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Fantastique/Merveilleux
Asrya : La sirène de la forêt
 Publié le 23/10/14  -  18 commentaires  -  9684 caractères  -  263 lectures    Autres textes du même auteur

Une forêt, une promesse, quelques notes dans un carnet : l'obsession est née.


La sirène de la forêt


Il marchait seul dans la forêt lorsqu'un frisson lui parcourut le dos. D'intenses et légères contractions l'ébranlèrent jusqu'au sommet de son cou. Il s'immobilisa, figé par ce qu'il était en train de vivre. C'était un samedi.

***

Il avait pris pour habitude de s'y rendre le lundi, le mercredi, et quelquefois le samedi. Il venait, lorsqu'il en avait le temps, lorsqu'il y était obligé, lorsque sa conscience le lui imposait.

Le lundi, il s'arrêtait en voiture aux abords de la futaie.

Il arpentait ensuite un sentier de terre humide, recouvert çà et là d'amas de feuilles dégradées, menant à un semblant de « parcours aventure » destiné aux plus jeunes.

Au détour d'un tronc fraîchement marqué, il s'engouffrait aveuglément dans ce qu'il appelait « la barricade » : un regroupement ramassé d'arbres et d'arbrisseaux qui obstruait son chemin avec nonchalance. Il n'aimait pas cette forêt. Il n'aimait pas s'y aventurer. Les bruits. Ces bruits d'animaux, ces bruits insoupçonnés, ces bruits mystérieux impossibles à déceler. Entendus, écoutés, incompris. Là, quelque part cachés dans un buisson, dans un arbuste, plus en hauteur près de la cime d'un hêtre ; au-delà, quelque part derrière l'horizon, loin, transportés par l'écho du vent.

Le lundi, il franchissait la barricade, quelques pas ; et plus il avançait, plus la lumière se raréfiait. Alors il reculait. Et plus il reculait, plus il reculait. Jusqu'au mercredi.


***

C'était un samedi.

Son appareil photo parait son encolure. Il était là, toujours immobile, à se demander ce qu'il pouvait faire. Il avait espéré ce face-à-face. Ils l'avaient espéré. Il ne l'espérait plus. Il ne savait pas comment réagir. Le moindre de ses mouvements aurait pu trahir sa présence. Un geste brusque non souhaité, et tout se serait effondré. Toutes ces années, ces sacrifices, tout, compromis en quelques secondes. Il ne s'y était pas préparé, pas réellement du moins. Il savait ce qu'il devait faire, dans sa tête, avant.


***

Le mercredi, il s'arrêtait en voiture aux abords de la futaie.

Il arpentait ensuite un sentier de terre humide, recouvert çà et là d'amas de feuilles dégradées, menant à un semblant de « parcours aventure » destiné aux plus jeunes.

Au détour d'un tronc fraîchement marqué, il s'engouffrait aveuglément dans ce qu'il appelait « la barricade » : un regroupement ramassé d'arbres et d'arbrisseaux qui obstruait son chemin avec nonchalance. Il n'aimait pas cette forêt. Il n'aimait pas s'y aventurer. Les bruits. Ces bruits d'animaux, ces bruits insoupçonnés, ces bruits mystérieux impossibles à déceler. Entendus, écoutés, incompris. Là, quelque part cachés dans un buisson, dans un arbuste, plus en hauteur près de la cime d'un hêtre ; au-delà, quelque part derrière l'horizon, loin, transportés par l'écho du vent.

Le mercredi, il franchissait la barricade, quelques pas ; et plus il avançait, plus la lumière se raréfiait. Pourtant le mercredi, il continuait, comme c'était écrit dans son petit carnet.


***

Ce carnet, il le gardait toujours sur lui. Toujours lorsqu'il venait. Il le feuilletait régulièrement, à chaque fois qu'il sentait qu'il en avait besoin. Il s'arrêtait, paisiblement, ouvrait délicatement son petit livret, puis, une fois quelques pages tournées, il le refermait, en portant son regard le plus loin possible. Il le rangeait ensuite dans la poche avant de son manteau gris, et, après avoir pris une profonde inspiration, il continuait.


***

Le mercredi, il s'enfonçait dans les profondeurs de la forêt, là où la lumière n'était plus que vestige du passé. Les battements de son cœur s'accentuaient. Il n'aimait pas cette forêt. Un sentiment d'insécurité lui pesait. Ce sentiment d'être à la merci d'autrui, d'être épié, observé, sans savoir ; simple vue de l'esprit.

