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Alice : Les insouciances congelées
 Publié le 29/09/14  -  11 commentaires  -  16070 caractères  -  233 lectures    Autres textes du même auteur

Une tentative de traduction des maux qui accompagnent la perte de l'enfance.


Les insouciances congelées


Il y a un endroit au monde, un seul, et ce n’est pas l’endroit où je vis, qui a encore le don de me renvoyer mon enfance en pleine figure. Mon enfance, là-bas, je ne la vis pas, mais je n’ai pas à me contenter de m’en souvenir non plus : je peux la sentir. Je la sens dans l’odeur de la cuisine surchauffée, dans la sensation des rideaux blancs à la fois rugueux et doux de la chambre du fond, dans le rire de ma grand-mère maternelle quand elle regarde ma cousine sortir trois cents mots à la seconde. Je ne sais pas pourquoi mon enfance se sent là, mais elle transpire de partout.


Quand j’ai expliqué tout ça à ma sœur, elle m’a dit :


– Pourquoi tu vas pas plus souvent voir papi et mamie, alors ?


On a tous une personne à qui on avoue plus qu’à sa propre tête. J’ai eu envie de pleurer en répondant en même temps à cette personne et à moi-même :


– Parce qu’à chaque fois j’ai peur de me dire une fois de trop que les souvenirs, c’est pas pareil. C’est pas l’enfance. Et là, même les souvenirs disparaîtraient.


Stupide, mais vrai : la maison de mes grands-parents maternels, elle a beau m’ébouillanter de bonheurs rajeunis, j’ai peur de la casser. Comme j’ai cassé les Schtroumpfs, du temps où je pensais que l’enfance se recyclait dans les premiers souvenirs littéraires.


Là où l’enfance réside, on croit d’abord que c’est dans sa chambre. Vient le moment où on reste figé sur le lit, effrayé pour la première fois de devoir tout créer par soi-même, se sentant petit pour la première fois. Ne plus se sentir capable d’inventer ses journées est l’un des premiers signes de sénilité juvénile. Certaines enfances surmonteront cette première épreuve. La présence de frères ou de sœurs plus jeunes aide grandement en ce sens : j’aime à penser qu’en étant la plus jeune de la famille, je n’ai pas seulement servi à retenir l’heure du coucher à vingt heures plus longtemps, mais également à donner un sursis à l’enfance de mes aînés. La mienne n’avait malheureusement pas de cinquième enfant à l’imagination duquel se calfeutrer. Lors même que j’ai permis à ma plus jeune grande sœur de consommer jusqu’à la lie le bonheur de se raconter des histoires, la honte de me changer devant une porte ouverte, elle, on me l’a inoculée avant même que je la vive pleinement. Autant pour mes loyaux services.


Lorsqu’est venu le jour où j’ai pour la première fois adopté la posture de la douleur, la posture d’une honte injustifiée qu’on apprend à appeler pudeur parce que ça fait moins laid : bras et jambes repliés sur un corps nu qui imposait soudainement des limites là où mon esprit encore chimérique ne connaissait que les grands espaces, j’ai dû conclure à la destitution du premier bastion. La bonne entente entre le corps et l’âme, la juste et simple utilisation de l’un pour l’exultation de l’autre.


Je me suis alors tournée vers une force ancestrale où tout s’est toujours créé plus facilement encore : Noël. Puis, je me suis rendu compte que, dans des yeux d’enfant expatrié, Noël est la chose la plus triste au monde. L’ennui, la réponse instinctive à toutes les douleurs les plus fortes, m’a alors rattrapée pour la première fois. J’ai mis un temps fou à le reconnaître : un enfant s’ennuie en attendant d’arriver à destination, par exemple au jour de Noël. Un enfant destitué aussi, à la différence qu’il a l’impression de ne jamais arriver à destination, même le jour de Noël. Le soir du réveillon, l’interminable trajet avait commencé.


C’est après ce genre de moments qu’on adopte les comportements des bannis : l’assassinat consciencieux du temps, par l’inactivité en général. Si l’activité ennuie, autant ne pas se forcer et s’ennuyer économiquement.


