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Sentimental/Romanesque
costic : Versants [concours]
 Publié le 16/12/12  -  12 commentaires  -  9294 caractères  -  107 lectures    Autres textes du même auteur

Deux versants d’un même espace.

City Roofs, 1932


Versants [concours]


Ce texte est une participation au concours n°15 : Hopper l'Inspirateur (informations sur ce concours).



ELLE

Il m’a dit : ferme les yeux.

J’avais pas l’intention d’obéir, mais ses deux mains se sont posées sur mes paupières.

En général j’essayais d’éviter les surprises.

J’imagine que je me protégeais.

Il croyait que je pouvais encore prendre des couleurs. Il me trouvait toujours trop pâle.

Il m’a poussée délicatement dans le dos. Nous sommes montés.

À travers ses doigts, j’ai senti que la lumière changeait.

Il a enlevé ses mains, j’ai ouvert les yeux, un soleil vibrant inondait le toit.

Il n’y avait personne, pas même un chat-passant.

Il me considérait, affichait un sourire d’enfant.


– C’est beau non ? Qu’est-ce que ça te fait ?

– Je ne peux pas te dire. Un vertige, un éblouissement peut-être.


Mes pieds tâtaient la pente, douce, chaude.


– Assieds-toi un peu. Regarde.


J’ai obéi, docile, je me suis assise, les genoux repliés sous le menton.

Il a ajouté :


– On est bien ici, on respire.


J’ai regardé la surface hérissée d’angles droits, les cheminées dressées et l’immeuble, plus loin, comme une falaise percée de minuscules orbites creuses.

Dans la lumière, on aurait pu le croire de sable. Je n’arrivais pas à croire ce lieu si habité.

Plus bas la rue ronronnait à peine. Nous étions loin des voix.

Puis il a commencé à bondir dans tous les sens. Il s’est emboîté à l’espace sans le heurter. Il se cachait, réapparaissait en riant, tournait autour des frêles tuyaux.

Il escaladait ces volumes géométriques qui semblaient être posés là, comme un décor, juste pour lui permettre de dessiner quelques courbes, comme pour neutraliser la dimension tranchante de la scène.

Son corps élastique, souple, léger, glissait, à deux pas du vide, tournoyait à un pas du vide, suspendu, dansait dans le ciel aux flancs lisses.

Et moi, je ne vivais plus de le voir jouer si distraitement. Il se croyait indestructible !

Quand enfin il s’est un peu arrêté pour reprendre son souffle il m’a dit :


– Les toits c’est comme un jardin. Et puis, personne ne pourrait penser à nous chercher là-haut.


La lumière transformait le crépuscule en déluges de chaleurs veloutées.

J’ai eu un étourdissement. Le vertige pinçait encore. J’ai mordu mes lèvres et je me suis allongée doucement. J’ai pensé que je n’étais plus qu’un autre trait oblique, une simple ligne tracée sur le plan. Et j’ai dit :


– Fils, arrête. Tu vas trébucher. Un jardin ? Il manque le bruit de l’eau et celui des feuilles.


Il s’est entêté :


– Mais, écoute, le passage des trains, on pourrait croire au bouillonnement d’une rivière.

– Une illusion. La ville ne connaît que ses pierres et les cris des moteurs.


Il s’est assis à côté. Il a posé sur ma joue un baiser d’eau fraîche.

À mon tour je le trouvai pâle. Ses cheveux bouclaient sur ses tempes, sa chemise ouverte laissait voir son cou bruni.

Soudain j’ai eu honte de ma chemise de nuit défraîchie.

Puis il a rampé vers la coupole vitrée. À genoux, il a frotté sa main sur le verre pour y voir plus clair.

J’ai demandé :


– Qu’est-ce qui se passe dessous ? Tu vois quelque chose ?

– Je vois une femme. Assise sur un lit.

– Une femme comme ta dactylographe ?

– Non, plutôt maigre. Elle porte une robe, couleur vive.

– Que fait-elle ?

– Rien. Elle ne bouge pas. Il doit faire si chaud sous la verrière !

– Et ta dactylographe alors ?

– Suzie ?


C’était une simple question, mais son visage s’est fermé. Je regrettais ma curiosité illégitime.

Il songeait sans doute à elle. Il a fini par répondre :


– Elle n’existe presque plus pour moi.


Le soleil continuait de se coucher lentement. Je me suis levée et j’ai marché vers lui. Un instant, j’ai cru divaguer sur le pont d’un navire.