Armé de son petit carnet, il avançait, guidé par les notes qui lui avaient été laissées. Il n'était pas rassuré, jamais, mais il persistait. Il se fiait au murmure distant d'un ruisseau qui s'écoulait un peu plus loin, comme c'était écrit dans son petit carnet. À force de courage et de volonté, dépassant la pénombre qui le perturbait, il finissait toujours par accéder à la rivière.

Le mercredi, il franchissait le cours d'eau, quelques pas ; et plus il avançait, plus ses chaussures prenaient l'eau. Alors il reculait. Et plus il reculait, plus il reculait. Jusqu'au samedi.


***

C'était un samedi.

Il s'égara. Figé de stupeur, de crainte et d'effroi. Il ne savait pas comment se surpasser, là, plongé dans les ardeurs des tréfonds de ces bois. Son appareil tombait autour de son cou, il n'avait qu'à le saisir pour en finir.


***

Le samedi, il s'arrêtait en voiture aux abords de la futaie.

Il arpentait ensuite un sentier de terre humide, recouvert çà et là d'amas de feuilles dégradées, menant à un semblant de « parcours aventure » destiné aux plus jeunes.

Au détour d'un tronc fraîchement marqué, il s'engouffrait aveuglément dans ce qu'il appelait « la barricade » : un regroupement ramassé d'arbres et d'arbrisseaux qui obstruait son chemin avec nonchalance. Il n'aimait pas cette forêt. Il n'aimait pas s'y aventurer. Les bruits. Ces bruits d'animaux, ces bruits insoupçonnés, ces bruits mystérieux impossibles à déceler. Entendus, écoutés, incompris. Là, quelque part cachés dans un buisson, dans un arbuste, plus en hauteur près de la cime d'un hêtre ; au-delà, quelque part derrière l'horizon, loin, transportés par l'écho du vent.

Le samedi, il franchissait la barricade, quelques pas ; et plus il avançait, plus la lumière se raréfiait. Pourtant le samedi, il continuait, comme c'était écrit dans son petit carnet.


***

Ce carnet, ce n'était pas le sien. C'était celui de son ami.

Ce dernier avait un rêve, pas lui. Mais c'était son ami, alors, c'était un peu le sien aussi.

Il voulait capturer ce qu'il appelait : « La sirène de la forêt. »

Il disait l'avoir aperçue à plusieurs reprises, mais jamais il n'avait pu la saisir.

Il oubliait.

Alors pour y parvenir, son ami s'était acheté un appareil photo dernier cri, un manteau gris et un carnet rouge. Le manteau pour ne pas être repéré, le carnet pour s'orienter, l'appareil était la clef.

Il s'était arrangé pour ne pas avoir à travailler le lundi, le mercredi non plus, ni le samedi.

Petit à petit, il déserta son travail, délaissa ses enfants, dédaigna sa femme.

Il oubliait.

Par amitié, lui qui n'avait pas de famille lui promit, au coin d'un feu d'une nuit d'hiver, de tout faire pour attraper sa sirène, s'il décidait de se souvenir.

C'est ainsi qu'il lui céda son petit carnet rouge, après s'être souvenu.


***

Le samedi, il s'enfonçait dans les profondeurs de la forêt, là où la lumière n'était plus que vestige du passé. Les battements de son cœur s'accentuaient. Il n'aimait pas cette forêt. Un sentiment d'insécurité le pesait. Ce sentiment d'être à la merci d'autrui, d'être épié, observé, sans savoir ; simple vue de l'esprit.

Armé de son petit carnet, il continuait, guidé par les notes qui lui avaient été laissées. Il n'était pas rassuré, jamais, mais il avançait. Il se fiait au murmure distant d'un ruisseau qui s'écoulait un peu plus loin, comme c'était écrit dans son petit carnet. À force de courage et de volonté, dépassant la pénombre qui le perturbait, il finissait toujours par accéder à la rivière.

Le samedi, il franchissait le cours d'eau, quelques pas ; et plus il avançait, plus ses chaussures prenaient l'eau. Pourtant le samedi, il continuait, comme c'était écrit dans son petit carnet.


***

C'était un samedi.