On sait que l’âge adulte connaît de grandes passions, qui se développent d’ailleurs en majeure partie après l’enfance ; quitter cette dernière n’est donc pas, contrairement à la première impression, qu’une totale perte de temps. Mais les parents ont tort de souhaiter voir disparaître rapidement la transition entre jeu insouciant et réel investissement du temps. Entre l’insouciance dictée par la joie et la vocation dictée par la passion ou le besoin, il faut passer par les idées noires. L’écriture est dans ma vie depuis toujours. Cette passion, je l’ai vécue avec l’enfance, avec l’enfance encore tiède, avec l’adolescence et avec l’âge adulte. Je n’ai jamais rien connu d’aussi fort que le sentiment d’écrire. Sauf, justement, pendant cette période de flottement où tout ce qui se trouvait au bout de la plume était l’enfance tout juste estropiée, cette période où l’insouciance se congelait dans un recoin de ma conscience, aussi douloureusement que dans le cas d’une véritable engelure. Abandonnée par l’effervescence créatrice juvénile, je n’aurais su d’office écrire des choses plus constructives que des pensées suicidaires et des odes à l’ennui.


Même en lecture, il m’a fallu ma déchéance : des Misérables de mes douze ans, je suis passée aux Archie de mes quinze ans. Dans le langage parental, ça s’appelle l’appel larvaire. Dans le langage de mon adolescence, ça s’appelle se laisser de la matière grise pour méditer. Parce qu’une enfance démontée, c’est comme un malade : ça s’ausculte. Ça se pense. Mais ça ne se pense pas lorsqu’on est corps et âme empli par la mort de Gavroche. Ça se pense quand zéro point dix pour cent de notre cerveau s’occupe mollement d’observer Betty et Veronica martyriser un rouquin. Le peu d’intelligence dont je puisse aujourd’hui me vanter, je le dois à des auteurs de bandes dessinées décérébrées et à des scénaristes de films série B. On réfléchit bien mieux quand rien n’exige qu’on réfléchisse.


Il ne faut pas mal me comprendre : je n’entends pas par là qu’un enfant ne réfléchit pas avant d’être éjecté de l’enfance, bien au contraire. C’est l’objet de sa réflexion qui varie de celle d’un adolescent. Un enfant médite sur tout, observe tout, sauf lui-même : ce « lui-même » est le premier objet de réflexion non enfantin. L’enfance n’essaye jamais de se réinventer elle-même : elle est consciente d’exister et convaincue qu’il est normal qu’elle existe, puisqu’elle a bien dû le vouloir. Elle n’a pas besoin d’explication. L’enfant dit oui à chaque instant. Tout lui paraît étranger hors de ce qu’il est, il concentre donc ses pérégrinations dans ce qui lui est extérieur.


Une fois détrôné, l’enfant se rend compte qu’il n’a plus de royaume à penser. Il ne lui reste que lui-même, et il ne tarde pas à considérer ce lui-même comme un étranger qui avait toujours été sous ses yeux sans qu’il s’y intéresse. Il lui semble alors que tous le connaissent mieux que lui, puisque tout, dans son entourage immédiat comme dans la société, semble le définir. L’adolescent, c’est un acteur qui se demande pourquoi on ne l’a pas même consulté avant de lui donner un rôle soi-disant adapté à sa personnalité qu’il ne connaît ni d’Ève ni d’Adam : il ne comprend de lui-même que ses goûts et répugnances. Enfant, il était lui. Adolescent, il est un condensé des regards des autres sur lui, ce qui est d’autant plus agaçant que ces regards sont souvent contradictoires. C’est ce qui lui donne l’air aussi fermé, voire intraitable. Pendant une décennie, j’avais vécu dans un monde où rien ne m’était vraiment intelligible, et donc où tout était ouvert à l’interprétation : c’était ma tête qui nommait le monde et non le monde qui définissait ma tête. Soudainement le monde me déclarait qu’il me connaissait, et paraissait d’ores et déjà tellement défini, rêvé, idéalisé, modelé (et pas d’une façon jolie) que je ne pouvais plus m’imaginer lui rendre la pareille. Pendant très longtemps, je n’ai pas pu me figurer y incorporer quelque chose d’autre qu’une profonde lassitude. La seule originalité que je me suis permise, pendant un temps, a été de commencer à dire non. Quand j’ai compris que je n’aurais pas pu dire non à ma propre existence, je me suis braquée. Il n’y a rien de pire que de sentir qu’on n’est responsable de rien dans le fait d’être né.


