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Sentimental/Romanesque
Coline-Dé : Un trèfle de lumière sur un mur fissuré
 Publié le 28/11/15  -  25 commentaires  -  2581 caractères  -  339 lectures    Autres textes du même auteur

Des pierres précieuses…


Un trèfle de lumière sur un mur fissuré


Cette fois, je ne partirai plus. J'ai acheté des murs.

Pour nous. Pour offrir un lieu à un bonheur qui a lieu. Pour rassurer ma petite inquiète. Pour ancrer sa dérive.

Des murs de granit qui enserrent un jardin ombreux, de hauts murs où le lierre insolent étale son attachement. Une cité d'oiseaux, une ville de nids. Pour ma petite errante, j'ai acheté un empire de murs et son peuple de lézards.

Elle y fera régner son sourire, elle y fera naître des hirondelles.

Assise dans le foin, elle contemple la maison d'un air ravi, une lueur incrédule au fond des yeux. La lumière est dorée, il y a dans l'air la douceur d'un été finissant, d'un amour débutant.

Elle regarde cette maison − à elle ! − qui n'existe pas, mais qu'elle voit déjà : les fenêtres qui viendront s'ajuster aux ouvertures béantes, les chemins qu'elle tracera dans ce jardin-friche.

Elle habille en pensée cette carcasse de maison : tapisseries, voilages, rideaux, elle distribue l'espace, elle fait des plans innombrables. Elle rit et s'affaire à tracer sur la terre le palais d'une sultane tadjike qui lui ressemblerait, l'efface de l'orteil et bat des mains à une autre idée.

Moi, je la regarde, je la regarde, ma petite souris furtive qui s'installe dans son rêve, et je déborde d'amour. Comme je lui suis reconnaissant de me permettre de la combler avec ce peu : une vieille maison en ruine qui a mangé mes quatre sous !


Elle furète, explore et s'extasie :


− Et les murs, tu as vu l'épaisseur des murs ? On se croirait dans un château !


Soixante centimètres de pierres suffisent à lui donner la richesse ; soixante centimètres et rien d'autre : le sol est de terre battue, les portes de planches, le toit délabré, j'ai acheté une ruine à ma princesse, et je suis heureux comme un roi.


− On va dormir ici, hein ?


On a fait notre lit de foin à l'étage, et dormi greffés l'un à l'autre.


Une hirondelle salue le jour d'un gazouillis éclatant. J'ouvre les yeux sur mon bonheur. Ma petite enfant dort encore et me sourit déjà.

Une marée douce me submerge. J'ai quarante ans. Elle en a dix-neuf. On a l'éternité.

Ils ont tout dit, en bas, mais rien n'y fera.

Ma main sur elle et des univers naissent. Son ventre bombé m'aimante.


Il est sept heures. À travers le toit troué, un rayon pose une tache de lumière sur la pierre nue, en face de moi.

Elle ouvre ses yeux ensoleillés et me dit :


− Regarde : c'est signe de chance !


Son regard confiant attend que je confirme.

Le bonheur n'est rien d'autre qu'un trèfle de lumière sur un mur fissuré.


 
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   carbona   
9/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu ↑
Bonjour,

Le décor est bien planté. Mais j'aurais aimé plus d'histoire.

Merci pour votre texte.

   Pascal31   
9/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Un court texte doux et poétique. Cela fait du bien dans ce monde de brutes ! Votre récit, c'est comme une cuillerée de miel dans un café amer. Il adoucit, il fait du bien...
En message sous-jacent : peu importe les qu'en-dira-t-on, il faut vivre le bonheur dans l'instant présent.
Vous avez trouvé un très joli titre, qui vient également conclure de manière parfaite ces instants de bonheur. Certains pourront trouver ça mièvre. Moi, j'ai trouvé ça touchant. Bravo et merci !

   Donaldo75   
9/11/2015
 a aimé ce texte 
Un peu
Bonjour,

Il y a de la poésie dans ce texte, du moins au début, puis on vire dans la Bibliothèque Rose, avec des dialogues creux mais heureusement courts, de la naïveté à tous les étages et pas vraiment de passion.

La phrase de fin, reprise du titre, illustre mon impression, celle d'une histoire un peu bateau, gentille, bien propre sur elle, pour les enfants de 7 à 17 ans.

