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La licorne des Pyrénées
Acratopege : La licorne des Pyrénées  -  Le palais de Rumine
 Publié le 02/02/15  -  4 commentaires  -  36117 caractères  -  193 lectures    Autres publications du même auteur

« Mesdames et messieurs, je veux bien être damnée si la créature prodigieuse que vous allez découvrir dans notre dernière salle d’exposition ne couronne pas en fanfare votre visite ! Je vous ai montré la baleine tueuse de la Baltique sous toutes ses coutures, vous avez vu les vigognes du Pérou dans leur environnement naturel, vous avez admiré les loirs ventripodes de Tasmanie et les cigognes albinos de la Haute-Alsace ! Hors-d’œuvre que tout cela ! Préparez-vous à défaillir d’horreur et d’enchantement ! Avant que vous pénétriez dans la salle du trésor, je vous dirai quelques mots, avec tout le sérieux que mon émotivité à fleur de peau me permettra, du spectacle qui vous attend. Ensuite, je vous laisserai vous recueillir tous ensemble face à ce représentant insigne des merveilles naturelles que Dieu nous a données et que nous avons si mal su préserver. Que chacun prenne son temps pour méditer sur les grands mystères de la vie et de la mort avant de quitter cet endroit sacré ! Je déposerai mon chapeau près de la sortie. Une partie de vos dons ira aux œuvres de ma paroisse, le reste m’aidera à terminer mes études sans trop souffrir du froid et de la faim. »


Pour se faire entendre de son auditoire dispersé – certains se précipitent dans la nouvelle salle sans attendre sa permission quand d’autres traînent encore les pieds dans le couloir – le guide déclame son laïus d’une voix de corneille qui ne lui ressemble guère. C’est une jeune femme aux souliers plats, aux bas blancs, à la jupe bleue plissée qui couvre le genou, au chemisier de soie sagement boutonné jusqu’au cou qu’un châle de coton voile au regard. Elle porte des lunettes d’Américaine en voyage. Ses cheveux noirs sont attachés très haut en coquille d’escargot dextrogyre, le plus rare, celui qui porte bonheur quand on le découvre au clair de lune en tenant la main d’une amante effrayée par le silence de la nuit. Autour de son cou, émergeant du tissu, une chaînette d’argent ornée d’un crucifix de bois brun se balance. Elle seule sait que cette réplique en miniature des pendentifs que portaient les premiers communiants quand elle était enfant a été taillée dans un morceau de la Vraie Croix ! Selon les règles de service du musée, elle devrait porter là, pendant les visites, un badge de plastique rose et vert pomme la désignant comme Marguerite Rouxfeu, guide auxiliaire agréée par la Section de Biologie Animale de l’Université de Lausanne, mais elle n’aime guère arborer son patronyme ; il évoque pour elle passion et désir quand elle se veut sérieuse et contrainte, lui rappelle douloureusement, chaque fois qu’elle l’entend prononcer, un père tant aimé trop tôt volé à la vie.


Sa voix ce jour-là, quoique forcée, tremble un peu et se perd dans le labyrinthe de couloirs et de salles en enfilade construit par des architectes grandiloquents pour des gens d’un autre siècle. Sans doute la routine n’a-t-elle pas émoussé en elle les sentiments d’indignation toujours prêts à surgir au moment de franchir la dernière porte ! Elle étudie la biologie mais déteste les animaux vivants, fuit chats et chiens plus que la peste et évite leurs maîtres. Pourtant, évoquer visite après visite le destin tragique de la licorne des Pyrénées la bouleverse encore.


La pièce est vide de tout autre objet d’exposition, avec des échos d’église protestante qui font ralentir le pas et s’éteindre les conversations des visiteurs. On fait cercle autour du guide, chacun retenant son souffle pendant qu’elle s’approche du rideau qui masque, du sol au plafond, illusoire protection contre les ravages du temps, une alcôve pareille à une scène de théâtre vilainement aménagée pour le spectacle de Noël dans la salle paroissiale d’un village de montagne. En silence, émue encore une fois sans comprendre quels sentiments l’agitent, elle tire le cordon. Le rideau glisse avec un chuintement le long de sa glissière de métal peint. Sur l’estrade maladroitement éclairée par de faux projecteurs de cinéma, une grande cage de verre trône dont les parois postérieures et latérales ont été peintes en trompe-l’œil pour figurer la perspective d’un paysage de cimes et de forêts, de torrents, de cascades, de précipices, avec à l’arrière un ciel rougi par les flammes d’un coucher de soleil de calendrier.