Alors j’ai décidé de me dégoter une personnalité sans faire dans la négation : je me suis ennuyée. Je me suis ennuyée d’un ennui consciencieux et abyssal. On peut s’ennuyer en écoutant, en parlant, en se soûlant, en insultant des gens, en s’insultant soi-même, en pensant à la mort. Celui qui traîne la patte trouve sa place dans la multitude : je m’emmerde, donc je suis. Quand on s’ennuie, on se déprime par définition, et on se donne une personnalité par extension. Dans le monde du cynisme, que peut-on trouver de mieux pour clamer sa nature que de bâiller ostensiblement à travers la vie ?


Puisqu’il n’y a rien de plus ennuyant que de s’ennuyer, l’ennui, dans mon cas, n’a pas duré trop longtemps. J’ai découvert le plaisir de tenir une position. Une autre chose qui semblait donner de la personnalité. Le rapport à l’argumentation est également étranger à l’enfance, de même qu’à la période du « non » sans développement. Un enfant se sent si peu attaqué dans ses convictions qu’il ne prend pas la peine de se défendre. Lorsqu’on lui demande pourquoi on devrait faire à sa façon, il se rend compte au moment de se justifier qu’il n’a pas de justification pour avoir vécu comme il a vécu jusque-là, pour la simple et bonne raison que les plus belles choses de la vie, comme le chocolat, ne s’expliquent pas. Lorsqu’on démolit sa défense pitoyable, il comprend que, dans la vie, il lui faut de bons arguments. L’adolescent, fort de la découverte du gamin moribond, se met en quête d’une argumentation solide, passablement agressive à ses balbutiements, pour préserver ce qu’il n’avait jamais songé avoir à défendre, tout ce qu’il lui reste : lui-même. Peut-on vraiment lui reprocher son attitude renfrognée ? Son besoin de se montrer blasé, de repousser l’hypnose qui l’avait gardé insouciant du massacre pubère imminent, cette hypnose qui, comme une bonne fée marraine sadique au possible, l’avait laissé jouir de ce qu’il ne savait pas devoir perdre ? La prise de conscience du fait que l’on ne joue que pour se laisser distraire en attendant un cataclysme est dure à avaler, mais certains adultes l’ont oublié, ou font semblant de l’avoir oublié pour ne pas paraître condescendants et ainsi minimiser les tentations parricides de leur progéniture.


Bien sûr, on ne se souvient peut-être pas toute sa vie du moment où on venait de nous prouver, en saccageant notre grandeur, que faute d’arguments convaincants on peut nous faire du mal.


Pour trouver des arguments, il fallait arrêter de jouer. Il fallait aussi arrêter de s’ennuyer. Il fallait penser. Alors j’ai pris du temps pour penser. Je prends encore du temps pour penser. On me l’a reproché. On me le reproche encore. On me le reproche accroupi dans les coulisses, parce que c’est toujours plus facile de râler quand on est forcé de chuchoter : ils sont une petite ville là-bas à s’agiter comme des souffleurs survoltés, avec dans les mains mon soliloque ouvert à la bonne page ; désespérés, ils me regardent, moi, vissée à une scène illuminée trop tôt, penser à mon texte plutôt que le déclamer. Je n’ai toujours pas compris qui au juste se trouve dans le public.


Parfois, quand je me sens coupable, je me dis que j’intoxique ma famille de ma solitude pour un Noël qui m’a terni l’âme et m’a claquemurée en moi-même avec un texte à apprendre.


Parfois, quand je me sens irritable, je me dis que, tant qu’à y être, ils auraient aussi bien pu acheter un chien et me faire des vacances.


Certains disent que les vieux sentiments reviennent, à Noël et toute l’année durant, quand on a des enfants. Dans le sacrifice de parents prêts à se faire réveiller à chaque heure de la nuit par des hurlements de fin du monde, on peut donc voir le consentement à un mal honorable pour un bien coupable : celui de renouer avec sa propre nature enfantine. Ce qui expliquerait que tant de parents tentent de vivre la vie de leurs marmots par procuration. Je n’aime pas les enfants. C’est une vérité établie. Ne pas aimer les enfants n’est pas nécessairement une raison pour ne pas avoir ses enfants. Mais, en ce qui me concerne, avoir trop aimé l’enfance est une sacrée bonne raison ; et c’est là précisément ce qui doit s’être produit chez les parents qui vivent par procuration, car la déception d’une jeunesse gâchée ne fait jamais autant de ravage que la nostalgie d’une jeunesse exaltée. Trop aimer l’enfance mène à vouloir la reproduire, et entre s’inspirer de son enfance heureuse pour le bien de son morveux et tenter de revivre son enfance heureuse pour son propre bien, il n’y a qu’un pas.