Si on aime la barbe à papa, ça peut passer.
Une autre fois, peut-être, dans un registre plus profond.

   jaimme   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
J'ai lu cette petite merveille en Espace Lecture. Quelques mots de paix et d'amour, au moment le plus beau de leur amour. Et l'on espère pour eux qu'il y en aura une myriade d'autres.
Beaucoup de mots aux belles sonorités, du moins pour moi (c'est l'essentiel, non?).
L'amour rend tout magnifique, vivant, et le rendu est excellent. Et derrière on sent que les fissures sociales existent pourtant: le peu d'argent, la différence d'âge, la jeunesse de la demoiselle. Pas grave, ils ont raison.
J'ai juste buté sur "m'aimante". Intrusion du scientifique dans ce registre capté par le bonheur. Et j'ai joué avec ce mot, je l'ai remplacé par "m'amante".
Beaucoup, beaucoup aimé.
Merci Coline-Dé.

   Vincendix   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Il y a tellement de murs qui séparent que d’en découvrir qui rapprochent est un bonheur !

Un texte poétique et apaisant, cette maison à rénover pourrait être le symbole d’une vie à reconstruire, poser des fenêtres, tracer un chemin dans un jardin en friche, décorer l’intérieur… Et puis les hirondelles viendront nicher sous le toit et ce rayon de soleil en forme de trèfle…

J’ajoute dans mon imaginaire, un autre rayon de soleil en forme de cœur.

   Anonyme   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
plus que les friches, plus que les murs, plus que les questionnements de l'enfant, je vois de la lumière dans votre texte, le trèfle (à quatre feuilles?) annoncé par le titre.
J'ai beau cherché dans ces presque ruines, dans ce terrain en jachère, rien ne me déplaît.
C'est court, c'est fort, et c'est beau!
Merci!

   in-flight   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↑
J'ai d'abord cru à une relation mère/fille ou père/fille, bref une famille monoparentale abîmée qui doit tout reconstruire ( métaphore de l'état de la maison).
Et puis vient "J'ai quarante ans. Elle en a dix-neuf." , "Ma main sur elle et des univers naissent. Son ventre bombé m'aimante" --> la volonté de bâtir une famille dans cette masure.

"Ils ont tout dit, en bas, mais rien n'y fera" --> Cette phrase semble indiquer que le couple s'est clairement isolé sur les hauteurs du village pour éviter la vindicte populaire du bourg. Belle économie de moyens pour nous faire comprendre la situation d'autarcie des deux tourtereaux. Mais peut-être que je me méprends.

   phoebus   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément ↑
On observe, parfois, un amour qui, de temps en temps, recolle les morceaux par les fissures. Il devient le miroir grossissant de la réalité qui aurait voulue s'affaisser en lui empruntant, sans vraiment y prêter attention, ce qu'on veut et notamment des murs. Achetés ? La question fuse d'elle-même : mais à quel prix ?

"On a l'éternité." Pourquoi évoquer la fugacité des choses ? ...L'intuition d'une imminence dramatique.

"Elle", un mot forcément évocateur, empli d'images et de possibilités, qui se cristallise à la fois dans le bonheur et le trèfle, comme l'alchimie magique d'une jolie bouche et d'un regard.

Mais ce "toit troué": simple effroi ou est-ce le mot qui frôle l'imprononçable et dès lors n'est plus un son gratuit.

   Anonyme   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
Un avis mitigé. J'aime beaucoup ton écriture si particulière qui laisse des interstices où peut se lover les émotions du lecteur. Tu n'en dis jamais trop - c'est le cas de le dire - pour laisser plein d'espaces libres, de sorte qu'on a l'impression de reconstruire l'histoire, de se l'approprier. Quelques fragments ici et là puis à nous de faire le reste ! Technique narrative vraiment intéressante.

Ce qui me plait moins c'est le personnage masculin. Au début j'étais charmé par ces deux tourtereaux, si mignons, resplendissants d'amour. Et puis... et puis j'ai commencé à analyser les pensées de l'homme :
"ma petite inquiète / ma petite errante / ma petite souris furtive / ma princesse / Ma petite enfant".

Oula, c'est quoi cet amour paternaliste ? Elle a 19 ans la jeune, ce n'est plus une gosse ! S'il se la représente ainsi je ne peux m'empêcher de croire que cet amour a priori si pur ne l'est finalement pas tant que ça. Il n'y a pas de relation d'égal à égal mais une infantilisation de l'autre, ça me gène un peu jusqu'à briser l'enchantement.

   hersen   
28/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien ↓
" Cette fois, je ne partirai plus "
Le narrateur, c'est évident, se sent enfin bien quelque part, son nouveau chez eux acheté pour l'amour de sa belle.