« Mesdames et messieurs, la licorne des Pyrénées ! s’exclame Marguerite avec un ample geste du bras. Contemplez en silence, en prenant votre temps, le joyau de notre collection zoologique, un exemplaire unique que les musées du monde entier et d’Amérique nous envient. Dieu n’a pas voulu que l’Equus cornatus meridionalis, malgré sa beauté et sa noblesse, survive jusqu’en cette fin de millénaire. Tous vous connaissez son histoire, même si la plupart d’entre vous n’étaient pas nés à l’époque du drame : à l’orée du printemps, dans la douceur revenue d’un matin ensoleillé, cette femelle de rêve a été abattue par un braconnier ivre alors qu’elle veillait depuis des jours et des semaines la dépouille de son compagnon, un vieil étalon dont le cœur fatigué avait cédé aux derniers grands froids. Les chiens sauvages s’étaient repus de la chair gelée de la bête, n’en avaient laissé que des débris d’os et des lambeaux de peau, mais dame licorne restait là, le regard haut, frappant la neige du sabot, allant et venant autour du cadavre à demi dévoré comme si elle attendait une sorte de miracle. Se savait-elle la dernière de sa race, et que le petit qu’elle portait dans son ventre ne verrait jamais le jour ? Le coup de tromblon l’a atteinte au chanfrein, juste en dessous de la protubérance osseuse, ébauche avortée de corne, qui a valu son nom à l’espèce. Blessée à mort, elle s’est agenouillée face à la vallée en une prière muette et s’est abattue sur le flanc… »


Pour la centième fois peut-être, Marguerite Rouxfeu récite son texte avec la conviction d’une collégienne propulsée sur les planches pour y lire du Péguy devant un parterre de camarades ennuyées, de professeurs gris, de parents aux yeux embués. On l’écoute pourtant, on pousse des exclamations de surprise, on s’offusque, on réclame vengeance pour la bête martyre si belle dans sa cage de verre. A-t-on au moins organisé une battue de trois jours dans les montagnes pour s’emparer du coupable affamé et transi, l’a-t-on lapidé, roué, lynché sur la place du village ? L’a-t-on enfermé sur la paille dans un cachot souterrain ? L’exhibe-t-on les jours de fête sur la place du village pour que les enfants endimanchés puissent lui cracher au visage ?


Certains jours, une voix courageuse s’élève dans le groupe des visiteurs pour défendre le pauvre chasseur abusé par le contre-jour, la fatigue, la faim peut-être dans ces régions sauvages que la prospérité moderne n’a pas encore atteintes… Autour de la bête mythique, les clans se font et se défont dans la haine et l’invective ; on se découvre des ancêtres chasseurs, des cousins gardes-chasse ou paysans de haute montagne. On en viendrait presque aux mains avant de rejoindre sa famille pour le repas dominical ou ses collègues de travail pour un autre après-midi d’ennui. Ou bien un silence accablé répond au récit du guide : les regards se mouillent de tristesse et de honte, les enfants pleurnichent en enfouissant leurs petits visages dans les jupes sages de leur mère, personne ne regarde personne, et le groupe s’égaille à reculons vers la sortie avec des airs de fuir la chambre d’un malade contagieux. Ou bien l’auditoire reste de glace : on pose à Marguerite, avec une feinte indifférence, des questions historiques ou scientifiques auxquelles elle peine à répondre en se retenant de pleurer ; la délaissant bientôt, on dispute ferme, entre connaisseurs, des points les plus controversés de l’évolution phylogénétique de la race équine, des bouleversements dialectiques de l’économie rurale à l’orée du siècle…


Toujours on laisse un bon pourboire à Marguerite. Les meilleurs jours, on lui serre les mains comme pour lui rendre les honneurs au sortir de l’ensevelissement d’un proche ; on la console avec des paroles maladroites d’avoir tant souffert de la barbarie des hommes. On ferait bien quelque chose pour elle, pense-t-on, mais sitôt franchie la porte du palais on est happé par la vie, aveuglé par le soleil qui inonde la place de la Riponne ; on reviendra sans doute un autre jour, avec les enfants peut-être et les grands-parents, mais ce ne sera plus jamais l’éblouissement d’une première fois.


Souvent, le dimanche, la visite est calme et la collecte généreuse. Pourtant, Marguerite a les joues rouges et se sent des élancements douloureux dans la poitrine. Qu’elle se soit enflammée pour un public plus tiède qu’à l’habitude n’y change rien : la même émotion la prend à chaque fois, un ébranlement du corps et de l’âme, une excitation des sens qu’elle ne sait apaiser qu’en allant se recueillir longuement dans la fraîcheur sombre de la basilique Notre-Dame du Tourmentin, si proche heureusement qu’elle peut s’y réfugier en quelques pas une fois la visite terminée. Du perron sud du palais, déjà, elle en aperçoit par-delà la place de la Riponne le laid clocher et la façade de carton-pâte posés au sommet d’un escalier aux ambitions épiscopales que peinent à gravir les vieilles gens encore sensibles à l’appel des cloches. L’intérieur de l’église est à l’envi, tout en rectangles et cylindres, en travées brisées qui égarent la vue, entravent la marche. Ici, pas d’ossuaire capucin où se faire peur ni de crypte préromane chichement éclairée par de fausses torches fichées au mur, aucune mosaïque byzantine pièce à pièce reconstituée au retour des croisades par une armée de veuves marmonnant des imprécations de vengeance contre le Maure ! Autrefois, bien sûr, on se bousculait de partout pour venir méditer, d’un pilier à l’autre, devant les douze illustres panneaux de bois peint du chemin de croix, inestimable testament artistique du peintre à l’Œillet, mais il n’était que justice qu’un restaurateur peu scrupuleux les eût emportés dans son bagage pour les revendre outre-Atlantique à quelque marchand d’art interlope : le lieu ne méritait pas tel étalage de beauté. Aucune étoile, donc, ne signale la basilique du Tourmentin dans les guides touristiques : l’ensemble évoque irrésistiblement une halle de marché aux poissons qu’auraient désertée ses marchands. Hors les grandes solennités du calendrier, à peine y respire-t-on une odeur d’encens !