La peur de traiter mes enfants comme des usines à rafistoler des souvenirs est l’une des principales causes de mon désir d’éternelle inutilité utérine. Le pire est que, lorsque j’y pense rationnellement, je me dis que l’enfance ne se dérobe pas réellement. Tant qu’elle reste en quelqu’un, elle est fidèle ; dès qu’elle sort de quelqu’un, elle est brisée. J’en ai eu la preuve. Je suis simplement intimement convaincue que je serais suffisamment désespérée pour tenter ma chance.


Je nourrirais l’ambition de devenir mère si je sentais en moi la force des parents de la bonne raison. Ces parents qui sont prompts à apprendre de leurs enfants sans rien prendre d’eux, ces parents qui, lorsque l’enfant est concerné, entrent dans une dimension parallèle où la patience est increvable, ces parents qui, bien qu’incarnés sous mes yeux depuis dix-neuf ans, restent un mystère insoluble pour moi. Chose sûre, quand je revois ma mère, d’une intelligence phénoménale, renoncer à sa carrière et rester à la maison à longueur de journée à suer sang et eau, pour se mettre à pleurer lorsqu’on lui offre une semaine de pause à Paris, ville de l’amour si loin de ses amours ; quand je pense à mon père renonçant, face à mon air si déstabilisant d’affection et de fierté, à me punir d’avoir « décoré », à l’aide d’un caillou pointu, sa voiture et deuxième compagne (la première étant bien sûr sa moto), je n’ai nul doute que quelque chose m’échappe encore dans l’histoire. Et ce ne peut décemment pas être que du masochisme aigu.


Je ne sais pas exactement ce qu’il me manque. De la motivation, du courage, de la patience, sûrement. De la foi, peut-être : on dit qu’avoir des enfants représente un acte d’espoir. Cioran, pour sa part, affirmait que la plus grande preuve d’amour que l’on puisse faire à ses enfants, c’est de ne pas les mettre au monde. La fataliste en moi s’est toujours trouvée prise au piège de la beauté étouffante de cette affirmation, et à bien des égards, j’ai l’impression que beaucoup de mes meilleurs choix de vie ont été dictés par une trouvaille littéraire. Lire, écrire, observer mon propre regard sur la vie, m’ont fait comprendre que tout ce que je verrais dans le fait d’enfanter, ce serait la création d’une autre machine à terrasser des mondes.


Je me confesse. Je suis bien vile : je n’offrirai pas l’enfance, les ciels idylliques, les facilités grandioses, les immensités minuscules. Et je suis bien bonne : je ne donnerai pas le moignon, la pourriture, l’élancement du souvenir dans ce coin de l’âme qui se rouille d’acceptation. Je ne risquerai pas non plus de devenir la mauvaise mère que je sens palpiter en moi. Je suppose qu’entre fonder un espoir dans la vie et ne pas tenter le diable, il n’y a qu’une histoire de point de vue.


Là où mon enfance s’éprouve encore, c’est uniquement dans la douleur. Douleur douceâtre, douleur cathartique, douleur simulacre de bonheur, peut-être, mais douleur avant tout. L’enfance, sauf dans le cas des génies qui savent la préserver autrement, ne sait pas se battre mieux que par la morsure de la nostalgie. Elle ne tient le siège pour personne. Tenir un siège, c’est opposer une résistance ; l’enfance ne sait que jouer à vivre et vivre de jeux. Et je peux encore sentir mes propres promesses d’allégeance brisées, là, acidifiées de hontes sans têtes ni voix : un poulailler d’illusions décapitées courant encore dans tous les sens, imprimé sur le rideau dans la chambre des grands-parents.


 
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   Asrya   
29/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Une belle réflexion, intense, profonde, autour de l'enfance, l'adolescence et le monde adulte.
J'ai eu du mal à embarquer dans votre voyage réflexif. Les phrases sont longues, parfois un peu lourdes et rendent le texte difficile à lire.
Cela doit en décourager certains.
L'idée m'intéressant au plus au point, j'ai continué jusqu'à la fin avec une grande passion.
C'est un point de vue très captivant que vous nous livrez. Ces doutes quant aux "risques" de l'enfantement.
Dur dur pour un parent d'oublier que son enfant n'est pas sa pâle copie miniature.

