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Policier/Noir/Thriller
Bidis : L’affaire d’Oremy-sur-Juvine [concours]
 Publié le 25/03/14  -  18 commentaires  -  20760 caractères  -  264 lectures    Autres textes du même auteur

Un cold case.


L’affaire d’Oremy-sur-Juvine [concours]


Ce texte est une participation au concours n°17 : On connait la chanson ! (informations sur ce concours).




Le bus orange et bleu me déposa à Oremy vers midi. Il me fallut encore marcher une demi-heure sous le soleil avant d’atteindre la petite maison de ma grand-mère. À cette heure-ci, chacun devait se trouver à table, les rues étaient désertes. Mon sac de voyage pesait un peu ; j’étais en nage. Aussi est-ce avec soulagement que j’arrivai à destination. La porte d’entrée à peine franchie, mon bagage posé, j’allai m’écrouler dans un des grands fauteuils en velours rouge et moelleux du salon. De lointains souvenirs de vacances me venaient à l’esprit. Mais à ce nostalgique rappel d’un passé délicieux se mêlait également beaucoup d’excitation : cette maison m’appartenait désormais, ma grand-mère me l’avait léguée par testament.


Les chères odeurs surannées me submergèrent tandis que je rangeais quelques affaires dans l’antique armoire de ma chambre. Puis, j’entrepris l’examen des lieux, une pièce après l’autre. Les commodes, les armoires, les buffets regorgeaient de vaisselle, linge et dentelles. Le notaire m’avait donné la clef d’un petit secrétaire où ma grand-mère conservait lettres, photos, factures… Un tri s’avérait nécessaire. J’y consacrai la majeure partie de l’après-midi. C’était une tâche fastidieuse aussi est-ce avec curiosité et regain d’intérêt que je trouvai, caché dans un tiroir secret dont je connaissais le mécanisme, un gros carnet à la couverture noire. Je le feuilletai et constatai que ma grand-mère y notait scrupuleusement ses moindres faits et gestes mais aussi ceux de plusieurs habitants du village. J’en remis à plus tard la lecture et l’abandonnai sur la tablette du secrétaire ouvert. J’avais grand-faim. Comme il n’y avait rien à manger dans la maison, je pris le parti de me rendre à l’auberge, place de l’Église. C’était l’occasion de me montrer dans le village. À cette heure-ci, les gens rentraient chez eux, leurs travaux accomplis. Je rencontrerais peut-être quelques anciens.


Durant une grande partie du trajet, la route était bordée de champs et de bâtiments espacés : anciennes fermes, maisons en construction ou villas récentes. Une camionnette qui venait de me dépasser s’arrêta net et fit marche arrière jusqu’à revenir à ma hauteur.


— Mais c’est notre Sandrine !


Je reconnus le grand Gustave. C’était étrange de revoir ainsi les gens quand ils ont vieilli loin de nous… Depuis vingt ans que j’étais partie vivre en Belgique, tout avait donc changé et c’était bien normal.


— Où t’en vas-tu comme ça ? Bon Diou ! C’est la Marie qui sera contente de te voir ! Tu te souviens d’elle, non ? Il faudra tout nous raconter. Vaï, not’pauv’Mémé Jeanne, v’là qu’elle a passé l’arme à gauche à c’t’heure ! Paraît qu’t’as hérité d’sa baraque…


Bien sûr, Marie, la sœur du curé ! À l’époque, c’était la vieille fille du village. Elle portait des robes ternes sans souci de la mode et rasait les murs, comme si elle se sentait coupable de quelque chose. Donc, Gustave vivait avec elle maintenant. Ils devaient avoir tous deux passé la soixantaine…


— Et où vas-tu à c’t’heure d’un si bon pas ?

— Je vais dîner à l’auberge. Ça me rappellera les jours de fête.

— Que nenni, hein m’fi ! Tu vas venir chez nous, pour sûr. Le jeudi, on fait toujours un cul d’veau aux p’tits pois. Allez, c’est dit, monte donc près de moi dans l’camion.


Nous allâmes tout d’abord à E… chercher du pain de campagne et de la bière de Chartres. De sorte que lorsque nous atteignîmes la maison au bord de la Juvine, il était déjà tard. La lumière du soir avait de la tendresse et des odeurs d’herbe coupée flottaient dans l’air chaud.


Je ne reconnus pas la Marie dans la personne ronde et joviale qui nous ouvrit la porte. C’était comme si l’heureux caractère de son homme avait déteint sur elle. Au cours de la conversation, je compris que, devenu veuf, il l’avait épousée.

Ils avaient un garçon d’une douzaine d’années, un grand échalas, venu sur le tard, lequel dévorait les petites saucisses de l’apéritif sans rien dire, timide sans doute, ou que la conversation n’intéressait pas du tout. Celle-ci porta longtemps sur les transformations du village – des bourgeois de Paris y faisaient construire de belles villas tandis que les fermes disparaissaient les unes après les autres – puis nous évoquâmes peu à peu nos souvenirs communs, parlâmes de ma grand-mère et soudain, je ne sais plus pourquoi, du drame qui s’était déroulé en 1967, sept années avant ma naissance. Le grand Gustave approchait alors de la vingtaine tandis que Marie sortait à peine de l’adolescence.