Nous étions tous les deux penchés vers le puits de lumière. La silhouette était floue à travers les vitres au verre feuilleté.

On ne distinguait presque rien. J’ai dit :


– Une femme, hein ?


Il a ri. Et il s’est à nouveau agité, a recommencé à danser sur le toit. Mais étrangement, je n’avais plus peur.

J’avais envie de le prendre dans mes bras. C’était un bon garçon. Quelque chose en lui n’avait pas grandi. Mais j’ai pensé que c’était faux, que je me trompais, c’était les souvenirs, qui simplement résistaient. J’aurais voulu évoquer quelques images de notre vie commune, lui rappeler combien ces moments avaient été heureux, mais je me suis dit qu’il valait mieux éviter tout déballage, tout excès de sucre sentimental. Je savais qu’il n’y avait rien à faire contre ses silences vastes, opaques.



LUI


Je lui ai dit : ferme les yeux.

J’ai senti qu’elle hésitait. Mais elle s’est laissé faire. Je l’ai conduite à petits pas vers mon refuge.

C’est la première fois que je l’entraînais avec moi, en haut.

Je sentais son corps fragile. Ma mère rétrécissait peu à peu.

Je venais souvent ici, c’était mon île dans le ciel.

Maintenant, ma toute petite mère me fixait comme un horizon, intensément.

Je lui ai demandé :


– C’est beau non ? Qu’est-ce que ça te fait ?

– Je ne peux pas te dire. Un vertige, un éblouissement peut-être.


Elle avait depuis longtemps renoncé aux bavardages.

Il fallait la forcer à s’alimenter un peu. Elle ne prenait plus la peine de s’habiller. Sa chemise de nuit sentait la violette. J’avais l’impression qu’elle frissonnait malgré la chaleur.

Je lui ai ordonné :


– Assieds-toi un peu. Regarde.


Encore une fois elle a obéi. Son regard découvrait l’espace. J’aurais aimé qu’elle se détende.

J’aurais voulu qu’elle croie comme moi flotter dans un monde différent, qu’elle voie dans ces cheminées des arbres singuliers. Ici, l’espace urbain, carré, angulaire, rude, oppressant retrouvait sa légèreté.

J’insistais :


– On est bien ici, on respire.


Puis, j’ai cédé au rituel et j’ai entamé ma danse des toits.

Entre les chairs de pierres, la soie du verre, je me suis déplié.

Je me suis appuyé sur tous les points qui m’entraînaient comme dans un courant.

Mes pieds n’hésitaient pas, mon corps n’avait plus peur de rien.

Je me plissais, me déplissais, me laissais aspirer par le ciel. J’épousais les volumes articulés, sculptés par le soleil.

Je m’emmêlais à la lumière. J’oubliais l’acier, je tentais de me dissoudre dans la musique silencieuse de la respiration lointaine de la cité, plus bas, qui continuait à rouler et bousculer sa foule pressée.

Je m’étais un peu arrêté pour reprendre mon souffle, ma petite mère affaiblie paraissait encore plus pâle : elle avait peur. J’essayais de ranimer un sourire, dans un élan que je voulais enthousiaste je déclarais :


– Les toits c’est comme un jardin. Et puis, personne ne pourrait penser à nous chercher là-haut.

– Fils, arrête. Tu vas trébucher. Un jardin ? Il manque le bruit de l’eau et celui des feuilles.


Il y avait de la colère dans sa voix, elle avait donc eu si peur ! Je continuais, pour la distraire, à vanter les charmes de ma retraite céleste :


– Mais, écoute, le passage des trains, on pourrait croire au bouillonnement d’une rivière.

– Une illusion. La ville ne connaît que ses pierres et les cris des moteurs.


J’ai compris qu’elle me voulait plus sage.

Je me suis assis à ses côtés. J’ai posé sur sa joue un baiser.

Puis j’ai rampé vers la coupole vitrée. À genoux, j’ai frotté ma main sur le verre pour y voir plus clair.

Un sourire a ranimé son visage et elle m’a demandé :


– Qu’est-ce qui se passe dessous ? Tu vois quelque chose ?

– Je vois une femme. Assise sur un lit.

– Une femme comme ta dactylographe ?

– Non, plutôt maigre. Elle porte une robe, couleur vive.

– Que fait-elle ?

– Rien. Elle ne bouge pas. Il doit faire si chaud sous la verrière !

– Et ta dactylographe donc ?