Cette chimère qu'ils avaient tant cherchée, elle était là, juste devant ses yeux. Une âme, une seule et unique qu'il aurait pu reconnaître parmi tant. Cette allure, cette classe, cette distinction. Le carnet disait vrai. Là, ici et seulement là, à quelques pas.

Subjugué par cette grâce, il en était prêt à oublier l'objet de ses fantasmes. Ceux de sa promesse au coin d'un feu d'une nuit d'hiver.


***

Le samedi, après avoir franchi la rivière, il se glissait à travers les fourrés jusqu'à aboutir à une clairière souvent ensoleillée. Là, il prenait le temps de se sécher les pieds, comme c'était écrit dans son petit carnet.

Une fois sec, il se dépêchait de gagner une butte colonisée par des chênes. Il la grimpait aussi rapidement qu'il le pouvait ; en empoignant des racines principalement.

À quelques mètres du sommet, il ralentissait. Il sortait de la poche avant de son manteau gris le petit livret qu'il se mettait à feuilleter. Puis, après avoir tourné une à une quelques pages, il le rangeait et continuait.

Tapi dans l'obscurité sur l'humus naissant, il rampait silencieusement vers la crête du talus. Une fois l'horizon dégagé, il observait.

Le samedi, il ne voyait rien au sommet de la butte. Alors il reculait. Et plus il reculait, plus il reculait. Jusqu'au lundi.


***

C'était un samedi.

Il était prêt à oublier. Garder cet instant pour lui, égoïstement.

Confiner ce carnet rouge à jamais, de sorte qu'aucun ne puisse en profiter.

Cette majesté, cette splendeur, ces courbes ondulées, cette nymphe mystifiée.

Ce lieu, le chemin, son parcours, tout.


Son appareil à la main, il songea à se débarrasser de sa corvée, en finir avec sa promesse et retrouver la vie qu'il avait eu le temps de rêver.

Un regard, un cadrage, un geste, et tout s'arrêterait.


Tout s'arrêta. Quelques secondes, une inspiration, un battement de cœur.


C'était un samedi.


Il oublia.


 
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   Anonyme   
16/9/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J'ai trouvé la manière de dire très en adéquation avec le sujet ! J'ai adoré ces retours en arrière, ce côté ressassant et le mystère complet qui imprègne cette histoire de rêve régulièrement atteint et jamais accompli... Du très beau boulot, pour moi, une ambiance savamment distillée.

Une seule petite remarque : les parties en italique, de "reprises", gagneraiet selon moi à être un peu plus courtes. J'ai bien vu le procédé, et il me semble un poil trop appuyé en l'occurrence.

   in-flight   
23/10/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
La sirène étant un être mythique, vous avez bien fait de ne pas en donner une description trop détaillée.

"Cette chimère qu'ils avaient tant cherchée, elle était là, juste devant ses yeux. Une âme, une seule et unique qu'il aurait pu reconnaître parmi tant. Cette allure, cette classe, cette distinction. Le carnet disait vrai. Là, ici et seulement là, à quelques pas." + "Il disait l'avoir aperçue à plusieurs reprises, mais jamais il n'avait pu la saisir. "

--> Ces deux phrases prouvent néanmoins une matérialité de l'être. Dès lors, je me suis tout simplement dit qu'il pouvait s'agir d'un animal, d'un rare et bel animal: une biche, une chouette, un loup, un ours brun... ou tout autre chose.
Du coup, l'ami en question serait un chasseur (trop vieux pour se déplacer) qui lègue son appareil photo au personnage que nous suivons pour "capturer" la chose. Bon j'interprète, mal peut-être...

Merci pour cette promenade pleine de mystères sylvestres.

   Robot   
24/10/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
C'est une histoire mystérieuse bien conduite, peut-être un peu étirée par moment, notamment lors des rappels. J'ai songé à ce genre de rêve dans lesquels tout se répète sans cesse, dont on voudrait s'extirper avant qu'ils deviennent cauchemars mais où on persiste à vouloir connaître la fin... et c'est alors qu'on se réveille en ayant tout oublié.
J'aurais bien vu que la phrase initiale revienne en fin de récit pour insinuer une sorte de recommencement éternel...
Mais c'est votre récit et je respecte votre choix.

   Alice   
25/10/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Un léger commentaire dont vous devrez pardonner les quelques erreurs grammaticales (il est passé trois heures du matin ici).