— Dans la chanson, tous les noms ont été modifiés. Mais on s’est bien reconnus, nous aut’, dit-elle.

— Et même que ça nous a drôlement choqués. Y avait seulement une année que ça s’était passé, et l’aut’couillon, v’là qu’il fait une chanson avec not’malheur, dit Gustave.

— Qu’est-ce qui venait d’arriver ?


Le gamin semblait s’éveiller. Ses yeux pétillaient d’intérêt.


— Une bien triste histoire, rapport à Marie-Louise Germain, la fille au fermier Louis. V’là-t’y pas qu’on la r’trouve un beau matin flottant dans les eaux de la Juvine. Y a eu les gendarmes et tout, et des messieurs d’E… En fait, on n’a jamais su vraiment ce qui est arrivé.

— Ah bon ! Elle ne s’était pas suicidée ? sursautai-je. Dans la chanson…

— Dans la chanson, c’est tout des menteries, dit Marie. D’après c’chanteur, là, j’sais plus son nom, j’aurais été raconter partout qu’Michel, un des fils Boisvert, et Marie-Louise, y-z- avaient jeté quêqu’chose dans la rivière, sous entendu un nouveau-né pour sûr. Jamais, j’ai dit une chose pareille, moi.

— Ce n’était pas vrai ? Elle n’avait pas eu d’enfant ?

— Ça on sait pas, on sait pas…


Marie semblait un peu confuse maintenant. Je revoyais soudain la personne effrayée que j’avais connue jadis.


— Mais elle s’est bien suicidée, tout de même ? insistai-je.

— Ben, à l’époque des faits, y avait pas d’autre explication. Comme, à l’autopsie, ils ont pas trouvé d’eau dans ses poumons, on en a conclu qu’après avoir sauté du pont, elle avait d’abord tapé d’la tête plusieurs fois contre la pierre d’un des piliers et qu’elle était morte avant de tomber à l’eau. C’est que son suicide était tout à fait vraisemblable : Michel venait de rompre avec elle, personne savait pourquoi d’ailleurs. On a bien interrogé ta grand-mère à laquelle Marie-Louise faisait souvent des confidences mais elle a dit ne rien savoir de plus que les autres. Alors, on n’a pas cherché plus loin. Mais plusieurs années plus tard… Toi, tu étais tout bébé, dit-elle en me regardant, tu peux pas te souvenir…

— Quelques années plus tard… ???

— Oui, c’était en 1976. Eh bien, y a un habitant du village qu’a trouvé le foulard de Marie-Louise accroché dans des fourrés sur la berge ainsi qu’une de ses boucles d’oreilles. Les gendarmes, ils ont fait des analyses et tout, et on a imaginé que la pauv’fille, elle avait pu être assommée puis traînée là sur plusieurs mètres. Alors ils ont ouvert une enquête pour homicide, qu’ils ont dit, mais l’affaire n’a jamais été résolue. D’autant que l’père Louis, il a pas voulu s’porter partie civile. Pour lui, ça signifiait avocat et compagnie, du bon argent dépensé, des tracasseries et tout le tintouin. Sa fille, il l’aimait bien, mais, comme il disait, ça la lui ramènerait pas… Lui, on pouvait pas l’inquiéter vu qu’à l’époque des faits, il se trouvait depuis une semaine à l’aut’bout du pays pour une vente importante. Le foulard et la boucle, Marie-Louise aurait pu les perdre la veille ou même un autre jour. Et le sang qu’on avait trouvé dessus, il pouvait venir de blessures qu’elle se serait faites elle-même. Trop de temps avait passé et on connaissait pas toutes ces techniques qui existent aujourd’hui. Bref on n’arrivait pas à savoir quoi. Alors, ils ont fini par classer l’affaire.


Tout en parlant, Marie avait apporté la casserole sur la table. Elle nous servit l’un après l’autre.


— Attaquons, les enfants ! cria joyeusement le grand Gustave.


Et l’on n’entendit plus qu’un bruit de mastication et de grands soupirs de grosse satisfaction. La Marie était une excellente cuisinière.


On en était au café, qu’accompagnaient de succulents morceaux de tarte au sucre, lorsque quatre personnes entrèrent dans la pièce. C’étaient les frères Boisvert, Michel et Guy, avec leurs femmes. On apporta des chaises, on posa bols et assiettes sur la table et l’on fit place. J’étais pleine de curiosité. Michel aussi avait passé la soixantaine mais il restait un très bel homme. Je me souvenais comme il était charmeur… Quand j’avais quinze ans et qu’il en avait bien trente-cinq, j’en étais amoureuse, tout marié qu’il était. De son frère Guy, je me souvenais moins bien. Il tenait un magasin de quincaillerie avec sa femme, la fille d’un courtier d’assurances d’E… où Guy avait travaillé avant son mariage.


— Paraît que Sandrine a trouvé un des carnets à Mémé Jeanne, dit soudainement Marie, comme si l’information était d’importance.


Un silence plana. Je ne sais pourquoi, il me sembla avoir commis une sottise. Je me sentais comme une gamine fautive malgré mes quarante ans.


— Et que raconte-t-elle, la pôvre ? demanda le grand Gustave.