– Suzie ?


J’aurais voulu lui dire son nez brillant de crème, ses bigoudis entortillés dans ses cheveux orange, son dédain de poupée qui tapissait le silence. Je savais que ma mère m’aurait aimé en mari promenant sa femme au bras, revenant à la niche du foyer. J’imaginais nos repas pris tous les jours sous la tulipe en verre dans une lumière filtrée encore par des rideaux fleuris. Je me rappelais le vacarme de la déglutition lorsqu’elle mâchait avec application son chewing-gum, de ses soupirs d’épuisement. Suzie, je l’ai perdue ici, sur le toit quand elle a dédaigné mon coin intime, ses ombres et la découpure ciel sur les façades aux reflets brisés. Elle n’a su voir que le puits du vide, elle a refusé la danse, a éteint le désir.

J’ai répondu :


– Elle n’existe presque plus pour moi.


Nous étions tous les deux penchés vers le puits de lumière. La silhouette était floue à travers les vitres au verre feuilleté. Les contours indécis brouillaient la perception, la ramenaient à l’apparence d’une simple tache.

Une douce malice est venue animer les yeux gris de ma mère : je la retrouvais légère, j’oubliais ses rides et ses cheveux blancs.


– Une femme, hein ?


Je pensais, tu vois, cette fois je ne te fausse pas compagnie.


– On partage une aventure.


J’ai recommencé à danser sur le toit. J’aurais voulu lui dire : tu sais, il y a des gens qui n’ont jamais été à l’écoute du vide.

Et elle aurait tendu l’oreille vers le ciel.


 
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   Anonyme   
25/11/2012
 a aimé ce texte 
Bien
Il y a une fragilité dans ce texte, tout m'y paraît en non-dits, en effleurements de sentiments ; en reflets qui rendent la surface opaque. Je n'y pénètre pas, c'est un instant en suspens qui pour moi ne révèle pas qui sont vraiment cette mère et son fils...

Est-ce que cela m'ennuie, de ne pas savoir aller plus loin que l'instant ? En l'occurrence, oui ; j'ai le sentiment qu'il y a des profondeurs à découvrir, mais que le texte me les refuse. C'est assez frustrant.

   Anonyme   
25/11/2012
 a aimé ce texte 
Un peu ↓
Je ne trouve pas la référence au tableau. Je lis sans. Sans l'image. Mais dans l'idée ça ne changera pas grand chose.

Un texte correct mais un peu pauvre, une structure très sommaire, une enfilade de phrases, deux points de vue. J'imagine une petite chambre sous les toits. Cette suzie est un prétexte au texte mais elle est très vite pointée en point noir, c'est celle qui a éteint le désir. Il n'y a pas de remise en question du personnage masculin, c'est un peu péremptoire tout ça.

Sans plus. Je n'ai pas vu de chatte sur un toit brûlant, non plus.

   macaron   
27/11/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un texte étrange, au bord de la folie. Pas une intrigue, mais le mystérieux est présent dans chaque geste, chaque parole. L'idée de deux versions accentue cet effet et je me suis demandé:Qu'est-ce qui ne va pas chez eux? Je n'ai rien trouvé, seulement un peu de tristesse et beaucoup de poésie. J'ai aimé votre nouvelle, le ton neutre, la simplicité dans l'écriture, la frêle histoire qui laisse la place à la fantaisie. Très réussie!

   MissNode   
16/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Costic, je lirai ensuite votre discussion sur ce récit.

Je suis fan !
Oui je me suis promenée dans le tableau, tant j'ai été sensible à la poésie de vos touches descriptives,
Oui j'applaudis la réussite de cette double vision d'un même évènement, offerte au lecteur : le montage est habile, du parallèle des deux visions avec reprise des dialogues à l'identique.
Oui j'aime cette forme courte, que je trouve innovante et l'atmosphère "bien du tableau" un peu intemporelle, comme peut l'être cet échange mère-fils

La chute est belle, elle répond aux "vastes silences" de la chute de la première partie, tout en confrontant les espaces du fils ("vide" "ciel") et ce qu'en perçoit la mère ("opaques")
J'ai trouvé très intéressante cette confrontation, d'où ressortent les silences du fils évoqués par la mère, et ... les silences de la mère démontrés par le fils.
MissNode

   Artexflow   
17/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Eh ben ! On peut dire que ça m'a plu !

Votre texte est doux comme la peinture d'Hopper, il est mystérieux, brumeux, comme elle... Il est comme la couleur mélancolique, belle, étrange, du tableau...