Une ruine juste assez en ruine, un jardin juste assez en friche dont l'auteur nous fait entrevoir les fabuleuses possibilités
Nul doute qu'un tel lieu doté d'un si bel amour sera magnifique.
Seulement...seulement voilà, c'est son rêve à lui, la concrétisation de son bonheur. Mais j'ai un mal fou à croire à l'enthousiasme dans la durée de son amie de 19 ans. A 19 ans, veut-on d'une ruine ? ( image ? )

Dormir dans le foin, c'est génial. Si on n'a pas d'obligations sociales chaque matin. Surtout si l'eau chaude n'est pas encore installée.
La période des travaux ? ce n'est jamais drôle, surtout s'il y a manque d'argent pour les finir...
ça va grincer...
Je regrette que la fin nous fasse croire que ça va durer. Parce que je n'y crois pas une seconde.
Et c'est dommage, oui.

J'aurais préféré la même histoire, mais sans projection dans l'avenir, elle m'aurait paru plus plausible.

Les descriptions sont très justes, avec cette petite pointe de poésie qui rendrait un simple bout de bois magnifique. J'en ai aimé la lecture.

Dommage que je ne puisse y croire.

hersen

   Anonyme   
29/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Je me suis servie dans ce que vous nous offrez, sans rien chercher d’autre. Bien m’en a pris. Je suis entrée direct dans votre bulle de bonheur et j’ai trouvé l’instant si beau, hors du temps et si réel à la fois.

J’aime la dimension poétique que vous avez insufflée au travers des mots de tous les jours, grâce à une mise en scène qui laisse la part belle à tout ce qui se devine. La vie, la vraie palpite derrière.

Merci et au bonheur de vous lire encore.



Aparté : Coline, il faut m’excuser, je n’arrive pas à suivre vos conseils pour commenter. J’ai juste fait comme d’habitude : lu et reçu les émotions en pushing ball.
Vous avez assez de talent pour vous passer de mes "leçons". ^^

   Arielle   
29/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Sous ce trèfle de lumière le vieux mur fissuré prend les contours d'un château de contes de fées. Rien que ce titre me ravit mais, en entrant sur la pointe des pieds au coeur de cette ruine, les pierres précieuses se réveillent, chatoyantes sous les herbes folles :
Le lierre est insolent sous ce toit troué mais des univers naissent sur un ventre bombé qui aimante le bonheur.
Comme toujours les petites touches frémissantes de ton écriture font merveille pour animer les lieux et y laisser ton empreinte inimitable. Cette ruine, je la vois comme si j'y étais et si tu nous annonces qu'elle n'est que les prémices de tout un hameau en construction, je déménage dès demain !

   jfmoods   
29/11/2015
Avec une grande économie de moyens, l'auteure ménage, par l'entremise de la focalisation interne, l'horizon d'attente du lecteur. Si la première partie du texte laisse planer une certaine ambiguïté sur la relation qui unit les protagonistes (métaphores : « ma petite inquiète », « ma petite errante », « ma petite souris furtive », « ma princesse », « ma petite enfant »), c'est aussi parce que la différence d'âge des partenaires, révélée plus bas (parallélisme : « J'ai quarante ans. Elle en a dix-neuf »), et réprouvée par la morale commune (jeu antithétique : « Ils ont tout dit, en bas, mais rien n'y fera. »), induit ce regard troublant assimilable à celui d'un père. On est même en droit de se demander si l'auteure n'a pas souhaité dresser, par l'image de la naissance à venir (métonymie : « Son ventre bombé m'aimante. »), une sorte de mise en abyme de la paternité, la première, fictive, liée à un contexte générationnel, ouvrant sur une seconde, réelle celle-là. Quoi qu'il en soit, ce qui alimente en profondeur la lecture, c'est cette anticipation, ce monde en gestation, en construction (futur : « Elle y fera régner », « elle y fera naître », « les murs qui viendront », « les chemins qu'elle tracera », énumérations : « tapisseries, voilages, rideaux ») que cimente à présent l'élection, la reconnaissance tutélaire d'un lieu (métonymie : « J'ai acheté des murs », métaphore : « un empire de murs », complément circonstanciel de but à caractère éminemment paradoxal : « pour ancrer sa dérive ») qu'il s'agit de remplir d'une fantasmatique ouverte, des strates d'un après (paradoxe : « Elle regarde cette maison... qui n'existe pas », description : « ouvertures béantes », « jardin-friche », expression : « une vieille maison en ruine »).