Mais elle aime cet endroit de désolation. D’un petit autel latéral consacré à Notre-Dame de Lourdes, elle a fait sa niche de prière et de méditation. Là, dans l’ombre, personne ne connaît le secret qui lui glace le ventre et lui a donné une foi palpitante quand elle n’avait pas vingt ans. Agenouillée, tête droite, nuque raide, elle doit souvent lutter pour ne pas se perdre dans des rêveries équivoques qu’elle n’ose évoquer à confesse qu’en mots détournés. En face d’elle, le visage souriant de la Vierge semble alors la narguer. Se forçant à ne pas ciller, elle plonge son regard dans l’image lumineuse jusqu’à pleurer de douleur. Aspirant de toutes ses forces à l’extase, elle s’épuise en vain à vider son esprit de toute pensée, son corps de toute sensation. Toujours, au moment de la plus grande tension mystique, un accès de sanglots la renvoie au monde ! Chancelante, déçue d’avoir échoué encore une fois dans sa quête de l’union suprême, elle ressent aussi quelque allégement passager de la vieille peine d’amour qu’elle garde au plus creux de son corps. Le plus souvent, prise dans sa ferveur hystérique, elle ne songe même pas à prier la Vierge des Vierges et la Toute Sainte Bernadette d’intercéder pour elle auprès des hauts responsables de la société céleste.


À la fin de l’hiver, vers l’approche de midi, un rai de soleil tombé des fenêtres haut perchées de la salle de la licorne rampe en direction de la cage de verre. Marguerite aime à voir danser les flocons de poussière qu’enferme le faisceau lumineux. Petite fille, quand un pareil rayon la surprenait au matin dans la grande chambre où elle dormait seule, elle se bâtissait entre sommeil et veille des contes ensorcelés où chaque tache de lumière était un univers, chaque miroitement de poussière la trace d’une fée retenue là prisonnière par quelque malin génie qui ne se montrait jamais. Quand son père entrait brusquement dans la pièce pour l’éveiller en ouvrant fenêtre et volets, tout s’éteignait. Les odeurs de jardin mouillé l’enveloppaient de bonheur. La barbe du vieil homme sentait le vin et le tabac.


Ce dimanche matin-là, vite remise de son trouble, elle se sent assez calme pour ne pas se précipiter à l’église sitôt la visite finie ; elle s’assied près de la porte pour observer la lente progression du triangle de lumière vers la cage de la licorne. Il s’accroche bientôt aux montants de métal, lui renvoie des étoiles en franchissant la cloison transparente. Elle frissonne quand il atteint les sabots de l’animal : le pinceau doré remonte par petites touches le long des jambes, caresse le flanc puis le poitrail mité où le poil manque par touffes. Le rayon cesse là sa course, laissant dans le noir la tête de l’animal dont le corps luisant se découpe maintenant dans la pénombre de la salle telle une figurine de théâtre chinois.


Quand un nuage soudain passe devant le soleil, Marguerite s’imagine déjà murée au cœur d’un temple souterrain qu’encerclent les sauvages, menacée de se faire foudroyer par leur idole décapitée si personne ne se porte à son secours. Avec un frisson, elle se secoue pour disperser les dernières miettes de sa rêverie, se retourne pour fermer de l’intérieur le rideau de l’alcôve. Même éteinte, la licorne des Pyrénées garde fière allure ! La jeune femme s’assure d’un regard que le vieux gardien ou quelque visiteur attardé ne traîne pas dans les parages, puis elle entrebâille la porte vitrée de la cage. Elle avance le bras pour flatter l’encolure de l’animal, effleure du bout des doigts, comme par crainte de s’y brûler, la laide excroissance à son front, laisse sa main descendre vers l’épaule, puis vers le cuir plus rêche du ventre.


L’autre jour, elle s’est effrayée d’y palper une bosselure irrégulière, dure au toucher à travers la peau fine. Alors même qu’elle n’a jamais vécu si macabre aventure, elle a supposé qu’on doit éprouver quelque chose de très semblable en touchant par mégarde, abruti par des heures de veillée funèbre, la main d’un mort à travers son suaire. Se penchant pour mieux voir, elle a presque crié d’apercevoir un peu plus bas une déchirure à la panse de la bête, et que quelque chose d’osseux pendait par l’ouverture. Malgré son émotion, elle a songé tout de suite au poulain que la jument portait en elle quand on l’a abattue. Pourtant, tout son être se refusait à croire qu’on eût naturalisé l’animal sans le vider de son rejeton !