Au contraire d'un autre des commentateurs je trouve qu'il y a un lien presque métaphysique entre la peinture et votre texte.

Les personnages manquent de profondeur ? Oui, sûrement, mais ce n'est pas le but, qu'ils en aient, j'aime comme vous peignez les deux esprits de vos deux personnages, liés dans le tableau, liés dans ce lieu...

Dans les bémols, la relation mère/fils ne me semble pas la plus adaptée, cette femme aurait tout simplement pu être une amie du garçon, ou autre, mais le fait que ce soit sa mère, on peut s'attendre à autre chose, ou en espérer plus.
Je n'ai pas bien visualisé sa danse des toits, même si l'idée, un peu surréaliste, est bien décrite.
J'aime comme vous décrivez la poésie de la scène, il y a une charge poétique incroyable dans cette nouvelle !

Ah, vous n'avez pas de chance parce que je n'ai rien eu pour noter quoi que ce soit pendant ma lecture (l'ordinateur est vraiment très vieux, il a déjà du mal à afficher Oniris...), parce que j'aurais pu vous dire précisément tout ce qui m'a plu, mais il y aurait beaucoup de choses...

Un texte délicat, effleuré, je ne saurais pas vraiment le dire... Poétique. C'est très beau.

J'aurais pu noter exceptionnel, mais il y a cette relation mère/fils et cette idée de danse, très belle, mais qui manque d'un peu de crédibilité, je ne sais pas...

Ah, et le désir qui s'éteint, Suzie qui n'aime pas le toits, qui ne voit que le vide... C'est génial ! Ah, je l'ai adoré votre texte, vraiment, franchement très grand bravo, et très grand merci.

   brabant   
17/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Costic,


La grande classe, magistral. Rien ici "qui pèse ou qui pose" pour reprendre la formule du poète. Vous nous mettez en danger avec vos personnages. Je maintiens le mot "danger".

Le texte répond admirablement au tableau et la scène est très Hopper. Parallèle et absurde, ou quelque chose comme ça. Le vide, l'attente. L'incompréhension, la difficulté d'être et de communiquer. La communication quand même. C'est ténu et solide. Tout ça. La volonté de créer, maintenir, ne pas rompre le lien. Etc... Etc... Il y a tant de facteurs.
Très, très bien vu !

Ceci dit la deuxième partie (le deuxième regard, celui de l'homme/du garçon) m'a semblé moins bonne que la première, moins maîtrisée. Il faut dire que la première c'est de l'art, tout en nuances. Mais quand même...

La conclusion est très bonne, rattrape quelques faiblesses aperçues AMHA dans la deuxième partie.

Au total un excellent moment, une excellente nouvelle.

Je reste sous le charme !


Bravo Costic !

   framato   
23/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup ↑
Bonjour Costic,

J'ai vraiment aimé cette lecture en miroir, je trouve l'écriture juste. Pas un mot de trop, c'est précis, concis, agréable à lire et très intéressant par la confrontation des deux points de vue intérieurs.
Magnifique idée. Les dialogues identiques prennent un autre sens en fonction de la personne et j'ai vraiment adoré cela. Bon d'accord, au niveau du concours, le tableau n'occupe qu'une place toute relative dans le texte (il aurait pu se passer dans n'importe quel décor, ici le décor extérieur n'est qu'un accessoire).

Une des plus chouettes nouvelles que j'aie lu sur Oniris, aucun doute.

   jaimme   
23/12/2012
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Un diptyque de couleur et de tendresse. Le lieu et le couple sont originaux et l'écriture est souvent belle. Le titre est très bien trouvé.
La longueur est adéquat car les longues répétitions auraient été ennuyeuses.
Conflit/amour, passé/avenir, de génération dans la lumière si particulière du tableau: "velouté", c'est très bien trouvé. J'ai même eu envie de relire une seconde fois, ce que je fais très rarement.
Merci Costic!

   AntoineJ   
26/12/2012
 a aimé ce texte 
Bien
j'essaye d'imaginer le tableau. le bas doit être gris fade éclairé par une lumière radieuse. la femme est voutée, usée. l'homme est jeune, prince du vent.
il me manque une clef pour la chute (si chute il y a) mais la douce poésie tintée d'une violence contenue est un chant agréable qui compense
limpide et secret, à la fois l'impression de découvrir le fond des choses et d'être très loin (très haut)
bien !