Merci pour ce partage !

   ameliamo   
29/11/2015
 a aimé ce texte 
Passionnément
Un très bon texte, un peu déroutant, mais d’une grande profondeur. Finalement le titre est la clé d’un texte chiffré.
« cette fois, je ne partirai plus ». Un homme a acheté de gros murs pour enserrer son rêve de bonheur. Il offre une illusion – « j’ai achetée une ruine » à une « enfant ». Ce n’est pas son enfant, c’est une jeune femme qui pourrait être sa fille, s’il en avait eu une. Une jeune femme qui, probablement, a rêvé d’un père qui ne l’a jamais reconnue, qui a rêvé d’une maison, sa maison, d’avoir une famille. Mais elle ne sait pas qu’elle est prisonnière, comme un oiseau piégé dans une cage, par les murs immenses des illusions. Bravo !

   Pepito   
29/11/2015
Salut Coline !

Forme : que du bon à rouler sur la langue.
"Pour offrir un lieu à un bonheur qui a lieu." le "lieu-lieu" j'aime bien mais le "qui", je suis allergique.
"étale son attachement." mimi tout plein
"Son ventre bombé m'aimante." celui-là je suis jalouuuuux !

Fond : haaaa, le retour du printemps (et d'age)... Se régaler d'une petite jeunesse, quitte à y laisser ses (maigres) économies... voilà un printemps bien employé.
Enfin stabilisée (comme un vieux mur) par la proximité d'un substitut de Papa bien sympa... que cela dure au moins jusqu'à l'automne et aux premières pluies. Désolé, j'ai décidé d’être d'en "bas" aujourd'hui. ;=)

Bon du sent/rom quoi... et perso, bon d'accord...

Merci pour l'agréable lecture, même si je préfère quand ça gratule :=)

L'affreux Pepito

   Anthyme   
29/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Coline-Dé, la maçonneuse-boîteuse de Bretagne, qui me suggère l’image mentale d’une de ces femmes de combat, solides dans leurs bottes lorsqu’elles arpentent la glaise d’un « chez elles » à ne pas profaner ; déterminées qu’elles sont à correctement y cultiver leurs doutes, éventuellement façon Lucie Aubrac, la mitrailleuse-batteuse.

C’est étrange … une image mentale …
Avec me semble-t-il un rapport particulier en écriture : un texte peut la « dire » ou la « suggérer ».


Lorsqu’il « dit », c’est le lecteur qui intègre l’image, comme il le ferait d’un costard que lui tendrait l’auteur : c’est l’image mentale la plus délicate à faire accepter, car aucun lecteur ne fait (longtemps) l’effort de rentrer le bide pour s’y adapter.
Par contre, bien cousue, c’est certainement la plus convaincante.

A contrario, lorsqu’un texte « suggère », c’est au lecteur de se tricoter son petit boléro … ou sa robe de mariée …ou sa layette ; selon ce qu’il aura perçu de la paréidolie qu’on lui aura mis sous les yeux.
Toujours bien servi — forcément, puisque par lui-même —, c’est certainement la plus satisfaisante.

… … … …

Votre texte m’est très déstabilisant car chaque ligne semble s’amuser à contredire ce que la précédente m’avait suggéré.

Au bout du compte, je me retrouve avec un trèfle de lumière sur un tas de laine torsadée-tarasbidouillée-faut-déméler …

Bon …
Eu égard au ventre bombé de la jeunette de dix-neuf ans …
… j’m’en va m’conclure un bout d’layette !

… … … …

Merci de ce petit travail.

________________________________
P.S.
Ce premier commentaire trouve sa pondération dans le complément du sujet concerné.

   Bidis   
29/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
C'est très joli, c'est simple comme l'amour et comme l'amour fragile. On a envie de commenter sur la pointe des pieds de peur que la magie s'envole.
Chut, je n'en dis pas plus.
Un grand bravo dit tout bas.

   AlexC   
30/11/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Bonjour Coline,

Le subterfuge fonctionne sur moi comme le meilleur des contes enjoliveurs. J'imagine une enfant - une vraie - et son parent, j'imagine un pavillon - le bourgeois - et je me retrouve avec le rêve éveillé d'un quadragénaire paternaliste. Le narrateur baigne dans les rayons de soleil, sourires et intimités, qui remplissent les failles de sa maison. Et grâce à la plume raffinée de l'auteur, on en épouserait son âme.