Ce « pôvre » me choqua en ce qu’il pouvait donner des facultés de mon aïeule une opinion fort peu flatteuse.


— Je ne sais pas, dis-je. Je n’ai encore rien lu.

— C’était une sacrée mauvaise langue, paix à son âme dit Marie, d’un ton acide qui m’étonna.


J’eus soudainement l’impression que chacun autour de la table craignait quelque révélation qui le concernât. Une sorte de suspicion à mon égard flotta dans l’air. Cela finit par me gêner. Je tâchai donc de mettre la conversation sur la famille de Guy que je savais nombreuse.


— Marie m’a dit qu’il vient d’y avoir une nouvelle naissance chez vous, dis-je. Je vous félicite.

— Merci. Me voilà donc arrière-grand-père ! Comme si j’avais l’âge du rôle !


Il blaguait mais on sentait chez lui comme une ambiguïté entre l’immense fierté de voir se perpétuer la race et la crainte d’être considéré déjà comme un ancêtre.


— En tout cas, reprit-il en souriant, l’avenir de l’agence Boisvert est assuré…


Tout comme la plupart des commerces d’Oremy-sur-Juvine, la quincaillerie n’avait pas résisté à la venue des grands complexes commerciaux aux alentours d’E… Guy était donc retourné travailler chez son beau-père, puis lui avait succédé. Ses enfants et petits-enfants allaient prendre le relais. C’était dans l’ordre des choses.


Il faisait nuit noire. Gustave proposa de me reconduire chez moi, ce que j’acceptai avec reconnaissance. On s’embrassa, on se congratula et nous nous promîmes de nous revoir bientôt.


***


Je fus réveillée par une sorte de fracas assourdi qui me fit penser à une chaise qu’on renverse. Mais c’était peut-être autre chose. Je voulus en avoir le cœur net, me levai et sortis de la chambre. L’aube pointait sans doute car les volets mal rejointoyés laissaient filtrer une lumière blafarde qui éclairait les pièces du bas et la volée d’escaliers. Armée d’un parapluie – c’était ridicule mais dans ces moments-là on ne sait pas très bien ce que l’on fait – je commençai à descendre à pas de loup, décidée à revenir précipitamment dans ma chambre et m’y barricader avant que l’intrus surpris n’ait le temps de remonter, quand de nouveaux craquements me parvinrent. Or, cela venait des chambres à l’étage et non des pièces du rez-de-chaussée. J’allais faire volte-face quand le bruit d’une cavalcade derrière moi me cloua sur place. Une vague d’effroi me submergea mais je n’eus pas le temps de penser à quoi que ce soit, une bourrade dans le dos me fit vaciller. Si je ne m’étais désespérément accrochée à la rampe, je me serais sûrement fracassée tout en bas. Une silhouette noire me dépassa, dévala les marches deux par deux et se précipita hors de la maison. Toujours accrochée à la rampe, j’écoutais de toutes mes oreilles. Y avait-il d’autres bandits ? Mais, seul régnait un silence hostile. Au bout d’un long moment, je retournai dans ma chambre et m’assis en tremblant au bord du lit.

Que faire ? Appeler la police, c’est-à-dire déranger les gendarmes d’E… ? Il me fallait d’abord aller voir ce qui avait été volé. Toujours armée de mon « redoutable » parapluie, je repartis en expédition.

La porte d’entrée n’avait pas été forcée. Donc l’intrus en possédait une clef… De plus, ni dans les pièces du bas, ni dans celles d’en haut, rien ne me semblait avoir disparu, voire même avoir été dérangé. Finalement, il ne manquait qu’une seule chose : le fameux carnet noir. Je réfléchis encore. Si j’allais me plaindre auprès de la maréchaussée, et dans l’hypothèse où l’on prendrait mes dires en considération, cette histoire de carnet volé risquait de soulever des interrogations et de la suspicion, sinon au sein de la police, du moins dans le village. Était-ce bien la peine ? Quels ennuis risquaient de m’arriver encore ? S’« ils » allaient imaginer que ma grand-mère avait fait d’autres écrits ? De ce « ils » je n’excluais personne. Il s’agissait forcément d’un habitant du village, peut-être même de l’un ou l’autre convive de la veille. Même s’il y avait prescription quant au meurtre de Marie-Lou, si meurtre il y avait d’ailleurs, quelqu’un se sentait menacé… Marie n’avait-elle pas taxé ma grand-mère de « mauvaise langue » ?


Je n’avais plus sommeil et résolus de remettre mes affaires dans mon sac de voyage. J’avais élaboré en pensée l’explication d’un nécessaire retour en urgence en Belgique au cas où je rencontrerais quelqu’un de connaissance sur le chemin. Mais ce ne fut pas le cas. Je pus monter sans encombre dans le premier bus, à cinq heures trente du matin. Entre-temps, j’avais trouvé la solution au problème que constituait maintenant cette maison où je n’avais plus aucune envie de séjourner ni même de revenir…


***


— Tu vas signer ce papier oui ou non ?


Marie-Louise était assise sur le siège passager, Guy se trouvait au volant et sa fiancée, Josiane, à l’arrière du véhicule.


— Ou bien tu continues à travailler avec nous ou bien tu signes ce papier.