   David   
5/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Bonjour Costic,

L'atmosphère est vraiment particulière, la lecture est assez flottante du coup. Il y a un jeu de "presque" répétition à travers cette scène vue de part et d'autre de ses protagonistes qui fait un peu comme observer les lignes de fuite d'une peinture, quand elles rendent un peu le même effet miroir. Dans le contexte de ce concours, c'est d'autant plus singulier et prenant. Le tableau choisi avec ses nuances de orange illustre assez bien les teintes de l'atmosphère.

À travers les deux visions de la même scène, il y a un passage qui ressort vers la fin de chacun d'eux, autours de la précision de :

"– Une femme, hein ?"

Je ne l'ai bien compris qu'avec le second regard, celui de la mère, qui développe un peu où cette femme se trouve et comment elle arrive dans leur conversation.

La forme non linéaire du récit tombe assez juste à mon goût, bravo.

   Bidis   
8/1/2013
 a aimé ce texte 
Beaucoup
Le début du texte me met tout de suite dans le tableau. J’arrive donc sur le toit avec les personnages dans une lumière chaude et douce qui m’émotionne. Mais… Pourquoi dire que le personnage regarde, pourquoi ne pas laisser le lecteur découvrir « la surface hérissée d’angles droits etc… » et le laisser savourer par lui-même l’instant dans la magie de l’écriture ?
« Dans la lumière, on aurait pu le croire de sable. Je n’arrivais pas à croire ce lieu si habité. » Cela m’est un peu égal, ce que ce personnage croit ou n’arrive pas à croire… « Plus bas la rue ronronnait à peine. » Ah, eh bien voilà ! Je retrouve ma petite émotion délicieuse… « Nous étions loin des voix » : flûte, si on avait parlé des voix dans le lointain, c’est moi, lecteur, qui les entendrait à peine. Je trouve donc que puisque l’atmosphère du tableau est très bien traduite, c’eût été mieux si les personnages étaient venus après.

« Puis il a commencé à bondir dans tous les sens. » : le « il » me laisse perplexe. De qui, de quoi s’agit-il ? Ah oui, c’est celui qui a emmené la narratrice sur les toits.
Je ne sais pas encore si l’auteur compte donner un nom à ce personnage, je ne sais pas ce qu’il aurait fallu écrire, mais ce « il » me gêne.
Sinon, le passage est bon. On visualise bien ce « il », ses mouvements et son espièglerie…

« La lumière transformait le crépuscule en déluges de chaleurs veloutées. » Je n’aime pas trop, c’est trop recherché, cela me renvoie à ma propre incapacité de dire le crépuscule et ne correspond pas à l’ineffable que je ressens en regardant le tableau et à mes souvenirs de bains de soleil et de soirs sur les toits.

« – Fils, arrête. » Donc, il s’agit du le fils de la narratrice. Eh bien, plus haut j’aurais écrit « Mon fils a commencé à bondir etc… »

« – Mais, écoute, le passage des trains, on pourrait croire au bouillonnement d’une rivière.
– Une illusion. La ville ne connaît que ses pierres et les cris des moteurs. » Là, pour moi, c’est excellent : les personnages me disent leurs émotions, cela n’entrave pas les miennes et crée des images.

« Il s’est assis à côté. Il a posé sur ma joue un baiser d’eau fraîche. » Je ne parlerais pas d’ « eau » et j’amplifierais la fraîcheur par une idée de jeunesse.

« À mon tour je le trouvai pâle. » : j’aurais préféré : « Il était pâle », question encore de m’effacer devant les impressions du lecteur.
Et à partir de là, curieusement, jusqu’à la fin du texte, plus rien ne me vient comme critique. Pas grand-chose comme impressions non plus. Je quitte un peu la magie des toits pour entrer dans une tranche d’anecdote qui se laisse écouter sans ennui, de façon agréable en somme.
Un bon texte mais qui me laisse une nostalgie de perfection.

   Anonyme   
17/1/2013
 a aimé ce texte 
Bien
L'ambiance est là et ce sentiment particulier, cette atmosphère, j'ai vraiment beaucoup aimé. Je suis juste un peu déçue, peut-être est-ce la chute que je touve bien légère, ou est-ce le fait d'avoir la version des deux protagonistes du même moment. La répétition des dialogues n'était pas nécessaire, au moins pas dans leur intégralité. Et les personnages se dévoilent à peine. Un grand mystère qui me laisse autant rêveuse que songeuse.


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