Je regrette avoir eu un petit arrière goût de superficialité, comme si toute cette débauche de tournures lyriques tournait à l'afféterie.
De plus, derrière votre conclusion guillerette et poétique se cache pour moi une morale autrement plus terre-à-terre : le bonheur ne dure qu'un temps, avant de se décomposer comme une fleur et de laisser les fissures réapparaître. Pensée que personnellement je récuse.

Toutefois merci pour cette petite lecture très appréciable.

En espérant vous relire bientôt.

Alex

   Louis   
30/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Le narrateur n’offre pas à celle qu’il aime une maison « clefs en mains ».
Non, il lui offre un avenir, il lui offre une demeure à bâtir selon ses rêves.
Son présent est un futur. Son présent est gros de lendemains heureux à engendrer.
Il lui offre des murs. Il lui offre une masure.

Pas une ruine, pas une fin, mais un point de départ pour une vie nouvelle. La fin n’est pas un achèvement, mais un commencement, à l’image « d’un été finissant, d’un amour débutant ».

Les murs sont un immuable, les bases solides d’une vie stable. Ils mettent fin à une errance : « Cette fois, je ne partirai plus. J’ai acheté des murs. » À l’errance du narrateur, comme à celle de la jeune femme : « pour ancrer sa dérive ».
Les murs formeront un « nid », un lieu sûr, un abri sédentaire après les migrations, d’où le parallèle métaphorique avec les oiseaux, les hirondelles, « Une cité d’oiseaux, une ville de nids ».

Les murs épais feront de la maison un château, une forteresse, un rempart pour se protéger des autres, de leurs préjugés ; pour mettre à l’abri l’amour des deux amants, qui dérange par leur différence d’âge.
Ils feront naître un palais, où règne une princesse ; ils feront naître un « empire » qui ne sera pas inféodé aux autres, un empire indépendant où « le sourire » et la joie règneront en maîtres.
On croirait entendre J. Brel chanter :
« Je ferai un domaine
Où l'amour sera roi
Où l'amour sera loi
Où tu seras reine »

Les murs sont un cadre où tout est à inventer, tout à créer selon les goûts et les rêves de la jeune femme.
Ils cernent un monde à naître. Ils sont les enceintes d’un monde à enfanter, les parois d’une matrice d’un rêve à réaliser, répliques du « ventre bombé » en attente d’une procréation, répliques de la femme enceinte, réplique d’elle-même.
« Ma main sur elle et des univers naissent » : le présent est bien un futur.
Et le narrateur, le personnage masculin, celui qui féconde, un « père ». Celui qui féconde la vie et l’avenir, de la jeune femme, de leur vie commune. Il la fait naître, il la fait renaître, elle est « sa petite », son enfant, en même temps que celle qui porte leur enfant ; elle est une enfant et une mère ; elle est la mère qui le fait naître à son tour pour une vie nouvelle, porteuse de belles espérances.

Cet avenir qui s’engendre doit naître sous d’heureux auspices, c’est pourquoi les amants remarquent sur les murs un trèfle de lumière, beau et chanceux présage, réfraction d’une bonne étoile.

Un beau texte, plein de tendresse pour les deux personnages et leur rêve à construire.

Merci Coline.

   Curwwod   
30/11/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Je ne sais si c'est une histoire vécue qui a présidé à la rédaction de cette courte nouvelle plantant un décors romanesque qui permet de focaliser le récit sur les sentiments qui agitent le quadra. Ces sentiments de plénitude, de jeunesse éternelle, d'émerveillement qui permettent de tout braver, d'épanouissement affectif et sensuel qui donnent le sentiment d'être immortel, parce qu'elle est à vous et que vous êtes à elle...J'ai connu cette ivresse, dangereuse, car ce n'est qu'une illusion, mais tellement délicieuse...qu'on ne peut y repenser sans tendresse.
Votre beau texte m'a donné un choc au coeur. Je vous en remercie d'autant plus que l'expression reste simple, aussi simple que cette histoire le requiert. C'était la meilleure façon d'en parler.