Ce samedi 3 juin 1967, les bords de la Juvine grouillaient de monde. Le petit bal du samedi soir rassemblait presque tous les habitants du village, car à cette époque-là la population n’en comptait guère plus de trois cents. Marie, la jeune sœur du curé, aidait à la vente des boissons dont les bénéfices devaient revenir à la paroisse. Elle refusait les invitations à danser et rougissait quand on lui faisait un compliment. Mais un observateur plus futé que les autres aurait observé combien son regard brillait quand il se posait sur le beau Michel. Car ce n’était un secret pour personne : il était libre, désormais. Aussi, lorsque l’un ou l’autre prit conscience de l’absence de Marie-Louise Germain, il ne trouva pas la chose étrange. La pauvre abandonnée devait pleurer quelque part dans son coin…

Mais Marie-Lou ne pleurait pas. Elle se trouvait retenue dans la voiture de Guy Boisvert, laquelle était garée sur l’autre rive de la Juvine, dans un chemin de terre que masquaient les buissons.


— Quand on t’a engagée pour travailler à l’agence, tu savais de quoi il retournait, et tu avais accepté nos conditions.

— Je voulais me constituer un pécule pour me marier avec Michel. Maintenant, il veut plus m’épouser, j’ai plus besoin de rien.

— C’était pas malin de lui faire croire que tu étais enceinte. Le meilleur moyen pour le faire fuir… Peu importe. Tu as pris l’argent…

— Je vais vous le rendre.

— Non ! Tu en sais trop, tu es une menace pour nous maintenant. Il nous faut un moyen de nous garantir ton silence. Signe !


Tout le monde à Oremy croyait que Marie-Louise travaillait comme aide-ménagère chez des bourgeois d’E… En réalité, Guy l’avait recrutée en tant que dactylo en lui recommandant la plus totale discrétion. Il avait ses raisons. Avec la complicité de sa femme, il escroquait certains clients de son beau-père, et s’il avait engagé Marie-Louise, c’était surtout pour lui faire porter le chapeau au cas où le pot aux roses serait découvert. La jeune fille n’avait pas posé de questions. Elle était grassement payée pour taper des factures et des lettres à la machine. Il lui eût fallu être totalement stupide pour ne pas comprendre ce qui se tramait mais de toute façon, on le lui avait expliqué. Depuis six mois que ce petit jeu durait, tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes : le beau-père n’y voyait que du feu, les clients escroqués ne s’apercevaient de rien et l’argent affluait. C’était sans compter sur l’inappétence de Michel envers le mariage. À présent, Marie-Louise, qui avait tremblé de culpabilité et d’inquiétude pendant tout le temps de ce juteux trafic, préférait renoncer à tout et donner sa démission. Voilà qui ne faisait pas du tout l’affaire du couple d’escrocs. Sur la feuille de papier que lui tendait Guy, il y avait une reconnaissance de dette dont le montant était laissé en blanc. Au cas où il viendrait à la jeune fille la tentation de parler, il ne fallait pas qu’elle puisse disposer de la somme qu’elle reconnaîtrait leur devoir…


— Elle doit écrire « Lu et approuvé » et mettre la date avant de signer, dit Josiane.


La « reconnaissance » était tapée à la machine.


— Tu entends ? Tu écris et tu signes.

— Non !


Tout se passa très vite. Marie-Louise se rua sur la porte de la voiture et l’ouvrit. Guy la retint par le bras au moment même où Josiane donnait à la jeune fille un fort coup sur le côté de la tête avec son sac à main. Emportée par son élan et par le coup porté, Marie-Louise alla donner violemment de la tempe contre la boîte à gants et s’affaissa, étourdie. Comme elle ne bougeait plus, il y eut un moment de confusion. Était-elle morte ? Mais soudain, la pauvre petite remua, porta la main au front et voulut se redresser. Alors Guy lui assena deux ou trois formidables coups de poing tandis que dressée sur son siège, Josiane frappait et frappait encore avec son sac en faux croco sans s’apercevoir dans sa fureur que la jeune fille était immobile et saignait. Aveuglée par la peur et la rage, elle atteignit même sans le vouloir le visage de Guy au passage. Lequel dit : « Ben, merde alors ! » et se frotta la joue, un peu abasourdi.


— Allons, c’est mieux comme ça, dit Josiane. On va la balancer dans la Juvine. Quand on la retrouvera, tout le monde croira qu’elle s’est jetée du pont, ça n’étonnera personne.


Sur l’autre rive, les lumières s’éteignaient les unes après les autres. On entendait au loin les derniers flonflons de l’accordéon. C’était une belle et chaude nuit d’été…


***


Guy n’avait eu aucun mal à soudoyer un jeune comptable qui lui était tout dévoué. Sans savoir exactement pourquoi on le chargeait de cette mission, celui-ci partit donc, muni de la clef et du plan de la maison, à la recherche du fameux carnet noir dont l’existence n’avait jamais été soupçonnée jusque-là. En fait, les pages noircies d’une petite écriture fine ne contenaient pas grand-chose d’important. Certaines confidences de Marie-Louise concernaient bien l’agence de courtage mais sans qu’il soit fait allusion aux escroqueries. Cependant qui sait s’il n’existait pas des lettres ou d’autres documents compromettants dont la vieille dame n’avait pas fait état simplement parce qu’elle n’en avait pas compris la portée ou à cause de la très grande amitié qui la liait à la maman des garçons Boisvert. Sous des yeux moins cléments, le moindre écrit pourrait éclairer le passé de façon très fâcheuse. Pour plus de précaution, il allait donc falloir fouiller la maison de fond en comble. Ce ne serait pas bien difficile puisque Sandrine avait quitté les lieux sans demander son reste. L’assureur croyait donc avoir tout le temps devant lui quand quelques jours plus tard, Josiane revint chez elle porteuse d’une bien mauvaise nouvelle :