La deuxième partie de votre nouvelle m'a grandement fasciné. Pourtant je ne suis pas de votre avis, loin de là. Mais ce regard que vous m'avez offert m'a séduit, et j'espère que d'autres auront la possibilité d'être charmés à leur tour.

Des pages et des pages devraient être consacrées à ce type de réflexion. Je n'en ai pas eu assez. J'aurais adoré vous lire davantage, partager votre pensée et ouvrir encore plus mon esprit aux affres de ce monde.

Merci beaucoup pour cette lecture,
Au plaisir de vous lire à nouveau.

   Pimpette   
30/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
je fais court ne pouvant pas faire autrement...

Ce texte est passionnant d'une richesse à plusieurs niveaux et d'une belle écriture....On est touché...

MOi je distingue tout ce qui touche à l'enfance dans la conscience de l'auteur....superbe...de la seconde partie où je suis bcp moins convaincue des réflexions sur 'l'inibition" d'un adulte devant la transmission de la vie, la mise au monde d'un autre que soi-même!
Les idées qu'on peut avoir sur ce sujet ne tienne pas cinq minutes devant un nouveau né hilare à côté de sa mère....

Ce n'est que mon o'pinion bien entendu!

   placebo   
30/9/2014
 a aimé ce texte 
Pas ↑
J'ai lu votre texte hier, le titre m'a attiré. Je ne l'ai pas terminé mais j'ai quelques remarques indicatives :

- J'ai du mal avec l'alternance des "on" et des "je". Le problème c'est la généralisation (partir du cas particulier pour arriver au général) avec laquelle je ne me retrouve pas du tout et que je ressens comme imposée à ma propre enfance.
- Dans l'ensemble, les phrases sont lourdes, par exemple "Là où l’enfance réside, on croit d’abord que c’est dans sa chambre." l'est pour moi. Dans les phrases courtes ça ne pose pas problème mais quand elles s'allongent…
- Il manque un fil directeur. Je lis, en vrac, l'enfance, le sortir de l'enfance, reproduire l'enfance… il manque de la tension qui nous donne envie de lire la suite.

Il ne faut pas mal prendre mes remarques, ce n'est que mon ressenti. C'est un sujet intéressant, vous avez beaucoup de matière. Je pense à la remarque de Stephen King : à la fin du texte, il se demande "quel est le message ? Ça raconte quoi ?" et il supprime les 10% du texte qui le rendent nébuleux.

Bonne continuation,
placebo

   Francis   
1/10/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
L'enfance, notre prison était un royaume, celui des jeux, de l'insouciance, un théâtre où le temps était congelé. Je partage une grande part de votre réflexion qui nous conduit de l'enfant qui joue, à l'adolescent qui médite pour terminer avec les parents qu'on craint d'être. Les souvenirs d'enfance sont comme une porcelaine fragile. Il ne faut pas trop la toucher ! Dans la mienne, il y a une blanche chaumine, des tomettes rouges sous mes pieds glacés, un air d'accordéon, le sourire d'une maman protectrice, un papa courageux.. Aujourd'hui, leur fantôme rôde dans les ruines de la chaumine, mon enfance aussi.

   Shepard   
1/10/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Alice !

J'ai hésité à commenter ce texte, j'ai eu du mal à rentrer dedans.
Je l'ai considéré comme un petit essai plutôt qu'une nouvelle du fait de son contenu. En effet je n'ai pas vraiment ressenti "une histoire" mais plutôt "une analyse".
Le problème s'annonce alors, pour ce type de texte certaines formulations sont un peu trop ampoulées à mon avis. Ex :

"Lors même que j’ai permis à ma plus jeune grande sœur de consommer jusqu’à la lie le bonheur de se raconter des histoires, la honte de me changer devant une porte ouverte, elle, on me l’a inoculée avant même que je la vive pleinement. Autant pour mes loyaux services. "

Je ne vois pas bien ou vous voulez en venir.

D'autres phrases, simples, sont extrêmement fortes et appréciables :

"C’est après ce genre de moments qu’on adopte les comportements des bannis : l’assassinat consciencieux du temps, par l’inactivité en général. Si l’activité ennuie, autant ne pas se forcer et s’ennuyer économiquement. "

Si l'image de "tuer" le temps est classique, celle de "s'ennuyer économiquement" est bien meilleure.

