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Poésie contemporaine
villar01 : Les poètes des jonquilles
 Publié le 30/04/15  -  3 commentaires  -  4358 caractères  -  54 lectures    Autres textes du même auteur

« La liberté, c'est la faculté de choisir ses contraintes. »
Jean-Louis Barrault


Les poètes des jonquilles



Avant d'être écouté vraiment
De posséder enfin en moi
L'attrait attisé des diamants
À chaque syllabe de ma voix.
Avant de la débroussailler
Cette forêt d'indifférence,
Jour après jour, pour préserver
L'espoir usé par l'impatience.

Avant de sortir du purgatoire,
De crever leurs rats qui me rongent,
De dégueuler sur l'oratoire
Les plats garnis de fausses oronges,
Combien de laveurs de ratons,
Sur le miroir de l'eau des fleuves
Et sous les arcades des ponts,
Devront astiquer tant qu'ils peuvent

Le tain des idées, accouchées
Silencieusement, en solitaire,
Sur feuille de papier quadrillé,
Mot après mot, vers après vers.
Avant de brandir l'étendard
De la première vraie récolte,
De planter dans la chair le dard
Du cri d'amour de la révolte.

Combien de phrases « coup de poing »
Faudra-t-il encore encaisser
En protégeant les I sans point
D'un morceau de cœur dénudé
Pour camoufler un maximum
Les blessures de la cruauté
De ces femmes et de ces hommes
Qui n'oublient pas de détester.

Et le jour bâille. Alors
Les poètes des jonquilles,
De blanc et jaune, colorent,
Près des débris de coquille,
Des rêves souterrains
Surgis de la pénombre.
Anonymes mais souverains
Sur les tréteaux d'une ombre.

Encore. Défendre sa franchise.
Récuser le faux dans le box.
Si vulnérable à ce qu'ils disent.
Et pourtant être un paradoxe.
Encore. Fuir. Fuir le chant des cors
Des cœurs mouvants comme les vagues.
Hé, fils de tisserand ! Leur décor
Est entrelacé de madragues.

Pour les franchir elle vous saque,
L'hypocrisie et ses huissiers,
Lorsque ceux-ci ouvrent leurs sacs
Sournoisement, pour que vous puissiez
Embrasser toute vérité
Embrasée par la certitude
D'un baiser, imbu de pitié,
Tant il étreint la servitude,

Les jolies phrases, trop maquillées,
Appuyées bêtement sur leurs cannes.
Aux jambes si écarquillées
Que passe un convoi de chicanes,
La liesse des « 24 décembre »,
Tous ces beaux Noëls censurés
À ceux qui crèvent dans leurs chambres,
Qui n'osent même plus susurrer

Les mots idiots des « Saint Sylvestre »,
Par exemple : Bonne. Heureuse. Année.
Après le premier bruit d'orchestre
Ça donne envie de dégueuler,
D'ôter les mains de la courroie
D’entraînement des modes pourries,
Pour librement tendre les doigts
À des amis qui crèvent aussi.
Et le jour bâille. Alors
Les poètes des jonquilles,
De blanc et jaune, colorent,
Près des débris de coquille,
Des rêves souterrains
Surgis de la pénombre.
Anonymes mais souverains
Sur les tréteaux d'une ombre.

Et quand vos soirées réveillonnent
Si superbement à vos pieds,
Que les grands diseurs bâillonnent
Le bruit déchiré du papier.
Prisonnier des airs de l'ambiance
Qui m'asphyxie dans vos murages
Le long de la ronce du silence,
Je pars. Je cueille des mûres sauvages.

Puis, pour fuir vos jours préfix
Et vos verdicts faits de bravades,
Dans l'enclos des rêves je fixe
Un seul regard, mais qui s'évade
Dans le tourbillon de la prose
Des poètes maudits des dieux…
Chaque nuit je cultive les roses
Du jardin caché à vos yeux.

Le temps possède des minerves
Qui m'impriment chaque seconde
En emmenant ce qui énerve…
Pour vous, mes absences abondent.
Vivre ou survivre dans un monde
Qu'on refuse en grande partie,
C'est avoir un cœur qui s'inonde
À la première goutte de pluie.

C'est avoir l'âme qui s'aiguise
Comme une caresse aux mains tendues,
Que chacun reçoit à sa guise
Pour réchauffer un instant nu.
Vois. Sur le silence bohème
Rôdant près des marches funèbres,
La promenade des poèmes
Est la compagne des ténèbres.

Et le jour bâille. Alors
Les poètes des jonquilles,
De blanc et jaune, colorent,
Près des débris de coquille,
Des rêves souterrains
Surgis de la pénombre.
Anonymes mais souverains
Sur les tréteaux d'une ombre.


 
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   Anonyme   
30/4/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sans doute une réflexion sur le bonheur des uns et le malheur des autres, de l'indifférence de celui qui possède plus que ce que possède son voisin, surtout s'il n'a rien (ce que dit en substance la première strophe).

"Les poètes des jonquilles"... je m'interroge : "mais qui sont-il ?" Littéralement j'y vois des bagnards s'affairer à nettoyer ici et là les mauvaises herbes dans un champ recouvert de jonquilles (pour la couleur jaune) ; quant au blanc... j'y vois les raillures de leurs habits (blanches et jaunes)... Disons que je suis assez terre à terre en ce moment, et que je n'arrive pas bien à lire entre les lignes. Alors pardonnez-moi mes étourderies si je me trompe...

Sachez toutefois que votre long poème m'a plu et que je me suis régalé à sa lecture.

   placebo   
30/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Oui, on peut se demander qui sont ces poètes des jonquilles. J'y vois davantage des poètes-poussins sortis de l'œuf et posant un regard différent sur le monde.

Une lecture assez longue et rythmée que j'ai fini par sub-vocaliser en slam. Cela vient aussi bien du vocabulaire mélangeant les registres de langue que de l'aspect déclamation et dénonciation, je pense :)

C'est bidon d'écrire "bien, il y a de l'idée mais je ne suis pas emballé", mais c'est mon ressenti. Sans doute l'heure tardive qui anesthésie mes sens. Même les gens brillants ne parlent pas toujours de diamant, et le silence reste d'or ;)

Bonne continuation,
placebo

   Pussicat   
1/5/2015
Long poème pulsé comme une scansion par "Les poètes des jonquilles", des néo-contemporains à peine sortis de l'œuf : "des débris de coquille", qui clament haut et fort sur le théâtre de la vie : "tréteaux", l'envie de renverser le vieux monde, ce monde qui asservit, qui nous englue de réflexes festifs : "Les mots idiots des « Saint Sylvestre », / Par exemple : Bonne. Heureuse. Année. / Après le premier bruit d'orchestre / Ça donne envie de dégueuler,"
Je retiens : "Et le jour bâille.", j'aime bien.
J'ai aimé ce texte, qui manque peut-être de rigueur parfois, mais plein d'élan, de vie.
à bientôt de vous lire,


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