Un texte assez hypnotique, bien que j'aie mis tu temps à y entrer et à recevoir de lui ce que je devais recevoir. En fait, une majeure partie du texte me demeure pratiquement hermétique, mais le sentiment d'authenticité, en écriture, dépasse bien souvent un cadre de simple compréhension mécanique. J'ai passé un agréable moment à vous lire et c'est tout ce qui compte.

Mes phrases préférées sont celles des répétitions: "Alors il reculait. Et plus il reculait, plus il reculait", suivies des autres phrases du même genre.
Comme de précédents commentateurs, je crois qu'on devrait alléger certains passages et éviter certaines longueurs dans les répétitions, mais le choix des astérisques était avisé et rend tout de même la lecture fluide, d'autant plus que les répétitions relèvent de votre choix seul.

La dernière phrase est glaçante. Je ne suis pas sûre de l'avoir saisie dans toute sa teneur, mais je crois avoir ressenti la bonne émotion en la lisant.
Un texte où tous les espaces sont bien calculés, les phrases bien pesées, avec une habileté rare, qui permet une poésie sans débordement et un croisement judicieux entre mystère et accessibilité.

Je suis heureuse d'avoir pu finalement lire l'un de mes commentateurs préférés (et d'avoir aimé, le contraire aurait pris en défaut mon instinct littéraire ;) ),

Au plaisir de vous relire,
Alice

   alvinabec   
25/10/2014
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour Asrya,

Votre texte est original, empreint de mystère et d'une lenteur certaine "rythmée" par les répétitions. Il n'est pas certain que cela se réfère à un rêve récurrent, il y entre trop de style poétique...Peut-être est-ce un rêve éveillé par lequel le lecteur se laisse bercer.
Quelques babioles incongrues, me semble-t-il, comme:
- "intenses et légères contractions" antinomique à mon sens.
- "lumière n'était plus que vestige du passé" l'association entre élément physique et mémoire gênent une lecture qui n'est déjà pas fluide.
- "plongé dans les ardeurs des tréfonds de ces bois" fait-il si chaud dans un sous-bois sans lumière?
- "oublier l'objet de ses fantasme. ceux de sa promesse..." de quel objet s'agit-il?
Bon, l'écriture est un peu surjouée comme on le fait tous de temps à autre, ce n'est pas grave, il y a de l'âme dans cet écrit.
A vous lire...

   Louis   
27/10/2014
La forêt que parcourt le narrateur répète un texte, des notes écrites sur un carnet. Elle reproduit dans les actes ce qui est écrit. L'itinéraire suivi est indiqué, dans les moindres détails, par les signes écrits ; non seulement le chemin à suivre dans la forêt, mais aussi la répartition des étapes dans le temps ( ce qui est à accomplir le lundi, puis le mercredi et le samedi ).
Si le parcours répète le texte, il se répète aussi lui-même, d'une semaine à l'autre.
Un même texte, qui fait loi, archétype de l'acte, est répété indéfiniment, dans un sorte de rituel, dans une compulsion obsessionnelle.

Le narrateur s'identifie à l'écrit qu'il reproduit.
En s'enfonçant dans la forêt, il trace en elle une ligne d'écriture ( cet écrit dont il est porteur, et le représentant). Il ouvre un sens, comme direction et orientation, dans la forêt touffue, dans la forêt lieu du «sauvage» et de l'insignifiant, où les directions se perdent. Forêt bruissante de sons inquiétants, dépourvus de signification :  «  Les bruits. Ces bruits d'animaux, ces bruits insoupçonnés, ces bruits mystérieux impossibles à déceler. Entendus, écoutés, incompris.  ».

En ressemblant au texte, le narrateur doit fournir la preuve, et apporter la marque indubitable que le texte dit vrai. Il lui incombe de remplir la promesse du texte : au bout du chemin, s'il est suivi scrupuleusement, on peut voir « une sirène ».
Le narrateur doit être le témoin du texte, témoin de sa vérité ; mais aussi témoin au sens du passage de témoin. Son épopée dans la forêt reproduit, et poursuit celle déjà entreprise par un autre, « un ami ». La promesse du texte tient aussi à celle faite à l'ami de trouver la sirène, et de la « capturer ».

