute pourquoi vous auriez voulu en faire à tout prix une fille...
Ben oui c'est un petit reproche... tout petit hein ! lol
Et si elle avait voulu, espiègle, être un garçon manqué (elle a déjà une soeur, alors elle aurait pu se le permettre sans vouloir vous faire trop de peine) ? Petit oiseau bleu dans le rose du ciel tropical...

Lol

:)))))

   rosebud   
12/11/2012
 a aimé ce texte 
Un peu
je vais essayer de détacher le poème de la douleur profonde que je ne me permettrais pas de commenter.
Malheureusement, beaucoup de mots ou d'expressions employés me semblent désaccordés avec une peine qui ne peut pas trouver ses mots pour s'exprimer. Et particulièrement :
"le gecko badinant l’ipomée
aux berges du Mahuri"
Mais aussi: "cyclopéen de fastes", "je t'aurais légendé", "je larme", "fredonner comptine", "tarentelle féline", "s'envoler farandole", "en le creux de ma paume", "amarantine", "araçaris". Tout cela me semble, pour tout dire, inapproprié.
Je trouve l'ensemble un peu trop "fait" et pas assez lâché.

   Arduinna   
12/11/2012
C'est... tellement émouvant.
C'est paradoxal, parce qu'à partir d'une tristesse évidente, l'auteur parvient à faire quelque chose de rieur, de tendre, de coloré, de... tellement vivant en fait !

Cette énumération légère de tous ces petits moments de tout et de rien, ces moments sucrés-salés qu'on peut partager avec nos petits, ce désir profond de leur faire découvrir le monde et de voir le plaisir dégouliner sur leurs mentons, c'est tellement bien rendu.

De la pure poésie encore une fois, mille merci pour ce texte d'une tendresse infinie, où la joie et le chagrin s'entrelacent.

   Miguel   
20/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Ce texte énumère tant de merveilles de la vie qu'on en est frustré pour celle qui ne les connaîtra pas. Ces évocations imaginaires ont l'acuité du souvenir, de sorte qu'on est en deuil de celle qui n'est pas née.

   Lagomys   
21/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Titato

À l'évocation d'une telle tragédie, on s'apprête à entendre un cri de colère, on s'attend à l'humaine révolte, on se prépare aux accents pathétiques. Au lieu de cela, vous nous offrez une tendre comptine toute en pudeur et en retenue.

Vous rendez tangible l'inexistant, vous matérialisez l'incorporel. Je vois le petit être dans vos bras, dans la ronde des frères et sœurs, à la découverte du monde… Ce n'est pas : "s'il avait été là…" C'est : "il est là" (je le perçois comme ça).

La délicatesse et la pureté de vos images m'ont touché d'une façon sereine et apaisante. J'ai particulièrement aimé : " ma voix de fausset tombée dans le lilas"; "nos rituels de chats"; "je larme, tu ne le sauras pas"; "l’aquarelle de l’abeille descendue d’une étoile pour jouer du violon au parmi des jonquilles" ; "Peut-être aurais-je pu… t’applaudir au tambour, et puis taper des mains de ta joie dans le bain"; "Peut-être… aurais-je pu déjeuner de tes premières paroles"; "le creux de ma paume - ta joue l’aurait polie bienheureux coquillage –".

J'ai aimé aussi : "le concile des crevettes",

et les superbes quatre derniers vers.

Merci de m'avoir fait partager toute la délicatesse de votre cœur,

Lagomys

   fugace   
26/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est toute la tendresse préparée pour un espoir pas arrivé.
La délicatesse de chaque scène interdit la porte à la tristesse.
Ne reste que le regret de cette "belle au bois dormant"...absente; mais à laquelle on raconte avec des mots d'enfants de vraies histoires d'enfants.
Titato, votre princesse pas née ne pourra être oubliée, vous lui avez une vie large et importante: celle qui reste dans les mémoires.
Merci pour ce beau poème, pour votre juste et belle sensibilité.


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