Le récit officiel de l’affaire n’en dit mot, qu’une main anonyme a soigneusement calligraphié sur quelques pages d’un carnet relié pleine peau. Aristide Codoux, le vieil homme qui fait ici office de gardien quand il aurait dû partir en retraite cinq ou dix ans plus tôt, et qu’on voit rarement à l’extérieur de sa loge hors les tournées rituelles que lui impose le règlement pour l’ouverture et la fermeture des salles, ne lui a prêté le carnet qu’à contrecœur pour qu’elle puisse préparer au mieux ses visites guidées et les égayer de quelques récits propres à captiver son auditoire. Sans donner ses raisons, il lui a enjoint de le consulter sur place sous sa surveillance rapprochée. Au souvenir de Marguerite on n’y évoquait aucunement le sort de l’avorton, mais elle a lu trop vite pour ne pas garder un doute ce manuscrit qui se voulait lyrique quand il n’était que scolaire, où les fautes de goût tentaient de se faire passer pour des figures de style, où rien ne s’élevait au-dessus de l’anecdote dans la relation d’un événement dramatique dont maint romancier populaire du siècle passé aurait pourtant fait son pain béni pour échafauder une histoire complexe et tortueuse qui tînt en haleine, chaque samedi, les lecteurs du feuilleton de dernière page de la Nouvelle Gazette du Diocèse. Si elle veut le relire, elle devra s’abaisser à flatter encore l’horrible gardien, supporter son haleine, lui apporter du tabac gris ou un alcool blanc pour entrer dans ses bonnes grâces.


Là, ce dimanche, tout est réparé : aucune brèche, aucune protubérance noueuse sous la main de Marguerite qui caresse le pelage du ventre de la jument. Si elle n’a pas encore rêvé, il faut croire qu’un taxidermiste aux doigts habiles a profité du jour de fermeture pour effacer toute trace de la blessure. Le vieil Aristide peut-être, dont le directeur du musée lui a dit un jour, avec un drôle de sourire, qu’il a été autrefois un des meilleurs empailleurs de sa génération. Et puis le gardien était le seul à savoir : malgré sa répulsion, elle lui a confié l’autre jour sa découverte en passant devant sa loge pour quitter le palais. Bien sûr, elle a travesti son récit pour qu’il ne suspecte rien de ses incursions solitaires à l’intérieur de la vitrine. Elle serait morte de honte de savoir découvertes ses pratiques quand même son confesseur en ignorait tout !


En se baissant pour sortir à reculons de la cage, elle heurte du regard l’arrondi d’un objet brillant à demi dissimulé dans la fausse caillasse sous la panse recousue de la bête. Elle s’en saisit le plus naturellement du monde, comme s’il s’agissait d’une épingle à cheveux qu’elle aurait laissé choir par maladresse en se recoiffant. Ce n’est qu’une chevalière de métal blanc, trop lourde pour la petite taille de son anneau. Le blason représenté la fait sourire : trois étoiles et un croissant de lune y dessinent un visage hilare sur fond azur. La bague paraît s’adapter à son annulaire. Elle l’y fait glisser sans penser à mal : les anneaux enchantés ne sont pas de son siècle, qui vous transforment en monstre ou vous donnent des pouvoirs maléfiques ! La cocasserie du blason, pourtant, ne cesse de titiller sa mémoire par une sorte de familiarité lointaine avec certaines scènes évanouies de son jeune âge. Depuis toujours, Marguerite pense à la manière d’un pendule. De l’éveil au coucher, sa rêverie oscille sans trêve entre la nostalgie d’une enfance qu’elle s’invente et les espérances d’un avenir follement romanesque ; elle ne traverse le présent que le temps d’un soupir.


– Mademoiselle Marguerite ! Mademoiselle Marguerite ! Arrêtez-vous un instant !


La voix crissante du vieil Aristide ramène la jeune femme sur terre, lui fait tourner la tête quand elle va sortir. À travers la porte vitrée de la loge, son regard est accroché par celui du gardien. Celui-ci lui fait un signe de la main qu’elle comprend, malgré la rudesse du geste, comme une invitation à le rejoindre dans son repaire. Elle hésite. Devant elle, à dix mètres peut-être, le couloir gris s’ouvre en un patio baroque où s’ébattent avec de petits cris quelques enfants. Elle le rejoindra en quelques pas si elle ose feindre de n’avoir pas vu le vieillard ni entendu qu’il l’appelait. De là, il lui suffira de descendre en courant les marches pour se retrouver à l’extérieur…