La quête de la sirène donne sens au texte, et au vécu qui le transpose dans les actes, dans un vécu ; la vie prend sens comme quête d'une « sirène », d'une chimère, poursuite d'un idéal, d'une utopie.
Mais la répétition indéfinie aboutit, paradoxalement, à une perte de sens, à une absurdité.
En quête d'un personnage mythique, une sirène, il répète une autre figure mythique, celle de Sisyphe, le personnage qui recommence sans cesse son effort pour pousser un rocher vers le sommet d'une pente. Sisyphe, parvenu à ce sommet ne peut retenir le rocher qui dévale la pente. De même, le narrateur parvenu là où se voit la sirène, ne peut la retenir. Mais il ne peut la retenir en mémoire. Il oublie. Cet oubli joue un rôle important dans le récit. Sans l'oubli, la répétition ne se produirait pas.
Pour éviter l'oubli, il faudrait capturer la sirène, il faudrait la photographier, l'emprisonner dans une image photo. Le point de vue sur la sirène serait alors figé et matérialisé sur un cliché qui le répète et le reproduit. La sirène existerait d'être intégrée dans la répétition, qui fait preuve.
Or la capture abolirait la quête et le sens, tout retomberait dans l'insignifiance et une nouvelle absurdité. Mais il y a l'oubli, l'oubli même de la photo.

Le narrateur semble répéter un autre héros de la répétition : Don Quichotte. Le personnage de Cervantes chercher à répéter les actes héroïques des romans de chevalerie qu'il a tant lus, et finit par se battre contre des illusions. La réalité à laquelle il se confronte ne ressemble pas à ce qui est écrit, ne la répète pas. Le narrateur de ce récit, en poursuivant la chimère, ne poursuit sans doute qu'une illusion produite par les notes écrites du carnet. Comme Don Quichotte pourtant, il continue à croire jusqu'au bout que l'écrit et le réel, que l'écrit et la vie se reflètent l'un l'autre.
Ainsi se trouvent posées les questions du sens et du vrai, dans le jeu des reflets et des répétitions.

Un texte intéressant, Asrya, sur le rapport entre l'écrit et la vie, l'écrit et le réel.

   Anonyme   
31/10/2014
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
C’est une litanie, une longue suite de paroles monotones et ennuyeuses, par analogie avec le caractère répétitif de ce type de prière. Bien sûr, il y a des vertus incantatoires, citons les Litanies de la rose de Rémy de Gourmont, Sixtine, merveilleux roman que lis et relis , le poème Liberté de Paul Éluard, la Litanie des écoliers de Maurice Carême, la chanson À nos actes manqués de Jean-Jacques Goldman, qui parlera au plus grand nombre, etc.
En vous lisant, je ne sais plus si nous reposons sur un principe d'inversion systématique, la seconde litanie préparant la laïcisation progressive d'un genre qui finit par perdre tout de ses origines liturgiques ou vice versa.
L’incantation... certains textes littéraires n'en ont pas la forme répétitive mais en conservent souvent plus ou moins le caractère incantatoire, telles Les textes de Saint-Pol-Roux ou Georges Rodenbach que je vous incite à lire.

   caillouq   
8/11/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Titre vraiment bof qui fait d'autant plus apprécier un texte hypnotique, dans lequel je suis très certainement loin d'avoir
tout compris, mais qui s'avère si touchant, comme une chanson triste aux paroles obscures. Très apaisant à lire (sauf "(...) parait son encolure", incongru et pas beau). Les parties en italique, plus longues à chaque fois, laissent croire que le narrateur comprend, lui, un peu plus à chaque fois, nous faisant espérer qu'il communiquera son savoir, mais non, quasiment rien en fin de compte (sirène ???) ; le narrrateur est juste pris dans un cycle sans fin. Est-ce une transposition d'histoire d'amour aux moments de bonheur si courts et fugaces qu'elle n'a pas le temps de s'inscrire dans le présent ? Quelle signification peut avoir un moment dont on ne garde aucun souvenir ? Je me méfie toujours des vertiges métaphysiques (aime pas trop les questions qui ne peuvent trouver de réponse), mais j'ai été très sensible à la musique de ce presque conte.