— Tu n’vas pas croire ce qui nous arrive, dit-elle. Il semblerait que Sandrine ait envoyé une septuagénaire occuper la maison pour tout arranger en vue de la vente. Or, cette espèce de vieille toquée s’est déjà mise à interroger tout le monde à l’auberge sous prétexte d’écrire une nouvelle policière autour de la chanson pour un soi-disant concours… Elle dit qu’elle veut faire d’une pierre deux coups.

— Oui, eh bien, elle sait pas ce qui l’attend celle-là, dit Guy.


Ce disant, il traçait du pouce une ligne significative en travers de son cou.


— Et couic ! renchérit Josiane avec un ricanement sinistre…



Chanson : « Marie-Jeanne ». Auteur-compositeur-interprète : Joe Dassin.


 
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   Anonyme   
14/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↓
C'est dommage, je n'ai strictement rien compris à la carambouille dont Marie-Louise s'est rendue complice... Sinon, j'ai bien aimé la chronique villageoise, l'idée de sombres secrets à l'abri d'une vie tranquille, mais trouve inutile le "bouclage" de la fin avec évocation de l'écriture d'une nouvelle policière. : ce genre de mise en abyme, en général, me paraît artificiel, et c'est le cas ici.

J'ai de beaucoup préféré la première partie de la nouvelle, jusqu'au départ de l'héritière au petit matin. Le reste m'a paru confus et trop marqué "écrit sur commande".

Ah, sinon j'ai reconnu la chanson de Joe Dassin que j'aime beaucoup !

   Mistinguette   
18/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J’ai assez vite reconnu la chanson, ce qui, je crois, m’a rendu l’histoire encore plus palpitante.
C’est donc « La Marie-Jeanne » principalement interprétée, pour la version française, par Joe Dassin et Eddy Mitchell.

Pas évident de reprendre les protagonistes d’origine de cette chanson, de les propulser une bonne quarantaine d’années plus tard, et de créer une intrigue qui tienne la route. Ici, j’ai trouvé que c’était plutôt réussi.
L’écriture est parfaite pour ce genre de récits : fluide et agréable.

Le nombre de personnages par rapport à la longueur du texte a par contre un peu freiné ma lecture. J’ai fréquemment fais des retours en arrière pour mémoriser les prénoms et pour rentrer dans ma caboche les agissements de chacun.
Je pense avoir compris l’essentiel, cependant, je n’ai pas saisi la raison pour laquelle le montant de la somme de la reconnaissance de dette a été laissé en blanc. Et aussi, pourquoi Marie-Louise avait cette dette ? Il est dit plus haut qu’elle a été grassement payée, mais c’est tout !
En fait, je n’ai pas du tout compris la seconde partie de cette phrase : « Au cas où il viendrait à la jeune fille la tentation de parler, il ne fallait pas qu’elle puisse disposer de la somme qu’elle reconnaîtrait leur devoir… »

J’adore la fin, entre autre le clin d’œil au concours de nouvelle.
Et puis cette fin, elle donne envie d’une suite…

Juste une petite question pour terminer : pourquoi Oremy-sur-Juvine ?

Un grand MERCI à l’auteur pour cette lecture.
Bonne chance pour le concours !

   senglar   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Bidis,


Bon, ben après avoir lu cette longue nouvelle, ce puzzle désormais typique de Bidis où tout s'agence (lol) et s'emboîte, travail considérable, je comprends pourquoi tu as accepté avec bonheur et soulagement que soit allongé le délai pour la délivrer :)

Cela m'a été très agréable aussi d'aller réécouter ce cher Joe Dassin, charmeur et crooner à la française sans pareil :)


Suis allé voir Oremy-sur-Juvine sur Wuki, qui m'a renvoyé à Oremy-sur-juine et à Bainville-sur-Madon ainsi qu'à la Moselle, je suppose que c'est un coin que tu dois connaître (Meuse et Moselle) et qui correspond parfaitement au cadre de ton histoire (France profonde et fleuve...), où tu as donc pu faire évoluer tes personnages avec une grande aisance.


J'ai retrouvé ici toutes tes qualités : Travail de fourmi, méticulosité. Composition bien évidemment, une volonté de fournir un travail fini, encaustiqué et sain quelle que soit l'intrigue, posé, une volonté de ne pas se moquer du lecteur, une grande honnêteté. Un humour sous-jacent, très très marqué second degré ("cold case" de l'incipit ingénieux, fin du récit au cas où cela n'aurait pas été compris) et un souci de cohérence bien que les meurtriers puissent donner l'impression de s'en être tirés un peu facilement ici et brillent par leur absence de remords, prêts par ailleurs à tuer de nouveau.
Je retiens aussi une vie bien saisie sur le vif. Par exemple "... Marie, la soeur du curé !... Elle portait des robes ternes sans souci de la mode et rasait les murs, comme si elle se sentait coupable de quelque chose. ..." C'est très bon ça, ça a fait tilt ! J'ai connu une fille comme ça, exactement. Je crois que nous avons tous connu une fille comme ça. C'est cette résonance qui fait la différence et la qualité d'une écriture.