Depuis sa rénovation récente par des architectes du cru, le palais de Rumine est devenu une manière de jardin public dans lequel les familles viennent se distraire. Qu’on y pénètre par le haut ou par le bas, on doit franchir une paire d’escaliers lourdement monumentaux pour accéder à un espace central baigné par un bassin d’eau noire que nourrit en crachotant quelque animal mythologique aux béantes gueules de bronze. Il ne manque que des arbres, des allées de gravier, de petits voiliers qui clapotent dans l’onde, pour qu’on se croie à Hyde Park ou au jardin des Tuileries. Un déambulatoire surplombe la place, orné d’une rangée de colonnes jumelles dont les chapiteaux néo-corinthiens s’élèvent très haut vers une grande verrière qui baigne toute la scène d’une luminosité jaune. Enfin, tout est laid dans ce vaste espace bâti en plan incliné : le lieu ressemble à une gare de funiculaire monstrueuse qu’on aurait construite pour des géants d’un autre temps ; tout est gris, tout est noir, tout est massif et présomptueux, mais la beauté de l’ensemble touche au miracle !


Quand Marguerite, venant de chez elle, se dirige vers le monument, elle en est toujours éblouie de bonheur. Elle descend d’abord, gambadant dans l’air piquant à peine ensoleillé du premier matin, la sente tortueuse qui dévale depuis la place du Château un morceau de campagne égaré au centre de la cité. En contrebas, la toiture sinistre du musée lui bouche bientôt la vue vers le lac. Il faut encore franchir, sur une passerelle de métal et de verre, la sordide ruelle qui enserre la vieille ville comme un collet : de l’autre côté, mystérieusement posée plusieurs mètres au-dessus du sol, une incroyable porte de temple antique perce la façade nord du palais de Rumine, muraille sinistre aux moellons noircis par des générations de pots d’échappement. Surmontée d’un fronton triangulaire où ne manquent que les insignes maçonniques pour qu’on croie entrer dans un antre ésotérique, la porte ouvre sans crier gare sur un faux portique flanqué de vitrines glauques dans lesquelles on a entassé le rebut des collections zoologiques du musée : tigres et lions y côtoient avec une involontaire cocasserie les échassiers du grand Nord et les mammifères marins d’Océanie dans une reconstitution maladroite de paysages océaniques aux teintes délavées.


Oui, Marguerite est éblouie de bonheur à chaque fois qu’elle pénètre dans le bâtiment ! Ce peuple attaché à la laideur et la platitude architecturale plus qu’elle ne l’est aux trois vertus théologales, ce peuple fasciné par les églises vides, les espaces bétonnés tirés au cordeau, ce peuple qui en toute innocence baptise avenue de l’Europe ou boulevard de la Révolution de janvier la moindre ruelle de ses cités, ce peuple qui a par distraction chassé toute vie du centre historique de son chef-lieu pour y installer des bureaux somptueux à l’usage de ses innombrables fonctionnaires, ce peuple de marchands, de notaires et de pasteurs, où a-t-il trouvé la grâce lumineuse de porter à terme ce projet merveilleux : la transfiguration du palais de Rumine en un havre de beauté paisible où fourmille la vie ? D’une croûte, on a créé un chef-d’œuvre par quelques retouches invisibles ! De l’impasse lugubre dont on se gaussait jusqu’à Paris est née par enchantement, presque d’un jour à l’autre, une rue souterraine fertile, un creuset de créativité sociale, un forum d’art et de culture qu’on envie bien au-delà des frontières !


Marguerite cède, surprise, à l’invite du gardien. Elle pousse la porte basse, pénètre dans la loge qui empeste, comme dans les plus troubles romans policiers belges, la pipe froide et la vieille bière. Le vieil Aristide porte, par-dessus l’uniforme des gardiens assermentés de la ville, un tablier bleu de jardinier à la poche ventrale gonflée. Bientôt elle est assise en face de lui à une table si étroite que leurs fronts se touchent presque, encombrée de verres vides, d’assiettes douteuses et d’un bataclan d’objets hétéroclites : aiguilles courbes, ciseaux aux lames dentelées, bobines de fil écru à demi dévidées…


– Je vois que mes instruments d’empailleur attirent votre regard, mademoiselle Marguerite, dit-il en appuyant sur chaque mot comme si elle était un peu sourde ou idiote. Ne touchez à rien, surtout, vous pourriez blesser vos jeunes mains et vous endormir pour cent ans ! Sans plaisanter, vous me voyez flatté de vous accueillir dans ma caverne. N’ayez crainte, il n’y a rien de maléfique ici, aucun danger pour votre jeune personne. Depuis longtemps, depuis votre premier jour ici, je brûlais de faire plus intime connaissance avec vous, mais nous n’avons guère eu l’occasion de nous parler. Chacun vaque à ses tâches, bien sûr, chacun a ses horaires, ses itinéraires, et le hasard fait parfois bien mal les choses ! Et puis, à vous voir toujours si pressée quand vous passez devant ma loge, je me suis imaginé que vous évitiez d’approcher un vieillard dont le délabrement pourrait être contagieux ! Pourtant, savez-vous, j’aime beaucoup le charme naïf de vos visites guidées ; au début, je les suivais de loin, me cachant dans les coins sombres comme un adolescent amoureux. Votre engagement ici a donné une nouvelle vie à nos collections, tout le monde en convient au musée. Si j’aime vos manières, me suis-je dit, vous ne pouvez pas me détester tout à fait !