   Anonyme   
17/11/2014
 a aimé ce texte 
Vraiment pas
"D'intenses et légères contractions l'ébranlèrent jusqu'au sommet de son cou." Cette phrase est inutile. Juste avant, on parle d'un frisson. Là, les contractions sont multiples et différentes, certaines intenses, d'autres légères. Le sommet du cou ? Je comprends mais je vois un homme sans tête. Bref, cette phrase n'apporte rien, ni à l'esthétique, ni au rythme.

"il s'engouffrait aveuglément", "Il le feuilletait régulièrement", "Il s'arrêtait, paisiblement", "ouvrait délicatement"... C'est trop.

Je n'ai pas pu aller au bout de la lecture. Il faut travailler encore.

   Coline-Dé   
22/11/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
L'étrangeté de ce texte mise sur la récurrence. C'est cette récurrence qui donne petit à petit au lecteur une impression de familiarité qui se substitue à la quête de sens. On lit quelque chose qu'on "reconnait" sans cependant être sûr de ce que ça raconte. On suit le cycle que vous avez instauré avec ce même sentiment " étrangeté familière", légère inquiétude, envie d'en savoir plus, conscience que le savoir interromprait le processus et donc le plaisir ...
J'ai rarement lu un texte comme ça... Vous jouez de la frustration avec un art consommé !
Etant rarement en accord avec vos commentaires sur d'autres textes, je me trouve très agréablement surprise d'aimer beaucoup le vôtre.

   MariCe   
1/12/2014
 a aimé ce texte 
Bien
Votre manière d'écrire est particulièrement déroutante ; j'ai eu du mal à accrocher, j'étais à la limite de l'ennui, trouvant au début ces répétitions agaçantes et le ton monocorde, comme une litanie.
Cependant, je l'ai aperçue aussi, cette chimère, si bien amenée. Pourtant, j'ai été plutôt déçue par les termes : "allure, classe". Je pense qu'ils démystifient le mythe, à l'inverse de ces mots :

"Cette majesté, cette splendeur, ces courbes ondulées, cette nymphe mystifiée".

Mais vous avez un style bien à vous, sans aucun doute.

   Pepito   
15/12/2014
Bonjour Asrya,

Forme : une jolie écriture, du coup cette phrase m'a sauté au yeux :
"Son appareil photo parait son encolure" ? avez vous essayé "autour du cou" ça marche bien aussi ;=)

Je ne suis pas contre les litanies, mais il faut que les reprises soient courtes. Sinon c'est un poil ennuyant/énervant.

Fond : bon, abandonner tout pour courir après une sirène, fut-elle des bois, n'entre pas trop dans mon caractère. Mais ce texte, de par sa construction, est intéressant.

Merci pour la lecture.

Pepito

   Bidis   
24/1/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’avais commencé à lire ce texte comme je fais toujours, en commentant au fur et à mesure. Arrivée au début de la quatrième séquence, dégoûtée, je suis allée regarder les commentaires des uns et des autres. Et là, j’ai compris l’intérêt de ces répétitions que je trouvais vraiment exagérées et ne ressemblant à rien. Je me suis alors remise à ma lecture sans critiquer, sans commenter ; et ce texte m’a complètement prise dans ses filets un peu comme la forêt absorbe le personnage… J’aime beaucoup donc mais du diable si je sais pourquoi. En tout cas, c’est tout à fait spécial.

   Quijote   
22/3/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Je crois que le terme "hypnotique" convient particulièrement à cette plongée dans la forêt des songes, comme aurait pu l'écrire Jacques Lacarrière...Le rythme savamment distillé comme aux sons d'incantations chamaniques nous plonge bien dans l'autre dimension:cette frontière ténue entre réel et fantastique.
Les quelques détails de tournures plus convenues

"plus la lumière se raréfiait" (la tonalité poétique est quelque peu ternie par le verbe presque "clinique")
"Cette allure, cette classe, cette distinction" ( dommage de louper un peu le moment magique par cette description un peu vulgaire)

restent secondaires.

C'est un beau texte, intelligemment mené et qui a su créer une atmosphère fantastique sans abuser d'artifices et de mots mille fois usités.


Au plaisir de vous lire à nouveau (pas facile pour chacun d'entre nous de prendre ce temps! :-).

   Donaldo75   
14/4/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Je suis mitigé. Ce texte m'a emmené jusqu'au bout, de par sa construction et son rythme lancinant. Ceci dit, il m'a semblé un peu surchargé, voire maniéré, dans ses répétitions, malgré un style court. En cela j'hésite à le qualifier d'artificiel, à la limite de l'exercice de style (et là je dis bravo !) ou de très poétique, entre rêve et réalité.