Je conclurai sur mon avis habituel quant à tes productions : Trop maitrisées ! :) Lâche-toi un bon coup !

Non mais alors !

lol

:D

brabant

:))))))))))))

   LeopoldPartisan   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
moi j'ai redécouvert le texte de cette chanson de Joe Dassin, par la reprise qu'en à faite Jean-Louis Murat.

Je salue le travail du romancier, quoique j'aurai préféré que l'histoire d'escroquerie, soit plutôt remplacée par une affaire d'avortement qui en 1967 était encore considéré comme un crime.
Un peu à la Simenon, spécialiste de la psychologie villageoise.

Pour le reste de l'intrigue, chapeau. C'est passionnant

   Anonyme   
25/3/2014
Bonjour Bidis

J'avais oublié cette chanson de Joe Dassin.
Pourtant à l'époque je l'avais beaucoup appréciée. Et rien que pour le plaisir que j'ai eu en la réécoutant, soyez déjà vivement remerciée très chère Bidis.
Vous avez changé les noms pour dérouter un peu le lecteur, en précisant tout de même que, dans votre histoire, c'était le chanteur qui avait "délocalisé" le drame dans le Sud Ouest. Fine mouche :o))

L'intrigue a la saveur d'un fait divers comme on en lit périodiquement dans la presse régionale. Il y a là matière à faire un bon téléfilm (ou plus, si affinité avec un producteur)

Votre implication dans l'histoire lui donne une saveur supplémentaire. En particulier votre référence au concours.
La chute est de toute beauté.

De tous les textes actuellement publiés, c'est celui qui me semble répondre le plus fidèlement aux consignes. Et avec un talent consommé.

Merci Bidis pour cette interprétation surprenante de l'excellente chanson de Joe Dassin. A mon avis, il l'aurait bien aimée.
Très sincères félicitations.

   Pepito   
25/3/2014
Hello Bidis,

Bon on va laisser tomber les "grands soupirs de grosse satisfaction" et autre "J’étais pleine de curiosité."... sans parler de la chanson, car comme tu le sais, les chansons, ben...

... et on va se concentrer sur la FIN, ou je retrouve, enfin, la Bidis des délicieuses petites blagues de Mamies.

Bidis, sur ce coup, t'es absolument géniale !

Pepito

Edit : après avoir lu le com de Brabant, je suis entièrement d'accord avec lui : lâche toi !

   Anonyme   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonsoir Bidis. J'ai bien aimé l'atmosphère campagnarde, le vocabulaire qui va avec, l'intrigue bien menée et le coup d'œil final au concours. Le tout servi par une très belle plume, que demander de plus ?
Pas spécialiste en chansons je ne connaissais pas celle-ci, voilà qui est chose faite. Un grand merci...

   fergas   
25/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Bonsoir Bidis,

J’ai aimé l’atmosphère villageoise, qui est bien rendue. L’intrigue elle-même est un peu brouillonne, et la multiplicité des noms oblige à des retours en arrière pour remettre les personnages en place.
Le flash-back explicatif vient à point, au moment où on croyait ne plus pouvoir savoir ce que contenait ce fameux carnet.
Pourquoi désigner la ville d’à côté par E… (les gendarmes d’E…) ? Ce n’est pas utile, le mystère concerne Oremy, et non E…
On ne sait pas non plus, d’après les dialogues, comment l’existence du carnet à été porté à la connaissance des protagonistes.
A mon avis, la dernière partie est inutile : l’explication du vol, et l’arrivée de la vieille romancière. On pouvait très bien rester sur le vieux mystère non dévoilé.
Au niveau écriture, je commence à reconnaître la qualité Bidis, même si je suis nouvel arrivant sur ce site.
Et enfin : je n’avais absolument pas fait la relation avec la chanson de Joe Dassin. Honte sur moi.

   Acratopege   
28/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
J'ai beaucoup aimé la structure de votre récit avec la double mise en abyme de la chanson et de la rédaction de la nouvelle pour le concours. Très habile. Et puis j'ai apprécié tous les dialogues, le parler local crédible sans caricature. Ce que j'ai moins apprécié, c'est le style du récit dans les autres passages. Trop sage à mon goût, avec un certain manque d'aspérités pour un thème aussi scabreux. Et l'utilisation du passé simple m'a aussi dérangé, je ne sais pas pourquoi, alors que c'est un temps que j'aime beaucoup en général. Peut-être donne-t-il ici une impression de distanciation qui tranche trop avec le récit à la première personne, je ne sais pas.
Merci pour ce bon moment.

   pieralun   
29/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Bidis,

L'intrigue est convaincante, sans toutefois m'avoir tenu en haleine.