– Cela fait plus d’un an que je travaille ici, répond Marguerite en s’étranglant, et c’est la première fois…

– … que l’affreux Aristide vous convie à sa table ! Il est vrai que je ne suis pas un être très sociable ; ma timidité n’a pas cédé à l’empilement des années sur ma vieille carcasse ! Mais vous accepterez bien un verre et quelques biscuits, je pressentais votre visite et les ai achetés pour vous. J’espère que vous les aimez enrobés de chocolat.

– Vous vouliez me voir, monsieur Aristide, dois-je croire que vous avez quelque chose à me dire, à me reprocher peut-être ?


Il ne répond pas pendant qu’il fait un peu de place entre eux pour y disposer deux verres et une assiette de biscuits chocolatés de supermarché. Fascinée par son regard qui luit dans la pièce mal éclairée, elle n’ose pas refuser, même si elle ne boit jamais, l’alcool jaunâtre qu’il lui verse. Elle ne peut se retenir de grimacer en y trempant les lèvres ; l’amertume du breuvage la fait frissonner. Déjà il se ressert après n’avoir fait qu’une gorgée de son premier verre. Par-dessus son épaule, elle aperçoit dans l’alcôve qui prolonge la loge un lit défait aux draps en désordre où s’entassent du linge et un monceau de vieux livres. Le vieillard lui sourit.


– Vous devez boire avec moi, mademoiselle, déclame-t-il avec une soudaine emphase, vous devez boire sans quoi nous ne serons jamais amis ! Je n’ai que des amis et des ennemis sur cette terre, savez-vous, quelques amis et beaucoup d’ennemis. Les premiers peuvent compter sur ma fidélité ; les autres, qu’ils prennent garde à la fourberie du fol Aristide !


Pendant que Marguerite, effrayée par le ton soudain exalté du gardien, boit à petites gorgées tout en piochant sans compter dans l’assiette de biscuits pour trouver le courage de ne pas s’enfuir, il commence à lui raconter avec force détails invraisemblables l’histoire navrante des collections zoologiques du musée, la ronde des directeurs que les rouages mal huilés de la politique locale épuisent en quelques mois ou quelques années, des bribes aussi, en termes plutôt grandiloquents, de sa propre carrière d’empailleur : à l’entendre, il a été un héros méconnu de la science taxidermique, un génie maltraité par les blessures de la vie, un artiste incompris de tous que le sort a poursuivi de son injustice pour le réduire à sa misérable condition d’aujourd’hui. Ah, si elle l’avait connu dans sa splendeur d’avant-guerre, quand on déroulait encore tous les tapis rouges devant lui ! On le désirait à Londres, à New York, à Tokyo ; on le pressait de se joindre aux plus grandes chasses à la baleine argentée des tropiques, à l’opossum géant de Sibérie, au paresseux cyclope de Nouvelle-Zélande… Eût-il accepté une seule de ces missions taillées à sa mesure plutôt que de céder à son indomptable modestie, il jouirait aujourd’hui d’une retraite dorée, peuplée de croisières organisées en son honneur, de séjours en palaces, en résidences de bord de mer où les grands de ce monde feraient la queue pour quémander un entretien ! Mais il ne se plaint pas de son sort : le grand musée plein de poussière dont il est le maître fait un royaume à la mesure de son grand âge…


Inondée de paroles, ne sachant comment faire tarir la verve du vieillard, Marguerite perd toute prudence et l’interroge de but en blanc sur l’histoire de la licorne des Pyrénées. En sait-il plus que les piteux détails relatés dans le cahier relié pleine peau qu’il lui a prêté à son corps défendant quelques mois plus tôt ? Sait-il quel rédacteur navrant a consigné ce récit de si vilaine manière quand l’aventure de la noble bête aurait mérité une plume à la mesure de sa grandeur ? A-t-il lui-même joué un rôle mineur ou glorieux dans cette affaire d’un autre temps ? Le voyant si troublé, l’autre jour, quand elle lui a signalé la brèche dans le cuir de la bête, elle en a conçu quelque soupçon, imaginé dans sa tête folle des choses incroyables. A-t-il lui-même recousu en secret la panse de la licorne pour que personne au musée ne suspecte le mystère qu’elle recelait ? S’il sait quelque chose, il doit tout lui dire ! Ne sont-ils pas amis maintenant ?