   Anonyme   
1/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,
Il y a là un petit brin de lumière du film de Beinex, "37°2 le matin", film tiré du roman de Philippe Djian, un maître du style lumineux.
J'ai tout aimé de votre texte court, l'avant, l'après de l'histoire, resteront dans notre imaginaire, à nous de les inventer comme bon nous semble, gardons ces instants précieux devant nos yeux, cette friche d'un amour peu ordinaire, cet "espace, ces plans innombrables", avant que le quotidien retrouve bien maladroitement ses pieds sur terre.
Ah, c'est vrai que je retrouve bien là la belle Betty du film de Beinex, en moins déjantée peut-être, une véritable femme-enfant pour qui l'on se ruine pour une ruine...
" Le bonheur n'est rien d'autre qu'un trèfle de lumière sur un mur fissuré." Magnifique, et là encore digne de Djian.
L'écriture, simple, tout en douceur, nous promène par la main dans cet "empire de murs et son peuple de lézards, cette cité d'oiseaux".
Bravo pour ce petit bijou éclatant, en ces temps sombres, sa douce lumière a su me faire rêver.

   Perle-Hingaud   
1/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Coline,

Un texte court, coloré, avec un nuage de sucre glace, pour parodier une autre auteur de nouvelles. Il y a tout un monde, inutile d’écrire plus long sur cet instant.

Pour reprendre ligne à ligne :
La première ligne est parfaite : en deux phrases simples, on saisit le narrateur (quelqu’un qui part, qui ne sait pas se fixer, qui a donc un passé et un passé tourmenté), comme le sujet : il a acheté des murs. Pas une maison, non, des murs, avec tous les sens possibles : des murs qui protègent ou qui enferment ?

Pas très emballée par le jeu de mot sur « lieu » : « Pour offrir un lieu à un bonheur qui a lieu ».

Le thème du mur est ensuite très poétiquement développé, avec des expressions plus signifiantes les unes que les autres (je relève au passage « attachement, nid » et bien sûr… l’amour).

« Moi, je la regarde, je la regarde, » cette répétition toute bête me plait énormément.

J’aurais choisi un autre oiseau que l’hirondelle, là : « Une hirondelle salue le jour » puisqu’il est déjà employé plus haut et que je ne vois pas de sens si particulier qu’il justifierait la répétition.

« Ils ont tout dit, en bas, mais rien n'y fera. » : largement suffisant, tout y est.

Une très jolie formule pour clore cet instantané.

Merci pour ce texte tout doux.

   Blitz   
2/12/2015
 a aimé ce texte 
Bien
Texte sympa, très bon style aux mots soigneusement choisis qui permettent de se projeter immédiatement dans l'univers de ce cocon de bonheur.
C'est par contre un peu trop "bibliothèque rose’, à la limite mièvre. Et un peu court. J'aurais bien vu une description des réactions outrées du village "en bas" pour mettre en relief la réussite d'un bonheur impossible. Et mettre le doute sur le futur du couple. Un peu de cynisme, quoi...

   Mauron   
2/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Cette ruine est une promesse. Une maison, ça a plusieurs jeunesses, si on veut bien s'y adonner. J'aime que cette maison soit "enceinte" d'eux, qu'il y ait ces murs bombés comme un ventre de femme. Très bel amour paternel, filial et en même temps amoureux et passionné. Être "tout" pour elle. Je pense au Giono de "L'Iris de Suse" ou du "Chant du monde". Bref, à de l'amour fou.
Ce que j'aime le plus, c'est la joie qui rayonne comme du soleil dans ces quelques ligne. "S'il n'y a pas l'amour, vous n'êtes qu'airain sonore"... Là, il y a l'amour, et un véritable amour.

J'aime le ton et le rythme du texte, le rythme des phrases, ce "chant" de celui qui parle et qui "envisage" son avenir et celui de celle qu'il aime. Ils vont tout bâtir, ils vont se bâtir. Il y a des portes, il y a un toit, que demander d'autre? Justement de l'amour, il y en a aussi.

   vendularge   
6/12/2015
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour,

La poésie a quelque chose d'accessible quand elle colore la prose (c'est là que je la préfère). L'ambiguïté est intéressante, j'ai cru jusqu'à "j'ai quarante ans, elle dix neuf" qu'il s'agissait du cadeau d'une mère à sa fille...mais bon, c'est un homme qui aime une jeune femme: "sa petite enfant". J'aime bien cette succession de phrases courtes et ramassées éclairées par la description de l'endroit magique de l'amour. Le seul lieu ou les fissures sont belles
Merci pour la lecture


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