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À propos du "Pantoum du poisson rouge"
Maître des vers sereins
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11/02/2008 03:55
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Merci aux lecteurs, le poème est

"Pantoum", ce mot est une coquille d'hugo, en transcrivant "pantun" il s'est trompé, du moins, c'est ce que disent ses exégètes. Il a peut-être eu un moment de fantaisie, ou bien il a été gêné par le passage d'un insecte volant ?

J'étais un peu étonné de la page du Wiki qui a changé en juillet, il y est dit qu'un vrai pantoum doit faire au moins six quatrains, d'autres contraintes comme la reprise du premier vers en fin de poème, la limitation à deux rimes tout le long, ont disparu. Le fait que le pantoum convienne mieux à l'érotisme également, cela n'apparaît plus. Je me demande si ça ne venait pas d'un amalgame entre graveleux et populaire, ce dernier point correspondant plus précisément à l'usage de ce type de poème dans son milieu d'origine, sans exclure le premier point pour autant, mais c'est quand même réducteur.

J'ai voulu écrire un poème comparant l'amnésie (caricaturé) d'un poisson rouge dans son bocal par rapport à son environnement, avec les "tristesses infinies" d'un coeur d'artichaut : une personne qui s'éprend et se désèspère facilement. Le point commun étant la mémoire, sa façon de garder certains souvenirs et pas d'autres, moins chargés d'émotions, mais plus riches d'expérience.

C'est un thême convenu pour un poème populaire, d'ailleurs j'en ai trouvé une version malaisienne :

Citation :
Padi muda jangan dilurut
Kalau dilurut pecah batang
Hati muda jangan diturut
Kalau diturut salah datang

Le riz en herbe faut pas y toucher
Qu'on aille y toucher et se casse l'épi
Le cœur en herbe faut pas y croire
Qu'on aille y croire et les fautes arrivent

Sources : Un touriste aux Îles de la Sonde


Le but serait poétiquement brut, pour la version française, c'est une autre façon d'ordonner le rapprochement de deux phénomènes pour définir le point de jonction, pile poil sur une sagesse populaire, une évidence communicative, ou un clin d'oeil bien entendu. D'un point de vue plus général, le pantoum aurait sa place dans un kit de survie, aux côtés des sachets de lait condensés et de la couverture isotherme, comme un outil mnémotechnique, propre à mettre en place une tradition orale, au-delà des générations qui se succèdent, pas moins.


Pour conclure, le pantoum est un poème doublé, un poème où tous les vers apparaissent deux fois. Ces vers sont plutôt courts, l'alexandrin étant proscrit. La présence forte de répétitions : les vers et les rimes, associée au peu de place pour s'exprimer, font que ce n'est pas facile à improviser. Le jeu de refrain décalé des vers : le 2nd et le 4ème deviendront le 5ème et le 7ème, le 6ème et le 8ème seront le 9ème et le 11ème... peut paraître compliqué mais cela repose sur la conception des vers. En les écrivant sous la forme "sujet+verbe+complément" il est plus simple d'assembler les idées, de faire des rapprochements inattendus. Plus le vers est longs en syllabe, plus il est facile d'amener la rime, mais du point de vue du rythme, dès le décasyllabe (c'est un vers de dix syllabes) il faut une césure à l'intérieur du vers, c'est à dire agencer un groupe de six syllabes avec un autre de quatre, ou bien un 4/6, ou encore un 5/5, donc le plus simple serait l'octosyllabe, le vers de huit.

En annexe, il y a des formes modernes du pantoum, passant de la répétition de vers identiques à celle de vers simplement très voisins, qui peuvent donner de très bons résultats, je pourrais peut être en citer un ou deux prochainement. Comme exemple hors des sentiers battus des premières pages de moteurs de recherche, je remercie Bébertlelyonnais qui m'a fait passer celui-là, pas vraiment un modèle classique, mais uniquement par le choix de l'alexandrin, tout le reste est au cordeau, il me semble :

Citation :
PANTOUM
Dédié à Émile GOUDREAU.