En revanche, j'ai été bluffé par l'écriture. Seule la qualité de celle-ci m'a fait plonger immédiatement dans le monde de l'histoire. J'ai parfaitement ressenti l'ambiance qui pouvait remonter dans la mémoire de l'héroïne, et je me suis immédiatement fondu dans le décor de la maison.

   aldenor   
29/3/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
J’ai beaucoup aimé le récit de la quadragénaire. Son retour dans le village, le portrait des villageois, l’ambiance de mystère ; la scène du vol est très réussie avec la bousculade dans les escaliers et l’impayable parapluie... C’est léger, riche en observations, bien ficelé.
Là où je trouve que ça ne vas pas, c’est après le départ de la narratrice... Qui écrit ? Le passage de la narration à la première personne à une narration impersonnelle ne se justifie pas.
Il n’en reste pas moins que la chute est très bonne, inattendue et drôle !

   Ninjavert   
6/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↓
Hello Bidis,

Grand amateur de faits divers et de documentaires à la con (qui à dit faites entrer l'accusé ? ^^) j'ai retrouvé ici tous les ingrédients du crime de bas-étage réussi. L'écriture, précise et maîtrisée du début à la fin, nous entraîne au fil des événements avec délice. Que ce soit les dialogues ou la narration, je suis arrivé au terme sans m'en apercevoir.

Je trouve aussi que la première partie est de loin la plus réussie. Cette ambiance de village, ou on n'est pas encore arrivé qu'on est déjà remarqué, ces ragots, ces non-dits, ces vieilles histoires qui n'ont pas toujours besoin de resurgir pour faire encore parler d'elles... vraiment très réussi. Le ton de la narratrice est également bien dosé, sa méfiance, ses soupçons... j'ai juste eu un regret : quand elle sort le carnet au début, elle fait l'évidente connerie de ne pas le remettre en place. J'ai su dès cet instant (donc avant même d'entendre parler du crime) qu'il allait être volé, c'est dommage.

Sur la seconde partie : le récit du crime en lui-même, c'est dommage mais je le trouve un peu artificiel ce flashback. Il est vraiment là pour contenter le lecteur, pour lui permettre de savoir ce qui s'est réellement passé. C'est sympa car ça nous évite une cruelle frustration, mais à l'inverse c'est vraiment gratuit et sans lien avec les deux autres parties. Connaissant ton talent de metteuse en scène, j'aurais bien vu ce récit plus intégré au reste de l'histoire.

A mon sens, il aurait été mieux amené au cours de la soirée de la veille. Quand, dans la conversation, le "suicide" revient sur la table une fois Michel et Guy arrivés, ce dernier aurait pu avoir le flashback à ce moment là, pour lui-même. Ca n'aurait pas tellement trahi le suspens, si ce n'est pour la scène du cambriolage qu'il aurait fallu remanier, mais on aurait eu une vraie cohérence du début à la fin.

Sinon la fin m'a bien plu également. Je t'ai immédiatement reconnue à l'évocation de la septuagénaire, mais du coup je m'inquiète un peu pour les Boisvert : Ma Dalton trimballe bien un parapluie dans son cabas, mais aussi -et surtout- une bonne grosse pétoire chargée... m'est avis qu'on n'a pas fini d'entendre parler d'Oremy-sur-Juvine dans les journaux.

Merci Ma' Bidis !

   Marguerite   
9/4/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Jolie nouvelle que L’affaire d’Oremy-sur-Juvine.
Bien amenée, avec des petites phrases imagées qui font plaisir (comme « M. L. alla donner violemment de la tempe droite contre la boîte à gants »), et une chute comme un clin d’œil au concours.
L’accent des personnages est sympa, et apporte au texte un petit gout de terroir bien senti. Et puis on découvre leur côté sombre, Josiane en tête, qui éteint la lumière à coups de sac en faux croco et conclut l’histoire par un ricanement sinistre.

Une ou deux choses toutefois :
On voit venir assez vite l’intérêt que pourrait susciter le carnet (peut-être l’influence de la rubrique « policier ») et ça enlève du mystère au texte.
Sinon, j’ai accroché quand j’ai lu « la Marie » dans la narration, car ça faisait pour moi partit de l’accent des gens du coin. J’aime mieux quand c’est juste « Marie ». Mais c’est une broutille… Dans le même ordre d’idée, j’ai noté « septuagénaire » de la part de Josiane.

Je ne connaissais pas du tout la chanson, c’est vrai qu’elle a un petit goût de mystère…

Merci Bidis pour cette nouvelle et félicitations !!!

   xuanvincent   
2/5/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Bidis,

C'est toujours un plaisir de vous lire !

Plus précisément, j'ai particulièrement apprécié la richesse du langage, le parler populaire du personnage féminin m'a paru bien rendu, contrastant avec le style très travaillé du narrateur/auteur.

J'ai également apprécié la construction du récit. L'explication, la présentation du crime, m'a semblé bien amenée. La chute m'a plu.

Bref, bien que le thème ne fasse pas partie de mes lectures habituelles, je remercie l'auteur pour ce bon moment de lecture.

Bonne continuation pour vos écrits !

   guanaco   
14/7/2014
 a aimé ce texte 
Bien ↑
Bonjour Bidis,
tout d'abord dire que je ne connaissais pas la chanson (c'est réparé!) et que j'ai lu votre texte sans penser aux contraintes du concours.