Au moins, ce texte est ambitieux. J'aime ça, quand on place la barre haut même si le résultat ne plaît pas forcément à tout le monde même à moi.

Merci Asrya

   Anonyme   
20/9/2017
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Un texte étrange.
Si je fais abstraction de la seconde phrase du premier alinéa, l'histoire prend de suite.
"impossible à déceler" (j'ai beau lire et relire) je trouve ça bizarre. "Impossible à identifier" (ou autre) me conviendrait mieux puisque ces bruits "impossibles à déceler" le marcheur les entend et les écoute (il les a donc décelés) mais ne les comprend pas.
Je ne suis pas certain d'avoir tout compris. L'histoire que je lis est celle d'un type qui en aimait profondément un autre mais c'est autre est parti pour ne plus jamais revenir. Alors il y a cette promesse déguisée en carnet rouge - ou en fil rouge - d'aller dans cette forêt, d'y aller souvent pour espérer y trouver un jour la sirène, autrement dit l'âme du défunt. Cette quête tourne à l'obsession mais sans cette obsession il y aurait l'oubli. C'est joliment trouvé. Mon interprétation est sans doute tarabiscotée et hors propos mais j'aime bien chasser les chimères.
Sinon, les redites qui me semblent pourtant bien vues pour créer l'obsession, autant celle du marcheur que du lecteur m'ont fatigué. Après avoir lu la première, dès que j'ai compris le système, j'ai sauté les passages. Cette dernière précision est à titre informatif.

   Berndtdasbrot   
4/10/2017
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonsoir Asrya

Je suis venu lire cette nouvelle sur la pointe des pieds..Fantastique, hummm pas mon domaine.
Puis la forme du texte, la répétition des passages quand il pénètre dans la foret, cette insistance sur le jours de la semaine attise la curiosité, l'angoisse bientôt.
La forme des phrases avec cette utilisation du"Il" au début de beaucoup d'entre-elles donnent un air mystérieux au sujet.
Cette ambiance de sous bois, où l'on sent presque les mousses et où l'on perçoit les bruits inquiétants.
Finalement, cette chute bien épurée et qui nous renvoie au départ.
Ce genre de lecture, où quelques minutes après avoir fini, on a envie d'y goûter à nouveau.
Très bien maîtrisé !
Merci du partage
Jean-Luc

   senglar   
23/2/2023
trouve l'écriture
très perfectible
et
n'aime pas
Je me suis très rapidement retrouvé à tourner en rond dans cette forêt tandis que des myriades de cailloux blancs n'auraient pas été suffisantes pour y retrouver mon chemin.
Le terme de ''sirène'' évoquant très fortement pour moi le monde marin (Odysseus chez Homère, la petite sirène chez Andersen) celle-ci m'a parue incongrue ''parmi les arbres'', c'est plutôt une créature de ''parmi les algues'' . On a voulu contourner la difficulté en imaginant une rivière au fin fond de cette forêt. Pour ce qui est de l'eau douce une ondine eût peut-être mieux valu. Bref le vocabulaire m'a semblé devoir être plus travaillé ici.
Je n'ai pas compris non plus pourquoi le personnage s'implique à ce point dans cette quête (bizarrement quittée assez facilement pour finir ; il s(agit quand même d'une addiction fortement maladive) puisqu'elle a d'abord été celle d'un ami (une quête c'est l'essence d'un être) dont il utilise le carnet. Bref le rapport que ce personnage entretient avec la forêt n'est pas très clair.
Je relève de nombreuses occurrences où le style s'avère très approximatif. Je m'en tiens au tout début du texte :
''D'intenses et légères contractions l'ébranlèrent...
lorsqu'il en avait le temps, lorsqu'il y était obligé...
qui obstruait son chemin avec nonchalance...
ces bruits d'animaux, ces bruits mystérieux...
là, quelque part cachés dans un buisson...'' si le bruit est entendu il n'est plus caché.
J'ai relevé de telles approximations tout au long de ma lecture.
Pour me résumer je dirais que ce travail ne m'a convaincu du tout.

J'irai lire un autre de vos textes pour peut-être me faire une autre idée du style de vos récits.



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