Aristide se tait, les yeux vides, sous le flot de questions que la jeune femme, égarée dans son propre discours, lui pose en salves désordonnées sans attendre de réponse. Sur ses lèvres ébréchées par l’abus de tabac, un sourire de gêne complice s’ébauche d’abord, qui très vite se fige en une grimace d’amertume et d’impatience. De la main droite, il tapote machinalement son verre, semblant plus attentif à la grêle musique qu’il en tire qu’aux paroles enflammées de Marguerite. Celle-ci a perdu toute contenance, elle s’agite en face de lui, elle balance son corps de droite à gauche en parlant de plus en plus vite, d’une voix de plus en plus sourde. Sa chevelure bien tirée commence à se défaire, des plaques rouges colorent son cou et ses pommettes d’un fard de carnaval. Pour l’impressionner, le vieil homme s’est échauffé tout à l’heure en évoquant les grandes heures de sa carrière, mais là c’est autre chose : il pressent que s’il n’interrompt pas tout de suite la jeune femme en frappant un grand coup sur la table ou en la giflant, elle va faire une crise de nerfs, ameuter par ses cris le personnel du palais, faire fuir la foule des visiteurs. On accourra, on se bousculera pour entrer dans la loge et lui porter secours. Que n’imaginera-t-on pas à les voir si proches dans la pénombre, elle à moitié couchée sous la table, pâmée, le regard fou, les membres raidis, lui penché sur elle comme pour la violenter quand il ne veut en la serrant dans ses bras que l’empêcher de se blesser ?


Pourtant il reste coi, fasciné ainsi qu’il l’a été, en d’autres temps et en d’autres lieux, quand son cœur de jeune homme était perméable encore à la magie du monde, par les lanceurs de couteaux de Majipoor ou les charmeurs de rats de Colombie : la terre aurait tremblé sous lui qu’il n’aurait pas détourné de la scène son regard captivé ; un incendie aurait ravagé la salle qu’il n’aurait pas bougé de son siège pendant que, prise de panique, la masse aveugle des spectateurs se ruait vers les portes. Là, comme autrefois, rien ne compte plus pour Aristide que se fondre corps et âme dans le spectacle que lui donne la jeune femme, que se laisser envahir par le bercement de la mélopée qu’elle tisse au hasard de ses folles pensées.


Soudain, elle lui raconte un rêve qu’enfant elle a fait cent fois : seule au monde, assise sur une pierre aux arêtes coupantes au milieu d’un pays de collines brunes plantées d’amandiers en fleurs qui s’étageaient en terrasses jusqu’à la mer, elle voulait se lever et courir vers l’eau en dévalant un sentier qu’elle devinait à travers les arbres, mais ses jambes refusaient de la porter, elle tombait de tout son long, visage contre terre, incapable de pleurer malgré sa douleur ; une voix lui répétait sans cesse, jusqu’au réveil, qu’elle devait attendre la pluie pour s’en aller, attendre une pluie qui ne venait jamais. À chaque fois qu’elle faisait ce rêve, la petite fille sortait du sommeil avec un goût de terre dans la bouche, la tête lourde, les membres engourdis. Dès qu’elle se sentait assez forte pour se lever, elle se précipitait en titubant vers la salle de bains pour se rafraîchir le visage et boire sans compter. Quand son père, alerté par le bruit, frappait un peu plus tard à la porte de sa chambre, il trouvait Marguerite couchée dans son lit, bien couverte, qui semblait dormir paisiblement ; il retournait dans sa chambre, croyant avoir rêvé, pendant qu’elle tremblait de tout son corps jusqu’au matin en se traitant de vieille folle pour avoir feint le sommeil quand elle n’eût désiré que se faire consoler dans ses bras.


Aristide n’a pas besoin de frapper du poing sur la table ou de pousser un cri : la jeune femme se calme à l’instant où elle évoque le souvenir de son père ; son discours se ralentit, sa voix s’apaise, source qui se perd dans le sable. Un rai de soleil transperce soudain la lucarne de la loge et les illumine. Une fraction de seconde, la bague que Marguerite a passée à son doigt brille telle une étoile. Elle s’empresse de cacher sa main sous la table.


– Nous parlerons une autre fois des mystères de la bague que vous portez là, mademoiselle, dit le vieil homme avec un faux sourire, peinant à maîtriser son trouble. Aujourd’hui je voulais seulement vous connaître un peu mieux. Si nous nous revoyons, je crois que nous aurons encore beaucoup de choses à nous dire.


Il l’aide à se lever, la raccompagne à la porte de la loge, lui montre de la main, comme si elle ne connaissait pas les lieux, la direction de la sortie. Marguerite Rouxfeu ne saura jamais s’il a entendu les mots d’excuses qu’elle a marmonnés, lui tournant le dos déjà en se dirigeant vers la sortie, pour se faire pardonner son comportement hystérique : qu’envoûtée par le récit poignant du vieil homme elle a senti son âme s’exciter pareillement qu’au théâtre ; qu’effrayée de se voir enfermée dans un endroit si sombre et si exigu, les sens échauffés par l’alcool bu trop vite, elle a bientôt perdu tout contrôle sur elle-même et le déplore.