J'ai pris beaucoup de plaisir à entrer dans cette histoire, la première partie est un régal de mise en ambiance: décors, personnages...
J'ai l'impression que vous aimez beaucoup l'adjectif "grand" non? Je taquine...

Sur la 2ème partie et la fin donc, c'est vrai qu'on aurait aimé plus de suspense notamment avec le contenu de ce petit journal. Mais je pense que toute la partie "explications" en italique était nécessaire peut-être pour des soucis de timing concours?
Comme certains, le concours dans le concours m'a un peu déçu...

N'empêche, une belle réinterprétation de la chanson dans un bel univers et avec des personnages qui ont du relief!
Merci

   Coline-Dé   
20/7/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour, Bidis

Très belle idée de reprendre la chanson de Joe Dassin, pleine de non-dit et de possibilités à développer... ce que tu as su faire avec brio !
Moi aussi, j'ai trouvé la première partie extrêmement réussie, l'ambiance est vraiment bien rendue, en partie grâce au parler local ( c'est vachement difficile de ne pas tomber dans l'excès, bravo !)
L'écriture est d'une grande souplesse, riche, pleine de détails qui font vivre le texte : Une camionnette qui venait de me dépasser s’arrêta net et fit marche arrière jusqu’à revenir à ma hauteur.

Elle portait des robes ternes sans souci de la mode et rasait les murs, comme si elle se sentait coupable de quelque chose


J'ai assez vite reconnu la chanson bien que l'abondance de personnages m'ait par moment fait douter.
L'intrigue est peut-être un peu compliquée (pas bien compris la reconnaissance de dette... faut dire que j'ai la cervelle en congé sabbatique !) ce qui nécessite des explications en flash back, moins réussi, forcément, que la partie "live". Mais j'aime beaucoup l'âpreté des personnages.
Enfin l'idée d'une Bidis enquêteuse m'a ravie !
Merci pour ce bon moment

   Anonyme   
2/8/2014
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Ma Dalton

Bidis et le mystère du carnet noir ! Je t''imagine très bien avec ton parapluie en train d'attendre le malfaiteur au tournant. Bang ! sur la tête. J'aurais préféré un vase bien lourd mais bon, dans ces cas là, on attrape ce qui nous tombe sous la main.
Vivant, enlevé, amusant, descriptions comme si j'y étais, ambiance maîtrisée, personnages bien campés. Mais c'est un peu court Ma et la courtitude entraine un poil de confusion - j'ai relu le noeud du problème et je n'ai pas compris cette histoire de reconnaissance de dette d'autant plus qu'une reconnaissance de dette - je me suis heurtée un jour à ce problème - ne vaut rien si elle n'est pas validée par un notaire - et encore... - Peut-être aurait-il mieux valu choisir un mystère "honteux" et bien sanglant... Miam-miam.
Quoi qu'il en soit, c'est du bon travail. Soigné, réfléchi, pesé.
J'aime bien l'idée du concours dans le concours, cette partie là est très amusante.
Je ne sais pas pourquoi - et là c'est un avis très personnel - mais il me semble que tu t'es vraiment identifiée à Sandrine et ça c'est tout bon, tout bon.
Le seul petit chouïa qui me dérange c'est que Sandrine a quarante ans et qu'elle ne mérite pas ce qualificatif de "vieille toquée". Mince alors ! Si a quarante balais on en est déjà là, qu'en sera-t-il à soixante et quelques, snif !
L'idée d'avoir repris cette chanson de Joe Dalton - Dassin où ai-je la tête ! - et d'en avoir fait tout autre chose est excellente.
Félicitations Bidis ! J'ai passé un très bon moment.

Edit : Après une relecture je m'aperçois effectivement que ma remarque au sujet de la quarantenaire n'est pas justifiée, puisque ce n'est pas Sandrine qui est traitée de vieille toquée mais bel et bien la septuagénaire chargée par elle de liquider la maison... Toutes mes excuses Ma, me suis emmêlée les pinceaux.

   matcauth   
30/9/2016
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour,

bon c'est du bel ouvrage, c'est impeccable au niveau de l'écriture, et même au niveau de l'ambiance, du décor. Entrer dans une de vos nouvelles, c'est un peu entrer dans un hôtel 5 étoiles, tout est impeccable, neuf, rien ne dépasse. Mais parfois, on aime aussi entrer dans le bar du commerce, ou c'est un peu le bordel et ou on boit des Martini de 20cl dans des verres de cantine. et ici, ça manque un peu, c'est un peu trop lisse, finalement. Ce qui est vraiment surprenant, c'est que l'auteur semble justement avoir le coffre pour pouvoir très aisément ajouter cette touche de folie, pour que l'histoire s'emballe, ou que Sandrine soit un personnage sortant davantage de l'ordinaire.

Néanmoins, on ne peut pas bouder son plaisir de ne jamais sortir, grâce à cette plume chirurgicale, de cette histoire comportant quelques longueurs qui alourdissent un peu le tout, comme ce passage ou Sandrine rentre chez elle et entend des bruits la nuit. Et comme on comprend tout de suite qu'il s'agit d'un voleur de carnet, on trouve le paragraphe trop long.

Je note l'ensemble, irréprochable, mais également le manque de prise de risques.


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