C'est un petit jardin, désolé comme un champ,
L'herbe rousse frémit sous un vent monotone,
À l'ombre des vieux murs, que le lierre festonne,
Au fond des cieux plombés, baigne un soleil couchant.

L'herbe rousse frémit sous un vent monotone ;
Un oiseau près de moi file en s'effarouchant :
Au fond des cieux plombés, baigne un soleil couchant,
Dans les bassins, la voix des grenouilles détonne.

Un oiseau près de moi, file en s'effarouchant,
Le Chat Noir aux yeux verts, là-bas, se pelotonne,
Dans les bassins, la voix des grenouilles détonne ;
Les ombrages rouillés ont un funèbre chant !

Le Chat Noir aux yeux verts, là-bas, se pelotonne.
Il me fixe d'un oeil satanique et méchant ;
Les ombrages rouillés ont un funeste chant
Je t'aime, ô symphonie étrange de l'automne.

Louis Le Cardonnel (1862-1936)

Contribution du : 16/07/2009 17:51
_________________
Un Fleuve
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Re : À propos du "Pantoum du poisson rouge"
Maître Xuanzen
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25/03/2008 21:52
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Bonjour David,

Merci pour ces différentes intéressantes précisions sur ton poème.

Contribution du : 16/07/2009 21:08
_________________
http://xuanadoo35.unblog.fr/recueils-de-nouvelles/ (extraits de nouvelles en ligne) et http://xuanadoo35.over-blog.com/pages/Mes_coups_de_coeur_sites_amp_blogs-2436675.html (Annuaire littéraire)

Voir, entendre, aimer. La vie est un cadeau dont je...
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Re : À propos du "Pantoum du poisson rouge"
Onirien Confirmé
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20/10/2012 10:34
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L'érotisme, ce n'est pas le graveleux, encore moins la pornographie. L'érotisme, c'est l'amour noble et sensuel, pas sexuel. L'exemple de pantoum malais que vous donnez est érotique.

En fait dans un vrai pantoum, les deux thèmes sont séparés dans les quatrains. Il y a donc deux phrases qui se terminent respectivement au deuxième et au quatrième vers par . ! ou ?
Donc pas de , ou de ;

Par exemple, vous trouvez les pantouns de Leconte de Lisle

Pantouns Malais - Wikisource - Leconte de Lisle

L'exemple traduit que donne Hugo dans ses orientales

Les papillons jouent à l'entour sur leurs ailes ;
Ils volent vers la mer, près de la chaîne des rochers.
Mon cœur s'est senti malade dans ma poitrine,
Depuis mes premiers jours jusqu'à l'heure présente.

Ils volent vers la mer, près de la chaîne de rochers...
Le vautour dirige son essor vers Bandam.
Depuis mes premiers jours jusqu'à l'heure présente,
J'ai admiré bien des jeunes gens ;

Le vautour dirige son essor vers Bandam,...
Et laisse tomber de ses plumes à Patani.
J'ai admiré bien des jeunes gens ;
Mais nul n'est à comparer à l'objet de mon choix.

Il laisse tomber de ses plumes à Patani.
Voici deux jeunes pigeons !
Aucun jeune homme ne peut se comparer à celui de mon choix,
Habile comme il l'est à toucher le cœur.

ou celui que vous donnez également présentent cette particularité. Les deux thèmes sont bien séparés, le premier est général, c'est une métaphore du second, qui raconte une histoire d'amoureux.

Dans le pantoum donné par Hugo, les papillons, le vautour, les pigeons sont des métaphores du cœur amoureux qui vole vers la bien-aimée, comme dans l'autre exemple le riz en herbe est la métaphore du cœur en herbe.

Votre poème est plus proche d'Harmonie du soir de Baudelaire, mais ce n'est pas un vrai pantoum, comme l'explique Wikipédia. Celui de Le Cardonnel n'est pas un vrai pantoum non plus selon le principe du poème malais.

Les poèmes de Leconte de Lisle sont ceux qui se rapprochent le plus du pantoum malais en France.

Contribution du : 18/11/2012 10:44
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