"Dans le monde du cynisme, que peut-on trouver de mieux pour clamer sa nature que de bâiller ostensiblement à travers la vie ?"

Celle-ci détient une certaine vérité pour moi. Je pense que c'est la phrase que je retiendrais de votre texte, bien que paradoxalement cela ne soit pas le sujet principal.

Voilà un texte qui pose un point de vue intéressant mais qui manque un peu de concision et brouille certaines expressions. Un petit élagage de certaines phrases pour plus d'impact et ce serait à mon avis, un très bon texte.

   LeopoldPartisan   
1/10/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
pour paraphraser voilà une bien belle réflexion sur l'enfance et son souvenir. Réflexion à laquelle on peut ne pas adhérer par son expérience personnelle, mais qui interpelle profondément quand même.

L'enfance se doit d'être envers et contre tout respecter, parfois "éducquer" à ne pas sombrer dans les travers de l'avoir au détriment de l'être. L'enfance se devrait être le terrain de l'expérimentation de la vie (rêves, jeux, peur, danger, amitié etc...)

Ce qui m'a choqué au niveau de mon vécu, c'est cette sentence, que personnellement je peux comprendre, mais que jamais je n'ai voulu imposer à mes enfants, sans doute par respect pour eux et aussi parce que certains au collège on voulu "pour mon bien" littéralement assassiner. Heureusement j'ai résisté et surtout bien fantasmé ma vengeance :

"Trop aimer l’enfance mène à vouloir la reproduire, et entre s’inspirer de son enfance heureuse pour le bien de son morveux et tenter de revivre son enfance heureuse pour son propre bien, il n’y a qu’un pas. "


merci pour cette réflexion qui sort vraiment du lot par cette expression de la perte des repères qui font que par exemple certaines petites filles aujourd'hui se voudrait d'être plus tard Kim Kardachian ou héroïne de Secret Story, ou plutôt mon côté anar le souhaiterait FEMEN, dans tout les cas de figures reproduire l'enfance est une ineptie...

   Marguerite   
2/10/2014
Bonjour Alice,

Votre texte est fluide, bien écrit, et se lit de bout en bout sans peine.
Je m’y suis toutefois reprise à deux fois sur certaines phrases, me demandant ce que vous vouliez dire. Ca tient peut-être au fait que certaines sont un peu longues…
Mais la réflexion est bien construite et on arrive à suivre votre cheminement.

J’ai bien aimé : « Dans le langage parental, ça s’appelle l’appel larvaire. Dans le langage de mon adolescence, ça s’appelle se laisser de la matière grise pour méditer. »
Et : « un poulailler d’illusions décapitées courant encore dans tous les sens, imprimé sur le rideau dans la chambre des grands-parents. »

Merci Alice pour la lecture.

Marguerite.

   Anonyme   
3/10/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je regrette, Alice, de ne pas avoir commenté -déjà, mais, bou djou, que vous êtes pressée de remercier...- votre très belle, franche réflexion.

Pour ma part, j'ai apprécié particulièrement le style, les virgules, les phrases longues. Elles témoignent, formellement, de la façon dont vous faites le récit du parcours de votre passé et de votre façon de considérer votre vie.
Aujourd'hui.

   Coline-Dé   
1/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Alice

Voilà un texte qui incite à la réflexion, et pas qu'un peu !
L'écriture tente de rendre compte de sentiments complexes, et les phrases sont parfois sinueuses...Malgré cela ( ou à cause ?), j'ai eu le sentiment d'y distinguer des mouvements ambigus : le seul moyen de ne pas souffrir de la perte de l'enfance serait donc d'en sortir... avouez que cela parait paradoxal ! Mais je vous suis là-dessus.
Les étapes que vous décrivez peuvent être différentes selon les êtres, on finit tous par conclure qu'on ne boit jamais deux fois la même eau... Cela étant, on ne peut pas dire que ce soit le propres de l'enfance ! Vos amours ultérieures n'auront jamais la saveur du premier amour, la première victoire sera toujours affectée d'une plus-value (et personnellement j'espère bien que ma première mort sera la meilleure !)
J'ai trouvé particulièrement intéressant le fait qu'aimer l'enfance puisse conduire à ne pas aimer les enfants.
Le grand atout de votre texte, c'est qu'il fait écho en chacun par un point ou un autre, la réflexion passant par des aspects variés , voire hétéroclites . Et il a un parfum d'authenticité, une charge de vécu qui ne peut laisser insensible.