Elle n’hésite pas, se dirige sans se retourner vers le recoin qui sert de vestiaire aux employés, se saisit du manteau de fausse fourrure qu’elle a accroché en arrivant à la patère de cuivre. Devant elle, à quelques mètres, un couloir gris s’ouvre sur la cour centrale du palais, patio baroque où s’ébattent avec de petits cris quelques enfants pendant que leurs parents déambulent alentour. De là, après qu’elle a rafraîchi son visage à l’eau de la fontaine en prenant soin de n’être pas vue, il lui suffit de descendre en courant une volée de marches pour se retrouver à l’extérieur.

Souffletée par les rafales de bise qui tournoient sur la place de la Riponne, elle prend le temps de rajuster le col de son manteau pendant que la lourde porte automatique de l’édifice se ferme lentement dans son dos. En contrebas, le pavage de béton de la place luit au soleil, triste patinoire qu’encerclent de hauts immeubles gris sans grâce. Malgré le froid, elle s’attarde quelques instants à regarder, sans rien comprendre à leur jeu, un couple de quinquagénaires osseux qui font en silence leur partie d’échecs dominicale sur l’échiquier géant que des édiles en mal de popularité ont fait peindre en d’autres temps à même le pavé. On distingue à peine les carrés noirs des blancs. La peinture des grandes pièces de bois s’écaille. Certaines sont brisées, exhibant sans décence leur armature de fil de fer rouillé. Plusieurs ont même disparu. Les joueurs les ont remplacées par des briques rouges posées à plat ou sur la tranche selon un code qu’ils sont seuls à connaître : incapables de suivre le jeu, les rares passants qui s’arrêtent s’en vont très vite avec un haussement d’épaules. Qu’il pleuve ou qu’il vente, Marguerite retrouve chaque dimanche, en quittant le musée, l’étrange couple aux prises avec une partie qui semble toujours la même, comme si elle n’avait jamais commencé et ne devait jamais se terminer. En passant, elle leur adresse parfois quelques mots gentils auxquels ils répondent d’un vague geste de la main, attentifs à ne pas perdre le fil de leurs pensées tortueuses.

Elle passe tout droit ce jour-là, se hâtant vers la basilique Notre-Dame comme si son salut dépendait de sa célérité. Les deux hommes ne lèvent pas la tête quand elle les frôle presque, mais elle sait au raidissement de leurs gestes qu’ils l’ont remarquée. De l’autre côté de la place, elle aperçoit par-dessus la crête des immeubles la grande croix bleue, lumineuse, qui coiffe la flèche de l’église.


 
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   Robot   
2/2/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Voilà le récit et les personnages posés et un début de mystère. Attendons la suite. L'écriture donne envie de poursuivre.

   Marite   
5/2/2015
Je viens de découvrir ce nouveau roman publié et j'en ai copié le premier chapitre. Je reviendrai après lecture ...

Edit : L’abondance des descriptions dans ce premier chapitre a un peu noyé, chez moi, la trame du récit dont je retiens essentiellement, la licorne en tant que pièce maîtresse de ce musée, l’histoire de sa mort, la bague trouvée près de la licorne empaillée et l’excès d’émotivité de Marguerite qui m’apparaît très introvertie … Ah ! Aussi le gardien, personnage troublant, qui n’a pas révélé tout ce qu’il sait à ce qu’il me semble. Ceci est bien entendu très subjectif et ne va pas m’arrêter pour le second chapitre.

   Acratopege   
11/2/2015
Courageux lecteurs, vous trouverez ici des réflexions partagées sur le texte, et mes remerciements à tous ceux qui ont pris la peine d'écrire un commentaire:
http://www.oniris.be/forum/la-licorne-remercie-et-discute-t20089s0.html

   Cairote   
16/6/2019
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Désolé que ma lecture et mon commentaire arrivent aussi tardivement.
J’ai voulu commenter immédiatement après la lecture de cette première partie, en particulier parce que c’est souvent ce qui détermine le sort que l’éditeur réserve à l’ensemble d’un manuscrit soumis. Du moins lorsque ses lecteurs décident de ne pas poursuivre, ce qui est malheureusement (ou heureusement !) le cas le plus souvent. Et aussi parce que je ne sais pas si j’aurai le loisir de lire le reste.
Le style (classique en effet) n’en est apparemment pas du goût de tout le monde, mais à moi il m’a plu énormément, parce que je l’ai trouvé très bien maîtrisé, avec juste ce qu’il faut d’ornementation (suggestive et jamais artificielle) et une bonne dose d’inventivité. J’ai aimé savourer ce texte lentement, dont l’écriture m’a paru bien adaptée à une entrée en matière, très évocatrice de l’atmosphère et des personnages. Ceci dit, je ne sais pas si elle finirait par un peu m’agacer si elle se poursuivait tout au long du roman. À suivre…
En attendant, une petite question : la redondance "les musées du monde entier et d’Amérique", c’est voulu (et pour quel effet) ?


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