D'un point de vue formel, je le trouve un peu dispersé, avec parfois des phrases assez lourdes.
J'ai en revanche apprécié certaines trouvailles d'écriture, comme cette géniale " sénilité juvénile" :
Ne plus se sentir capable d’inventer ses journées est l’un des premiers signes de sénilité juvénile.
l’assassinat consciencieux du temps, par l’inactivité en général. Si l’activité ennuie, autant ne pas se forcer et s’ennuyer économiquement.

   jaimme   
5/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai lu (au moins) deux fois. Un texte d'Alice ça ne se laisse pas perdre!
Je ne ferai pas l'erreur de confondre l'auteur et le personnage. Ce personnage donc est en pleine réflexion, cela part avec votre style (que j'adore), plein de poésie et mêlé sans cesse de vraies pensées. Quelle richesse?
Tant qu'à juger les pensées du personnage, je dois dire que je suis en phase avec l'immense majorité de ce qui est écrit. Ce qui colle parfaitement c'est l'âge du personnage avec les étapes de la réflexion. Encore qu'on peut se dire que cette jeune femme est allée déjà très loin dans l'introspection et que ses arguments, ses jugements sur son vécu, ne sont pas du tout à l'emporte-pièce. Super!
Ensuite, ce que j'ai cru percevoir et qui me semble perfectible:
j'aurais préféré, et c'est la chose la plus importante qui me vient à l'esprit, que les phrases sur l'enfance et l'adolescence soient présentées comme moins "généralistes": l'enfance est... ceci ou cela; en fait c'est "mon enfance", "mon adolescence" qui m'amène à ces réflexions. Ce que je veux dire c'est que l'empathie pour le personnage serait plus grande si la réflexion tournait toujours autour du vécu du personnage en évitant les tentatives de généralisation qui obligent le lecteur à comparer son vécu à celui, généraliste, exprimé par le personnage (et donc à le rejeter car le lecteur a ses propres généralisations).
Deuxième point: la poésie disparait un peu trop dans la seconde partie, au profit des réflexions. Et vous êtes si bien capable de cela, c'est dommage...
Une réflexion au passage: le personnage dit que quand on est enfant on est soi, je pense (moi) que quand on est enfant on n'a pas encore abordé la critique, la distanciation vis-à-vis des parents, en fait quand on est enfant on croit être soi. C'est très confortable, c'est le mythe de l'âge d'or.
Enfin deux expressions à travailler: "plus qu'à sa propre tête" et "casser les schtroumphs" (j'ai cru à la première lecture que c'était des jouets qui étaient cassés; il vaudrait mieux écrire "déchirer", non?).
Bref, malgré ce chipotage, c'est toujours un moment de bonheur de vous lire!
Encore!

   Anonyme   
15/2/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
Bonjour Alice

Ce qui m'a marqué dans votre texte c'est un niveau de réflexion rare. J'ai gardé ma curiosité et mon goût de l'exploration de mon enfance, et comme j'ai 48 ans je trouve rarement d'idées ou de textes vraiment intéressants, et à mes yeux le votre l'est. J'y sens une réflexion personnelle et intelligente sur un sujet important, c'est loin d'être courant. J'ai du mal à comprendre les commentaires sur le style, peut être parce que ma mère me parlait d'un bouton sur mon nez quand je lui parlait de Sartre...

Maintenant j'ai envie de répondre sur le fond.
Je pense qu'il serait atroce à une personne de notre époque de vivre quelques centaines d'années dans le passé: la fermeture d'esprit, le contrôle des esprits, la violence psychique et physique de l'époque, tout cela est difficilement imaginable maintenant. Cette atrocité serait telle qu'elle vous engloutirait corps et âme. Et bien cette atrocité serait la même pour une personne du futur venant à notre époque. Nous ne le voyons pas, comme nos ancêtres ne le voyaient pas, et pour les mêmes raisons. Certaines personnes comme vous arrivent à prendre conscience de cette violence, vous avez vécu la vôtre, mais chacun a la sienne car c'est une des bases de notre société. Tout cela peut paraître effroyable mais le vrai optimiste est celui qui prend conscience des problèmes car il veut trouver des solutions. Et solutions il y a.

Votre dernière phrase est terrible. J'y sens une blessure qui n'arrive pas à se refermer ?


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